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EAN : 9791037500700
297 pages
Les Arènes (06/01/2021)
3.67/5   12 notes
Résumé :
Cinquante ans après, elle part à la recherche de ses camarades de classe.
« C'est en tombant sur une vieille photo du CE2 que la question m'est venue tout naturellement : Que sont devenues ces petites filles aux sourires pétrifiés ? ».

Pascale Hugues aime raconter des histoires particulières pour toucher l'universelle. 50 ans après, elle a réussi à retrouver quinze de ses amies d'école. En les prenant comme témoin, elle donne des voix et de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Pascale Hugues n'a pas son pareil pour mêler histoire personnelle et histoire nationale. Alors que dans Marthe et Mathilde elle a raconté ses deux grands-mères, l'une française l'autre allemande, des amies de toujours qui ont vécu trois guerres dans une Alsace ballottée entre deux pays, que dans La Robe de Hannah elle part sur les traces d'anciens habitants, tous juifs exilés en 1940, de la rue qu'elle habite à Berlin, dans École de filles, avec le parcours de camarades de classe primaire, elle revient sur la vie et la place des femmes nées comme elles à la fin des années cinquante. Une excellente idée qui nous replonge dans les trente glorieuses. Et si elle n'est pas toujours facile pour les filles d'immigrés que l'auteure côtoie à l'école, une époque néanmoins favorable aux femmes avec les prémices de la société de consommation et ses appareils ménagers libérateurs, tout comme plus tard le travail, la pilule et le droit à l'avortement qui leur octroient une indépendance financière, une liberté sexuelle et une maîtrise de leur corps jusqu'alors inimaginables. Une génération de l'après guerre qui a pu profiter d'innovations et de liberté avant que le spectre du sida et le choc pétrolier n'assombrissent l'horizon de ses enfants.
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Pendant les 1960-70's, chez les familles de classe moyenne suffisamment à l'aise pour vivre avec un seul salaire (ou prêtes à quelques sacrifices), papa conduit la voiture, va au travail, se met les pieds sous la table aux repas, lit le journal dans son fauteuil en fumant, regarde les infos - et prière de se taire... Tandis que maman cuisine, fait le ménage, lave le linge (parfois à la main) et la vaisselle, coud, tricote, reprise, rafistole pour que les vêtements soient réutilisés. Elle se doit d'être fidèle, soumise... et coquette, mais pas trop.
Même quand leur épouse travaille à l'extérieur, les hommes (pères et fils) sont rois. Femmes et filles de la maison sont là pour les servir. Dans les familles nombreuses, il arrive qu'elles n'aient pas le temps de s'asseoir pendant le repas. Ça serait même incongru. • RIP, ma chère Tante Thérèse née dans les 1920's •

L'auteur, née en 1959 en Alsace, a contacté quelques unes de ses camarades d'école primaire, présentes sur sa photo de classe de CE2 (4e de couv). Elles s'étaient pour la plupart perdu de vue, elles se retrouvent cinquante ans plus tard, à l'aube de la soixantaine - et donc de la retraite, pour certaines.

Pascale Hugues raconte leur enfance, parfois éloignée de l'image que pouvaient en avoir leurs copines, et leurs parcours de femmes. Originaires d'Alsace ou filles d'immigrés italiens, espagnols, portugais, presque toutes vivaient dans des foyers modestes, voire pauvres.

Le récit rappelle ceux d'Annie Ernaux, notamment 'Les Années', mais il est beaucoup moins égocentré puisque différents points de vue se confrontent via les témoignages de chaque femme.
Même si je suis un peu plus jeune que l'auteur, j'ai retrouvé ma jeunesse et les diktats ultra-sexistes et corsetés de l'époque. L'auteur les rappelle de façon imagée et évocatrice à travers des exemples qui semblent si désuets, et ne sont pourtant guère éloignés (publicités, principes éducatifs et religieux à l'école et à la maison...).
J'ai aimé (re)découvrir également les conditions de vie des 'migrants' d'alors, un peu mieux tolérés que ceux d'aujourd'hui, parce que leur religion était la même que 'la nôtre', et que la France avait besoin de bras pour ses '30 Glorieuses' et reconstruire les villes détruites. L'auteur met en évidence les difficultés des Alsaciens après trois guerres qui les ont ballottés entre deux pays, deux cultures, deux langues.

Ce témoignage de la condition féminine des années 60-70's et de celle des classes dites 'populaires' est passionnant et très riche. On y prend conscience du chemin parcouru en cinquante ans, et de la fragilité de nos acquis. Attention les filles !
On y voit aussi les dégâts occasionnés par la surconsommation frénétique, après 1/2 siècle de course à la croissance...
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Dans certaines communes de France, on peut encore voir à l'entrée d'écoles les mentions 'écoles des filles' ou 'école des garçons'. Ces appellations nous rappellent que la mixité sexuelle en milieu scolaire s'est généralisée lentement. Lycées mixtes et collèges mixtes ont respectivement été légalisés en 1959 et 1963, et la généralisation de la mixité dans tous les degrés d'enseignement date de 1975.

A travers ce récit, l'auteur nous raconte la vie d'écolières dans les années 1960 : elle-même et ses camarades de classe, qu'elle a retrouvées cinquante ans plus tard, à soixante ans.
La mixité sociale était relative quand elles étaient enfants, et les écarts sociaux désignaient rapidement les filles des familles les plus défavorisées. Les parcours et les luttes de femmes qui permettent aux jeunes d'aujourd'hui de disposer d'autant de liberté sont admirables, encore plus lorsqu'elles ont débuté avec peu, hormis une grande ténacité.

La lecture d'un tel ouvrage ouvre les yeux des jeunes de notre époque sur ce que furent l'enfance et l'adolescence de leurs aînées, les conditions de vie, et les particularités de l'Alsace (tour à tour allemande et française pendant plusieurs décennies) si peu de temps après les deux guerres.

Née vingt ans avant l'auteur de ce récit, et ayant des enfants de leur génération, je me suis bien retrouvée dans ces portraits et ce contexte.
J'ai apprécié en outre de découvrir une facette peu reluisante du couple présidentiel De Gaulle, si intolérant en matière d'égalité des sexes, de divorce, etc.

Je remercie Babelio et les éditions 'Les Arènes'.
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La lecture de ce livre est passionnante, il se lit aussi bien d'une traite que par petits bouts, car les destinées des personnes évoquées dans ce livre donnent matière à réfléchir, surtout quand on a vécu les années 60 comme toutes les protagonistes de cette histoire. Pascale Hugues illustre à merveille et de manière très vivante la vie de ses anciennes camarades de classe au temps où elle partageait leur vie comme petite élève bien mieux lotie que la plupart d'entre elles. Sans trop vouloir y croire, l'auteure a organisé des retrouvailles à l'époque d'aujourd'hui. Elle découvre le destin de chacune de ces écolières devenues femmes, grands-mères quelquefois, parfois sans surprise tant elle les connaissait bien, souvent avec admiration et toujours avec bienveillance. Les différents milieux sociaux, les familles nombreuses, la grande pauvreté, le milieu intellectuel, la vie des mères de ces fillettes à l'époque témoignent de notre histoire, nous les baby boomers. Avec la conquête des droits des femmes balbutiante, le bouleversement des événements de mai 1968, la vie en Alsace peu de temps après la seconde guerre mondiale, Pascale Hugues nous replonge dans nos souvenirs.
Quelques redites à déplorer sans qu'elles ne gâchent le plaisir de la lecture.
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Alors bien évidemment, on pense à Annie Ernaux en lisant L'école des filles même si la narratrice n'est ni de la même génération ni du même milieu social. On y retrouve pourtant la description d'une époque qui n'est pas si lointaine où les filles ne devaient pas faire de vagues, étaient dévolues aux tâches domestiques, ignorantes à l'arrivée des premières règles, etc.
Pascale Hugues fait de ce récit autobiographique un texte polyphonique: à sa voix se mêlent celles de ses camarades de classe (retrouvées grâce à la photo de classe de CE2). Elles se souviennent de leur enfance, de leur école, de leur maîtresse, de leurs attentes mais aussi de ce qu'on attendait d'elles en 1968.
Moi qui ne suis pas non plus de la même génération que l'auteure, je reconnais l'école de mon enfance dans cette France concordataire où l'école publique était catholique ou protestante (jusqu'au milieu des années 80), où on buvait un chocolat chaud à l'heure de la récréation du matin et où on s'échangeait le fameux carnet de poésies (que j'ai moi-même conservé).
C'est une plongée en enfance et en nostalgie.
Ce livre permet également de constater la distance parcourue en cinquante ans pour la liberté, l'émancipation et l'indépendance des femmes.
A mettre entre toutes les mains... celles qui ont connu l'école d'avant et celles qui sont à l'école aujourd'hui, pour qu'elles sachent comment c'était avant.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
L’époque actuelle n’est-elle pas le reflet inverse du monde dans lequel nous avons grandi ? Là où les années 1960 étaient optimistes, téméraires, excessives, hyper militantes, porteuses de promesses, ce début de XXIe siècle est morose, anxieux, frugal, sans illusions, angoissé par les lendemains. À la pétillante ivresse de cette période de prospérité a succédé une gueule de bois qui nous empâte la bouche. Les Trente Glorieuses se sont lentement embourbées dans une crise qui n’en finit pas. Toutes ces règles et ces habitudes qui ont corseté notre enfance sont remises en question. Ce qui était porté aux nues à l’époque est condamné aujourd’hui. Fini, le toujours plus, le tout-plastique, le tout-jetable, le tout-en boîte, l’accumulation d’objets dont on ne sait que faire dans les intérieurs pleins à craquer, toute cette frénésie, tout ce gaspillage, les lumières allumées du matin au soir dans les pièces où on ne se trouve pas, le chauffage qui tourne à bloc, la viande à chaque repas, les deux voitures par foyer, les dimanches en famille sur les terrasses des aéroports à suivre des yeux le fil cotonneux dessiné par les avions dans le ciel d’été. Aujourd’hui, prendre l’avion est un péché et nos filles véganes nous rappellent que chaque fois qu’un steak parade sur notre assiette la forêt amazonienne perd quelques millimètres. L’injonction est maintenant au toujours moins. Moins de gaspillage, moins de déchets, moins de pub, moins d’objets. Réparer, arrêter de tout jeter, de tout remplacer par du neuf. 
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La France des années 1960 était d'une pruderie méthodique. Pour se déshabiller et mettre son maillot sur la plage, on se glissait dans un fourreau en tissu éponge resserré au cou par un élastique. Encore un objet qui n'existe plus. Marie-Anne fut la première à apercevoir un sexe d'homme en érection dans la pénombre d'une porte cochère. 'Ça ressemblait à un gros tube de dentifrice', nous raconta-t-elle. Rien à voir avec le 'pipeau de Bichounet' ou le 'petit bout de chair', ces sobriquets rigolos dont les femmes de ma famille affublaient le sexe des petits garçons. Pour celui des filles, il n'y avait pas de mot.
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Françoise était presque toujours la première à l'école Sainte-Madeleine. Bons points, images, tableau d'honneur dans toutes les matières et aussi la meilleure note de la classe en conduite. Mais en entrant au collège, elle se noya du jour au lendemain. Tous ces profs indifférents après l'institutrice attentionnée, elle perdit pied. "Ce sont les patates qui m'ont coulée !" dit-elle aujourd'hui. Les maths modernes venaient d'être introduites. Les patates étaient des boyaux informes qu'il fallait relier les uns aux autres par des traits de crayon de différentes couleurs. Françoise était perdue. Moi aussi. Mais chez moi, un étudiant venait deux fois par semaine me donner un cours particulier.
(p. 74)
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Les barricades au Quartier latin, c'était pour les grands. Nous avons vu Woodstock et le Summer of Love dans les magazines, mais nous ne comprenions pas quel plaisir tous ces jeunes trouvaient à s'embrasser dans la boue. Notre génération est sans contours particuliers. Nous enviions les soixante-huitards. Ils sentaient le gaz lacrymogène et le sexe. Alors que nous, avec nos parfums de riz au lait et de savonnette, nous n'étions que des mômes en 1968.
(p. 30)
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Jamais on n'aurait même prononcé le mot avortement chez Martine. Rien que le dire à voix haute eût été déjà un péché capital. Martine est persuadée que sa grand-mère Emma, 'hyper catho', est responsable de sa faramineuse fratrie [11 enfants], "elle courait à confesse chaque fois qu'un acte de chair avec son propre mari ne débouchait pas sur une procréation."
(p. 263)
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Video de Pascale Hugues (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascale Hugues
3 Jours à Berlin - Pascale Hugues .3 Jours à Berlin : Rencontre avec Pascale Hugues autour de son ouvrage "La robe de Hannah, Berlin, 1904-2014" aux éditions Les Arènes. Traduction des passages en allemand par Daniel Mirsky. http://www.mollat.com/livres/hugues-pascale-robe-hannah-berlin-1904-2014-9782352043256.html 1. Podington_Bear_-_Program_Reverie http://podingtonbear.com/ 2. Droit réservé ®
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