Citations de Philippe Bouvard (183)
Avec mes lacunes, mes carences, mes ignorances, mes manques et mes échecs, on composerait un plus gros livre que celui que vous venez de feuilleter et au travers duquel j'aurais étalé - immodestement - ce que je n'ai pas raté.
Parlant de Jean Piat : Durant plus d'un demi-siècle, il a été l'homme que j'aurais aimé être si la nature m'avait offert davantage de beauté, de biceps et de matière grise. (p. 219)
Parlant d'Hervé Bazin : Il a été le chantre des familles commençant à se décomposer. [...] Bazin, dont les anecdotes s'inspiraient de la vie réelle, avait remarqué que, à table et se sachant observés, les vieux époux, pour faire croire qu'ils se parlaient encore, remuaient les lèvres sans qu'il n'en sortît aucun son. (p. 39)
Qui se souvient encore des Achard ? Aucun directeur de théâtre n'a plus l'idée de remonter ses œuvres. Peut-être parce que, le soir, la drôlerie est devenue caduque et qu'on ne va plus au spectacle pour se changer les idées, mais pour revivre les problèmes de la journée. (p. 18)
Le cynisme finit [parfois] par être le comble de la franchise dans une société d'hypocrites.
Est-ce qu'il t'a pardonné de l'avoir aidé ?
Peur : N'évite pas le danger mais fait prendre un peu d'exercice aux poils.
Après la dernière pelletée de terre, les commentaires cessent brusquement comme si mon nouveau voisin était déjà oublié. Grâce à mon périscope, je distingue la retraite du bataillon des veuves officielles et putatives. (…). Certaines marchent bras dessus bras dessous, d’autres se regardent en chiens de faïence. Nul besoin d’être grand clerc pour prévoir que ça se passera mal chez le notaire.
Comme j’étais très travailleur par monts de Vénus et par vaux… Je ne cherchais pas le grand amour qui vous met la tête à l’envers mais les petites idylles qui vous remettent l’ego à l’endroit.
Floriot (René).
Il méritait doublement son titre d'avocat de la défense car il avait investi une partie de l'argent que lui valaient ses plaidoiries dans l'achat de vieux ivoires qui décoraient son cabinet.
Le chroniqueur mondain, que j'ai été pendant une dizaine d'années et dont un smoking plus brillant aux coudes qu'aux revers figurait le bleu de travail, empruntait chaque soir le fameux corridor de la tentation. Tout au long de ce singulier parcours, des boîtes de caviar s'ouvraient devant lui qu'il devait ignorer pour garder son indépendance et sa ligne, des bijoux étincelaient dont il savait qu'ils ne pareraient jamais les doigts et le cou de ses compagnes, des vins fins coulaient dans des verres de cristal qu'il devait seulement humer pour que son stylo continue à écrire droit. A l'entour, le personnel s'affairait, vêtu comme lui. Combien de fois, à l'entrée d'un gala et alors que ma juvénile apparence interdisait de penser que j'étais journaliste, ne m'a-t-on pas dirigé vers les cuisines afin que je rejoigne le bataillon des extra !
« Dans notre société, on dit que quelqu’un a du caractère lorsqu’il accorde plus d’importance à ses propres
opinions qu’à celles d’autrui. »
« Si Dieu nous avait vraiment fait à son image, il y aurait moins de chirurgiens esthétiques. »
« Le bon vieux temps : tout ce que la mémoire range dans ses débarras en gommant le médiocre pour ne
retenir que le meilleur. »
Ayant choisi sous forme de slogans deux lignes de conduite – « Ni dupe ni complice » et « C’est déjà assez triste d’être pauvre, si en plus il fallait se priver… » –, je m’évertuais à faire rimer intégrité avec prospérité.
Quelle que soit l’idéologie de nos supports, nous prétendons révéler ce qui doit être caché. Quelle que soit la périodicité de nos prestations, nous nous réveillons chaque matin avec le désir de refaire le monde et l’ambition d’être considérés comme des justes, parfois un peu justes.
Le multimédia et une puissance de travail supérieure à la moyenne nationale m’ont permis de réaliser mon vieux rêve : à savoir, vivre plus confortablement que ceux qui diraient du mal de moi.
Pris dans le tourbillon des fortunes, des pouvoirs et des ambitions, j’ai mené la vie à grandes guides. À partir du moment où j’ai compris que, pour accéder à la prospérité, il fallait la feindre, j’ai beaucoup frimé et je continue puisque la publication de ce livre donne à penser que j’ai eu une existence susceptible d’intéresser mes contemporains.
Quand on ne possède pas de qualités humaines exceptionnelles, seule la fortune donne l’illusion de la réussite.
Le multimédia et une puissance de travail supérieure à la moyenne nationale m’ont permis de réaliser mon vieux rêve : à savoir, vivre plus confortablement que ceux qui diraient du mal de moi.
Je suppose que si le journalisme constitue, depuis plus d’un siècle, pour des jeunes en quête d’un métier, un miroir aux alouettes qui ne renvoie pas toujours la meilleure image à ceux qui s’y sont laissés prendre, c’est pour des raisons variées tenant aux ambitions particulières et au court passé des impétrants, bref, à l’idée qu’ils s’en font.