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Critiques de Pierre Aubé (12)
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Godefroy de Bouillon

Pierre Aubé, qui fut le grand biographe de Baudouin IV le Lépreux, de Renaud de Châtillon et de Thomas Becket, a aussi parfaitement réussi son portrait de Godefroy de Bouillon, bien que l'histoire de ce dernier soit piégée. On sait que la légende s'est rapidement emparée du personnage. Les grands hommes du XIe siècle sont nombreux à baigner dans cette atmosphère mythique : il en va ainsi de Guillaume le Conquérant, mais plus encore, peut-être, de Godefroy de Bouillon.



Tout a été réécrit parce que l'on ne pouvait imaginer des choses communes pour un homme qui participa à cette formidable aventure que fut la Première Croisade. Et l'histoire de celle-ci fut totalement réinventée par le "chroniqueur" Guillaume de Tyr dont les écrits doivent être lus avec beaucoup de précautions.



Alors sur quoi tomber d'accord à propos de Godefroy ?



Pour répondre à cette question, il faut d'abord faire un véritable nettoyage ; Pierre Aubé a préféré entrer immédiatement dans le vif du sujet, toutes choses fausses déjà écartées, ou presque, car Pierre Aubé n'a pu éviter quelques erreurs. Mais, toute compte fait, Il a fait un véritable travail d'historien.



C'est d'abord sur le nom de Godefroy de Bouillon que l'histoire vient buter. Car ce nom de Bouillon n'est pas le bon : on devrait plutôt le désigner sous le nom de Godefroy de Boulogne. C'est là que l'on dit qu'il est né (certains disent que cette naissance se situe à Baisy-Thy, près de Genappe, mais il y a peu de chances que cela soit exact).

L'année ? 1058, 1059, 1060 ? Qui peut le dire avec assurance ?

Est-il Français ou Belge ? Quelle importance ? Il voit le jour dans une terre qui relève de la France : Boulogne, mais il est, de par ses origines, sujet du Saint-Empire romain germanique, c'est le certain.

Eut-il comme précepteur Pierre l'Ermite ? Cela paraît peu probable. Il eut surtout pour mentor l'évêque Henri de Verdun.

Aida-t-il à écarter du trône impérial Rodolphe de Souabe en tuant de sa main le favori du pape Grégoire VII lors de la bataille de l'Elster ? Participa-t-il vraiment à cet engagement ? Et fit-il intrusion au Latran avec Henri VI lors de l'entrée des troupes germaniques dans Rome ? Tout cela ne repose que sur les dires de tel ou tel chroniqueur alors que d'autres ne soufflent mot à ce sujet.

Pierre Aubé balance un peu sur tous les sujets. On voit bien que l'histoire réelle est difficile à départager d'avec des anecdotes fabriquées pour donner au légendaire héros de la Première Croisade un glorieux passé.

Il est bien devenu cependant, vers 1087, duc de Basse-Lotharingie, comme ses ancêtres, avec l'accord, difficile à obtenir, de l'Empereur.



Lorsque le pape Urbain II lance son appel à la Croisade, en 1095, Godefroy ne tarde pas à se porter présent. Le 15 août 1096, accompagné ou rejoint par ses frères Eustache et Baudouin, il serait parti à la tête d'une force imposante. Une des quatre armées qui devaient se retrouver sur les chemins de la Terre Sainte trois ans plus tard. D'autres groupes se constitueront en se formant autour de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, de Bohémond de Tarente, de Robert de Normandie, d'Étienne de Blois ou encore de Robert de Flandre.

Ces troupes ne laisseront pas toujours derrière elles que de bons souvenirs, notamment auprès des communautés juives. En novembre 1096, elles convergeront vers Constantinople, où elles seront plus ou moins bien accueillies.

Une difficile traversée de l'Anatolie, une bataille victorieuse à Dorylée, un long siège devant Antioche, retarderont la progression de cette vague vers Jerusalem. La Ville Sainte ne sera prise que le 15 juillet 1099, après une attaque couronnée de succès par l'utilisation d'une énorme et haute tour roulante dans laquelle Godefroy et ses hommes s'etaient abrités.

La suite est moins reluisante, car tandis que Godefroy, flanqué de Syriaques et de Grecs, organise une procession religieuse vers le Saint-Sépulcre, ses compagnons d'armes vont se livrer aux pires atrocités dans le lieu qui vit mourir Jésus. Situation incroyable !

Est-ce que les mains de Godefroy, dans cette affaire, sont aussi blanches que le disent certains ?

A-t-il refusé de se faire couronner roi de Jérusalem pour ne pas avoir la prétention de poser sur sa tête une couronne d'or dans le lieu où Jésus eut le chef couvert d'une couronne d'épines avant d'être crucifié par les soldats romains ? Il ne voulut porter que le titre d'Avoué du Saint-Sépulcre et non celui de roi.

On voit que la légende s'est très tôt développée autour de cet homme qui aurait pu être comparé à un nouveau Josué.

Mais l'habit de Croisé endossé par Godefroy et la situation militaire ne purent lui laisser aucun répit. A peine eut-il doté sa nouvelle grande seigneurie, constituée d'un petit royaume et d'au moins quatre grands fiefs, d'une véritable charte lors des Assises de Jérusalem, qu'il dut remonter en selle. Il serait mort le 18 juillet 1100, de retour d'une expédition au Sawad contre le sultan de Damas après avoir reçu une flèche ou mangé une pomme empoisonnée selon les uns ou

avoir été gagné par la peste selon les autres.

On le voit, l'histoire de cet homme oscille toujours entre plusieurs versions et interprétations des faits différentes.

Mais, le plus souvent, toutes tendent à donner à Godefroy une apparence de héros quasi-mythique. Le personnage sera tellement adulé qu'on n'hésitera pas à faire de lui l'un des Neuf Preux de la légende.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).















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Roger II de Sicile : Un normand en Méditerranée

J’ai été content de trouver cette biographie de Roger II de Sicile pour retrouver l’ambiance de la saga Le Sang des Hauteville, de Michel Subiela, que j’avais adorée. L’angle est plus « historique sérieux » et moins romanesque bien sûr, permettant de se rapprocher de la « vérité historique ».



Comme souvent dans les biographies de personnages pour lesquels on manque de documentation, le titre est un hameçon pour nous présenter en fait toute la période durant laquelle le « biographé » a vécu. Pierre Aubé brasse large dans l’espace et le temps car les Normands de Sicile ont été impliqués partout dans la géopolitique méditerranéenne, autant en Occident qu’en Orient ou en Afrique du Nord.



Il commence par la cavalcade endiablée des conquérants, tous fils du Normand Tancrède de Hauteville – Guillaume Bras de Fer, le roublard Robert Guiscard et Roger « le Grand Comte », père de Roger II – brûlant les décennies sans nous laisser le temps de souffler. Le Mezzogiorno et la Sicile de ce temps sont un patchwork de pièces empruntées à toute la méditerranée : les Lombards, des Byzantins, des Romains, des Allemands et des Arabes. Une région de rencontre de civilisations, de conflits et d’échanges. Ces pionniers Hauteville vont prendre leur temps, mais ils vont réussir à dominer la région.



Puis Pierre Aubé oriente sa caméra sur la géopolitique européenne, centrée sur un Roger II duc de Sicile et de Pouille qui va tenter un pari : soutenir seul le pape Anaclet II quand l’Europe entière bien entretenue par les discours homériques de Bernard de Clairvaux soutient Innocent II. Le deal : Anaclet II accorde à Roger le titre de roi. Cette partie m’a parue longue car elle égrène la musique annuellement répétée des révoltes en Pouille, des répressions parfois extrêmes de Roger II, des alliances, vassalisations, traitrises qui semblent ne jamais devoir finir. Les acteurs principaux sont les barons du Mezzogiorno, le pape et l’Empereur dont les noms varient avec le temps.



Une autre période forte correspond à la géopolitique autour de la seconde croisade, les arrières pensées des uns et des autres, Grecs, Vénitiens et Allemands qui tentent de s’allier contre Roger II qui profite de l’attention portée ailleurs pour piller les côtes de l’empire byzantins (jusqu’à Athènes). Entre Normands et Byzantins, la haine est éternelle. J’ai retrouvé un peu des atmosphères que j‘ai aimé lire dans Les Piliers de la Terre de Ken Follett ou dans Le Roi disait que j’étais diable de Clara Dupont-Monod. La caméra s’oriente brièvement sur d’autres lieux comme l’Espagne, le Maghreb ou les royaumes latins d’Orient, quand un lien se fait avec le roi Normand.



Le style de Pierre Aubé est riche, plutôt épique, abusant de qualificatifs de l’extrême qui nous maintiennent en haut de crête émotionnelle, retenant notre souffle : carnages, ravages inouïs, exsangue, etc. Il cite beaucoup les auteurs du temps : Falcon de Bénévent (qui n’aimait pas Roger), Alexandre de Télèse (qui l’aimait) et Romuald de Salernes (plutôt favorable aussi). Il cite énormément l’omniprésent Bernard de Clairvaux. Il intègre souvent ses citations dans ses propres phrases, fluidifiant ainsi au maximum son récit.



Ce qui manque, au fond, c’est un zoom sur le royaume lui-même, son organisation, et surtout sur la façon dont les différentes communautés Latines, Grecques et Arabes de Sicile ont pu, à cette époque, vivre ensemble et laisser leurs différences en arrière-plan pour soutenir leur royaume et leur roi. L’auteur nous dit que Roger II s’appuie dans la guerre sur des contingents arabes, qu’il maintient et finance la religion grecque. Il nous montre un peuple uni dans la tristesse quand le fils ainé de Roger meurt, et bien sûr lors de la propre mort du roi. Mais ça ne va pas plus loin.

Cependant l’originalité de cette île unique éclate dans les monuments syncrétiques bâtis par les Normands : la chapelle Palatine et l’église Martorana de Palerme ou la cathédrale de Céfalù. Les brillantes descriptions de l’auteur m’ont convaincu que je devais absolument aller visiter le nord de la Sicile.



Cette biographie confirme la saga des Hauteville dans ce que cette Sicile Normande pouvait représenter d’original, de romanesque, de lieu suspendu dans un océan d’intolérance. Éphémère, certes, mais précieux moment de l’Histoire.

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Un croisé contre Saladin : Renaud de Châtillon

Une biographie historique, cela faisait longtemps ! En lisant quelques avis de-ci de-là, je me rends compte que Renaud de Châtillon n’est pas un personnage historique très connu, alors que personnellement il m’est très familier, déjà parce que le Moyen Âge est une passion et surtout parce que petit je l’ai rencontré dans un vieux jeu vidéo PC nommé « Croisades » (très sympathique) ; tout cela pour dire que forcément je ne suis pas entré dans cette biographie vierge de toute idée le concernant.

Et c'est plutôt un mal, car l'auteur cherche avant tout à placer un contexte bien particulier, ce qui fait que l'arrivée du personnage principal est bien tardive dans ce volume, car l'essentiel réside dans les explications des arcanes géopolitiques qui mène Renaud de Châtillon au Proche-Orient, puis ce qui le met sur le devant de la scène et ce qui le coûte, enfin, la vie. Plus qu'un "croisé contre Saladin", l'auteur réussit surtout à montrer que ce Renaud n'est qu'un croisé parmi d'autres que les sources écrites ont érigé de temps à autre en étendard, mais qui finalement est difficilement cernable sur la longue durée tant nos connaissances sont parcellaires le concernant.
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Baudouin IV de Jérusalem : Le roi lépreux

Certainement le plus beau livre de Pierre Aubé, celui par lequel il s'est fait connaître du public amateur d'histoire du Moyen Âge ou d'Histoire tout court.

Ce livre qui fut l'un des fleurons de la collection : Figures de Proue chez Tallandier en 1981, nous restitue l'une des plus belles figures de toute l'épopée des Croisades.

A-t-on avec Baudoin IV le Lépreux, qui, comme son surnom l'indique, était affligé par cette maladie infectieuse et contagieuse contractée dès l'enfance et dont il fit son école de vie, car il affronta l'épreuve avec courage, un saint que l'Eglise aurait oublié de canoniser ?

Né en 1161, il était le fils d'Amaury 1er, roi de Jérusalem, et quand il accéda lui-même au trône, il eut à cœur de relever les défis qui se présentaient à lui, malgré ses difficultés personnelles, décidant de s'oublier et de surpasser ses forces pour le bien du royaume.

C'est ainsi qu'il donna un coup d'arrêt à la progression de Saladin, en prenant lui-même la tête de l'armée franque, pour affronter le sultan ayyubide à Montgisard (Tell el-Gezher), où il remporta une éclatante victoire sur les forces du prince d'origine kurde, le 25 novembre 1177. Ce n'était pas gagné d'avance, car Saladin menaçait la Palestine, unifiant sous son autorité l'Egypte, la Syrie et bientôt la Mésopotamie. Cette pression des "États" musulmans sur le royaume de Jérusalem n'allait pas cesser pour autant, malgré le "miracle" de Montgisard, obtenu par la ferme volonté affichée par le roi de rassembler toutes les forces disponibles, éparses et parfois divisées, mais rassemblées derrière le jeune roi de Jérusalem, dont l'héroïsme en imposait à tous. Même porté en litière, il gagna le respect de l'ennemi comme celui des hommes qui servaient sous les bannières franques.

Le répit gagné grâce à ce succès militaire, répété près de Ramallah en 1178, fut, plus ou moins, de dix ans. Les chevaliers francs n'avaient pas les moyens d'endiguer la vague musulmane qui se préparait.

Quand Baudoin IV mourut en 1185, Saladin, qui éprouvait une grande admiration pour le jeune roi lépreux, reprit rapidement son offensive. Il ne mit pas longtemps à défaire les forces chrétiennes mal préparées à cette rencontre et à leur reprendre Jérusalem.

Indépendamment du sort de la Terre Sainte, on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour ce roi qui lutta jusqu'au bout, n'abandonnant le combat que pour succomber à son mal.

René Grousset réveilla l'intérêt pour l'histoire de ce jeune monarque, trop tôt terrassé, et c'est Pierre Aubé qui finit de nous rendre définitivement familière cette figure hors pair de l'histoire médiévale.

Francois Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)



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Thomas Becket

D'abord chancelier d'Angleterre, depuis 1155, pour le roi Henry II Plantagenêt, Thomas Becket (né vers 1117-1118) servit ce dernier avec une fidélité sans faille tant qu'il tint ce rôle unique. Mais tout changea lorsque Rome fit appel à lui pour devenir archevêque de Canterbury avec l'aval du roi qui pensait pouvoir continuer à trouver en lui un instrument docile : lorsque le roi voulut imposer au clergé d'Angleterre les constitutions de Clarendon en 1164, et exprima son désir de punir les membres de l'épiscopat et les prêtres anglais quand ils se trouvaient sous le coup de la justice, de désigner lui-même les évêques et d'user comme bon lui semblait de leurs charges et de leurs biens (ce qui est l'un des aspects de la simonie), il n'eut pas d'opposant plus déterminé que Thomas Becket. Celui-ci s'en fut en France et demanda asile et protection au roi capétien Louis VII le Jeune, puis, sur la promesse qu'il pouvait rentrer sans l'ombre d'une inquiétude en Angleterre, il accepta de revenir.



Malheureusement pour lui, en 1170, quatre chevaliers anglo-normands qui entendirent Henry II dire : "Qui me débarrassera de lui ?", virent là une consigne à peine voilée de mettre à mort l'archevêque. Ils l'assassinèrent en plein office, dans la cathédrale de Canterbury (où l'emplacement est marqué).

L'Eglise catholique sanctionna cet acte sacrilège par la menace d'un décret d'excommunication, mais le pape avait intérêt à ce que le roi d'Angleterre restât neutre dans la querelle qui opposait Rome à l'Empereur d'Allemagne, et profitant de cela, Henry II Plantagenêt promit de faire pénitence et de revenir à l'obeissance à la Papauté, et le pardon de ses fautes et délits lui fut accordé.

Quant à la dépouille de Thomas Becket, elle fut vénérée comme celle d'un martyr et il fut bientôt proclamé Saint.



Pierre Aubé nous livre ici une biographie éblouissante de cet homme, toujours intransigeant et intègre dans l'exercice de sa charge, que ce fût pour aider Henry II lorsqu'il fut son chancelier, ou pour être un véritable héraut de la foi catholique et du service d'Eglise lorsqu'il devint le chef de l'Eglise d'Angleterre au nom de la Papauté.

Francois Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Un croisé contre Saladin : Renaud de Châtillon

Après avoir consacré des ouvrages à Baudouin IV le Lépreux, à Godefroy de Bouillon et à l'histoire de l'empire normand en Méditerranée et en Terre Sainte, Pierre Aubé en est venu à faire la biographie de Renaud de Châillon.



Ce Renaud de Châtillon n'était pas un personnage très recommandable.

Ambitieux et sanguinaire, il se mit a la tête d'une véritable bande de pillards qui ravagea l'île de Chypre, laissant dans son sillage une longue traînée de sang. Cela irrita le Basileus de Byzance qui devait lui demander des comptes un peu plus tard.



Il s'illustra lors de la bataille de Montgisard (Tell el-Geser), le 25 novembre 1177, qui permit au roi de Jérusalem Baudouin IV le Lépreux de contenir les forces de l'émir Saladin. Ce fut la seule fois où l'on put louer son action, même si les chroniqueurs passèrent ce fait sous silence, tant Renaud avait mauvaise réputation.



Celle-ci se confirma lorsque Renaud conduisit des bateaux en Mer Rouge dans le fol espoir de s'emparer des lieux saints de l'Islam au Hedjaz, et notamment de La Mecque, et lorsqu'il s'en prit à une caravane sur des pistes où l'on ne voyait généralement aucun chevalier franc, et il se livra alors, une nouvelle fois, à un horrible carnage. Saladin se jura de lui faire payer cet acte criminel.



Très lié à Gérard de Ridefort, grand-maître des Templiers, et à Guy de Lusignan, successeur de Baudouin IV sur le trône de Jérusalem, il entreprit avec eux d'empêcher Saladin de pénétrer en Terre Sainte. Mais le plan qu'ils adoptèrent n'était pas bon : ils s'aventurèrent dans une zone aride, et furent battus à plate couture par les troupes de Saladin dans les Cornes d'Hâttin, le 4 juillet 1187. Ce jour-là, Renaud, tombé aux mains des vainqueurs, eut la tête tranchée, en raison de tous les méfaits qu'il avait commis.



Pierre Aubé n'a rien caché des aspects les plus sombres de la personnalité du seigneur d'Outre-Jourdain, mais il a aussi mis en évidence que cet homme qui n'avait peur de rien et qui eut finalement une lourde responsabilité dans la reprise des hostilités avec Saladin et la perte de la ville de Jérusalem pour les Croisés, eut néanmoins un rôle majeur dans la survie provisoire de ce royaume latin, dans la décennie 1177-1187.

Le personnage n'en reste pas moins profondément antipathique et sa réputation est à jamais entachée par les nombreux crimes commis par lui.



François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Les empires normands d'Orient

Bien écrit, le livre est facile à lire, clarté et érudition y font bon ménage. Pierre Aubé, médiéviste fort respactable, mérite d'être largement félicité pour ses connaissances nombreuses et sa capacité à captiver le lecteur. Son style plus littéraire qu'académique est plaisant. Même si je suis normand, c'est en néophyte curieux que j'ai lu ce livre. Cette partie importante - imposante même ! - de l'histoire des Hommes du Nord, m'était inconnue. J'ai été comblé. Très bons chefs d'Etat, administrateurs hors-pairs, les ducs normands ont fait bien plus que de la gestion territoriale, ils ont modernisé l'Italie du Sud et la Sicile en apportant une façon originale et efficace de faire de la politique au XIIe et XIIIe siècle.
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Les empires normands d'Orient

Voici une magnifique épopée que nous offre Pierre Aubé. Le sujet étant par lui même passionnant, mais l'auteur ne démérite pas en adoptant un vrai ton de récit épique. Le style est donc agréable et donne beaucoup de rythme à la lecture. Ce qui permet de dévorer cet ouvrage comme un roman.



Le choix du plan chronologique (dont je ne suis pas un adepte lorsqu'il s'agit de livre d'histoire) fonctionne ici parfaitement. Les parenthèses de chapitres thématiques sur l'architecture et la littérature, indispensables lorsque l'on aborde la Sicile normande, ne cassent pas le rythme.



En conclusion nous avons à notre disposition un ouvrage bien écrit sur un sujet des plus intéressants. La Sicile normande reste l'un des plus bel exemple de lieux où pouvez vivre en paix des personnes de différentes cultures et religions, chose plus que rare au Moyen Age. Je recommande et même j'incite à la lecture de cet ouvrage tous les passionnés d'Histoire, d'Italie et des grandes épopées.

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Un croisé contre Saladin : Renaud de Châtillon

Un développement érudit, mais parfois technique et un peu indigeste, à réserver donc, à mon avis, aux grands passionnés de ce sujet.
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Baudouin IV de Jérusalem : Le roi lépreux

Un très beau livre historique, à l'écriture parfois romancée qui ne s'écarte pourtant pas des faits. Pierre Aubé nous apprend à connaître un Roi un peu trop souvent oublié, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration.
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Un croisé contre Saladin : Renaud de Châtillon

Renaud de Châtillon est un croisé au parcours singulier. Devenu prince d'Antioche, l'un des quatre Etats latin d'Orient, il affirme son pouvoir en multipliant les attaques contre les Byzantins et les musulmans. Capturé par ces derniers, il restera enfermé pendant 16 ans dans les geôles de la citadelle d'Alep. Un fois libéré, il deviendra seigneur du territoire d'outre-Jourdain (en Jordanie actuelle) d'où il préparera une attaque contre les villes saintes musulmanes. Après avoir rompu une trêve signée entre le roi de Jérusalem et Saladin, il sera exécuté des propres mains du sultan ayyoubide lors de la bataille de Hattin en 1187.



Pierre Aubé est un médiéviste reconnu. Il a aussi écrit une biographie de Beaudouin IV de Jérusalem, appelé aussi le roi lépreux.
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Eloge du mouton

Ainsi que le rappelle l'auteur dans la première phrase de cet opuscule tout entier dédié au mouton :



Le mouton jouit d'une réputation au-dessous du médiocre.



Pourtant le mouton traverse l'histoire, sacrifié par tous les peuples, symbole religieux de l'innocence massacrée mais aussi source de vêtements (laine et peau, cuir ...) et de richesse d'une Australie victorienne par exemple :



L'Australie victorienne naît de la voracité des filatures du Yorkshire. (43)

Le mouton, de part son utilisation sous forme de parchemin, aide à l'expansion de la culture, fait partie de ses trésors ( le Livre de Kells, Des psautiers précieux, Le très Riches Heures du Duc de Berry, le Roman de Renart, les œuvres de Chaucer ou de Chrétien de Troyes ...). Sa peau sert aussi à la reliure (jusqu'à la Pléiade), au tambour des percussions (qui permettent de danser la gigue - venant du gigot) jusqu'à Dolly ce 25 février 1997 :



Qu'on ait usé d'une brebis pour franchir ce pas décisif dicté par l' "atroce désir de savoir" n'est guère surprenant, eu égard à sa longue soumission. Lesquelles, dorénavant pourront-elles encore reconnaître leur mère?" (67)



Le mouton symbolise le don aux hommes comme aux dieux (holocauste), finit par désigner Dieu lui-même, réincarné dans le Christ :



Adam et Eve, les anges musiciens, les ermites, les chevaliers et le peuple de Dieu marchent vers l'agneau en majesté, sous la lumière du Père et de l'esprit qui illumine cette vision du jardin d'Eden.(92)



L'auteur use souvent de ce style mystique et lyrique pour parler du mouton, le rendre majestueux et plein d'esprit. Peu de peintres, souligne-t-il, se sont intéressés aux moutons hormis Francis Bacon, touché par les images relatives aux abattoirs dans Trois études pour une Crucifixion, 1962).



Enfin le mouton a une vocation expiatoire et les récentes épidémies (tremblante, fièvre aphteuse) ne sont que l'expression que :



Des vérités enfouies refont surface, qui touchent à l'excellence de l'herbe pour nourrir les herbivores

et à l'inutilité de "produire de la viande pour la détruire". (107)



L'auteur conclut sur la présence du mouton tout au long de notre vie en citant ceux de la crèche.



Bel éloge à cet animal doux et discret qui m'a ému.



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