Raymond Oursel : France romane
Olivier BARROT présente "France romane" de
Raymond OURSEL aux Editions du Zodiaque, à qui il ne ménage pas les compliments.
"Qu’êtes-vous allé chercher au désert ? un roseau agité par le vent ? ... un prophète ?" (Matthieu 11, 7-8) On peut aussi bien prier partout, et c'est en esprit et en vérité, plus encore que sur les chemins du monde, fussent-ils les plus ouverts, que le Christ est adorable. Pèlerins de Compostelle, qu'êtes-vous donc allés chercher là-bas, si loin dans ces landes de sables et d’herbes où la terre finit ?
Maintenant que nous avons parcouru un certain nombre de "provinces romanes" et non des moindres, et que nous revenons à la Bourgogne, nous mesurons mieux la valeur hors de pair de cette région et de son art. Tournus, Autun, Vézelay, cette trilogie à elle seule en dit assez : on aurait peine à citer ensemble comparable.
On ne dira jamais assez l'importance des routes, des voies de communication dans la vie des hommes.
Grâce à elles, ceux qui, pour des raisons géographiques ou historiques, semblaient condamnés à vivre sur eux-mêmes, ont pu s'ouvrir à des apports extérieurs, se livrer à des échanges avec des univers nouveaux, porteurs de traditions différentes, de diverses cultures.
Comme toute autre mais plus encore peut-être que d'autres, la société romane a mesuré l'importance des routes, de la mobilité car s'il est une chrétienté qui s'est affirmée dans la marche c'est bien elle : le pèlerinage a tenu, dans la religion de ces hommes, une place essentielle, fondamentale.
– Mgr Cauchon : Maintenant, sachez bien, Jeanne : il vous est interdit de quitter, sans notre aveu, la prison qui vous a été assignée au château de Rouen.
– Jeanne : Je n'accepte aucune interdiction. Si je m'évadais, personne ne pourrait m'accuser d'avoir trahi ma foi : car ma foi, je ne l'ai jamais baillée à personne.
Et je proteste contre les liens et les entraves qu'on m'a mis.
– Mgr Cauchon : Eh, c'est que vous avez essayé de vous évader plusieurs fois d'autres prisons où on vous avait enfermée, Jeanne ! Alors, nous vous avons mis des liens de fer, pour que vous soyez gardée plus sûrement.
– Jeanne : C'est bien vrai qu'ailleurs, j'ai voulu m'évader, et encore maintenant, je le voudrais bien. Tout prisonnier a bien le droit de s'évader.
– Maître Jean de Chatillon : Ah ! Jeanne, si l’Église vous abandonne, vous serez en grand péril du corps et de l'âme : le feu éternel pour l'âme, et le feu temporel pour le corps, par la sentence d'autres juges.
– Jeanne : Si vous faites ce que vous dites contre moi, il vous en cuira au corps et à l'âme.
Vous dites que vous êtes mon juge ; je ne sais si vous l'êtes. Mais avisez-vous bien de ne pas me juger mal, car vous vous mettriez en grand danger ; et je vous en avertis, afin que si Notre-Seigneur vous en châtie, moi j'aie fait mon devoir en le disant.
De l'amour ou de la haine que Dieu a aux Anglais, ou ce qu'Il fera de leurs âmes, je n'en sais rien ; mais je sais bien qu'ils seront boutés hors de France, excepté ceux qui y mourront ; et que Dieu enverra victoire aux Français, contre les Anglais.
Dieu m'a mandé par sainte Catherine et sainte Marguerite la grande misère de la trahison que j'avais consentie en faisant abjuration et rétractation pour sauver ma vie ; que je me damnais, pour sauver ma vie !
Moi, je vous le dis : prenez bien garde ! Vous qui vous dites mon juge, vous assumez une lourde charge ; vous me chargez trop.