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« Et voici quelques regards que j'ai cueillis sur ma route. Ils scintillent d'un éclat particulier : celui des braises de l'espoir. »
Lorsque j'avais critiqué le recueil de poèmes « N'oublie jamais la saveur de l'aube » de
Parme Ceriset, j'avais été impressionné par le charme de cette poésie. Ces mots en forme d'étoiles m'avaient rappelé par leur force mon ami
Vincent van Gogh et sa « Nuit étoilée ».
Pour bien comprendre ce roman autobiographique, il faut savoir que
Parme Ceriset, atteinte d'une maladie rare très jeune, vécut sous oxygène de longues années, avant d'être greffée des poumons.
Trois grandes parties bien distinctes découpent le roman : une enfance heureuse dans l'attente d'une greffe ; un interminable parcours opératoire ; un nouveau souffle de vie.
Quatre ans et demi. Une famille aimante. Et puis le drame, la maladie. « Elle n'atteindra jamais l'âge de dix ans », telle était la sentence des médecins. S'ensuivent des années de soins : perfusions, antibiotiques, piqûres, kiné…
Vivre… « Maman va-t-on mourir un jour ? — Oui, comme tout le monde, mais c'est dans tellement longtemps que c'est comme si c'était jamais. ». Rose (son prénom dans le livre) atteint ses seize ans. Sa vie est celle des autres adolescents : danse, amourettes, études. Un premier amour, Adrien : « beaux yeux vert sombre en amande, rieurs et mystérieux, inondés de myriades de galaxies aux reflets insondables, d'étoiles inaccessibles ». Elle entame des études de médecine. Les jeunes gens sont heureux : famille, travail, courses-poursuites cheveux au vent dans les plateaux du Vercors, discussions interminables et rires partagés.
Ayant vu des morts dans ses études de médecine, Rose a la ferme intention de faire jaillir la vie. « La vie retrouvera un sens, partout où je serai, elle vaincra, elle rayonnera ! ».
Les poumons se dégradent. « N'oublie jamais l'oxygène des rêves. N'oublie jamais la saveur de l'aube », lui dit Adrien. À 25 ans, quatre longues années sous oxygène passent avant d'accueillir une greffe des poumons : « Je ne pouvais prendre le risque de mourir avant qu'un greffon soit disponible, sans avoir cueilli mon unique chance ». Elle aime écrire : « Créer, créer encore, créer toujours, pour rejoindre dans l'art une certaine forme d'immortalité ».
« Rose, avez-vous la possibilité de vous rendre rapidement à l'hôpital ! ». L'appel téléphonique tant attendu arrive. Rose quitte tout ce qui était sa vie. L'opération est longue, difficile, le réveil comateux, une sensation de n'être nulle part, personne… Réanimation. Adrien, maman, sont là… Les jours passent. Rose songe à son donneur. « Et de temps à autre, mes pensées dérivaient vers celui que je n'avais pas connu et grâce auquel je vivais tous ces moments merveilleux » … « Je pris la décision de ne jamais oublier mon donneur, mais de considérer que ces nouveaux poumons, je les avais adoptés, qu'ils étaient bien les miens, et je me jurai de ne jamais remettre en cause cette affirmation. »
Les années passent. Rose est épanouie à trente ans. Son rêve ancien devient réalité : « J'aimais par-dessus tout cette impression de voler, de humer l'air, de fendre l'atmosphère, moi qui avais autrefois manqué d'oxygène pendant des années. »
Une nouvelle vie. Un chemin imprévu. Un conflit entre elle et Adrien couvait que la maladie avait estompé. Des disputes, des blessures profondes surgissaient. La « petite flamme de l'espoir » s'éteignait entre eux, sorte de lent éveil printanier vers une autre existence, après l'engourdissement d'un hiver de souffrance. Rose retrouve un de ses anciens poèmes, prémonition évoquant deux amants perdus dans l'océan : « Ils dansent une valse mélancolique à l'intérieur d'une bouteille à la mer, d'une bouteille à l'amour, et ils dérivent ensemble, portés par les vagues, vers leur destin, vers leur disparition prochaine, vers le présent, vers l'avenir, vers le passé qui, d'une certaine façon, n'a jamais vraiment cessé ».
La jeune femme rencontre Raphaël : « Je trouvais à cette voix grave, chantante et audacieuse, un charme puissamment viril dont je sentais la vibration érotique me parcourir de frissons inattendus ». Il devenait son nouvel Éden. « le bonheur était dans sa nature. À ses côtés, le quotidien était simple et doux ; ce qui apaisait mon tempérament tourmenté. »
Une nostalgie sourd des derniers chapitres du roman : une paix, une quiétude dont Rose se repait accompagnée de son amour pour Raphaël. Les épreuves passées sont oubliées. Adrien, qui a refait sa vie, devient un vieil ami. Ils ont gardé une complicité particulière en repensant à toutes ces années, cette aventure étrange qui avait été la leur. « Nous avions lutté contre la mort, nous l'avions affrontée ensemble à plusieurs reprises, souvent avec un courage exemplaire, puis au fur et à mesure que les menaces liées à la maladie s'étaient évaporées, nous avions perdu nos paillettes de héros. »
À la fin du livre, j'ai retrouvé la belle poétesse qu'est
Parme Ceriset, avec ses étoiles scintillantes et sa palette de peintre : « Bercés par le chant des grillons, il nous arrivait d'observer sur les carreaux de la terrasse l'une des fameuses limaces beiges à points noirs de notre adolescence, et parfois même, dans l'herbe humectée par la rosée du soir, l'étoile magique d'un ver luisant. Je m'endormais dans les bras de Raphaël, afin qu'il m'inonde de sa douceur et de son extraordinaire sérénité. »
Le roman de
Parme Ceriset est un livre de vie, de courage et d'amour. Une immense énergie positive s'en dégage, celle de l'espoir.
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