Pierre Rosenberg

Il y a la Venise où on se perd (quel bonheur ! Le jour où je en me suis plus perdu compte parmi les plus noirs de mon existence), la Venise des jardins, nombreux et difficiles à visiter, et des palais, nombreux, vides, et rarement accessibles au public : ils ont très souvent, au contraire de ceux de Rome, perdu leurs richesses, la pauvreté de Venise durant la première moitié du XIX éme siècle était immense - tout était à vendre et tout fut vendu.

"C'est que ce vase de porcelaine est de la porcelaine ; c'est que ces olives sont vraiment séparées de l'oeil par l'eau dans laquelle elles nagent, c'est qu'il n'y a qu'à prendre ces biscuits et les manger, cette bigarade l'ouvrir et la presser, ce verre de vin et le boire, ces fruits et les peler, ce pâté et y mettre le couteau.
C'est celui-ci qui entend l'harmonie des couleurs et des reflets. O Chardin ! Ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile.
(Diderot contemplant le "Le Bocal d'olives"

Dans son essai sur la vie de M. Chardin (1780), Cochin indique que "l'artiste repeignait ses tableaux jusqu'à ce qu'il fût parvenu à cette rupture de tons que produit l'éloignement de l'objet et les renvois de tous ceux qui l'environnent et qu'enfin il eût obtenu cet accord magique qui l'a si supérieurement distingué".

Les musées (...) sont le contraire de cimetières.

"Il place ses couleurs l'une après l'autre sans presque les mêler de sorte que son ouvrage ressemble un peu à la mosaïque de pièces de rapport, comme la tapisserie faite à l'aiguille qu'on appelle point carré".

Dès son retour à Rome. Poussin se plaint des tremblements de sa main. Les effets de sa maladie s'accentueront avec l'âge. Il peint avec plein de difficultés mais ne s'interrompra qu'à la veille de sa mort.

Un contemporain de Chardin rapporte l'anecdote suivante : Chardin faisant remarquer à un de ses amis peintres, Joseph Aved (1702-1766), qu'une somme d'argent même assez faible était toujours bonne à prendre pour un portrait commandé quand l'artiste n'était pas très connu, Aved lui aurait répondu "Oui, si un portrait était aussi facile à faire qu'un cervelas".

Au printemps 1624, Poussin est enfin à Rome, ou sa réputation reste à faire. Sans soutien et dans le besoin, il vend, selon ses biographes, ses tableaux à prix modiques. C'est vraisemblablement à cette époque qu'il contracte une maladie qui semble la syphilis, dont il ne guérira jamais malgré des périodes de rémission.

Les huits dernières années de sa vie sont celles où le peintre souffre d'un déclin physique inexorable : les derniers temps, il ne pourra sortir de chez lui sans fatigue. Surtout, son tremblement de main le gène de plus en plus, même pour écrire. C'est pourtant la période où il peint certains de ses plus beaux chefs-d'oeuvre. Le contraste y est frappant entre, d'une part les difficultés techniques et, d'autres part, les ambition de la pensée et les audaces que se permet l'artiste.

« Chardin a peint des natures mortes qui comptent, avec celles de Cézanne, parmi les plus belles de toute l’histoire de la peinture française ; ses scènes de genre allient l’élégance et le raffinement du XVIIIe siècle à une rare profondeur de sentiment, et dans ses quelques portraits au pastel, la perfection technique est mise au service d’une acuité psychologique sans concession. Maître de la vie silencieuse, il contribua au triomphe de la nature morte qu’il affranchit de la dictature académique de la hiérarchie des genres.
Chardin fut aussi le peintre des scènes de la vie familiale. Ses tableaux à figures ont pour modèles de prédilection les femmes, les adolescents et les enfants. Il réduit à l’essentiel ce qu’il voit. Sans jamais oublier de laisser percer sa compréhension, sa compassion, sa tendresse pour ce monde de l’enfance dont il aura été un des plus grands poètes. »

"Quand je cherche un synonyme pour musique,je ne trouve jamais que ce mot,Venise" ,avouait Nietzsche .Et Venise est une musique mystérieuse où il est vital de se perdre.

Plusieurs artistes et critiques romantiques français rejoignent Delacroix dans son admiration pour Poussin. Deux d'entre eux comptent parmi les grandes figures du monde littéraire: Chateaubriand et Balzac.

l'originalité majeure du style de Boichot, qualité de néo maniériste par Didier Lardy, s'exprime par l'appropriation des différents courants du XVIème siècle pour féconder son gout pour l'antique, témoignant ainsi de la diversité et de la vitalité de l'art révolutionnaire et impérial.

a l'exception des effigies héroïques , la sculpture néoclassique s'exprime dans le décor monumental par le réemploi de formes antiques telles que le relief narratif et la frise des fronton des palais, des arts de triomphe et sur les colonnes disposés dans l'espace public, au point que l'alliance du style avec l'idéologue fonde l'art de la commoration.

le dessin constitue la plupart du temps la première étape de création de l'oeuvre sculptée, de plus en plus codifié au tournant du XIXème siècle, en raison d'une part de l'intervention de plus en plus prégnante d'exécutants distinct de l'artiste, d'autre part de la redécouverte du potentiel de multiplication des oeuvre et enfin de l'appropriation de l'espace public..

on soulignera l'intérêt grandissant à la fin du XVIIIème siècle pour les montages, qui inspiraient de moins en moins de craintes, et le gout croissant pour le pittoresque.

Boisselier s'affirme comme un grand paysagiste, révélant une aptitude raffinée dans le jeu des contrastes d'architectures solidement composées de végétations d'une belle liberté d'exécution.

la jeunesse d'Antoine Felix Boisselier fut marquée par la forte influence de son frère, Félix Boisselier, dit l'ainé, peintre de talent qui fut son premier professeur et son premier exemple professionnel.

attribuer une académie est toujours un art périlleux surtout à partir du moment où ce type d'études devant modèle vivant devient un exercice de formation imposé dans les académies d'art à proprement parlé.

a cette activité d'arrangeur s'est jointe celle de copiste, un copiste d'emblée simplificateur, reconnaissable à son graphisme lourd, ses traits de plume appuyés et bouclés, qui n'évoquent que de loin les mains délicates de l'artiste choisis comme modèles, essentiellement deux géants dans l'art du dessin Raphael et Annibal Carrache