La violence des Ilaneros s'exerçait aveuglement. Ribas, lieutenant de Bolivar, connut une fin tragique : il fut arrêté par un chef mulâtre qui le fit décapiter. Détail macabre : la tête fut frite dans une poêle et portée à Caracas, où elle fut exposée, coiffée d'un bonnet phrygien, devant la porte d'une prison.
Ses idées fusent spontanément, parfois comme des maximes ou des aphorismes : "Cet homme me semble bien candide pour avoir tant de malice", "A l'ombre du mystère travaille le crime" Ou encore... "Le talent sans probité est un fouet", ... "L"héroïsme ne mérite pas le châtiment, et au vainqueur sied la générosité."
Par ses origines familiales, Simón Bolivar appartenait à l'élite blanche, puissante de son nom, de ses domaines et de ses troupes d'esclaves. Il fait mentir le vieux proverbe "Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux" car son arbre généalogique est enraciné dans la province basque de Biscaye, rattachée à la Castille en 1379.
"Requiem pour les révolutions", suggère Paul-Marie de la Gorce, Prométhée serait-il mort? Voici venu le temps du doute...
Mais le vieil homme esquivait son autocritique.Qui avait imaginé l'entité de la Grande Colombie,rêvée comme un ensemble puissant,mais qui n'était qu'un "patchwork" de pièces disparates?Qui avait imposé le cadre artificiel d'un Etat unitaire,au nom d'une aversion viscérale pour toute solution fédérale ,assimilée à une forme "d'anarchie régularisée"?
En 1828, Goethe ironisait sur cette figure ambiguë : "Bolivar est un homme parfait, il ne manque pas de contradictions..."