L'amour, c'est souhaiter le meilleur à ceux qui vous entourent, sans tenir compte de ses propres intérêts.
L'importance que les aborigènes accordent à leur terre a étonné bien des Blancs qui travaillent ici. Comme me l'écrivit un jour Toly :
« Il y a une puissance et une force particulières dans ce pays et elles se dégagent du peuple aborigène. Je pense que je peux aussi y appartenir. Cette puissance se déploie inlassablement et c'est à chacun de l'utiliser à bon escient. »
Un matin avant l'aube, Akhnaton [son corbeau] essaya de me réveiller comme d'habitude mais j'en eus soudain assez de ses manières. Il était tout à fait capable de se nourrir et de se débrouiller sans sa mère adoptive. Après de vaines tentatives pour me faire lever, alors que je l'envoyais se chercher son maudit petit déjeuner tout seul, il sauta sur cette fameuse branche, s'avança en sautillant au-dessus de moi, visa, tira et me lâcha avec une précision étonnante un superbe cadeau blanchâtre et liquide en plein milieu de la figure.
Cette rencontre entre Eddie et son épouse me permit pour la première fois de réaliser que contrairement aux dires des anthropologues masculins, la femme tenait un rôle important dans la société aborigène. Alors que l'environnement contraint l'homme et la femme à des tâches différentes, celles-ci tendent vers un même et unique but : la survie, et les deux rôles sont considérés l'un et l'autre avec autant de respect. Grâce à leur adresse à trouver de la nourriture dans la brousse, les femmes ont une part plus importante dans l'approvisionnement de la tribu que les hommes dont la chasse ne rapporte que le kangourou occasionnel. Les femmes célèbrent aussi leurs propres cérémonies et jouent un grand rôle dans la protection de leurs terres.
Il est étonnant de remarquer à quel point la communication est facile entre deux êtres lorsque les mots ne s'en mêlent pas. Notre bien-être mutuel suffisait.
Mais, compte tenu du comportement des fermiers blancs, des attitudes racistes des Australiens en général et de la politique du génocide du gouvernement actuel, compte tenu du fait que le reste du monde semble ne pas connaître ni s'intéresser au sort de l'une des plus anciennes cultures du monde, l'autonomie de ce peuple demeure douteuse. Les aborigènes n'ont plus beaucoup de temps. Ils sont en train de mourir.
Etre libre, c'est apprendre, c'est se mettre constamment à l'épreuve, c'est parier. Ce n'est pas toujours prudent !
Certains moments de la vie sont comme les axes autour desquels tourne toute l’existence ; des intuitions soudaines, comme des éclairs, qui surgissent parce que, pour une fois, on a agi comme il convenait ou qu’on pense être sur la bonne voie.
Les enfants métis étaient enlevés à leur mère : on pensait qu'ils avaient ainsi au moins une chance de devenir des êtres humains normaux. (Il n'y a pas si longtemps, de telles méthodes étaient toujours en vigueur dans l'Australie de l'Ouest.)
Ce sont les créatures les plus intelligentes après les chiens et je leur attribuerais un Q.I. à peu près équivalent à celui d’un enfant de huit ans. Ils sont affectueux, spirituels, indépendants, patients et courageux ; l’intérêt qu’ils suscitent est infini et leur charme est indéniable. Leur nature sauvage rend cependant le dressage difficile ; c’est pourquoi leur réputation est si mauvaise. Mais ils font preuve de beaucoup d’intelligence et d’un grand cœur. S’ils sont mal dressés, ils peuvent devenir dangereux et irrémédiablement rebelles.