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Mars, c'est le Mois du polar sur Babelio. Au programme de cette vidéo : une rencontre avec Polars_urbains, un Babelionaute passionné de polars urbains et africains, le programme de Quais du polar (du 29 au 31 mars 2019 à Lyon), avec des rencontres Babelio, des quiz, et de nombreux auteurs présents, et retrouvez tous nos contenus éditoriaux sur le genre, dont un Top 10 vidéo des polars nordiques, des interviews d'auteurs et éditeurs, un article sur 5 livres qui ressuscitent le mythique Sherlock Holmes, etc.
0:23 Reportage : rencontre avec le Babelionaute Polars_urbains chez lui
Son compte Babelio : https://www.babelio.com/monprofil.php?id_user=482604
Son site sur le polar urbain : http://www.polarsurbains.com/
Son site sur le polar africain : http://www.polars-africains.com/
Auteurs et livres cités :
Pierre Rival, 'Ezra Pound en enfer' : https://www.babelio.com/livres/Rival-Ezra-Pound-en-enfer/1108671
Charles Exbrayat : https://www.babelio.com/auteur/Charles-Exbrayat/12086
San Antonio : https://www.babelio.com/auteur/Frederic-Dard/7187
Agatha Christie : https://www.babelio.com/auteur/Agatha-Christie/3638
Jean-Patrick Manchette : https://www.babelio.com/auteur/Jean-Patrick-Manchette/7455
ADG : https://www.babelio.com/auteur/-A-D-G/65945
Thierry Jonquet : https://www.babelio.com/auteur/Thierry-Jonquet/6526
Georges Simenon : https://www.babelio.com/auteur/Georges-Simenon/6804
Léo Malet : https://www.babelio.com/auteur/Leo-Malet/7089
Henning Mankell : https://www.babelio.com/auteur/Henning-Mankell/2995
Ian Rankin : https://www.babelio.com/auteur/Ian-Rankin/4776
Fred Vargas : https://www.babelio.com/auteur/Fred-Vargas/3212
Léo Malet, 'Brouillard au pont de Tolbiac', roman : https://www.babelio.com/livres/Malet-Brouillard-au-pont-de-Tolbiac/158854 et la BD avec Tardi : https://www.babelio.com/livres/Tardi-Nestor-Burma-BDtome-1--Brouillard-au-pont-de-T/662328
Michel Carly, 'Maigret : traversées de Paris' : https://www.babelio.com/livres/Carly-Maigret--Traversee-de-Paris/108638
Nii Ayikwei Parkes, 'Notre quelque part' : https://www.babelio.com/livres/Parkes-Notre-quelque-part/565660
Zep et Bertail, 'Paris 2119' : https://www.babelio.com/livres/Zep-Paris-2119-Version-Luxe/1113986
7:13 Festival Quais du polar 2019
Le programme de Babelio : https://babelio.wordpress.com/2019/03/19/quais-du-polar-2019-un-vent-nordique-souffle-sur-lyon/
Tout le programme : https://www.quaisdupolar.com/
Notre vidéo sur Quais du Polar 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=G_dbQ2uSf8Q
Le Top 10 Babelio des polars nordiques : https://www.youtube.com/watch?v=UW8yb_kYh-g
Les livres :
Kristina Ohlsson, 'Les Otages du Paradis' : https://www.babelio.com/livres/Ohlsson-Les-otages-du-Paradis/1050832
Hjorth et Rosenfeldt, 'La Fille muette' : https://www.babelio.com/livres/Hjorth-Dark-secrets-tome-4--La-fille-muette/1073457
Joseph Knox, 'Sirènes' : https://www.babelio.com/livres/Knox-Sirenes/1078904
Roslund et Hellström, '3 secondes' : https://www.babelio.com/livres/Ro
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Tout l'appartement communautaire était d'accord, même si, immédiatement après mon annonce, la prudence a été la plus forte. Chacun, en silence, a préféré rentrer en lui-même. C'était un réflexe typiquement soviétique, à cette époque. Devant l'incroyable, on préférait garder ses réflexions pour soi. Et quand je dis pour soi, j'entends pour soi seul. Même entre maris et femmes, ou même parents d'une même famille, on s'abstenait de tout commentaire. Tout juste, des époux mariés depuis plus de trente ans, avant la Révolution donc, ont dû en parler ce soir-là en chuchotant, après que leurs enfants se furent endormis.
Pour faire ma place à Paris quand je suis arrivée, j’ai dû en avaler des couleuvres ! Alors, c’est vrai, j’en ai gardé une rancune. Une sorte de haine, même. Mais ce ne sont pas les Français en tant que tel que je haïssais. Pris un à un, je n’ai rien contre eux. C’était ma situation d’étrangère qui me mettait hors de moi. La sensation de n’être jamais à ma place, de ne jamais répondre de la bonne manière. La haine de soi…
Pendant tout le temps que j'ai passé en Allemagne, juste après la guerre, c'est cette soumission des Allemands à leur sort qui m'a le plus frappée. Comme s'ils s'avouaient vaincus une bonne fois pour toutes et témoignaient, par leur servilité même, de leur volonté de ne plus jamais exister comme peuple, de renoncer à toute velléité d'indépendance.
On dira tout ce qu on voudra,mais pour apprendre un idiome ,la vraie motivation n est pas de s imbiber de la culture, de lire les classiques dans le texte ou de communiquer, comme on dit maintenant, à les autochtones. Non,la raison majeure qu on a de parler dans le dialecte du pays où l on a émigré,c'est de pouvoir leur balancer dans la gueule tout ce qu on a sur la patate, aux nationaux, ce gros ressentiment qu on ne finit pas de remacher quand on est étranger.
Comme si, en cet été 1945, nous n'étions pas tous logés à la même enseigne, Français comme Russes, Polonais comme Allemands. Il suffisait pourtant de regarder par la fenêtre. À l'infini, on n'apercevait que des tas de cailloux. Les mêmes à Smolensk, à Minsk et en Allemagne. Les mêmes aussi à Caen, au Havre ou à Boulogne-Billancourt. Rien ne ressemble plus à des décombres que d'autres décombres. Une fois détruite, une maison n'a plus de nationalité. Les gens qui couchent dehors n'ont qu'une seule patrie, celle des personnes déplacées. Communistes ou pas, des réfugiés, l'Europe en était pleine. Alors, les apitoiements sur le sort des pays prétendument totalitaires, les démocraties pouvaient se les garder. Mais non, les Occidentaux, c'était plus fort qu'eux. Il faut qu'ils vous fassent la leçon : liberté, égalité, fraternité. Ces femmes qui affectaient de me plaindre, je sentais chez elles plus que du snobisme. Un complexe de supériorité profondément ancré.
Tous ces jours, de la fin novembre à la mi-décembre, furent pareils à une interminable agonie. Pour seul horizon, nous avions les affres du froid et de la faim.
L'effort de guerre, c'était ça aussi : faire le ménage, nettoyer le champ de bataille et laisser derrière nous cette armée d'hommes nus.
Comme si, en cet été 1945, nous n'étions pas tous logés à la même enseigne, Français comme Russes, Polonais comme Allemands. Il suffisait pourtant de regarder par la fenêtre. À l'infini, on n'apercevait que des tas de cailloux. Les mêmes à Smolensk, à Minsk et en Allemagne. Les mêmes aussi à Caen, au Havre ou à Boulogne-Billancourt. Rien ne ressemble plus à des décombres que d'autres décombres. Une fois détruite, une maison n'a plus de nationalité. Les gens qui couchent dehors n'ont qu'une seule patrie, celle des personnes déplacées. Communistes ou pas, des réfugiés, l'Europe en était pleine. Alors, les apitoiements sur le sort des pays prétendument totalitaires, les démocraties pouvaient se les garder. Mais non, les Occidentaux, c'était plus fort qu'eux. Il faut qu'ils vous fassent la leçon : liberté, égalité, fraternité. Ces femmes qui affectaient de me plaindre, je sentais chez elles plus que du snobisme. Un complexe de supériorité profondément ancré.
Les canons tonnaient. La nourriture manquait. Notre sort dépendait de ces hommes vêtus de blanc dont on ne savait s'ils nous entraînaient dans une magnifique hécatombe ou s'ils allaient nous sauver, galvanisés par la parole d'un Staline qui s'était enfin résolu à tenir le langage de la vérité.
Pour faire ma place à Paris quand je suis arrivée, j’ai dû en avaler des couleuvres ! Alors, c’est vrai, j’en ai gardé une rancune. Une sorte de haine, même. Mais ce ne sont pas les Français en tant que tel que je haïssais. Pris un à un, je n’ai rien contre eux. C’était ma situation d’étrangère qui me mettait hors de moi. La sensation de n’être jamais à ma place, de ne jamais répondre de la bonne manière. La haine de soi…