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Citations de Pascale Hugues (34)


Un job et un mari à vie ? Qui peut prétendre à ça aujourd’hui ?
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L’époque actuelle n’est-elle pas le reflet inverse du monde dans lequel nous avons grandi ? Là où les années 1960 étaient optimistes, téméraires, excessives, hyper militantes, porteuses de promesses, ce début de XXIe siècle est morose, anxieux, frugal, sans illusions, angoissé par les lendemains. À la pétillante ivresse de cette période de prospérité a succédé une gueule de bois qui nous empâte la bouche. Les Trente Glorieuses se sont lentement embourbées dans une crise qui n’en finit pas. Toutes ces règles et ces habitudes qui ont corseté notre enfance sont remises en question. Ce qui était porté aux nues à l’époque est condamné aujourd’hui. Fini, le toujours plus, le tout-plastique, le tout-jetable, le tout-en boîte, l’accumulation d’objets dont on ne sait que faire dans les intérieurs pleins à craquer, toute cette frénésie, tout ce gaspillage, les lumières allumées du matin au soir dans les pièces où on ne se trouve pas, le chauffage qui tourne à bloc, la viande à chaque repas, les deux voitures par foyer, les dimanches en famille sur les terrasses des aéroports à suivre des yeux le fil cotonneux dessiné par les avions dans le ciel d’été. Aujourd’hui, prendre l’avion est un péché et nos filles véganes nous rappellent que chaque fois qu’un steak parade sur notre assiette la forêt amazonienne perd quelques millimètres. L’injonction est maintenant au toujours moins. Moins de gaspillage, moins de déchets, moins de pub, moins d’objets. Réparer, arrêter de tout jeter, de tout remplacer par du neuf. 
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Elle rêvait pour sa petite-fille adorée d’un mariage princier. Et comme le prince Charles était vraiment trop laid avec ses oreilles décollées et ses joues roses, elle fondait tous ses espoirs sur le prince Albert de Monaco.
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Jamais on n'aurait même prononcé le mot avortement chez Martine. Rien que le dire à voix haute eût été déjà un péché capital. Martine est persuadée que sa grand-mère Emma, 'hyper catho', est responsable de sa faramineuse fratrie [11 enfants], "elle courait à confesse chaque fois qu'un acte de chair avec son propre mari ne débouchait pas sur une procréation."
(p. 263)
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La France des années 1960 était d'une pruderie méthodique. Pour se déshabiller et mettre son maillot sur la plage, on se glissait dans un fourreau en tissu éponge resserré au cou par un élastique. Encore un objet qui n'existe plus. Marie-Anne fut la première à apercevoir un sexe d'homme en érection dans la pénombre d'une porte cochère. 'Ça ressemblait à un gros tube de dentifrice', nous raconta-t-elle. Rien à voir avec le 'pipeau de Bichounet' ou le 'petit bout de chair', ces sobriquets rigolos dont les femmes de ma famille affublaient le sexe des petits garçons. Pour celui des filles, il n'y avait pas de mot.
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Les barricades au Quartier latin, c'était pour les grands. Nous avons vu Woodstock et le Summer of Love dans les magazines, mais nous ne comprenions pas quel plaisir tous ces jeunes trouvaient à s'embrasser dans la boue. Notre génération est sans contours particuliers. Nous enviions les soixante-huitards. Ils sentaient le gaz lacrymogène et le sexe. Alors que nous, avec nos parfums de riz au lait et de savonnette, nous n'étions que des mômes en 1968.
(p. 30)
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Je reconnais tout de suite son rire clair et joyeux. C'est le rire de cette petite fille potelée (...). Le même rire qu'aujourd'hui, quand elle nous ouvre grand la porte de sa maison. C'est comme ça que j'imagine le rire d'une vie sans drames. Mais qu'est-ce que j'en sais ? Les rires sont si souvent trompeurs.
(p. 84-85)
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En 1968, lors d'une réception à l'Hôtel de ville, le maire de Strasbourg rendit hommage aux Italiens : "Ils ont apporté leur conscience professionnelle et leur gentillesse dont nous, Alsaciens, gens rudes, avions parfois besoin." C'était l'époque où les Alsaciens découvraient l'Italie. Ils prenaient les tunnels du Gothard et du San Bernardino, traversaient la région des lacs, allaient parquer leur caravane dans un camping écrasé de soleil en bord de mer à côté d'autres Alsaciens.
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" Tout au long de ce voyage de dix jours à travers le Sud de l'Allemagne, nous n'avons rencontré aucun homme, aucune femme(et pourtant la majorité des femmes avaient été fascinées par Hitler) qui ne l'aient pas renié. Tous les allemands que nous avons rencontrés nous ont juré, main sur le coeur, qu'ils n'avaient jamais été membres du parti. Il n'y a jamais eu de nazis en Allemagne !..."
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Françoise était presque toujours la première à l'école Sainte-Madeleine. Bons points, images, tableau d'honneur dans toutes les matières et aussi la meilleure note de la classe en conduite. Mais en entrant au collège, elle se noya du jour au lendemain. Tous ces profs indifférents après l'institutrice attentionnée, elle perdit pied. "Ce sont les patates qui m'ont coulée !" dit-elle aujourd'hui. Les maths modernes venaient d'être introduites. Les patates étaient des boyaux informes qu'il fallait relier les uns aux autres par des traits de crayon de différentes couleurs. Françoise était perdue. Moi aussi. Mais chez moi, un étudiant venait deux fois par semaine me donner un cours particulier.
(p. 74)
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En ces lendemains de guerre, les vainqueurs déploient leurs cartes d'état-major et se partagent l'Europe. Ils rangent chaque peuple dans une case aux contours strictement délimités. L'Allemagne cède l'Alsace-Lorraine à la France. Le droit du sol de la République française est transformé de facto en droit du sang. L'Etat français instaure exceptionnellement en Alsace un droit allemand.
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D'ailleurs, [les pubs pour] la fête des pères, c'était autre chose : "Il aime son confort ! Sa pipe ! Ah, sa pipe, le soir, dans son fauteuil. Pour un empire il ne les échangerait pas." Rares sont, je parierais, les lectrices des 'Dernières Nouvelles d'Alsace' qui décelèrent là un double sens. Parfois la naïveté de cette époque [1968] me fait fondre.
(p. 128)

[ d'autres pubs d'époque : https://www.strategemarketing.com/inverse-pubs-sexistes/ ■ voir aussi : https://evolpub.wordpress.com/2016/01/05/publicite-jersey-paul-fourticq/ ]
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Les bottes étaient hautes, les jupes courtes, les cheveux longs, les idées larges. En 1968, Pierre Cardin présenta sa collection de prêt-à-porter de printemps au restaurant de la Maison des tanneurs dans le quartier de la Petite France. "Les femmes de province peuvent être aussi élégantes que les Parisiennes", dit-il. Les Alsaciennes reconnaissaient bien là l'arrogance des Parisiens, mais elles étaient trop complexées pour lui rentrer dans le lard.
(p. 37)
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En face de chez nous, à Kehl, les soixante-huitards allemands fouillaient le passé de leurs parents. C'était le grand déballage. On s'engueulait à l'Abendbrot [au dîner]. En Alsace, on se taisait. Personne ne voulait plus parler des 'malgré-nous'. Combien de cadavres dans les placards soigneusement fermés à clef des familles alsaciennes ? L'Allemagne et les Alsaciens, un sacré sac de noeuds.
(p. 82)
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C'est cette chanson que les hordes de jeunes Alsaciens haineux entonnèrent en regardant les Allemands expulsés de 1918 quand ils traversèrent le pont de Neuf-Brisach à pied, leurs valises à la main. Mathilde a voulu tendre ce fil symbolique d'un bout à l'autre de sa vie. C'est son histoire qu'elle nous fait chanter. En face du Schnepfenried, tout là-bas au loin par temps clair, Mathilde voit la forêt-noire.
l'Allemagne est toute proche.
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Chacun lance une poignée de terre. Mon frère rebouche le trou. Personne n'a pensé à apporter une croix de bois.
J'ai copié les paroles de la chanson. Je distribue le texte . Et nous chantons, doucement d'abord, puis à tue-tête et tous en coeur "Muss i denn zum Städele hinaus". Soudain ce dernier acte n'est plus ridicule. Pour la première fois je comprends le sens de ces paroles. Cette chanson parle du départ, du mal du pays. Mais elle porte la promesse d'un retour prochain à la ville.
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Ces végétariens la perturbaient. Elle avait envie de manger de la viande. Elle se jurait de s'échapper en douce pour aller déjeuner d'un pied de porc juteux dans un restaurant bourgeois de la ville d'à côté. Devant la tasse de tisane de mélisse d'Yvette sur la table du petit-déjeuner, Rita avait déposé une prière indienne: "Oh, esprit puissant, fais que je ne condamne pas mon voisin avant d'avoir parcouru un kilomètre dans ses mocassins."
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Le sort des "Malgré-nous" suscitait immanquablement une vive émotion autour de la table familiale. Après la défaite de 1940, une bonne partie des Alsaciens se replièrent sur eux-mêmes, se bornant à entretenir un minimum de relations avec les nouveaux maîtres des lieux. Le Gauleiter Robert Wagner, redoutable chef de l'administration civile en Alsace, un nazi convaincu, leur reproche cette tiédeur : "Les Alsaciens ne peuvent plus se contenter d'assister en spectateurs passifs à la lutte décisive que mène la nation. Ceci est incompatible avec leur sens de l'honneur."
Le 25 août 1942, le Gauleiter Wagner décide par décret l'incorporation de force des Alsaciens dans les armées nazies. Le Führer a besoin de troupes fraîches sur le front. Il espère que le service sous l'uniforme allemand fera enfin des Alsaciens de vrais citoyens du IIIe Reich, des nazis convaincus. Ce décret est une violation de la convention d'armistice signée avec la France en juin 1940 et des conventions de La Haye qui interdisent à une puissance occupante de mobiliser la population d'un territoire occupé. L'incorporation de ceux que l'on appelle les "Malgré-nous" est donc un acte illégal.
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J'aurais aimé qu'elle discipline ces bribes asynchrones dans le corset d'une chronologie fiable.
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Mes grands-mères s'appelaient Marthe et Mathilde. Leurs prénoms commençaient par les deux mêmes lettres. Elles étaient nées la même année, en 1902. Mathilde, le 20 février. Marthe, le 20 septembre. Elles moururent l'une après l'autre en 2001. A quelques semaines d'intervalle, tout au début du nouveau siècle et à la veille de leur centième anniversaire.
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