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Citations de Patrice Teisseire-Dufour (29)


Passager du Laudot

Passager suffocant suspendu
là je gis
offert comme un esprit
comme une face imprimée sur un tissu
comme si toucher l'éclat du torrent
m'aidait à franchir le fugitif présent.
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Ici les paysages rêvent. Parce qu'ils se souviennent d'histoires chuchotées entre leurs vieilles pierres. Ils se souvient de l'espoir des hommes d'ici bas. Ils se souviennent que les légendes sont des les rôdeuses.
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Evidemment que les dieux se sont penchés sur son berceau. Si vous avez un tantinet voyagé dans votre vie, fait bourlinguer votre carcasse par monts et par vaux, par delà vastes mers et célèbres cités, alors commencez par tout oublier ! Et, venant de Carcassonne, arrivez l'esprit léger, par la route de Villalier. Ce sera comme un nouveau matin.
Alors que Villarzel déclare sa flamme au Cabardès, Malves vante déjà son ralliement au Minervois. Sans prévenir, juste après un virage, un paysage à la Van Gogh dévoile ses jardins. Des vignes à perte d'horizon qui épousent la moindre parcelle. une rangée de cyprès pour les protéger des éclats du temps. Ici, sous une falaise de calcaire, des oliviers retenus par d'infatigable murettes en pierres sèches. Et là, des pins parasols penchés sur la pure rondeur d'une colline, d'un Pech, comme on dit ici. Si on lève la tête, un moulin à vent rêve d'affronter un nouveau destin sous le bleu du cers, tramontane, vente de terre qu'on appelle ici Carcasset.
A cheval sur l'Aude et l'Hérault, ce pays, dont le causse de Minerve est le cœur, se dresse tel un amphithéâtre, ouvert vers le sud-est du Languedoc, plus vivant que jamais. On s'étonne, on s'enquiert : serait-ce une autre Provence ? Un prolongement de Toscane ? Au nord, la barre de la Montagne Noire ajuste ses ressauts et ses pics décharnés dominant des vallons secrets prêts à être explorés. L'air semble dégagé. On est dans le Minervois.
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Dans quelques instants, si ça continue,
je vais marcher pieds nus. Je tire les
derniers mètres comme je peux jusqu’à
Estos. J’envie Arthur Rimbaud, le poète
aux semelles de vent. Moi, je suis plutôt
le randonneur aux semelles devant.
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Dès le premier regard, on est frappé par cet endroit sauvage et mystérieux surplombant l’Agly, la rivière des aigles, qui bouillonne cent mètres plus bas. L’ermitage est un nid d’aigle, accroché dans le creux d’une vertigineu- se falaise blanche et ocre, qui côtoie plusieurs cavités naturelles, dont une grotte aménagée en chapelle où se succéda toute une lignée d’ermites, du VIIe siècle à 1959.
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Alors que nous parvenons à un large replat sous le pic de Boum, au bout de trois heures quarante-cinq de marche, nous nous rendons compte que quelque chose cloche. Le petit barrage est en restauration. Oui mais derrière…
– Oh bonté divine : le lac Bleu a disparu !
Aspiré, avalé, évaporé… Bleu comme l’enfer. Mais qui a pu commettre un tel crime ? Tout à l’heure, nous nous sommes fait voler le paysage. Maintenant, il y a mort d’un lac. Du lourd, quoi !
Nous nous attendons à voir apparaître des carcasses de bateaux comme sur feue la mer d’Aral.
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C’est entre le deuxième et le troisième passage de rapide que se déroule un événement assez rare. La femme qui se tient derrière moi sur le raft lâche d’une voix blême :
– Le moniteur n’est plus là.
– Comment ça, plus là ?
Nous relevons la tête pour nous observer et tournons le regard vers l’arrière du bateau. Tout cela a dû durer une seconde. En effet, notre barreur a disparu. Moment d’effroi. Je lâche ma pagaie pour sauter jusqu’à sa place et me pencher sur la rivière. À 5 mètres de moi, j’aperçois Paul qui patauge bien dans l’eau et nous dans la mélasse si nous n’arrivons pas à le tirer de là avant les nouveaux rapides.
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Nous voulons aller dormir là-haut dans cette brèche à 2 666 mètres, dans le plus vieux refuge des Pyrénées. J’ai prévenu mon copain François.
– C’est une sorte de bathyscaphe coincé entre deux mondes et deux parois, au sommet d’un torrent de vent. Il date de 1889 !
– Comment s’appelle-t-il ?
– Tuquerouye. Ça veut dire le “piton rouge”. C’est le gardien du couloir du même nom. L’endroit se mérite. C’est loin de tout, surtout des hommes. Plus près des vautours et des derniers isards…
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Il y a parfois des décisions en montagne difficiles
à assumer et lourdes de conséquences.
– Qui va prendre la boîte de cuisses de canard ?
insiste le pyrénéiste Louis Audoubert.
Au pied de la voie de la première conquête de
l’Aneto, on se jauge. Nous avons déjà entassé
dans le sac à dos : du pain, du vin, de l’eau, une
tente, un duvet, un réchaud et piolet et crampons
comme fidèles auxiliaires.
– Bon, tant pis, on se contentera de la soupe aux
pâtes, tranche Audoubert.
Elle se révélera infâme.
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Il faut être attentif car le passage exige quelques pas de grimpe au-dessus du vide. Je prends pied sur la muraille du cirque. Je lève la tête et là, je vois, entre le Falquet et la Combe de la Semal, qu’un grand arc de cercle parfait se déploie, avec sa mer de résineux en son centre. On se croirait sur un atoll avec son récif barrière et son lagon au centre.
-L’autre versant abrite d’autres grottes, comme le Trou de l’Ermite, mon- tre Michel.
L’aigle de Bonelli vient alors nous survoler, pour vérifier le profil des nou- veaux intrus. Je comprends que je viens de découvrir Le Monde perdu de Conan Doyle. Derrière cette sauvagerie, il doit traîner encore quelques dinosaures sur cette crête étonnante.
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Le cœur des Corbières, c’est peut-être le pays le plus rêvé.
Le cœur des Corbières est une promesse de soleil, de vent, de vieilles murailles et d’une naturesauvage.C’esticiauXIIIe siècleques’estdessinésonavenirquandleRoyaumede France a disputé au royaume d’Aragon cette Marche d’Espagne, ce pays où l’on parlait cette langue romane, autant l’occitan que le catalan.
J’ai étalé sur mes genoux la carte des Corbières. Aujourd’hui, je contemple même la carte en relief. Combien de fois m’y suis-je perdu volontairement ? Les échantillons de pierres de toutes formes et de toutes couleurs qui jonchent mon étagère égrènent tant d’aventures, toute la richesse de ce pays.
À chaque douceur de printemps, l’exploratrice Alexandra David-Neel (1868- 1969) me soufflait déjà : La route me semble captivante si j’ignore où elle me conduit.
Et des vieux chemins, les Corbières en ont façonné et préservé l’existence jusqu’au plus profond des taillis.
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Ce qui frappe au premier abord, c’est cette route étroite qui semble hésiter sur sa destination. Passé le village d’Opoul, on se dirige vers le château aragonais de Salveterra posé sur un plateau calcaire ressemblant à la ca- rène d’un bateau. Derrière, nous basculons dans un paysage lunaire, constellé d’arpents de vignes endormis dans des combes de calcaires, abrités par de douces rangées de cyprès. Un paysage à la Van Gogh où le jaune et le gris déroulent leur palette sur les ondulations vertes et blanches des collines, juste habitées par des lièvres, belettes, fouines, chevreuils et sangliers. Après le cortal de la Lalane, une silhouette crénelée apparaît : Périllos.
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D’abord, ce qui frappe, c’est la fantaisie, l’accent chantant de nos villages qui roule à nos oreilles : Fontjoncouse, Vignevieille, Jonquières, Caraguille, Vente Farine ou Buffanel, car ici tout vit au souf- fle du cers.
Ensuite on ne peut s’empêcher de pointer le vocabulaire spécifique de ces montagnes : pech, plà, serrat ou Milobre, et d’écouter les lieux-dits aux appellations scabreuses ou pittoresques : le Cra- paud, Estrons de la Vieille, Col de la Louve, Pech de la Selve, Col d’Extrême, pic Cascagne, Tronc Fleuri, Salagriffe...
Las Corbièras, pays des corbeaux ou des corneilles, comme on le pensait, mais plutôt pays courbe ou des rocs (la signification du fameux Corb) qui a donné son nom, dès le haut Moyen Âge à la vallis Corbaria, la vallée de la Berre. Pour y entrer, il ne reste plus qu’à faire sienne cette maxime de Jean Giono : Si tu marches, tout marche à côté de toi et ta route est suivie par des troupeaux de collines.
Allez, poussez doucement la porte de ce pays... cet endroit encore protégé, un brin hors du temps, hors du bruit et de la fureur de la civilisation, qui met l’homme face aux vrais éléments, ceux de la nature.
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La montagne catalane constitue à mes yeux un des derniers sanctuaires de rêves et de légendes dans les Pyrénées Orientales. Elle demeure préservée (mais pour combien de temps ?) par son altitude et ses pentes abruptes des excès de l'homme dont l'empreinte s'étend inexorablement dans un pays aujourd'hui victime du tropisme solaire.
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Qui n’a jamais rêvé d’aller passer une nuit sur un sommet des Pyrénées ? En été, à l’automne ou encore mieux d’y vivre une nuit d’hiver ? Pour contempler la voie lactée, un coucher et un lever de soleil, des animaux sauvages, des myriades de lacs ou se réveiller au milieu des brebis et des chevaux.
À travers 30 bivouacs, d’Ansabère dans les Pyrénées-Atlantiques au pic du Canigou, dans les Pyrénées-Orientales, Guillaume Coubard, photographe et pigiste rando et Patrice Teisseire-Dufour, reporter permanent à Pyrénées magazine, nous entraînent dans leurs Pyrénées sauvages et intimes, suivant les quatre saisons, sur des itinéraires grandioses (Perdiguère, Vignemale, Néouvielle, Vire des Fleurs…) ou discrets (Ballonque, Marianette, Pouy Louby, Fonta…). Un bel ouvrage pour saluer le pyrénéiste Jacques Jolfre, auteur d’un livre en 2003 et qui assurait : « C’est un art de vivre, une philosophie, un bonheur suprême,
intense, royal. »
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Surprenante bibliothèque à une telle altitude. Il s’explique :
— Je ne peux pas m’en passer. Les livres me tiennent compagnie, m’offrent du lien social et de l’évasion. Et le style de Walter Bonatti m’entraîne vers les plus hauts sommets. Mais ce que je préfère avant tout, poursuit-il, c’est faire l’inventaire des objets les plus divers que je trouve sur les sentiers.
— Il y en a beaucoup ?
— Ooooh que oui !
— Et c’est quoi, par exemple ?
— Je ne parle pas des sacs-poubelles que certains essayent de déposer en catimini sur les portes des cabanes ou des refuges pour qu’on les descende à leur place. Je parle de chaussettes, tee-shirts, cartes, parapluies, casques, portables, casquettes, et même de chaussures…
— Non, des chaussures aussi ?
On se regarde avec François. Évidemment, on fait tout de suite le lien. Ça doit être celles du premier randonneur de ce matin !
— Oh ce n’est pas tout. J’ai même trouvé un slip et un pantalon la dernière fois.
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Étienne le photographe m’interpelle :
— Allez, tu vas sauter !
— Sauter, moi ?
— Je te prends en photo.
— En photo, en photo ! T’as qu’à y aller, toi ! Qui c’est qui va risquer sa peau pour une photo ? Pourquoi c’est toujours le rédacteur qui doit faire le zouave, ou plutôt le cobaye ?
— Mais c’est une belle occasion qui ne se renouvellera pas ! L’équipe a fait un arrêt exprès pour ça.
— Alors si l’équipe a fait un arrêt pour ça ! Attends, on vient pour réaliser une descente en raft et on se retrouve à sauter depuis un pont du Diable.
— Franchement, ça n’a pas l’air très difficile. Il n’y a pas de rocher. Tu peux garder ton gilet de sauvetage.
— On vient de vivre quelques émotions, mais là, c’est quand même un peu dingue, non ?
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Cela fait six heures que JC, mon confrère photographe, et moi marchons avec notre sac de plus d’une quinzaine de kilos sur le dos. Et il ne reste plus que dix minutes avant la nuit pour trouver notre abri dans un lointain vallon des Pyrénées-Orientales. Seules indications : la cabane est cachée dans les bois, plutôt en hauteur et non loin du torrent. Qu’allons-nous faire si on ne la trouve pas ?
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Sous les têtes de cerf et de sanglier naturalisés, Antoine arrive et se met à nous parler du village et à vanter sa collection démesurée de bois de cerfs. Il y en a tellement qu’on pourrait faire un mikado géant ou construire une isba avec.
— Vous n’allez pas repartir comme ça. Je vous sers un petit jaune.
On avale notre coup, prêt à se tailler sans demander notre reste. Mais Antoine a passé un pacte avec le temps. C’est sûr, il a un forfait illimité. Il continue de discourir sur le chemin que nous empruntons, sur les animaux qui peuplent la montagne. Moi, je ne note plus rien. J’aimerais juste grignoter un apéro. La femme d’Antoine a dû entendre ma complainte par télépathie. Elle revient avec des bretzels. Antoine en profite alors pour nous resservir un deuxième coup, nous demandant s’il y aura de la neige à Noël, si l’équipe de rugby de l’USAP va s’en sortir, si nous aimons les cargolades, si le Train jaune va continuer de fonctionner… Comme le Train jaune, je sens que je suis en train de dérailler.
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C’est beau de commencer sa journée à Lagrasse, le soleil écrasé sur le lavoir du ciel. Lovée dans un vaste amphithéâtre riant sur la rive de l’Orbieu, entourée de vignes, d’oliviers et de garrigue, voilà une char- mante petite cité médiévale d’environ 570 âmes.
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