Ce tome comprend les épisodes 1 à 5 de la nouvelle série lancée dans le cadre de l'opération "Marvel NOW", en 2013. le scénario est de
Rick Remender, les dessins de
John Romita junior (en abrégé JRjr), l'encrage de
Klaus Janson (épisodes 1 à 4), puis
Tom Palmer &
Scott Hanna (épisode 5), la mise en couleurs de Dean White (épisodes 1 à 5) aidé par
Lee Loughridge (épisodes 2 à 5) et
Dan Brown (épisode 2).
En 1926, la famille Rogers connaît des difficultés financières et Joseph Rogers est un homme sans travail, violent qui bat sa femme sous les yeux de son fils Steve. de nos jours, Captain America intervient sur la carlingue d'un B-52 en chute libre qui a été détourné par Green Skull, un extrémiste environnementaliste. Après avoir réglé ce petit souci, Steve Rogers retrouve Sharon Carter qui lui offre un cadeau très personnel pour fêter ses 90 ans. Ensemble ils se rendent sur le lieu d'une enquête du SHIELD. Par un rapide concours de circonstances, Steve Rogers se retrouve dans une autre dimension (la dimension Z du titre), confronté à un de ses anciens ennemis. Il réussit tant bien que mal à lui échapper en prenant en tutelle un jeune garçon dénommé Ian. Une longue errance commence sur ce monde désolé, à la recherche d'une civilisation grâce à laquelle Captain America pourrait trouver des indications sur la localisation exacte (et comment s'y rendre) de la place forte de son ennemi, afin de trouver le moyens de regagner son monde d'origine.
Le maître mot de la relance au numéro 1 des séries dans le cadre de "Marvel NOW" est de changer le statu quo qu'il s'agisse des All new X-Men avec une équipe rajeunie, de Superior Spider-Man avec un changement radical dans le personnage principal, ou encore d'Iron Man en ballade dans l'espace... Cette nouvelle série de Captain America n'échappe pas à la règle dans la mesure où
Rick Remender indique dans la postface (1 page) qu'il a souhaité rendre hommage aux épisodes les plus idiosyncrasiques de la deuxième période de
Jack Kirby. Donc, allons-y, Steve Rogers va défendre les valeurs de la démocratie américaine dans une autre dimension, dans un environnement naturel hostile, avec une population dominante pratiquant la dictature et la répression brutale.
Ce point de départ à l'avantage de rendre le récit accessible aux nouveaux lecteurs. Captain America explique clairement que le tyran est un de ses anciens ennemis sans s'appesantir sur des monceaux de détails tirés d'années de continuité. le déplacement de l'action dans un monde inconnu permet à tous les lecteurs de le découvrir au fur et à mesure sans avoir besoin de connaître des dizaines d'histoires étalées sur des décennies. Les retours en arrière dans les années 1920 et 1930 servent à montrer les événements formatifs de l'individu Steve Rogers, en pleine Dépression (pré et post crise de 29). Pour les novices, il y a là un paquet complet qui permet de découvrir le personnage sans avoir besoin de complément. Et pourtant le connaisseur de Captain America pourra aussi y trouver son compte puisque Sarah et Joseph Rogers (les parents de Steve) ont fait leur première apparition dans l'épisode 255 de la première série (en 1981) écrit par
Roger Stern et dessiné par
John Byrne (réédité dans La légende vivante). Il reconnaîtra également le personnage d'Arnold Roth introduit à la même époque. Il y a un autre détail qui ne sera qu'une information en passant pour le lecteur occasionnel, mais qui parlera plus au connaisseur : les talents de dessinateur de Steve Rogers.
Pour l'intrigue,
Rick Remender mélange plusieurs approches : survie en milieux hostiles (à la fois dans la dimension Z, et dans les quartiers pauvres de New York), contact difficile avec une population indigène à la langue incompréhensible, développement d'une relation de confiance d'Ian envers Captain America, responsabilité du père vis-à-vis du fils, comparaison de la relation entre Rogers & Ian avec celle entre l'ennemi historique & Jet Black. Évidemment en 5 épisodes,
Remender n'a pas l'occasion de creuser chacun de ces thèmes, mais il trouve la place de leur donner assez de consistance pour que le lecteur n'ait pas l'impression de papillonner en restant à la surface.
Remender arrive même à introduire un second degré discret avec une pratiquant du Tachyon-Fu (art martial délirant, dérivé lointain du Kung-Fu), les noms des autochtones (Ksul, Tjofor, de la race des Phrox, noms qui fleurent bon les séries de science-fiction bon marché), et le concept de la nation de Zolandia, trop parodique pour être pris au sérieux.
La mise en images de cette série a été confiée à l'inimitable
John Romita junior. Cet artiste est inimitable dans le sens où dès que vous regardez ses dessins vous en reconnaissez immédiatement l'auteur. Il dispose d'une aisance et d'un sérieux professionnel qui fait qu'il ne rate jamais un épisode. Au fil des années il a développé des caractéristiques graphiques qu'il utilise quelle que soit la série sur laquelle il travaille : la propension à faire des bouts de doigts carrés, les lèvres dessinées à gros traits, les visages plus esquissés que peaufinés, les corps fluets et filiformes des enfants, la conception de monstres grossièrement définis évoquant les années 1960.
Il serait facile de s'arrêter à l'impression immédiate produite par ces dessins : ce n'est pas joli. Encore que JRjr bénéficie ici d'une mise en couleurs très sophistiquée conçue par Dean White, avec l'aide de 2 autres artistes, ce qui apporte un fini léché aux dessins rugueux. Une fois passée la première impression, le lecteur découvre que les dessins de JRjr comportent une dimension viscérale qui permet d'aller au-delà du simple descriptif pour retranscrire la violence des comportements ou des actions. Quand Joseph Rogers maltraite sa femme, cela n'a rien de racoleur, c'est même franchement dérangeant. Quand Captain America donne un coup de pied dans les côtes d'un Green Skull, il est possible de voir à la torsion du tronc, que ça fait très mal. Quand une aiguille se plante dans la nuque de Rogers, elle est dessinée de manière rectiligne et basique, mais la tension du cou exprime la douleur de la perforation. Si les hommes de main génériques de l'ennemi historique sont ridicules avec leurs grandes dents, leur pale imitation de bouclier de Captain America, et leurs yeux tout rond, ils n'en demeurent pas moins imposants et menaçants de par leur posture. Derrière une apparence un peu grossière, les dessins de JRjr apportent un degré d'implication peu commun à la lecture.
Le tome se termine avec une ribambelle de couvertures variantes réalisées par
Skottie Young,
Joe Quesada, Simone Bianchi, Ryan Meinerding,
Paolo Rivera, C.P. Wilson III,
Julian Totino Tedesco,
Alex Maleev et Jung-Yeun Yoon.
Dans le cadre contraint d'une histoire en 5 épisodes (exigence éditoriale pour accélérer le rythme de parution),
Rick Remender,
John Romita junior et Dean White proposent une aventure consistante qui sort des chemins battus où Captain America est placé dans une situation inhabituelle et pleine de suspense.