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Critiques de Rick Remender (365)
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Captain America - Marvel Now,  tome 1

En règle générale, Steve Rogers ne me passionne pas vraiment, il est trop loyal-bête à mon gout. Ce n’est pas un super-héros que j’apprécie. Trop moralisateur, trop honnête, trop exemplaire et patriotique à mon gout.



Mais bon, la nouvelle vague Marvel Now! nous offre l’avantage de découvrir des héros sous des jours différents, avec des runs de certains scénaristes particulièrement doué. Et c’est la cas ici avec Rick Remender qui entame ici une histoire complète sur deux volumes.



Et quelle histoire ! L’auteur ne perds pas une seconde pour lancer son histoire et envoyer Captain dans la dimension Z. Quel régal ! Quel plaisir de voir enfin ce personnage dans un autre contexte, dans une autre dimension, avec de gros problèmes majeurs puisqu’il se retrouve coincé là-bas pendant un très long moment.



De plus on a le droit à de nombreux flash-backs qui nous ramènent à l’enfance et l’adolescence de Steve Rogers. Ca casse un peu le rythme, certes, mais cela montre son attachement à sa famille, notamment à sa mère. On comprend mieux son attachement à une certaine personne dans la dimension Z.



Honnêtement, après cette lecture, j’ai hâte de lire le deuxième tome, et j’espère lire d’autres aventures de cette qualité. Pour la première fois, je n’ai pas eu l’impression de voir ce super-héros trop lisse, trop parfait. Rick Remender parvient à donner une profondeur et un attachement à son personnage ce qui le rend vraiment humain pour une fois.



J’aimerais bien lire plus de récit de ce genre !

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Fear agent - Intégrale, tome 2

Ce 2ème tome de l’intégrale « Fear agent » est dans la droite lignée du précédent. Il est aussi bon que le 1er volume. C’était un sacré défi de parvenir à poursuivre la série en se hissant au même niveau que les auteurs relèvent haut la main. Comme le 1er tome, ce second volume est un mélange idéal d’action, d’humour et d’émotion. Ces ingrédients sont savamment dosés, l’action et l’humour venant renforcer la puissance émotionnelle du récit. Remender parvient une nouvelle fois à renouveler sans cesse son récit en proposant des développements inattendus, bien trouvés et bien racontés.



J’ai donc passé un très bon moment avec cette série à l’univers riche et foisonnant. Les trouvailles y sont nombreuses, du fil narratif spatio-temporel particulièrement bien troussé aux citations réjouissantes de Mark Tain en passant par une faune extraterrestre variée. J’ai vraiment été prise dans un roller-coaster émotionnel, passant du rire à l’émotion la plus totale. L’action y est trépidante, l’humour y est corrosif et le côté sombre du récit ne versant jamais dans le cynisme mais faisant appel aux sentiments du lecteur jusqu’à un dénouement absolument superbe et très bouleversant.

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The Scumbag, tome 1 : Cocaïnefinger

Fais-toi plaisir !

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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2020/2021, tous écrits par Rick Remender, et mis en couleurs par Moreno Dinisio. L'épisode 1 a été dessiné et encré par Lewis Larosa, le 2 par Andrew Robinson, le 3 par Eric Powell, le 4 par Roland Boschi, et le 5 par Wes Craig. Les couvertures ont été réalisées par Nic Klein.



Charles Bukowski a dit que le problème dans le monde est que les gens intelligents sont pleins de doutes, alors que les gens stupides sont pleins de certitudes. Aucun ne prouve cette théorie aussi bien qu'Ernie Ray Clementine. C'est une relique d'une ère révolue, l'esprit suffoqué du sexe, des drogues et du rock'n'roll. C'est un homme avec l'éducation d'un élève d'école élémentaire, illettré, mauvais garçon et accro aux drogues. Au temps présent, il vient d'entrer dans le bar malfamé de Simon. Il passe derrière une serveuse et lui colle une main aux fesses. Il est à la recherche de son dealer Larry l'Espagnol. En se frayant un passage, il se fait rabrouer par les prostituées, par les joueurs de billard. En réalité, Larry n'est pas son ami, il déteste Ernie, et dans quelques heures il sera passé à la haine. S'il existait un record pour se rendre haïssable auprès des autres en le moins de temps possible, Ernie le détiendrait. Ernie continue de se frayer un passage, en pelotant une ou deux prostituées au passage, en raflant une bière sur le comptoir quand personne ne le voit. Dans sa veste à patchs sans manche, avec son bandana sur la tête et ses lunettes de soleil, il finit par arriver devant Larry qui est au comptoir. Il lui agite un billet sous le nez, comme un acompte pour la dose qu'il lui demande. Larry lui répond que les avances, c'est fini.



Avec un terrible mal de ventre, Ernie s'en va un peu plus loin et parvient à s'abaisser encore plus : il pique le pot servant à déposer des pièces de monnaie pour l'Armée du Salut. Il revient devant Larry et le paye avec son billet et les pièces de monnaie. Il prend le sachet que lui tend Larry et se rend devant la porte des toilettes, mais elle est condamnée par des rubans jaunes. Il finit à quatre pattes par terre, le pantalon baissé sur les chevilles, le slip également, avec le produit dans une petite cuillère tenue bien droite de la main gauche, et le briquet allumé en dessous avec la main droite. Puis il plonge l'aiguille dans le produit ainsi chauffé, alors qu'il excrète une déjection liquide. Il se rend compte que des gens sont en train de crier, de le montrer du doigt. Il finit par prendre conscience qu'il est à quatre pattes sur le trottoir, à l'extérieur du bar Simon. Il en lâche la seringue qui commence à rouler sur le trottoir en prenant de la vitesse. Il se lance pathétiquement à sa poursuite, toujours à quatre pattes, toujours les fesses à l'air. Percutant un obstacle, la seringue tourne et poursuit sa course dans une allée où une jeune femme est train de se battre dans un combat d'arts martiaux, contre un individu chauve avec une veste blanche, se faisant appeler Père Temps.



Les règles de la politesse ne permettent pas de traduire littéralement le titre de la série en français (indice : ça commence par Sal, et ça finit par Aud), mais ça personnifie bien Ernie Ray Clementine. Il ne vit que pour la fête, sans travailler, en vivant de menus larcins, en ne respectant personne, même plus lui. C'est un individu sans foi ni loi, qui n'a jamais éprouvé d'empathie pour son prochain. Après la scène à quatre pattes, le lecteur n'entretient plus aucun doute sur son estime de soi, et par la suite il le voit se comporter en parfait sal…, égoïste, n'hésitant pas à trahir soeur Mary qui représente l'organisation Autorité Centrale.



Ernie finit par mettre la main sur la seringue qu'il a laissé échapper, mais par un concours de circonstances, il s'injecte autre chose dans les veines : des nanites lui conférant des pouvoirs extraordinaires, sous réserve qu'il ait l'intention de s'en servir de manière altruiste, pour une noble cause. le lecteur sent bien que Rick Remender a jubilé en imaginant ce point de départ, et en pensant à toutes les situations qu'il allait pouvoir en tirer. Effectivement, il raconte une histoire avec des composantes adultes, que ce soit l'immoralité du comportement d'Ernie, la consommation très régulière de produits psychotropes, y compris des mélanges, et même une partouze de grande ampleur avec plusieurs dizaines de participants qui se retrouvent eux aussi défoncés, grâce, ou à a cause, de l'intervention d'Ernie. Pour mettre en images ces aventures, le créateur a opté pour un choix inhabituel : confier chaque épisode à un dessinateur différent. Ce tome s'ouvre avec Lewis Larosa qui a travaillé avec Ed Brubaker, avec Matt Fraction, avec Garth Ennis (sur la série Punisher MAX). Dès la première page, le lecteur détaille des cases très riches en informations visuelles. Il se rend compte que la mise en couleurs y fait beaucoup : elle donne la sensation d'une technique de couleur directe. le lecteur n'arrive pas à déterminer quel est le degré de finition des dessins, tellement la couleur apporte d'éléments visuels. Par exemple, il peut voir la peau tavelée d'Ernie, sans savoir si Remender ou Larosa ont donné des indications en ce sens, ou si c'est l'initiative et l'oeuvre de Dinisio.



Quoi qu'il en soit, l'artiste donne à voir un monde concret et palpable, allant parfois au-delà de ce que pourrait souhaiter le lecteur le plus exigeant. Ce dernier n'est pas près d'oublier ce dessin en double page avec Ernie à quatre pattes dans une position humiliante et dégradante, perdant le contrôle de sa fonction d'excrétion, avec le regard horrifié des passantes, ce lui choqué des passants dont un qui ne perd pas le nord et prend une photographie, ou encore celui amusé d'un enfant. Larosa donne une identité visuelle incroyable à la série, que ce soit l'allure de d'Ernie, ses expressions de visage, le magnifique combat d'arts martiaux en pleine rue, l'aiguille de la seringue s'enfonçant dans le bras, ou les effets spéciaux de l'hologramme de mère Terre, très bien matérialisés par le coloriste. Il passe donc au second épisode en s'attendant à un décalage dans la partie graphique, et il se retrouve à aller vérifier trois fois qu'il ne s'agit pas du même dessinateur. Bien sûr, le fait que le coloriste soit le même joue beaucoup dans la sensation de continuité visuelle. Il faut donc un peu de temps pour que le lecteur relève la saveur particulière des dessins d'Andrew Robinson : plus de cases de la largeur de la page, des cases un peu moins denses, une ambiance lumineuse un peu plus claire, un rendu plus proche de formes détourées avec un trait encré fin. La sensation globale reste la même : une narration énergique, un sens de l'exagération bien dosé qui ne verse pas dans la farce, permettant de continuer à apprécier ces aventures au premier degré, sans oublier le caractère exagéré d'Ernie.



Le lecteur s'attend à ce que la personnalité graphique d'Eric Powell ressorte avec évidence, en particulier sa capacité à se montrer visuellement sarcastique. de prime abord, il n'en est rien : il se coule lui aussi dans le moule de l'ambiance visuelle de série. La narration visuelle est toujours aussi colorée, toujours orientée action, avec une discrète saveur de dérision quant aux hauts faits très relatifs d'Ernie, et son comportement irrémédiablement égocentré. le lecteur constate qu'il est tout autant pris par l'aventure et les péripéties, qu'en train de sourire légèrement au comportement immature du personnage principal. La transition avec Roland Boschi se fait également sans solution de continuité, la narration visuelle étant toujours aussi agréable, enjouée, professionnelle et divertissante. S'il est familier de la série Deadly Class de Rick Remender, le lecteur peut voir que Wes Craig imprime un peu plus sa personnalité dans la narration, à la fois avec un nombre de cases plus élevé par page, un sens du mouvement saisissant, et un humour tout aussi sarcastique.



Avec les premières pages, le lecteur se dit qu'il a plongé dans une oeuvre divertissante, une farce bien grasse pour se détendre : un quadragénaire, rebelle sur le retour, ne pensant en fait qu'à lui, et qu'à se mettre la tête à l'envers, sans aucune considération pour autrui. Il n'hésite pas à piquer les pièces jaunes d'une oeuvre de charité. Il est resté bloqué sur le hard rock macho des années 1980, en particulier l'album Screaming for Vengeance (1982) de Judas Priest. Il s'envoie tous les psychotropes qu'il peut trouver, avec une consommation en mélange. Il ne considère la gent féminine que comme une source de plaisir. Bref, un mâle blanc égocentré, bloqué en mode adolescent idiot et hédoniste, ne pensant qu'à court terme (jusqu'à la prochaine dose), avec un corps qui commence à accuser le coup des excès cumulés, et l'intelligence d'un enfant attardé. Ce récit assume tout à fait cette dimension, sans s'y limiter. C'est aussi une aventure d'anticipation dans laquelle une entreprise a mis la main sur un mode de production d'une énergie verte et bon marché, inféodée à une idéologie particulièrement réactionnaire : une intrigue captivante au premier degré. C'est aussi la confrontation de l'égoïsme et de l'idéal du héros altruiste, bien sûr en défaveur du premier, mais pas systématiquement. C'est également un regard sans illusion sur des thèmes sociétaux : les discours démagogiques (Tous ceux qui te disent exactement ce que tu veux entendre se font de l'agent sur ton dos.), Batman comme incarnation du privilège blanc, la libéralisation des marchés pour un système capitaliste avec zéro régulation et un marché totalement libre, la réalité d'une personne incarnant véritablement la défense de toutes les libertés (indice : il s'agit d'Ernie), la réalité de l'oppression économique (Les riches manipulateurs ont rendu la population si désespérée qu'elle est entièrement contrôlable avec la simple promesse d'un espoir de richesse.), le luxe de l'intégrité (Quand vous donnez si peu à la population, vous les laissez sans autre choix que de renoncer à toute intégrité). Sans avoir l'air d'y toucher, dans le registre d'une farce graveleuse, le scénariste livre sa vision peu optimiste de la réalité socio-économique.



Un titre de série qui annonce un personnage principal méprisable, une succession de dessinateur à raison d'un par épisode, une scène d'ouverture dans l'exagération graveleuse : tout laisse supposer que Rick Remender se détend entre deux séries plus ambitieuses. Très vite, le lecteur se rend compte que l'alternance d'artistes n'obère en rien la qualité et la cohérence de la narration visuelle, à la fois grâce au coloriste, à la fois parce qu'ils font tous la démarche de respecter le même esprit narratif. Il se rend compte que l'intrigue n'a pas été sacrifiée à l'humour, que celui-ci est politiquement incorrect et drôle, et que l'auteur n'a rien sacrifié de son ambition littéraire pour exprimer sa vision pénétrante de certaines facettes de la société.
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Avengers now

Beaucoup de choses dans ce premier volume des nouveaux avengers.

Sachez que vous pouvez aisément acheter ce premier tome les yeux fermés même si vous n'avez lu aucunes séries sur Iron Man, Thor, Captain America et Hulk car Panini résume très bien dans son édito ce que l'on doit savoir sur les événements passés.



Pour la première histoire nous retrouvons Iron Man qui est encore plus arrogant qu'avant, grâce à son application Extremis 3.0 qui rend tout le monde parfait. A l'heure ou de plus en plus de gens sont accros aux applications, aux smartphones etc. c’est super bien trouvé et on sent bien que chez Marvel on veut vraiment moderniser ses séries.



Après deux chapitres de Superior Iron Man, nous avons le premier chapitre du nouveau Thor, enfin de la nouvelle Thor puisque à présent le marteau Mjolnir à choisi une femme assez mystérieuse. On n'en sait pas plus, un chapitre c’est assez court mais j'ai hâte de voir comment la suite va se dérouler.



Vient ensuite le nouveau Captain America qui est Sam Wilson alias Le faucon, le meilleur ami de Steve Rogers. Cette histoire prends donc place après les événements que l’on a pu voir dans la série de Captain America de Marvel Now! qui est d’une incroyable qualité.



Pour Hulk, on retrouve l'Annual de 2014, qui est assez sympa mais un peu confus. Pas mon histoire préféré, mais les Annuals sont toujours un peu moyens.



Un point d’entrée parfait pour quiconque voudrait tenter l’aventure Marvel et Avengers. De plus, vous avez le choix entre trois couvertures assez sympathiques pour l’occasion.
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Fear agent - Intégrale, tome 1

C’est un ami qui m’a prêtée cette BD. Sans cela je ne m’y serais jamais intéressée, ce n’est pas vraiment le genre de comics que j’apprécie en général. Trop hystérique, le dessin trop fouillis. Finalement, cela a parfois du bon de suivre les conseils d’autrui pour s’aventurer hors de ses sentiers battus. J’ai passé un très bon moment avec ce 1er tome de l’intégrale de « Fear agent ».



Comme l’explique l’auteur dans sa préface, « Fear agent » est un hommage au pulp d’antan. C’est sans doute ce qui m’a séduite dès les premières pages. En effet, lorsqu’on attaque « Fear agent » impossible de ne pas penser aux « Weird science » ou aux « Weird fantasy », voire même « tales from the crypt ». Bien sûr, le côté pulp est ici remis au goût du jour avec un ton plus corsé mais l’esprit y est. La réussite de ce « Fear agent » tient surtout à l’écriture et à la qualité de narration. L’intrigue est très bien menée, très bien construite. Après les premières pages, alors que je craignais que le scénario ne s’enlise dans une succession de saynètes plus ou moins redondantes, Remender a l’intelligence de faire partir son histoire dans une autre direction. Le scénario fait alors la part belle aux paradoxes spatio-temporels, ce qui m’a ravie. Enfin, la dernière partie de ce premier volume, s’aventure de façon inattendue mais réjouissante sur le terrain de l’émotion. Oui, je vous jure, ce récit qui mélange allègrement action trépidante et humour pas toujours subtil a réussi à m’émouvoir en osant proposer des développements plus intimistes sans jamais oublier d’être divertissant.



« Fear agent » fut une très bonne surprise. J’ai déjà hâte de m’attaquer au second tome. Il va falloir que je le récupère très vite.

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Uncanny Avengers, tome 1

Décidemment les renouveaux Marvel Now ! s’orientent tous vers la tragédie violente.



Lors de l’immense affrontement Avengers vs X-men, Cyclope, dominé par la force Phénix, a tué Charles Xavier. Tous, héros et mutants, pleurent le grand télépathe. Afin qu’il ne soit pas mort en vain Captain America propose de fonder une nouvelle équipe d’Avengers, une équipe mixte, humains et mutants (plus un Dieu), symbolisant l’union possible des deux espèces et leur communauté d’esprit. Les choses ne vont pas sans mal, les évènements passés ont généré beaucoup d’amertume entre ces personnages. Mais le bloc de volonté pure qu’est Captain America peut laisse espérer une réussite.

Malheureusement le Crâne Rouge a décidé de jeter de l’huile sur le feu. Il s’empare du corps de Xavier, dissèque son cerveau et s’approprie ses pouvoirs. C’est là que l’on constate à quel point Xavier était puissant, et à quel point il réprimait ses dons pour éviter de nuire à ses contemporains. Crâne Rouge lui n’a pas de telles « faiblesses ». Il organise des attentats suicide mutants puis prend le contrôle des humains, cultive leur haine et incite des progroms anti-mutants. C’est violent, meurtrier, on ne s’adresse plus à des enfants ici.

La nouvelle équipe d’Avengers s’oppose à lui, avec un résultat très mitigé tant il est facile au Crâne de contrôler leurs esprits et de les pousser les uns contre les autres.



Tout le livre pue le désespoir, la fatigue de héros dépassés qui luttent le dos au mur face à des vilains en pleine forme, face à des foules humaines assassines, face à leurs propres questionnements. Reflet certain d’une époque, d’une Amérique qui n’est plus sûre de sa puissance dominante, qui a peur de sombrer un jour prochain.

Le scénario m’a rappelé l’histoire de l’Inde de la fin des années 40, recouvrant sa liberté, avec Captain America dans le rôle de Gandhi essayant de maintenir l’unité entre les confessions religieuses et Crâne Rouge dans celui des chefs extrémistes jetant de l’huile sur le feu de la haine (dans ce contexte je suppose que Cyclope, le séparatiste mutant, jouerait le rôle d’Ali Jinnah le fondateur du Pakistan).



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Low, tome 5

Qu'est-ce que cela fait d'accepter qu'on mérite le bonheur ?

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Ce tome fait suite à Low Volume 4: Outer Aspects of Inner Attitudes (épisodes 16 à 19) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour espérer de comprendre quelque chose. Il s'agit de la fin de l'histoire. Il comprend les épisodes 20 à 26, initialement parus en 2020, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Greg Tocchini, et mis en couleurs par Dave McCaig. Il comprend les couvertures originales de Tocchini, ainsi que les couvertures variantes de Matteo Scalera (*3), Greg Tocchini (*), Andrew Robinson (*2), Dan Brereton, Mahmud Asrar, Max Fiumara.



Sur la Terre dans des millions d'années, alors que le soleil a enflé au point de devenir une menace pour la vie, Stel Caine et en train de cauchemarder : son mari Johl est en train de conduire un véhicule à toute allure, avec elle à ses côtés, et sa jeune fille Della à l'arrière. Son mari lui assure qu'il n'y a personne à leur poursuite. Soudain, Della n'est plus à l'arrière, elle a chu sur la chaussée au milieu de la circulation. Personne ne s'arrête, personne ne fait attention à elle. Stel voit sa fille la regarder avec la conviction que sa mère la sauvera. Son mari ne s'est aperçu ne rien et ne ralentit pas. Finalement la voiture s'arrête mais Della est bousculée par la foule qui ne lui prête aucune attention. Dans sa tête, sa mère l'entend dire qu'elle avait raison, que les mots contiennent un pouvoir, mais que parfois quand on encourage quelqu'un à espérer, ça ne fait que rendre la catastrophe plus insupportable. Stel avance vers elle en courant, mais elle s'enfonce dans une sorte de sables mouvants. Elle s'enfonce progressivement comprenant qu'elle ne s'en sortira pas et commence à lâcher prise, sentant toute sa culpabilité l'abandonner. Mais son fils Marik lui tend la main et la sort de là.



Marik emmène sa mère dans un autre véhicule jusqu'à un dôme qui la protégera de la tempête solaire qui commence à enfler. Alors qu'il la tire par le bras pour entrer dans l'abri, elle aperçoit son autre fille Tajo derrière elle, mais juste trop loin pour qu'elle puisse l'attraper par la main. Finalement elle se retrouve à l'abri avec sa fille Tajo adulte, mais son fils Marik qui se décompose dans ses bras. Tajo continue d'avancer dans l'abri jusqu'à rejoindre le Helmsman Zoske. Celui-ci s'adresse à la Forge par le système de communication, requérant une évacuation immédiate, déjà demandée il y a huit mois. Les barrières anti-solaires cèdent l'une après l'autre. Les cités terrestres sont tombées l'une après l'autre. le temps est compté. Les installations ne parviennent plus à extraire de l'air. Un autre militaire arrive pour indiquer que le commandant Rico Caine est ligne, depuis la faille Mariana. Ce dernier explique qu'ils n'ont pas oublié l'évacuation mais que les éruptions solaires interrompent les communications et qu'il ne dispose pas de pilote pour accomplir cette mission du fait d'une probabilité d'échec de 98%. le commandant Zoske ne peut pas croire qu'il les abandonne ainsi, qu'il condamne à la mort le million d'habitants du dôme. Il se retourne alors vers Stel Caine et lui demande si elle a enfin compris pour quelle raison il a refusé de lui confier une sonde.



En 2013/2014, Rick Remender lance 3 séries indépendantes Black Science (avec Matteo Scalera, terminée en 2019, 43 épisodes regroupés en 9 tomes) et Deadly Class (avec Wesley Craig & Lee Loughridge, toujours en cours en 2021). Low est donc la deuxième série à parvenir à sa conclusion, 6 ans après son début, avec toujours le même dessinateur qui a laissé sa place de coloriste à Dave McCaig à partir de l'épisode 9. le lecteur était un peu inquiet car la série a connu une interruption de 2017 à 2020, laissant craindre qu'elle ne serait jamais achevée. Il reprend le cours des événements, peut-être en s'étant remis dans le bain avant, pour bien situer les personnages et les lieux. La famille Caine : Stel (la mère), Johl (le père), Della & Tajo (les filles), Marik (le fils), et la cité sous-marine de Salus. Il s'accroche un peu pour l'épisode de reprise qui semble être un amalgame entre des souvenirs traumatiques de Stel et un cauchemar particulièrement angoissant, pour reprendre complètement pied avec l'épisode 21. La fin de la vie humaine sur Terre semble imminente, entre les cités sous-marines qui n'ont plus de ressources, où l'oxygène vient à manquer, et les cités terrestres en nombre inconnu, dont les protections contre les éruptions solaires deviennent de plus en plus insuffisantes. Stel Caine restent au centre des événements, une incurable optimiste, quelles que soient les épreuves qu'elle doivent affronter. Les habitants des dômes terrestres ont décidé d'exterminer ceux des dômes sous-marins, jugeant qu'ils ne sont qu'une survivance d'un passé qui empêche l'humanité d'évoluer. Ces derniers ont décidé de tenter le tout pour le tout, et faire revenir à la surface la cité de Salus. L'intrigue mélange donc survie désespérée de deux peuples dans un écosystème de moins en moins vivable, et guerre entre ces deux communautés.



Le lecteur retrouve la narration visuelle si particulière de la série. Comme dans les tomes précédents, les pages semblent avoir été réalisées par une seule et même personne, tellement les couleurs et les traits encrés s'interpénètrent et se complémentent. En fin de tome, se trouvent 7 pages en noir & blanc permettant de mieux se rendre compte des éléments représentés à l'encre par le dessinateur, et par différence de ce qu'apporte le metteur en couleurs. C'est d'ailleurs surprenant à quel point le lecteur perçoit d'abord les couleurs, pour une ambiance fauve ou enténébrées, ou saturée de luminosité, avant de distinguer les formes, les personnages, les décors. En fonction des séquences, le dessinateur fait fortement varier le niveau de détails des uns et des autres. Il peut s'agir de vagues silhouettes évoluant sur un fond vide de traits encrés, comme une représentation détaillée, avec des costumes complexes, et un environnement consistant et futuriste. À certaines moment, l'artiste se focalise sur le mouvement, le lecteur éprouvant parfois des difficultés à reconnaître les formes, à identifier un personnage ou une partie de son anatomie. À d'autres moments, au contraire, la représentation prend racine dans une approche descriptive méticuleuse.



Du coup, en fonction des séquences, le lecteur peut parfois peiner à suivre la narration visuelle, devoir prendre du temps pour déchiffrer une case ou peut-être deux, et à d'autres passages se retrouver emporté par des images d'une grande clarté. Régulièrement, il reste le souffle coupé par une vision spectaculaire : Stel s'enfonçant dans les sables mouvants, un groupe de jeunes écolier défilant devant Stel & Zem présentés comme dans un zoo, Zoske paradant entre deux bataillons de soldats, la flotte sous-marine attaquant le dôme de Salus, la cité de Salus émergeant à l'air libre, Zoske pilotant une armure de combat bardée d'armements, un crâne explosant sous un tir d'arme, etc. À certains moments, le lecteur ne sait plus trop sur quel pied danser : s'agacer d'une case trop petite avec des formes inidentifiables, ou bien se laisser porter par une narration visuelle singulière et très personnelle. À chaque fois, son intérêt pour l'intrigue emporte le morceau, et le plaisir de lecture est bien présent, même avec une case difficile, même avec de nombreuses petites cases, ou en passant tout d'un coup à un dessin en double page.



C'est donc la fin de l'histoire et le lecteur éprouve la surprise de découvrir que le scénariste mène tous fils d'intrigue à leur terme, sans en oublier, même pas la possibilité d'un autre monde qui pourrait accueillir la vie humaine. Il porte également à son paroxysme la dynamique de fond du récit : mettre l'optimisme inébranlable de Stel à l'épreuve des pires drames, des pires catastrophes. Non seulement, elle continue à souffrir du fait du sort de ses enfants, mais en plus l'antagonisme entre les habitants de la surface et ceux des océans escalade jusqu'au conflit armé pour l'extermination des seconds, avec des discours bien haineux. le thème de l'espoir envers et contre tout reste au centre du récit. Au fil des épisodes, le lecteur retrouve le flux de pensée d'un personnage principal ou d'un autre, ressassant une facette ou une autre de ce thème. Il peut alors confronter ses propres convictions aux leurs.



En vrac. La sensation éprouvé la première fois que quelqu'un t'a expliqué la mort. La conviction que la persévérance est récompensée. Qu'est-ce que cela fait d'accepter qu'on mérite le bonheur ? Il suffit de refuser que le monde change son coeur pour pouvoir changer le monde. Si tu éclaircis les couleurs de tes pensées, l'univers finira par les réfléchir. Regarder les épreuves depuis le futur et pouvoir imaginer qu'elles sont arrivées à quelqu'un d'autre. L'imagination existe pour se représenter et préparer le futur. Il ne faut pas se projeter dans un futur trop lointain parce que tout se termine avec la mort. Avoir confiance dans le futur pour ne pas vivre un aujourd'hui creux. En poussant jusqu'à la limite de la rupture le dogme du pouvoir de l'optimisme, le scénariste pousse le lecteur dans ses derniers retranchements, le mettant au défi de rester optimiste, tout en montrant que ce même optimisme soulève des montagnes. le lecteur ressent l'auteur lutter contre ses propres démons, contre sa propension à la dépression, plaçant sa salvation dans la pratique de l'optimisme à tout crin. du coup, le lecteur continue de s'interroger sur le sujet bien après avoir terminé la dernière page.



Ce dernier tome que le lecteur n'espérait plus vient conclure cette histoire, si singulière, à la fois pour son héroïne optimiste, et pour la narration visuelle sortant de l'ordinaire, n'hésitant pas à mettre la couleur en avant, à passer en mode impressionniste, à privilégier les formes à la description. Les auteurs jouent admirablement sur l'investissement émotionnel du lecteur pour le personnage principal, Stel étant positive du début à la fin, pour questionner son optimisme déraisonnable.
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Uncanny Avengers, tome 1

Ce premier tome d’Uncanny Avengers prend place immédiatement après le cross-over Avengers Vs X-men, qui, je vous le rappelle mets un terme à une continuité de presque dix ans (depuis l’événement de House of M pour être précis).



On a donc ici un point de départ idéal dans l’univers Marvel. Vous pouvez le cumuler avec All new X-men et Avengers le tout sorti dans la nouvelle collection Marvel Now! et ce même si vous n’avez pas lu le cross-over.



On retrouve l’écriture de Rick Remender, que j’ai particulièrement apprécié lors de ma lecture de Captain America tome 1 également chez Marvel Now! et une fois de plus je suis assez satisfait.



Ici Captain America crée une nouvelle équipe constituée d'Avengers et X-Men: un groupe médiatique pour restaurer l'image des mutants mais aussi apaiser les récents conflits entre héros. Conflits qui je vous le rappelle étaient au coeur du cross-over Avengers vs X-men.



Cap' choisit de laisser le leadership à un mutant, et c'est Havok, le frère de Cyclope, qui devient le symbole de l'équipe. Un pari risqué lorsqu'on sait que Scott Summers est désormais le terroriste mutant n°1 de la planète. S'ajoutent Malicia, dont on connait le caractère et le passé douteux; Wolverine, le plus agressif des Avengers/X-Men; la Sorcière Rouge, responsable de la disparition de milliers de mutants lors de House of M; et le dieu Thor, fondateur des Avengers, le seul à pouvoir neutraliser l'équipe en cas de dérapage.



Ils seront vite mis à contribution puisque le crâne rouge revient d’entre les morts avec un plan vraiment bien trouvé, mais je vous laisse la surprise.

Un très bon premier tome, assez simple il faut le reconnaitre, mais qui a le mérite de mettre en place une toute nouvelle équipe qui s’annonce assez explosive.



Une bonne série, encore, avec ce premier tome édité dans la collection Marvel Now!.
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Avengers Vs X-Men, tome 2 : Conséquences

Challenge Pavés



Après un très bon premier tome (malgré la découpe et les dessins inégaux) j’avais hate de lire les conséquences de ce fameux cross-over. Je vous rappelle que le cross-over se termine dans le premier tome, mais les conséquences (qui font le lien entre le cross-over et les futures séries de Marvel) se trouvent dans ce deuxième volume.



Ce deuxième et dernier tome donc, se compose ainsi :



- les épisodes AVX VS 1-6



- Avengers vs. X-Men Infinite 1, 6, 10



- AVX : Consequences 1-5



La première moitié du tome contient les 6 chapitres des Versus qui nous détaillent les combat survolés dans le premier tome de AVX. Déjà, premier point noir. La série AVX ne tombait pas dans le détail des combats simpliste et idiots avec un humour qui n’a pas sa place ici. De plus lire les combats une fois qu’on a fini l’histoire, personnellement je n’en vois pas l’interêt. Et pire que tout, c’est mal écrit, les dessins sont infâmes, et les combats sont agrémentes de cases de type : « Le saviez vous ? » nous expliquant un détail stupide et ridicule d’un super-héros.



Vient ensuite les chapitres 1, 6 et 10 nommés Infinites. Ici pas de combats mais des scènes que l’on a déjà vu dans le premier tome, sauf qu’ici on rentre un peu plus dans les détails. Cela apporte un petit plus certes, mais en ce cas, pourquoi ne pas l’avoir intégrer dans le premier tome ? Là, une fois de plus on à déjà fini l’histoire. Revenir dessus n’apporte vraiment rien, mis à part pour meubler un deuxième volume qui jusque-là n’est ni palpitant, ni indispensable.



Par bonheur, il reste le dernier tiers du volume, qui contient les 5 chapitres de AVX : Conséquences. Ici tout va bien, on reprends les personnages quelques jours/semaines après la fin des événement du cross-over. On suit donc ce que chacun devient et les prises de décisions, et les futures intrigues qui vont se dessiner dans les prochaines séries.



Pas indispensable mais quand même bien intéressant, et très utile surtout si vous souhaitez lire les séries de chez « Marvel Now ! » comme « All new X-men », « Avengers » ou « Uncanny Avengers »



J’ai été conquis par ce cross-over, mais j’aurais vraiment aimé que l’éditeur n’essaie pas de nous arnaquer en proposant un deuxième tome au deux-tiers vide. Il aurait été plus sympa (et moins couteux, donc moins rentable pour eux) de sortir un premier tome avec le cross-over complet, plus la série conséquence suivi d’un deuxième tome avec les chapitres VS et les chapitres Infinites.

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Uncanny Avengers, tome 2

Je dois avouer que je suis un peu largué.



Non parce que l’histoire est complexe mais parce qu’elle fait agir de nombreux personnages que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam et qui semblent devenus importants dans la mythologie Marvel que j’ai longtemps abandonnée.

Je pense à cet Apocalypse qui veut éclater la tête d’un Thor plus jeune et armé d’une hache vers l’an Mil. A son fils Génocide, une espèce de crâne en bocal, à Uriel et Eimin les enfants d’Archangel (qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’Angel aie des enfants monstrueux comme ceux-ci ?), à Sentry qui semble bien plus puissant que Thor, à Daken le fils de Wolverine (il a eu un fils ? avec qui ?).

Ces gens sont dangereux. Certains arrivent à tuer un Céleste. De ceux-là j’avais entendu parler lors des quelques épisodes des Eternels publiés dans Strange à la fin des années 80. On ne les appelait pas encore ainsi.



L’histoire se laisse lire – toujours centrée sur l’animosité mutants / humains, ici ce sont des extrémistes mutants qui sont les vilains, contrairement au tome 1 où il s’agissait d’extrémistes non mutants - mais manque d’humour. L’atmosphère est un artificiellement lourde. Seule la Guêpe a l’air détendue, faisant du gringue à Alex Summers (bon sang mais où est Henri Pym ?).



Largué, pas d’humour, mouais. Ça passe le temps…

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Black Science, tome 1

L'infinivers c'est comme une boite de chocolat. On ne sait jamais sur quoi on va tomber.



Rick Remender nous entraine avec Black Science dans un récit haletant, mêlant science-fiction et action. Grant McKay, scientifique anarchiste, comprend la structure de "l'oignon". Oui, il comprend que chaque couche de l'oignon est une infinité de dimensions parallèles et construit, avec sa Ligue Scientifique Anarchiste, le Pilier, une machine capable de faire voyager les "dimensionautes" dans une multitude d'univers parallèles. Hélas, le premier essai ne se passe pas comme prévu et Grant, qui a eu l'idée saugrenue d'emmener ses enfants avec lui et ses compagnons, se retrouve à sauter de dimensions en dimensions, dans l'espoir de rentrer chez lui...



Oui, évidement, on pense à la série TV "Sliders", le concept est le même. Mais Rick Remender bâtit des personnages solides et agrémente la découverte de mondes exotiques d'intrigues familiales et relationnelles, qui amènent de la gravité et des enjeux qui dépassent la simple survie. L'intérêt est donc double et le concept permet toute les fantaisies en matière de création de mondes originaux (perso j'adore celui où des indiens surboostés technologiquement envahissent une Europe dépassée). Il faut reconnaitre aussi à Matteo Scalera, le dessinateur, un sens du rythme et du mouvement remarquable.



Bref, pour ceux qui aiment SF et comics, c'est que du bon. Une série que j'ai bien envie de continuer...
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The Scumbag, tome 1 : Cocaïnefinger

Fais-toi plaisir.

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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2020/2021, tous écrits par Rick Remender, et mis en couleurs par Moreno Dinisio. L'épisode 1 a été dessiné et encré par Lewis Larosa, le 2 par Andrew Robinson, le 3 par Eric Powell, le 4 par Roland Boschi, et le 5 par Wes Craig. Les couvertures ont été réalisées par Nic Klein. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Andrew Robinson, Tula Lotay, Yanick Paquette, Jerome Opeña, Jorge Corona, Joëlle Jones, David Go.



Charles Bukowski a dit que le problème dans le monde est que les gens intelligents sont pleins de doutes, alors que les gens stupides sont pleins de certitudes. Aucun ne prouve cette théorie aussi bien qu'Ernie Ray Clementine. C'est une relique d'une ère révolue, l'esprit suffoqué du sexe, des drogues et du rock'n'roll. C'est un homme avec l'éducation d'un élève d'école élémentaire, illettré, mauvais garçon et accro aux drogues. Au temps présent, il vient d'entrer dans le bar malfamé de Simon. Il passe derrière une serveuse et lui colle une main aux fesses. Il est à la recherche de son dealer Larry l'Espagnol. En se frayant un passage, il se fait rabrouer par les prostituées, par les joueurs de billard. En réalité, Larry n'est pas son ami, il déteste Ernie, et dans quelques heures il sera passé à la haine. S'il existait un record pour se rendre haïssable auprès des autres en le moins de temps possible, Ernie le détiendrait. Ernie continue de se frayer un passage, en pelotant une ou deux prostituées au passage, en raflant une bière sur le comptoir quand personne ne le voit. Dans sa veste à patchs sans manche, avec son bandana sur la tête et ses lunettes de soleil, il finit par arriver devant Larry qui est au comptoir. Il lui agite un billet sous le nez, comme un acompte pour la dose qu'il lui demande. Larry lui répond que les avances, c'est fini.



Avec un terrible mal de ventre, Ernie s'en va un peu plus loin et parvient à s'abaisser encore plus : il pique le pot servant à déposer des pièces de monnaie pour l'Armée du Salut. Il revient devant Larry et le paye avec son billet et les pièces de monnaie. Il prend le sachet que lui tend Larry et se rend devant la porte des toilettes, mais elle est condamnée par des rubans jaunes. Il finit à quatre pattes par terre, le pantalon baissé sur les chevilles, le slip également, avec le produit dans une petite cuillère tenue bien droite de la main gauche, et le briquet allumé en dessous avec la main droite. Puis il plonge l'aiguille dans le produit ainsi chauffé, alors qu'il excrète une déjection liquide. Il se rend compte que des gens sont en train de crier, de le montrer du doigt. Il finit par prendre conscience qu'il est à quatre pattes sur le trottoir, à l'extérieur du bar Simon. Il en lâche la seringue qui commence à rouler sur le trottoir en prenant de la vitesse. Il se lance pathétiquement à sa poursuite, toujours à quatre pattes, toujours les fesses à l'air. Percutant un obstacle, la seringue tourne et poursuit sa course dans une allée où une jeune femme est train de se battre dans un combat d'arts martiaux, contre un individu chauve avec une veste blanche, se faisant appeler Père Temps.



Les règles de la politesse ne permettent pas de traduire littéralement le titre de la série en français (indice : ça commence par Sal, et ça finit par Aud), mais ça personnifie bien Ernie Ray Clementine. Il ne vit que pour la fête, sans travailler, en vivant de menus larcins, en ne respectant personne, même plus lui. C'est un individu sans foi ni loi, qui n'a jamais éprouvé d'empathie pour son prochain. Après la scène à quatre pattes, le lecteur n'entretient plus aucun doute sur son estime de soi, et par la suite il le voit se comporter en parfait sal…, égoïste, n'hésitant pas à trahir sœur Mary qui représente l'organisation Autorité Centrale.



Ernie finit par mettre la main sur la seringue qu'il a laissé échapper, mais par un concours de circonstances, il s'injecte autre chose dans les veines : des nanites lui conférant des pouvoirs extraordinaires, sous réserve qu'il ait l'intention de s'en servir de manière altruiste, pour une noble cause. Le lecteur sent bien que Rick Remender a jubilé en imaginant ce point de départ, et en pensant à toutes les situations qu'il allait pouvoir en tirer. Effectivement, il raconte une histoire avec des composantes adultes, que ce soit l'immoralité du comportement d'Ernie, la consommation très régulière de produits psychotropes, y compris des mélanges, et même une partouze de grande ampleur avec plusieurs dizaines de participants qui se retrouvent eux aussi défoncés, grâce, ou à a cause, de l'intervention d'Ernie. Pour mettre en images ces aventures, le créateur a opté pour un choix inhabituel : confier chaque épisode à un dessinateur différent. Ce tome s'ouvre avec Lewis Larosa qui a travaillé avec Ed Brubaker, avec Matt Fraction, avec Garth Ennis (sur la série Punisher MAX). Dès la première page, le lecteur détaille des cases très riches en informations visuelles. Il se rend compte que la mise en couleurs y fait beaucoup : elle donne la sensation d'une technique de couleur directe. Le lecteur n'arrive pas à déterminer quel est le degré de finition des dessins, tellement la couleur apporte d'éléments visuels. Par exemple, il peut voir la peau tavelée d'Ernie, sans savoir si Remender ou Larosa ont donné des indications en ce sens, ou si c'est l'initiative et l'œuvre de Dinisio.



Quoi qu'il en soit, l'artiste donne à voir un monde concret et palpable, allant parfois au-delà de ce que pourrait souhaiter le lecteur le plus exigeant. Ce dernier n'est pas près d'oublier ce dessin en double page avec Ernie à quatre pattes dans une position humiliante et dégradante, perdant le contrôle de sa fonction d'excrétion, avec le regard horrifié des passantes, ce lui choqué des passants dont un qui ne perd pas le nord et prend une photographie, ou encore celui amusé d'un enfant. Larosa donne une identité visuelle incroyable à la série, que ce soit l'allure de d'Ernie, ses expressions de visage, le magnifique combat d'arts martiaux en pleine rue, l'aiguille de la seringue s'enfonçant dans le bras, ou les effets spéciaux de l'hologramme de mère Terre, très bien matérialisés par le coloriste. Il passe donc au second épisode en s'attendant à un décalage dans la partie graphique, et il se retrouve à aller vérifier trois fois qu'il ne s'agit pas du même dessinateur. Bien sûr, le fait que le coloriste soit le même joue beaucoup dans la sensation de continuité visuelle. Il faut donc un peu de temps pour que le lecteur relève la saveur particulière des dessins d'Andrew Robinson : plus de cases de la largeur de la page, des cases un peu moins denses, une ambiance lumineuse un peu plus claire, un rendu plus proche de formes détourées avec un trait encré fin. La sensation globale reste la même : une narration énergique, un sens de l'exagération bien dosé qui ne verse pas dans la farce, permettant de continuer à apprécier ces aventures au premier degré, sans oublier le caractère exagéré d'Ernie.



Le lecteur s'attend à ce que la personnalité graphique d'Eric Powell ressorte avec évidence, en particulier sa capacité à se montrer visuellement sarcastique. De prime abord, il n'en est rien : il se coule lui aussi dans le moule de l'ambiance visuelle de série. La narration visuelle est toujours aussi colorée, toujours orientée action, avec une discrète saveur de dérision quant aux hauts faits très relatifs d'Ernie, et son comportement irrémédiablement égocentré. Le lecteur constate qu'il est tout autant pris par l'aventure et les péripéties, qu'en train de sourire légèrement au comportement immature du personnage principal. La transition avec Roland Boschi se fait également sans solution de continuité, la narration visuelle étant toujours aussi agréable, enjouée, professionnelle et divertissante. S'il est familier de la série Deadly Class de Rick Remender, le lecteur peut voir que Wes Craig imprime un peu plus sa personnalité dans la narration, à la fois avec un nombre de cases plus élevé par page, un sens du mouvement saisissant, et un humour tout aussi sarcastique.



Avec les premières pages, le lecteur se dit qu'il a plongé dans une œuvre divertissante, une farce bien grasse pour se détendre : un quadragénaire, rebelle sur le retour, ne pensant en fait qu'à lui, et qu'à se mettre la tête à l'envers, sans aucune considération pour autrui. Il n'hésite pas à piquer les pièces jaunes d'une œuvre de charité. Il est resté bloqué sur le hard rock macho des années 1980, en particulier l'album Screaming for Vengeance (1982) de Judas Priest. Il s'envoie tous les psychotropes qu'il peut trouver, avec une consommation en mélange. Il ne considère la gent féminine que comme une source de plaisir. Bref, un mâle blanc égocentré, bloqué en mode adolescent idiot et hédoniste, ne pensant qu'à court terme (jusqu'à la prochaine dose), avec un corps qui commence à accuser le coup des excès cumulés, et l'intelligence d'un enfant attardé. Ce récit assume tout à fait cette dimension, sans s'y limiter. C'est aussi une aventure d'anticipation dans laquelle une entreprise a mis la main sur un mode de production d'une énergie verte et bon marché, inféodée à une idéologie particulièrement réactionnaire : une intrigue captivante au premier degré. C'est aussi la confrontation de l'égoïsme et de l'idéal du héros altruiste, bien sûr en défaveur du premier, mais pas systématiquement. C'est également un regard sans illusion sur des thèmes sociétaux : les discours démagogiques (Tous ceux qui te disent exactement ce que tu veux entendre se font de l'agent sur ton dos.), Batman comme incarnation du privilège blanc, la libéralisation des marchés pour un système capitaliste avec zéro régulation et un marché totalement libre, la réalité d'une personne incarnant véritablement la défense de toutes les libertés (indice : il s'agit d'Ernie), la réalité de l'oppression économique (Les riches manipulateurs ont rendu la population si désespérée qu'elle est entièrement contrôlable avec la simple promesse d'un espoir de richesse.), le luxe de l'intégrité (Quand vous donnez si peu à la population, vous les laissez sans autre choix que de renoncer à toute intégrité). Sans avoir l'air d'y toucher, dans le registre d'une farce graveleuse, le scénariste livre sa vision peu optimiste de la réalité socio-économique.



Un titre de série qui annonce un personnage principal méprisable, une succession de dessinateur à raison d'un par épisode, une scène d'ouverture dans l'exagération graveleuse : tout laisse supposer que Rick Remender se détend entre deux séries plus ambitieuses. Très vite, le lecteur se rend compte que l'alternance d'artistes n'obère en rien la qualité et la cohérence de la narration visuelle, à la fois grâce au coloriste, à la fois parce qu'ils font tous la démarche de respecter le même esprit narratif. Il se rend compte que l'intrigue n'a pas été sacrifiée à l'humour, que celui-ci est politiquement incorrect et drôle, et que l'auteur n'a rien sacrifié de son ambition littéraire pour exprimer sa vision pénétrante de certaines facettes de la société.
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Devolution

Raja est une jeune femme qui a échappée à la contamination d'un virus créé par l'homme pour supprimer aux individus la possibilité de croire en un ou plusieurs êtres immanents. Car, les plus de sept milliard d'être humains n'arrêtent pas de se faire la guerre et la religion en serait le principal vecteur. La terre est presque détruite, l'humanité est au bord de la guerre totale nucléaire. La planète est dans un état lamentable. Pollution, violence, ciel violé en permanence, océans et mers rendus opaques et presque sans vie, ressources épuisées. Une poignée de scientifique se sont mis en tête de faire régresser l'intelligence pour sauver le monde. Mais le virus, une fois répandu, a fait son oeuvre, faisant entrer notre planète dans une période de dévolution. Retour d'animaux préhistoriques, tels les mammouths, les tigres à dents de sabre et les hommes devenus néandertaliens. Seule, une poignée d'individus est épargnée. Dont notre héroïne, fille d'un des savants à avoir inventé le virus. Elle demande à un petit groupe d'humains non contaminés de l'aider à sauver le monde en récupérant un antidote que son père aurait laissé mais le groupe est dirigé par un despot, Gil, qui ne pense qu'à forniquer avec ses femelles et qui est un véritable dictateur avec les autres membres de sa tribus. La première chose qui lui vient en tête quand il voit Raja lui demander de l'aide, c'est d'en faire une nouvelle femelle pour son harem. Mais quelques membres du groupe se rebellent et veulent aider la jeune femme à sauver le monde…



Je ne sais pas trop ce que j'attendais de cette bande dessinée post apocalyptique. L'histoire d'une jeune femme qui sauve le monde, du bel héroïsme, des humains qui n'avaient pas encore perdu le sens de leur humanité ? Une belle histoire, peut-être. Mais ce livre n'offre rien de tout ça. C'est glauque, monstrueux, désespérant au possible, un truc à vous péter le moral pour un bout de temps. Les auteurs nous brossent un portrait de l'humanité, même concentré dans un petit groupe de survivants qui est des plus désolants. Même quand on approche de la fin et qu'on comprend pourquoi l'insertion d'astronautes dans cette histoire, des plus basses fosses aux plus hautes sphères de l'humanité, rien ne se dégage de bon. Nous sommes bien la pire espèce d'animal à peupler cette planète et les auteurs nous le prouve à chaque page, presque à chaque case. Pourtant, perso, je la trouve pas si mal, notre espèce. C'est sûr qu'ils y a des fruits pourris dans la corbeille mais le bilan n'est pas si désespérant. Faut-il y voir aussi un message profondément écologique ? Peut-être mais je me dis que les auteurs n'en n'ont rien à carrer, que c'est juste un prétexte pour nous avoir pondu une fable à nous empêcher de dormir. Et bien, là, il y sont arrivé ! Ils nous livrent une bande dessinée cauchemardesque, bien pourrie, avec des monstres, des humains primitifs, des homo sapiens moches et méchants, même l'héroïne est d'une laideur repoussante. En plus, elle pue, elle ne s'est pas lavée depuis des lustres. C'est elle qui le dit car quelle chance, les auteurs n'ont pas encore inventé la bande dessinée olfactive. Heureusement pour nous, si en plus, il y avait l'odeur…

Bref, côté horreur, c'est réussi à cent pour cent, côté désespoir aussi mais que reste t'il de positif dans cette bande dessinée ? Ben rien ! Et c'est juste sa vocation donc c'est bien réalisé. Qui a dit que l'art c'est fait pour plaire ? Personne, ça n'a jamais été une règle. C'est juste fait pour émouvoir, peu importe que se soit dans le sens de vous rendre heureux ou l'inverse. Pour générer des émotions, ben, ça fouette grave. Maintenant, si c'est pas fait pour plaire, c'est vrai qu'il faut être un peu maso pour se farcir ce genre d'ouvrage mais bon. J'avoue, je n'ai pas aimé et je trouve la fin sans fin, j'attends toujours une vraie chute mais je ne dois pas condamner car il faut l'avouer, je n'ai pas aimé mais c'est vraiment bien fait ! Lu en format KINDLE sur iPad Pro avec une très bonne numérisation.

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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Low est un comics de bonne qualité, un peu complexe au début mais indéniablement original.





Il est difficile au début de se repérer dans les dessins qui sont très colorés et aussi très fournis en détails, et comme le coup de crayon est très stylisé il faut prendre le temps d'analyser chaque scène avec attention pour bien s'immerger et ne pas manquer des détails importants.

Une fois habitué on ne peut que plonger dans cette histoire de SF à l'intrigue simple mais bien travaillée.



Pour le scénario, c'est du classique, dans un futur très éloigné, la Terre n'ayant plus d'air saint, les humains ne peuvent plus vivre à la surface depuis des siècles, ils vivent donc dans des villes sous-marines ou malheureusement l'air se fait rare et le traitement de l'air est devenu de plus en plus toxique à force de recyclage, les jours sont comptés, nous suivrons les mésaventures d'une famille dans ce contexte.



J'ai assez bien aimé les dessins et la colorisation mais c'est surtout le scénario et les détails qui m'ont interpellé.

Je vais essayer de me procurer le deuxième tome prochainement, j'espère que le tout sera cohérent, il me tarde de le lire.



Ah oui une dernière chose, ce n'est pas un comics à mettre entre les mains de n'importe qui, il y a pas mal de violence mais aussi beaucoup de scènes érotiques, voir plus.



Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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Death or glory, tome 1

Une jolie découverte que ce double album boum-boum-badaboum filmé à 200 à l'heure !

Notre héroïne est une jeune femme élevée dans le monde des routiers américains ; des gens qui n'avaient qu'une seule règle : « vivre libre ou mourir » et dont la seule maison en dehors de la cabine de leur colossal Mack Truck était les nombreux Diners éparpillés tout le long des Interstates ; des lieux où les vapeurs d'asphalte chaud cohabitaient furieusement avec les relents de diesel et les odeurs de friture ; sur les comptoirs, des cacahuètes devenues molles depuis longtemps ; dans la salle, un jukebox qui ne possédait pas un titre postérieur à 1979 ; et puis à la ronde, des routiers, des livreurs, des bikers et des zonards… Sans oublier la gigantesque enseigne Texaco. Joli panorama que tout cela.

Glory est une fille : (a) très débrouillarde, (b) qui possède des talents évident de pilotage, (c) qui n'a pas froid aux yeux, (d) dont le vieux père à qui elle doit beaucoup se trouve en situation d'urgence vitale, et (e) qui a beaucoup de chance… enfin, disons qu'elle a de la chance dans son lot de malchance.



Elle se retrouve donc dans une situation délicate : pour payer l'opération chirurgicale qui pourrait le sauver, elle doit trouver tant et tant d'argent qu'il va lui falloir aller le chercher entre les mains des pires représentants de l'espèce humaine, car oui, dans la vie, il y a deux types d'hommes, les gens gentils, pas forcément bien sapés, mais tout à fait corrects… et les ordures.

Et ce sont bien les ordures qui amassent un bon paquet de pognon, et souvent de la pire des façons qui soient.

Tout redevient moral lorsqu'une gentille fille plutôt sympathique tente de plumer un affreux Jojo.



DEATH or GLORY, c'est la rencontre frontale de deux mondes. La narration est très cinématographique. L'histoire – un spectaculaire road-movie sur fond de chasse à l'homme et de dangereux trafiquants - est racontée par une succession de plans et d'étapes, de flash-back et de retournements de situation. La préférence est accordée au visuel mais le dialogue est excellent et l'ensemble est vraiment chargé d'émotion. Les personnages ont du caractère, l'action est dynamisée en permanence – c'est peu dire que le tempo va crescendo - et l'intrigue possède une force qui se trouve renforcée par le travail du cadrage, des mouvements et de la lumière.
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Agent Venom, tome 1

Venom au service du gouvernement US, quel programme !!!

Alcoolique comme son père avant lui, vétéran de l'armée, infirme, Flash Thompson est choisi pour être le nouvel hôte du Symbiote Venom !!!

Une alliance dangereuse et sans cesse au point de rupture quand on sait qu'un certain Péter Parker n'est nul autre que le meilleur ami de sa compagne Betty, et que le seul vœux du Symbiote est de tuer Spiderman...

Encore des pages exceptionnellement belles !!!
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The Scumbag, tome 1 : Cocaïnefinger

Ajouté à ma PAL après avoir vu quelques pages dessinées par Lewis Larosa et avant d'avoir lu la table des matières qui attribue le graphisme des épisodes. J'ai naïvement cru que le contenu était entièrement à ce niveau. Grossière erreur de ma part. Pour le scénario, c'est un peu la même chose : l'exposition du concept dans le premier épisode est plus ou moins intéressant. le développement beaucoup moins. Sans compter que le coup de pouce aux terreurs quotidiennes entretenues par les média ne m'a pas spécialement enthousiasmé. La seule chose que je retiens d'un peu positif est l'analyse socio-politique de Batman, comme ça, en courant d'air, en a parte, aux deux tiers du bouquin.



Sinon, de manière plus anecdotique, le titre Scumbag (traduit Sac à merde en français) m'a traversé l'esprit quand j'ai déballé le paquet expédié par mon bouquiniste en ligne. En premier lieu parce que je déteste recevoir des bouquins d'occase avec un flutain d'énorme macaron rouge collé sur la couverture cartonnée d'un livre relié. En second lieu parce que sur le macaron, il était écrit "10 euros" alors que le prix annoncé en seconde main, et hors livraison, était de 12euros 50. Triste impression de m'être fait avoir. Doublement.



Sinon (bis), tout à fait hors de propos, j'ai découvert sur la demi-douzaine de pages de pub en fin de bouquin (très très propre et hyper bien présentée, coté éditorial l'ensemble du bouquin est du bel ouvrage - j'aurais préféré un corps de caractère un peu plus gros pour les textes, ceci dit, mais la perfection est pour le moins ennuyeuse comme la promesse d'un paradis figé à jamais dans une éternelle extase) que le scénariste, Rick Remender, était aussi responsable de Deadly Class dont j'avais plutôt apprécié les deux saisons de l'adaptation en série tv (disponible seulement en streaming, il a quelques années déjà).
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The Scumbag, tome 2 : Moonflower

La liberté sans hypocrisie ?

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Ce tome fait suite à The Scumbag, tome 1 : Cocainefinger (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 6 à 10, initialement publiés en 2021, tous écrits par Rick Remender et mis en couleurs par Moreno Dinisio. Comme pour le premier tome, chaque épisode a été réalisé par un dessinateur différent : Bengal pour le 6, Francesco Mobili pour le 7, Alex Riegel pour le 8, Jonathan Wayshak pour le 9, Matías Bergara pour le 10. Les couvertures ont été réalisées par Greg Tocchini, à l'exception de la 9 réalisée par Roland Boschi. Le tome se termine avec les couvertures alternatives réalisées par Brian Level, Dylan Teague, James Harren, Jonathan Wayshak, Greg Tocchini.



Salman Rushdie a dit que sans liberté d'offenser, la liberté d'expression cesse d'exister. C'est une notion intéressante. Avec cette notion en tête, Sœur Mary se dit qu'elle sait ce qu'elle trouve de si fascinant chez Ernie Ray Clementine. Comme avec les individus qui se comportent comme de vraies ordures, c'est un plaisir que de jouer au touriste dans sa vie, de pouvoir assister à toutes leurs mauvaises actions, sans avoir à supporter les conséquences de ces choix. Au temps présent, dans l'une des bases de l'Autorité Centrale, le gardien Sam est en train de passer du bon temps avec une femme et un homme, et des substances psychotropes. Une alarme retentit : il faut qu'il se rhabille de toute urgence pour aller accueillir la visiteuse : Sœur Mary. Elle arrive en hélicoptère : il est là sur l'héliport mais elle remarque immédiatement les traces de paillettes et les morsures. Elle lui demande depuis quand Ernie a une maison avec piscine. Il répond : depuis la mission à Bruxelles. Il perd toute crédibilité avec ses deux partenaires toujours nus le rejoignent devant Mary.



Mary déclare à Sam qu'elle est déçue car elle lui faisait confiance. Avant qu'il ne nie, elle lui présente un magazine récent dans lequel Ernie est interviewé et déballe tout sur l'Autorité Centrale. Elle a du mal à croire que quelqu'un d'aussi intelligent que Sam n'ait pas pensé à mettre un mouchard dans le téléphone d'Ernie. Ce dernier gère cinq comptes différents sur les réseaux sociaux, et poste des photographies de ses missions confidentielles. Elle rentre dans la salle principale de la propriété dans laquelle se déroule une grande fête avec poudre à volonté, et Judas Priest en train de jouer sur scène. Ernie est assis dans un grand fauteuil en train de raconter ses aventures à une journaliste. Il s'allume une petite pipe et part très loin, avec une élocution très difficile, au point que c'est un dispositif dans sa pipe qui réarticule ses propos pour les rendre intelligibles. Sam explique à Mary que c'est lui qui a conçu et construit ce traducteur. Mary demande à tout le monde de sortir car la fête est finie. Elle dégaine son arme à feu et tire en l'air pour se faire obéir. Ernie se lève et la bouscule pour protester : elle se défend avec plaisir par un coup de pied dans les joyeuses, puis un direct dans la mâchoire. Enfin elle lui indique qu'il a de la chance car elle a besoin de lui pour une mission, sinon elle lui aurait déjà logé une balle dans la tête.



Le scénariste n'y allait pas avec le dos de la cuillère dans le premier tome pour les excès en tout genre, et le lecteur compte bien que ça continue. Pas de tromperie sur la marchandise : une petite partie de jambes en l'air à trois dans la première page, avec nudité dans un plan éloigné. Puis un tas de coke d'un mètre de haut dans la pièce principale, sans oublier Ernie en slip d'une propreté douteuse. Par la suite, le lecteur assiste à une séance d'étirement d'individus nus sur une pelouse, une séance collective de relations sexuelles, une scène d'orgie et de pillage en pleine rue dans Manhattan, et un individu qui lance des seaux de déjections sur ces attaquants. Comme dans le tome précédent, chaque épisode est dessiné par un artiste différent, et chacun d'entre eux se conforme à représenter la nudité frontale, généralement en plan éloigné, jamais en gros plan, et sans intention érotique, plus dans une approche factuelle et naturelle. La relation sexuelle peut être joyeuse, c'est souvent le cas, pour autant elle n'est pas représentée pour titiller le lecteur. Ils osent même dessiner une toison pubienne, et plus rare encore dans les comics, un pénis. Il n'y a rien de gratuit là-dedans : dans l'épisode 6, madame Hive demande à Ernie pour quelle raison les Américains peuvent représenter, dans leurs films et séries, la violence la plus horrible, mais jamais la nudité ou la sexualité.



Rick Remender continue de se servir de la grossièreté caricaturale du personnage principal pour faire réagir les autres personnages. Il n'hésite pas non plus à forcer la dose dans ses opposants. C'est ainsi qu'Ernie et Sœur Mary se retrouvent face à un groupe de quatre pseudo-superhéros sur la face visible de la Lune, dotée d'une atmosphère bien sûr. Le pouvoir de la première est de confronter son adversaire à sa culpabilité. A priori, il s'agit d'un superpouvoir déjà vu, peu provocateur dans le fond. Le pouvoir du second est d'assaillir son ennemi avec des truismes politiquement corrects. Le lettreur joue le jeu et montre les mots criés par lui, littéralement frapper son ennemi. Le dialogue confirme qu'il s'agit d'une parodie des intervenants sur les réseaux sociaux qui se contentent d'ânonner des évidences acceptées par tout le monde. Grimdark assène la tristesse à ses opposants. Edgelord joue sur le sentiment d'anxiété et de dépression. Vu comme ça, le lecteur comprend que le scénariste caricature les mécanismes émotionnels mis en jeu sur les réseaux sociaux, tous dépourvus de réflexion. Au fil de ces 6 épisodes, il met en scène des questions comme la fausse pudibonderie, la violence comme divertissement, l'hypocrisie inhérente au capitalisme dont le seul et unique but est le profit, les comportements sur les réseaux sociaux et la réalité de leur fonctionnement, le bon goût, l'authenticité accordé de facto aux prolétaires. Il ne se contente pas d'une simple caricature : il déconstruit ces valeurs factices érigées comme des évidences.



Pour autant, ces épisodes ne s'apparentent pas à un pamphlet virulent : ils racontent avant tout une histoire avec des aventures énormes et spectaculaires, pour sauver le monde et l'humanité. Le comportement d'Ernie ray Clementine est toujours autant celui d'un individu qui agit de façon immorale et méprisable, mais il dispose dans son organisme d'une substance chimique qui lui confère toute sorte de superpouvoirs quand il agit de manière altruiste. Le lecteur peut considérer cette capacité de manière littérale : quand on se comporte de manière altruiste, on accomplit des actions formidables. La mission de ce tome est d'empêcher madame Hive d'utiliser le miroir d'inversion pour imposer l'amour et l'altruisme à tous les êtres humains.



Le lecteur se souvient que le changement systématique de dessinateur à chaque épisode avait bien fonctionné dans le tome 1, en particulier grâce à la mise en couleurs qui assurait une étonnante unité d'ensemble. Le coloriste Moreno Dinisio est à nouveau présent tout du long de ce deuxième tome, et cette fois-ci il a pris le parti d'adapter son rendu en fonction de l'artiste. Ainsi il opte pour des couleurs claires et des dégradés simples pour respecter les traits de contour fins dans les épisodes 6, 8 et 10. Il opte pour un rendu se rapprochant de la couleur directe pour les épisodes 7 et 9, avec des traits de contour parfois presque effacés pour le 7, et des traits plus gras ne risquant pas d'être écrasés par les couleurs pour le 9. Pour ouvrir ce tome, Bengal dessine dans un registre tout public, avec des traits de contour fins et élégants, et une discrète influence shonen qui confère une vitalité impressionnante aux personnages. D'un autre côté, la représentation des cochonneries scabreuses perd de sa force dramatique pour s'inscrire dans un registre plus humoristique, à commencer par le tas de coke d'un mètre de haut, de forme conique. Le portrait de Lemmy Killmister est très ressemblant, sans retranscrire la marque des années imprimée sur son visage. La mascotte Eddy d'Iron Maiden en grandeur nature ressemble à un jouet inoffensif. La représentation des membres de Judas Priest sur scène évoque plutôt des idoles de J-pop.



Le lecteur passe ensuite à la narration visuelle de Francesco Mobili qui s'avère plus adulte dans son apparence, sans jeunisme. Il est visible qu'il s'amuse bien avec la grandiloquence des quatre individus dotés de superpouvoirs, avec les tentacules ectoplasmiques, avec la démone dont les tétons sont représentés, et qui en plus pointent, avec l'allure de matrone de Madame Hive. Le lecteur éprouve la sensation d'avoir basculé dans une bande dessinée franco-belge pour un lectorat adulte, avec effectivement la représentation de pénis. Les dessins d'Alex Riegel sont à la croisée des deux précédents : des traits de contour fins et un entrain certain dans le comportement des personnages, couplés avec une petite exagération pour rendre compte de l'âge des protagonistes dont certains cumulent un bon nombre d'heures de vol. Le registre semble plus adapté que celui de Bengal, mais moins goûtu que celui de Riegel. Vient ensuite John Wayshak avec des dessins plus charnels qui transcrivent parfaitement le caractère outré des individus à qui Ernie confère des superpouvoirs, évoquant une équipe digne de Garth Ennis & John McCrea, avec des traits de contour plus gras, moins esquissés. C'est un festival de ce que l'humanité peut avoir de plus vulgaire, âmes sensibles s'abstenir. Le délire continue avec l'épisode suivant : Matías Bergara marie une partie de l'élégance de Bengal avec la vulgarité de McCrea pour un résultat suant par tous les pores. Le combat continue dans la farce avec heureusement deux ou trois morceaux un peu plus touchants.



Cette deuxième partie tient toutes les promesses de la première : une intrigue délirante et bien construite, une farce mariant vulgarité et critique pénétrante, une ode à la liberté, en particulier celle d'être de mauvais goût, et une critique bien sentie de la bienpensance, à commencer par celle qui impose sa loi sur les réseaux sociaux. Les dessinateurs se succèdent, avec des rendus plus variés que dans le tome 1. En fonction de sa sensibilité, le lecteur aura une préférence pour les artistes réalisant des dessins à l'apparence plus propre, ou ceux produisant des dessins assumant pleinement la laideur intrinsèque de l'humanité.
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Punisher : Cauchemar

• « Punisher : Cauchemar » de Rick Remender, publié chez Marvel Panini.



• Avant toute chose, la petite précision concernant cet album. Il fait partie d'une collection d'albums de la maison d'édition Marvel sortie chez Carrefour il y a quelques mois et à prix réduit. le but de cette collection est de faire connaître à un public plus large certains héros Marvel, dans ce cas précis les "antihéros", et donc d'attirer une nouvelle clientèle avec ces prix attractifs (si l'on compare avec les tarifs habituels des comics). Cette collection est placé sous le label "Marvel Dark - le côté obscur" et fait suite à la précédente édition de l'année 2020, qui avait eu un succès retentissant, avec des héros plus conventionnels et connus de la masse.



• Je n'ai pas eu l'occasion d'y jeter un oeil l'année dernière, les magasins ayant été littéralement dévalisés à une vitesse étourdissante et vivant dans une zone encore assez peu fournie, je n'avais pas assez préparer mon coup ! Cette année, avec cette collection qui s'annonçait plutôt intéressante me concernant, je ne pouvais pas passer à côté ! Comme je travaillais tôt dès le matin, j'ai envoyer les membres de ma famille dès l'ouverture me chercher les exemplaires qui m'intéressaient le plus (celui-ci faisant parti du lot).. résultat des courses, ils ont été très efficace et ont réussi à me ramener la collection dans son entièreté. C'est donc grâce à eux que j'ai le plaisir ou le déplaisir de découvrir ces récits ! Pour information, ils ont réussi à me les ramener de justesse, les gens ayant très rapidement trouver le rayon pour le vider assidûment.



• Je connais le Punisher principalement pour son adaptation en série diffusée sur la plateforme Netflix, qui avait accompli un travail d'orfèvre, prenant le parti d'être cru, violent et sans tabou. J'ai également un ami proche qui est un très grand fan du personnage.. J'attendais donc une lecture exceptionnelle.. mais celle-ci s'est plutôt révélée être passable.



• La première run de ce recueil a malheureusement le même défaut que j'ai pu reprocher à d'autres numéros de la collection Marvel Dark, à savoir une histoire où l'on est plongée avec trop peu de contexte, qui nous perdra rapidement tant l'on s'acharne à comprendre la situation de ce monde et de ses personnages.. Si vers le troisième tiers de l'histoire, celle-ci se révèle de plus en plus clair, on a grand mal à apprécier cette aventure, tant elle semble incomplète.



• La deuxième est bien heureusement plus sympathique à suivre. Le récit est limpide, rythmé et bien sombre, le tout dans une harmonie parfaite. On y retrouve évidemment les sujets phares entourant notre tueur justicier, notamment le traitement des soldats de guerre, et l'impact terrible que cela provoque sur leurs esprit. Un parallèle entre le soldat en question et le propre drame survenu dans la vie où Frank Castle se considérait encore comme un homme et non un monstre.. Un énième complot américain instiguer par des hauts gradés.. Un récit entrecoupé de flashbacks, et prenant l'appuie d'un blog pour nourrir la psyché déclinante d'un soldat prenant goût au sang de ses victimes.. On est véritablement devant une histoire forte, imposante et qui amène à réfléchir sur la guerre et ses dégâts moins visible..



• La couverture du livre est puissante, on ressent toute la rage de cet homme perdu dans son combat contre ce qu'il considère à détruire, à effacer. La dominante rouge, qui est utilisée pour chaque numéros de la collection, est ici en parfaite symbiose avec la violence et la douleur exprimée. La galerie de couverture à la fin du livre est moins aguichantes que je ne l'aurais espérer, aucune ne se démarquant véritablement pour ma part.



• Ce cauchemar ne m'aura pas fait sursauter, mais restera une bonne introduction aux comics sur Frank Castle, principalement voir totalement grâce à sa deuxième aventure. Je pose les armes ici, dans l'attente de reprendre le suivi d'un combat éternel contre la face sombre de l'humanité.
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014, écrits par Rick Remender, dessinés, encrés et mis en couleurs par Greg Tocchini qui a également réalisé les couvertures. Il fait partie des 3 séries indépendantes lancées par ce scénariste en 2013/2014, avec Black Science (avec Matteo Scalera & Dean White) et Deadly Class (avec Wesley Graig & Lee Loughridge).



Loin dans le futur, à une époque où le soleil a évolué jusqu'à ce que la vie soit devenue impossible à la surface de la Terre et qu'il ne reste que quelques millions d'êtres humains répartis en 2 ou 3 cités sous la protection de l'eau des océans. L'humanité sait que la vie sur Terre est condamnée à l'échelle de quelques années du fait de l'évolution de l'état du soleil. Dans la cité de Salus, Stel et Johl viennent de faire l'amour et se lèvent pour se préparer pour leur journée. Johl (le mari) remplit les fonctions de Timonier, responsable de la protection et du ravitaillement de la cité. Il a promis à ses filles Della & Tajo de les emmener avec lui lors de sa sortie du jour pour commencer à leur apprendre à piloter le vaisseau et l'amure. Stel n'y est pas favorable, mais accepte sous réserve que ses filles se souviennent de la promesse de leur père. C'est le cas. La petite famille se rend donc au vaisseau, et passent devant un atelier de maintenance, où travaille Marik, le fils de Stel et Johl.



Stel, Johl, Della et Tajo sont à bord d'un vaisseau sous-marin pour explorer les alentours de la cité à la recherche de nourriture. Ils repèrent une immense pieuvre, à même de fournir le quota de denrées qu'ils doivent ramener. Ils se mettent à la poursuivre pour la tuer, mais elle crache un nuage d'encre impénétrable, beaucoup plus dense que la normale. Le temps d'en sortir, ils se rendent compte qu'ils sont tombés dans un piège, tendus par des pirates, menés par les frères Roln et Grolm. Ces derniers disposent de l'effet de surprise et d'une puissance de feu largement supérieure. 10 ans après cet affrontement traumatisant, Marik est devenu un policier ripou, abusant des prostituées, refusant de les payer, et consommant des substances psychotropes. Stel n'a pas perdu espoir même si les morts lui pèsent encore lourd. La chance semble tourner quand ses appareillages radio de surveillance captent le retour de la sonde spatial Vaolkovic dans l'atmosphère terrestre avec des donnés qui semblent indiquer l'existence d'une planète habitable.



Ce tome commence avec une introduction de 2 pages rédigée par Rick Remender dans laquelle il rappelle l'existence de sa collaboration initiale avec Greg Tocchini, The Last Days of American Crime, sa fascination pour le concept du Soleil engloutissant les planètes du système solaire, et sa thérapie qui lui a appris à développer des pensées positives. Le lecteur découvre donc une dernière poche d'humanité vouée à une disparition totale à l'échéance de quelques années. Malgré tout, la vie continue, il faut bien manger, et certains conservent l'espoir qu'une solution pourra être trouvée, par exemple la relocalisation sur une autre planète. Parmi ces optimistes, Stel Caine participe activement à la recherche de solutions alternatives. Le lecteur habitué de Rick Remender retrouve le thème de la famille, et du poids des conséquences des actes de ses parents. Il retrouve également son goût pour la science-fiction, pour les scènes d'action spectaculaires, et pour les drames et la poisse qui peut s'acharner sur un personnage, comme elle s'était acharnée sur Heath Huston dans la série Fear Agent. D'une certaine manière, le lecteur peut donc avoir l'impression d'être en terrain connu, mais de l'autre l'auteur a choisi un personnage féminin comme protagoniste principal, dotée d'un optimisme constructif, ce qui change de d'habitude pour cet auteur.



Pour cette série, il fait équipe avec un artiste avec qui il avait déjà travaillé, pour Last days of American crime, et aussi pour des épisodes de la série Uncanny X-Force. Greg Tocchini réalise ses planches à l'infographie, mêlant traits encrés et couleurs, dans une même phase, s'appuyant sur les informations données par les couleurs pour parfois alléger ses traits de contour. L'intégration de ces 2 formes d'informations visuelles est totale et le lecteur plonge dans un monde très substantiel du fait des camaïeux de couleurs qui donnent une grande consistance aux fonds, même lorsqu'ils sont dépourvus de formes détourées. L'artiste utilise les couleurs pour ajouter des textures et du relief aux surfaces, ainsi que pour les faire ressortir les unes par rapport aux autres, accentuant la différence entre les plans, en fonction de la distance. Lorsque la tension de la scène atteint un paroxysme (par exemple pendant les combats physiques), il s'éloigne d'une mise en couleurs naturaliste, pour passer dans un registre plus expressionniste, par exemple avec des camaïeux rouges pour évoquer la violence et la brutalité. Cette utilisation de la couleur développe également une ambiance pour chaque scène, très efficace. En particulier, Tocchini déploie des teintes bleue / verte pour les scènes sous-marines qui nourrissent bien la case, et convainquent le lecteur que les personnages sont effectivement en train d'évoluer dans l'élément liquide.



Dans un premier temps, l'artiste s'investit fortement pour donner corps aux différents environnements, pour montrer les bâtiments de la cité de Salus, pour représenter les mobiliers et équipements des différents endroits, pour créer une faune spécifique autour de la cité sous-marine sous dôme, et tout autant pour l'apparence de la technologie des vaisseaux sous-marins. Il trouve le point d'équilibre parfait entre des éléments très détaillés, et d'autres plus esquissés dont le contour a été tracé à grand trait, laissant le lecteur remplir certains endroits avec son imagination. Tous les personnages disposent d'une apparence spécifique, ce qui permet de les identifier facilement, même s'ils portent une tenue sous-marine ou une armure. Le lecteur se projette donc avec plaisir dans ce monde nouveau, dans un lointain futur et un environnement rendu assez palpable pour être crédible.



Arrivé au deuxième épisode, le lecteur éprouve parfois la sensation que cet équilibre n'est pas toujours atteint. Il y a des scènes où il aimerait bien un niveau de définition plus important pour un élément technologique, des personnages dessinés plus précisément pour une scène un peu compliquée, un visage avec une expression plus parlante, et même certaines zones avec des traits peaufinés, et non pas une impression d'esquisse rapide avec ce qui ressemble à des traits de construction laissés en l'état. De ce fait, certains détails semblent perdus parce que tout juste dégrossis. Cette impression peut générer une forme de recul du lecteur, une réaction de diminution de l'intensité de son immersion, et il prend alors plus conscience de la manière dont l'artiste construit de sa planche, de la façon dont il s'économise en utilisant les couleurs pour cacher l'absence de décor, de visages dessinés à la va-vite uniquement de manière utilitaire, avec une émotion passepartout, prête à l'emploi. Dans ces moments-là, le lecteur perd son contact émotionnel avec le ou les personnages qu'il suivait, n'arrive plus à éprouver de l'empathie.



S'il a lu l'introduction de l'auteur, le lecteur n'est plus très sûr quant à quoi il doit s'attendre, du fait de la présence d'un personnage avec une attitude positive vis-à-vis de la vie. Remender réussit à faire passer le poids qui pèse sur l'état psychologique de ce qui reste de l'humanité qui se sait condamnée à court terme. Il intègre plusieurs scènes d'activité sexuelle, assez chaste car les dessins ne montrent pas les organes sexuels, juste les fesses au grand maximum, ces relations relevant soit de la débauche (une orgie) soit d'une relation amoureuse forte. Lui aussi arrive à trouver le point d'équilibre subtil pour Stel Caine, optimiste, mais accusant quand même le coup de la disparition de certains membres de sa famille. Ici, l'optimisme n'est pas synonyme de naïveté ou de gaieté forcée à tout crin. Rapidement, la dynamique de l'aventure s'installe, avec des actions périlleuses et spectaculaires. À de nombreuses reprises, les personnages principaux doivent prendre des décisions de vie ou de mort, et parier sur leurs chances (minces) de réussite. Comme avec Heath Hutson, Rick Remender semble prendre un malin plaisir à faire souffrir Stel Caine, en lui infligeant des pertes personnelles traumatisantes, dont elle porte une part de culpabilité, même si elle ne le montre pas.



De coup dur en coup dur, le lecteur finit par s'interroger sur la cohérence du récit, ou tout du moins sur la plausibilité du comportement de Stel Caine. Son optimisme est mis à rude épreuve, et ses certitudes d'une amélioration sont battues en brèche. Il devient de moins en moins crédible qu'elle puisse continuer à croire en une amélioration, en un avenir meilleur, encore que l'existence d'un avenir constitue déjà une amélioration par rapport à l'extinction proche de la race humaine. Le lecteur finit par se dire que le comportement de Stel Caine ressemble à celui du Candide (1759) de Voltaire. Il envisage alors une autre façon de lire le récit, en le prenant avec une pincée de sarcasme de l'auteur envers son héroïne. Ce n'est pas très gentil de la part de Remender, même cruel, mais ça rétablit une forme de cohérence dans la narration. Finalement l'optimisme de Stel Caine est trop constructif pour l'auteur qui n'arrive pas à l'être autant lui-même. Au cours de l'épisode 2, Stel Caine va consulter Masaje, une sorte de sage ou de guide spirituel. Ce dernier lui indique que la réalité n'est qu'une projection de ce qui vit en nous, une interprétation de ce que nous percevons biaisée par nos convictions personnelles. Remender se montre donc particulièrement cruel vis-à-vis d'elle en lui faisant conserver une forme d'optimisme immarcescible malgré les traumatismes qu'elle subit, et envers le lecteur auquel il semble dire que cette vision optimiste des choses est un miroir aux alouettes, une façon de se rassurer, mais que l'univers reste bel et bien hostile plutôt qu'indifférent.



Rick Remender & Greg Tocchini proposent une aventure originale, dans un monde courant rapidement à sa perte provoquée par l'évolution du Soleil qui rend la Terre inhabitable pour les humains. Ils ont développé un environnement riche et intriguant, des personnages immédiatement attachants. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut cependant regretter le parti pris artistique dans certaines pages, ainsi que le ton de la narration concernant l'héroïne, l'auteur se montrant cruel, presque vicieux à son encontre.
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Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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