Conférence de Paul ArdenneLa BnF propose un cycle de conférences pour s'initier aux principaux courants artistiques et comprendre les oeuvres d'art en regard de lectures critiques. La troisième édition s'intéresse à la représentation du corps dans l'art.Cette séance se penche sur les évolutions de la représentation artistique du corps humain. Depuis un siècle, elle décalque les mutations de la société : individualisme, libération politique et sexuelle, culte du corps, transhumanisme, décolonialisme, transgenrisme
Par Paul Ardenne, écrivain et historien de l'artConférence enregistrée le 24 janvier 2024 à la BnF I François-Mitterrand
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Sûr qu’ils devaient considérer au premier chef la terre comme un capital, comme une machine à pognon, ces gars-là, pas comme une dame à qui on doit le respect.
« Montre-moi une seule preuve que tu as quelque chose de l’oiseau et tope, je commence à te prendre au sérieux ! » Mes dents se limaient-elles, petit à petit ? S’affinaient-elles au point de se modeler sous l’espèce de deux lames affûtées sur leur bord, forme naissante de mon bec futur ? Les écailles sur mes jambes en étaient-elles au stade de la formation ? Les longues plumes qui poussent au-dessus du croupion sortaient-elles de ma chair, même sous la forme d’un plumage microscopique ? Non. Alors macache. J’étais un traître, un imposteur, un menteur. Un « pauvre type », voilà. Pis encore, je trahissais l’humanité, avait insisté Dionysos.
Pour moi, il en irait des oiseaux et de rien d'autre. Ce serait de la dévotion, de l'amour fou, une passion. Et surtout ce serait moi.
oui, ce seraient les oiseaux ou rien, les oiseaux et rien d'autre. Pour eux- même mais aussi pour moi. Je précise: je serais oiseau. Oui, moi- même un oiseau.
Ma moto est un corps vif. Elle est mon corps, je suis le sien. Nous communiquons, nous nous comprenons. Nous endurons ensemble et devenons solidaires, amis, amants.
"Notre tête est ronde pour permettre à la pensée de changer de direction." Francis Picabia
P. 150
Une maison type Redoute conçue pour la fondation23 (structure animée par l’artiste Mathieu Briand) dont le plan montré au public de la Biennale de Venise 2000 est voulu libre de droit, contribution directe à la pratique, alors en croissance, du copyleft (note 24)
note 24 « Mathieu Briand, artiste, commande à Rudy Ricciotti, architecte, une habitation pour Fondation23, mystérieuse organisation. Cette construction conçue comme système de protection en cas de guerre possède des murs épais et des ouvertures très réduites. C’est un « météore » posé au sol, un monolithe architectural. Il sait se faire oublier, malgré son énormité, par son architecture extérieure aux arrêtes effacées qui ne renvoie pas d’ombre, et par son statut de lieu commun. Il est une image fantasmagorique enfouie dans l’inconscient collectif. Sa fabrication est rudimentaire, bois, béton, pas de fondation, un centre de gravité. Il est autonome. Il fallait le détourner de sa fonction, la guerre… Commanditée par un artiste, l’œuvre architecturale échappe à son statut pour dériver sur celui d’œuvre artistique » Rudy Ricciotti / Mathieu Briand, Fondation23, texte commun de présentation et plan en libre accès, conférence, Biennale d’architecture de Venise, pavillon de l’Arsenal, septembre 2000.
Le meilleur service à rendre à la moto : rappeler, toujours, qu'elle est un engin de vie en passe d'être aussi un engin de mort. Objet curieux que celui-ci, qui ne peut pas même tenir debout sur ses roues, et qui convoque pour pouvoir s'animer l'énergie humaine et un fort lot d'adresse, d'habileté dans le pilotage. Ce caractère inachevé de la moto augmente la responsabilité du pilote face au danger potentiel qu'elle porte en elle, danger accroissant son statut d'objet magnétique.
Piloter une moto, c'est célébrer la vie à chaque instant, et tout autant à chaque instant pouvoir chuter, cette même vie volontairement mise en péril. J'ai très tôt su, pour être très tôt tombé, que les motos sont des engins de mort. Une de mes sensations les plus fortes quand j'enfourche une moto,tandis que Santiago Herrero, Bill Ivy, Jarno Saarinen, Daniel Coulais, Patrick Albert, René Carette m'observent et me jaugent depuis leur monde muré, c'est de sentir que je touche potentiellement la mort. Le pilotage, dès lors, est conçu comme un travail oscillant entre préservation de soi et prise de risque immodérée, pour laisser venir la mort et, dans le même élan, la tenir à distance. Travail vital de contrôle et de relâchement jumelés. Comme une mise en forme de la survie."
On se souvient de la formule de Maurice Blanchot arguant que l'oeuvre d'art "ne peut être comprise qu'obscurément". Cette formule, renversons-la, pour la circonstance. Débarrassons l'art de sa prédisposition à l'intrigue, aux jeux de miroir et aux simulacres. Sortons du vertige de l'incompréhension fascinante et revenons au sens décliné sans équivoque, sans risque de confusion.
"Je ne crois pas aux choses, je ne crois qu'en leurs relations." Georges Braque
C’était dans l’air du temps, les biologistes se sont mis à aimer jusqu’au fanatisme les mélanges cellulaires, l’hybridité, la préfabrication en éprouvette, leur nouvelle religion. La brebis Dolly, le double parfait de sa mère brebis, pense-t-elle, une démonstration pas malvenue des pouvoirs magiques acquis par les scientifiques.