Pierre-Michel Menger, professeur du Collège de France sur la chaire Sociologie du travail créateur, introduit son cours de l'année 2023-2024 : Questions d'éducation
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Pourtant, une image négative des mathématiques persiste et se diffuse dans la population scolaire. Quand, en France, l'occasion a été donnée par la réforme du lycée de 2018 de multiplier le choix de spécialités que pouvaient faire les élèves, l'effet a été immédiat : la place des mathématiques dans les apprentissages s'est affaiblie - forgeant à terme de nouvelles inégalités.
"l'individu lui-même est appelé à se comporter en "entrepreneur de sa propre carrière", en portfolio worker, au prix d'une forte individualisation de son système personnel d'activité et d'une gestion rationalisée de ses capitaux personnels (temps, effort, compétences, employabilité, réputation). Le paradoxe serait à son comble si cette injonction s'appliquait indistinctement à des travailleurs dont les niveaux de qualification seraient pourtant profondément dissemblables, le "professionnel à forte réputation" qui négocie ses talents et son expertise, voisinant avec le travailleur peu qualifié dont le seul capital valorisable est le temps et l'effort partitionnables. D'où l'inversion spectaculaire des signes entre précarité élective du professionnel sans attaches organisationnelles et précarité du travailleur en réserve d'emploi. Or, dans le fonctionnement des marchés artistiques et des professions "creatives", cette injonction structure, quel que soit le niveau de réussite, l'ensemble des paris professionnels et des carrières, pour ceux dont l'emploi est fortement autonome, parce qu'il est hors de la dépendance subordonnante à l'égard d'un employeur unique. Il faut comprendre comment un monde profondément segmenté peut apparaître homogène et se développer dans une culture de la concurrence individualisatrice."
Fondement révolutionnaire d'une philosophie émancipatrice de l'égalisation des chances d'accès à toutes les carrières il y a plus de deux siècles, puis d'une légitimation libérale de la réussite individuelle, le talent est aujourd'hui la monnaie universelle de cotation des personnes dans le travail qualifié, faiblement routinier et à fort potentiel formateur. Le mot "talent" existe à l'identique dans près d'une quarantaine de langues, ce qui facilite l'adoption internationale de cette imputation des qualités requises pour réussir. Pourtant, le terme demeure obstinément énigmatique : au-delà d'une simple ligne de dictionnaire, la question de la définition précise de ce que recouvre la notion de talent est posée sans cesse. L'actualité contemporaine de la sémantique du talent ne fait que redoubler les manifestations simultanées d'enthousiasme, dans l'adoption du terme, et de perplexité, face au contenu de ce qui est ainsi mis en circulation si aisément, et à si grande échelle, dans toutes les sphères d'activité.
Pierre-Michel Menger, Introduction, p. 7
"Cette nouvelle et émergente politique économique des données a été rendue possible non seulement par l'innovation technologique, mais également par une nouvelle forme de pouvoir qui nous a enseigné à céder volontairement nos informations lorsqu'elles étaient demandées, à nous identifier, à révéler nos plus profonds secrets, à nous conformer aux requêtes - et ironiquement, dans un monde de propriété privée, à ne jamais sentir que nous avons droit à une propriété privée sur notre propre identité et toutes ces informations personnelles."
Bernard E. Harcourt.
"Et il y a aussi le fait que le salariat, ça me terrorise. J'ai vraiment pas envie d'asseoir mon cul sur une chaise, de me dire qeu j'ai cinquante ans de salariat devant moi..."
Un "rater" pour Google.
"Ghose et Impériotis (2011) estiment que les avis les plus explicitement subjectifs ont un effet fortement positif sur les ventes, tandis que les avis plus objectifs sont à la fois plus appréciés et plus défavorables aux ventes : les internautes voient leur intention d'achat confirmée par l'enthousiasme subjectif, mais elle est ralentie par les remarques plus objectives."
Jean-Samuel Beuscart.
"C'est bien parce que moi j'utilise Google souvent. Mais du coup, tu t'enfermes petit à petit dans un jardin fermé. Au lieu de t'ouvrir des horizons énormes, en fait Google te connaît de mieux en mieux pour resserrer l'horizon au plus proche de ce que tu fais. C'est pratique, mais en un sens, si tu ne le sais pas... Faudrait que les gens le sachent en fait."
Un "rater" pour Google.
"Ca a un impact tu vois, ce que je fais. Et je ne trouve pas ça normal en fait. Google, c'est fou le centre de pouvoir que c'est. C'est un truc de dingue. Je ne sais pas si tout le monde réfléchit à ça.
Moi j'y réfléchis par mal !"
Un "rater" pour Google et Simon Paye.
"Ce dont le marketing a toujours rêvé : inventer une tecnologie silencieuse de la prophétie ou de la persuasion auto-réalisatrice, qui se substitue au bruit de la persuasion publicitaire traditionnelle."
Pierre-Michel Menger.
"Google, Apple, Facebook et Amazon ont produit, avec l'aide des porte-conteneurs, le même effet d'échelle territoriale que la radio et le chemin de fer pour le territoire des marchées nationaux."
Dominique Boullier.