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4.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1953
Biographie :

Ingénieur de l'ESTP et titulaire d'un Master en Administration des Entreprises de HEC, Patrick de Bonnières débute chez Framatome en 1982, où il participe à la création de Framentec, puis est Directeur et Associé dans plusieurs sociétés de conseil aux entreprises, dont RSM Salustro Reydel Management et Advolis.

Il consacre désormais ses jours à des travaux d’historien et de restauration du patrimoine récompensés en 2020 par un Prix MPF (Maisons Paysanne de France) René Fontaine.

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Bibliographie de Patrick de Bonnières   (1)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Robert-Estienne continue donc d'aligner les portraits d'hommes de lettres qui lui sont familiers, peints dans le cadre de leur intimité :

Le Renan que je cherche n'est pas dans cette salle [le Collège de France].

Il est, avec tout le charme de son esprit, dans les réunions intimes de sa modeste maison de Bellevue, sous quelques humbles arbres qui resteront fameux. [...]

Son cabinet de travail, paisible et désordonné, silencieux avec des in-folio éboulés, a ceci de particulier que nul, hors le maître, ne peut s'y asseoir. Tous les sièges sont occupés d'avance par les seuls hôtes légitimes, les livres. [...]
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(…) Edmond de Concourt a inauguré, le 1er février 1885, son «Grenier», aménagé au second étage de sa maison d'Auteuil, où les rencontres prennent la relève des dimanches de Flaubert dans un décor nettement plus sophistiqué, tendu d'andrinople. Depuis leur retour, les Bonnières sont assidus de ce salon où le vieux maître cultive une atmosphère potinière dont les effluves sont méticuleusement consignées dans le fameux Journal.

« Du monde, beaucoup de monde dans mon Grenier : Daudet, Maupassant, de Bonnières, Céard, Bonnetain, Robert Caze, Jules Vidal, Paul Alexis, Toudouze, Charpentier. Et à la fin de ces réunions toutes masculines, un rien d'élément féminin : les femmes venant chercher leurs maris. et aujourd'hui les rameneuses d'époux, sont Mmes Daudet, de Bonnières, Charpentier. Les femmes font vraiment très bien sur les fonds, et entrent tout à fait dans l'harmonie du mobilier...
Mais la généralité de mon public demande toutefois que les femmes viennent tard, tard, tard. »
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Lorsqu'elle arrive le dimanche vers cinq heures, Julia Daudet observe, «dans l'atmosphère enfumée des cigares de la journée», les quelques présences féminines, l'écrivaine espagnole Emilia Pardo-Bazan, la comtesse Greffulhe et «Mme Robert de Bonnières, parant des plus jolies toilettes sa beauté botticellienne». Si, chez Concourt, les femmes sont admises à embellir les fonds, le charme n'opère cependant pas longtemps sur le maître bougon qui s'agace devant sa gracieuse visiteuse à qui il dévoile ses collections d'ivoires japonais :

En voyant touchoter avec des doigts si bêtes mes bibelots par ce joli petit animal qui s'appelle Mme de Bonnières, j'étais furieux de montrer ces choses à pareille femmelette et je me demandais si je n’aurais pas dû être un collectionneur incognito, un collectionneur pour moi seul et sans que personne s'en doute. L’ignorance, l'ignorance de cuisinière de cette petite femme, qui a des prétentions à l'art, à la littérature, est vraiment extraordinaire. Elle a commencé à s’écrier en se penchant sur les gardes de sabre : «Ah ! voilà les entrées de serrure ! » Puis quelques instants après, en apercevant la vitrine des netskés: «Voyons un peu les manches de parapluie ! »

Emporté par sa misogynie coutumière, Goncourt s'est déjà risqué à prédire: «La curiosité dufas et du nefas parisiens mènera loin la jolie petite Mme de Bonnières. La toute nouvelle mariée, qui va finir sa soirée du grand monde au Chat Noir, est prédestinée à l'adultère dans un avenir prochain. »

Clairvoyance ou médisance de Goncourt ? Nous verrons.
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Sur le talent de Zola, la position de Robert-Estienne est, comme souvent, nuancée :

Les grands magasins sont comme M. Zola : riches, abondants sans traditions, d'un luxe éclatant et un peu grossier [...]

On l'aime ainsi, entêté, rude, borné, batailleur, mal appris, laborieux ; on aime cet ouvrier qui, par-dessus l'épaule, vous jette à la figure, comme des pavés, ses livres lourds et pleins.

On aime son talent peu aimable : après tout, M. Zola, c'est le peintre du laid, du vulgaire, de la faim, de la luxure et de la bêtise. C'est le peintre de l'ivrogne et du mauvais riche. Est-ce peu que cela ? Est-ce peu que d’avoir peint d'une certaine façon les trois quart du monde ?
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Pour autant, le désordre politique en France ne justifie pas de recourir à l'aventure. La fondation de la Ligue des Patriotes par Paul Déroulède. l'auteur des Chants du soldat, inspire une grande défiance à Janus: il raille les leçons de tir et de gymnastique et s'étonne que la Ligue n'ait pas même pensé, tant qu'à faire, à «ranimer le patriotisme par la propagation des airs guerriers» :

Je sais bien qu'il n'entre que de bons sentiments dans le cœur des membres de la ligue et qu'ils sont pour la plupart centre-gauches. [...] On est en train de créer une sorte d'association, une sorte de franc-maçonnerie patriotique si vous voulez, que je crois bien plus faite pour troubler l'ordre public qu'utile à la défense de la Patrie. [...] Non, non. Messieurs, ne poussez pas plus avant cette idée de ligue des Patriotes. C'est une idée plus artistique que pratique, plus dangereuse qu'utile où nous ne pouvons vous suivre malgré toutes les sympathies que vous inspirez.

Une fois encore, Robert de Bonnières proteste d'une trop haute idée de la patrie pour la voir s'abimer aux mains d'intrigants, fussent-ils animés des meilleures intentions. Mieux vaut s'en remettre à la tradition : «la Tradition, cette voix divine, comme disaient les anciens, et qui maintient et remet le chanteur dans le ton juste. »

Janus reste «persuadé qu'en politique beaucoup de pessimisme ne saurait nuire».
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Alors que le doute l'étreint, un article de Bernard Lazare - celui peut-être qu'il destinait à l’Événement - paraît dans le Supplément littéraire du Figaro. Lazare y donne une idée exacte du talent dont Bonnières semble ne plus se satisfaire :

On parle souvent d'un certain esprit français qui serait net, un peu sec, élégant et correct, spirituel et d'une certaine étroitesse, esprit charmant, d'une belle ligne, apparié parfaitement aux jardins que dessina Lenôtre, d'une rectitude et d'une raideur même qui n'est pas sans grâce.

M. de Bonnières est assurément dans la tradition de cet esprit et il fait tout pour s'y maintenir.

[...]. Il n'a pas l'amour de la métaphysique, il la trouve trop brumeuse et trop lointaine ; il a même de l'éloignement pour les idées générales. Aussi, il a peint les hommes dont il parlait et il s'est ingénié à restituer leurs sentiments par leurs gestes, par les actes de leur vie et non par des raisonnements.

Cette préoccupation l'a poursuivi dans ses romans ; ils y ont gagné de la précision et de la sécheresse, mais ils n'y ont pas acquis de profondeur; ce sont des dessins au trait, mais ils sont privés d'atmosphère. Il en est de même pour ses vers ; ils sont classiques et clairs, ils coulent de la source où s'abreuvèrent Boileau, Voltaire et Béranger ; mais cette source n'a jamais été l'Hippocrène.

C'est que M. de Bonnières n'est pas un lyrique ni un imaginatif : c'est un conteur délicat, un essayiste discret, et surtout un bon écrivain. L'éloge n'est point commun.
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Amené à choisir entre réalistes et symbolistes, il [...] prend parti pour lui même. [...] Avec ses idées propres, sa propre originalité accommodée à la vie et aux mœurs de son temps, M. Robert de Bonnières entend rester traditionnel ; traditionnel et - quoique le mot puisse paraître un mince compliment à quelques-uns - classique, déterminément classique, irrémédiablement classique.
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Henriette s'est prise de passion pour Nietzsche, «un philosophe dont le génie va tout bouleverser», au point de le traduire, ainsi que nous la montre Julia Daudet en visite avenue de Villars :

Aimable femme et jolie ! une des réputations les plus élégantes de notre temps. Elle a un amour de petite fille toute rose, toute blonde, et déjà les grands yeux de sa maman. Eh bien, cette heureuse, cette favorisée me disait tout à l'heure en visite :

- Je traduis tous les jours deux heures de Nietzsche (le philosophe allemand à la mode). Tantôt je n'ai pas eu le temps ; je me rattraperai après le dîner, avant de partir en soirée.

Est-ce pose, véritable curiosité scientifique ou simplement désir d'être bien au niveau de son monde et de son époque ?

Mais je n'ai pu m'empêcher de sourire en y pensant, toute seule, en voiture.
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Revenue de Fontainebleau en octobre (1903), Henriette se réjouit auprès de Marie de Régnier : «Les Picottes vont très bien. Robert aussi; il travaille .» Pas de répit mondain ; les dîners du Ritz «sont de plus en plus suivis et d'une suprême élégance». Devant ce décor, cependant, une lettre de Jacques-Émile Blanche à Colette nous donne, bien des années après, une idée de la pièce qui se joue alors :

Par crainte d'engraisser, elle boit des drogues amaigrissantes jusqu'à l'étisie. Elle dîne au Ritz avec le comte de Guerne, poète, et son mari. Le manager du Ritz lui signifie qu'il y a une table dans l'ombre d'un salon réservé aux clients en deuil. Car le spectre qu'Henriette était devenue indisposait les dîneurs de la grande salle.
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Ce que vous voulez bien dire m'a été fort agréable. Je vous suis tout particulièrement reconnaissant d'avoir fait ressortir l’émotion que me causent la vie et les œuvres des meilleurs d'entre nous. Je suis heureux que cela se sente dans ce que j'écris. De toutes mes émotions, celle que vous dites est la plus profonde et la plus sincère. Il est certain que les œuvres d'un saint ou d'un général me touchent peu en comparaison de celles de Balzac.

Je suis ainsi fait que, Privât d'Anglemont me paraît être un personnage beaucoup plus important que M. Grévy dans l'histoire de France.
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