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Critiques de Roland Dorgelès (122)
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Les Croix de bois

Roland Dorgelès - Les Croix de bois - 1919 : Le groupe de combat est la cheville ouvrière de l'armée française. Quelques hommes placés sous l'autorité d'un caporal et qui constituent en se multipliant par milliers les cellules d'un gigantesque corps ordonné. "Les Croix de bois" raconte l'histoire d'une de ces entités plongées dans l'enfer d'une guerre que les soldats ne comprennent pas. Chacun sent bien que le massacre perpétué ne profite qu'à une minorité assise sur des privilèges que la populace va payer cruellement de son sang pendant quatre ans. Le boche est détesté non pas pour son but de guerre qui échappe il faut bien le dire à tout le monde mais parce qu’il tue et démembre les camarades, les frères, les pères, d'autres français. Quelque part dans le reclus de la tranchée les combats deviennent des confrontations presque domestiques contre les voisins indélicats qui occupe la tranchée d'en face. Chaque escouade est alors une petite famille, souvent turbulente, râleuse mais solidaire dans les épreuves qui l'accablent. Jacques c'est Roland Dorgelès lui-même, un jeune biffin rempli des idéaux de reconquête distillés dans une école qui depuis le conflit de 1871 conditionne la jeunesse à espérer la revanche par les armes sur les horribles prussiens. Engagé volontaire il va combattre au milieu de ce groupe hétéroclite qui mélange des soldats issus de tous les territoires et de toutes les classes sociales. L’ensemble des combats est rapporté avec un réalisme éreintant qui transforme le lecteur en témoin oculaire de l'infâme boucherie. Car ici il est vraiment question de chair à canon quand on voit avec quel entêtement la hiérarchie envoie ces hommes se faire tuer. On se bat partout pour quelques mètres de terrain, dans les tranchées à coup de pelles et de couteau, dans les villages au milieu des maisons éventrées par les obus et même dans les cimetières cachés dans les tombes ou subsistent encore des cadavres en décomposition. Et ces troufions courageux crèvent souvent dans les pleurs appelant leur mère pour les plus jeunes ou s'affligeant pour les autres d'une femme ou d'un enfant qu'ils ne reverront plus. Quand les soldats sont tués ils sont remplacés par des adolescents dont on ne veut même pas connaître le nom tellement ils disparaissent vite déchiquetés eux aussi par les obus et les balles. L'absurdité se mêle à la cruauté quand la compagnie doit tenir une position que les allemands sont en train de miner sans que le commandement s'inquiète de l’évacuer. Aucune compassion n’est à attendre des généraux, il faut juste tenir ou mourir. Et alors que les médailles sont distribuées comme des petits pains sur le bord du Jourdain, chaque soldat sait que la seule récompense à attendre dans cet enfer c'est une croix de bois sur le monticule de terre qui leurs servira de dernière demeure. De par son humanisme qui semble au milieu du chaos murmuré par les millions de victimes, "Les Croix de bois" est le pendant terrible du chef d'œuvre d'Enrich Maria Remarque "A l'ouest rien de nouveau" dont il partage l'épouvantable proximité avec ces hommes ordinaires plongés dans une des pires hécatombes de l'histoire de l'humanité... terrifiant
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Les Croix de bois

RESPECT !

Ils ont sauvé la France, ils ont versé leur sang pour que nous restions libres.

C'est plus qu'un vibrant hommage aux poilus de 14 : c'est une auto-biographie. Car il y était, Roland Lécavelé, dit Roland Dorgelès, biffin dans les tranchées de l'Artois et de l'Argonne.

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Les croix de bois sont celles que les soldats plantaient après avoir enterré leurs copains de sections.

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Jacques est mobilisé dans l'infanterie. Il observe une amitié improbable entre les "copains" de l'escouade , et notamment entre Sulphart, le vieux de la vieille qui charrie tout le monde, et Demachy, le nouveau, parfumé. Il y a aussi Bouffieux, l'éternel planqué qui trouve toutes les astuces pour ne pas monter en première ligne, puis Vieublé, le Parigot provocateur, Fouillard le râleur, Broucke le Chti, qui va au poste de veilleur à la place de Bouffieux-le-trouillard et qui meurt une minute après, Bréval, le cabot, Morache, le lieutenant qui la ramène alors qu'il se planque lors de l'attaque...

Et puis il y a les "Boches", les shrapnels allemands, nos obus calculés trop courts qui tuent les nôtres, nos 75 contre leurs 88, et les tranchées et les goulots, les attaques, les champs et les trous d'obus couverts de morts.

Et surtout il y a les copains qu'on voit tomber raides morts, ceux, trop blessés pour fuir vers l'arrière, qui appel lent faiblement pour que les copains les ramènent dans les tranchées :

"Et maintenant, ils ressuscitaient l'un après l'autre, ils semblaient tous se lever pour un suprême appel : Bréval, Vairon, Fouillard, Noury, Bouffioux, Broucke, Demachy... Et leurs voix répondaient : Mort, mort, mort..."

.

Paul Emile, mon grand-père paternel Lorrain est né Allemand entre 1870 et 1914 : il a fait la Légion pour se battre avec les Français et redevenir Français ;

Albert, mon grand-père maternel Normand a fait la guerre de 40 ; leur d'une attaque, ils n'étaient plus que trois, il a ramené ses deux camarades en Normandie, l'un des deux sur son dos.

Mon père et moi-même avons fait le service militaire.

J'aime mon pays, mais ne suis pas prêt à tuer pour lui.

L'invasion par des étrangers n'est pas l'idéal, on a vu ça sous Hitler, mais Dieu soit loué, en Europe on a compris la valeur de la vie humaine.

Je dis comme Micromégas : "Pourquoi se battre pour une motte de terre ?"

.

Il n'y a plus qu'à faire comprendre au reste du monde la valeur de la vie humaine ;

il n'y a plus qu'à faire comprendre PRATIQUEMENT aux riches le malheur des pauvres ;

il n'y a plus qu'à faire comprendre PRATIQUEMENT à tout le monde la valeur "écologie".

.

Il y a encore du boulot !

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Les Croix de bois

Ce livre est un Chef d'oeuvre, une référence pour comprendre ce que fut cette guerre, broyeuse de vie entre toutes, concentré absurde de peur et de souffrance. Je dédie s'il est possible, cette lecture, à mon arrière-grand-père mort en avril 1915 à l'âge de 22 ans fauché par un éclat d'obus, et à ma grand-mère, alors âgée d'un an, dont la vie fut à jamais marquée par l'absence de ce père tant regretté. Les lettres qu'il a écrites du front racontent la même immense terreur et la même terrible résignation que celles des personnages de Roland Dorgelès. A lire, malgré l'horreur, car au cœur du désespoir, restent l'humour, la camaraderie, l'amitié et le courage. Chef d'oeuvre, je vous dis.
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Les Croix de bois

Roland Dorgelès a écrit ce roman en 1919 en hommage aux soldats français mobilisés lors de la première guerre mondiale qui fit des millions de victimes. Ce conflit, qui a pris une ampleur jamais atteinte auparavant, fut une immense boucherie, dénoncée par la suite comme inutilement meurtrière, voir barbare. Mais cela ne remet pas en cause le courage et le sacrifice de tous ces jeunes qui y ont laissé leur vie, leur santé ou une partie de leur corps.

C’est le récit de quelques semaines du quotidien de ces soldats – dont la majorité sera tuée – les tranchées, les marches dans la boue, le bruit de la guerre, la pluie, le froid, les poux, l’omniprésence de la mort. Mais aussi quelques bons souvenirs autour d’un repas, les blagues, l’optimisme de la jeunesse, la camaraderie, la volonté de vivre.

Un très beau texte, émouvant, témoignage d’un vécu qui le rend d’autant plus poignant. Un écrivain à découvrir.

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Les Croix de bois

les croix de bois chef d oeuvre de Roland Dorgelès engagé volontaire est un témoignage exceptionnel sur la grande guerre.avec un réalisme parfois terrible mais toujours d une généreuse humanité la vie des tranchées nous est décrite dans toute son horreur et aussi sa bouffonnerie son quotidien et ses moments exceptionnel
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Sur la route mandarine

Roland Dorgelès avait rêvé de l'Orient, de la Route Mandarine qui traverse le Vietnam. A la fin de 1923 il est à Hanoï et découvre la Route Coloniale N°1. Les autos ont remplacé les palanquins. Il effectue un voyage de plusieurs mois, de la baie d'Along jusqu'aux ruines d'Angkor, où Pierre Loti, qu'il évoque souvent, l'avait précédé à la fin du XIXème siècle. Il s'arrête à Hué, la Cité impériale, sur la rivière des Parfums, à Cholon, un quartier chinois de Saïgon, où règne une atmosphère de tripots et de fumées d'opium, dans le delta du Mékong, sur une île de lépreux, l'île du Dragon de Culao Rong, dans le pays des Moïs enfin, sur les hauts plateaux du sud. En dépit de l'inconfort, des peurs parfois, du tigre notamment, l'émerveillement est constant. Ce livre est autant un reportage - Roland Dorgelès était journaliste - qu'un récit de voyage plus littéraire : les descriptions sont précises et souvent saisissantes.
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Les Croix de bois

Est-il encore besoin de présenter ce roman ? Prix Fémina 1919, il figure parmi les classiques de la littérature de tranchée, ces livres mi-romans mi-mémoires qui évoquent la Grande Guerre au prisme de l'expérience combattante. Dans cette poignée d'incontournables, il y a bien sûr Ceux de 14, de Maurice Genevoix (dont je n'ai lu à ce jour que de simples extraits... je dois réparer ça à la première occasion...). Il y a Le Feu, de Barbusse ; j'y mettrais aussi Capitaine Conan (Vercel) ; et côté allemand il faudrait évidemment citer A l'ouest rien de nouveau (Remarque) et Orages d'acier (Junger). J'en oublie forcément ici.

Comme ses frères, Les Croix de bois ne tient pas de la littérature d'invention, c'est bien ce qui en rend la lecture si particulière et si poignante. Il n'y a pas d'autre histoire que le quotidien d'une compagnie, ballottée de première ligne en cantonnements de repos, et dont l'effectif fond comme neige au soleil dans les assauts et les bombardements. C'est la guerre au jour le jour, à hauteur de poilu, dans toute son incommensurable violence et sa stupéfiante brutalité. C'est aussi une guerre dont le sens échappe radicalement à ceux qui la font. Les tableaux hallucinés se succèdent, ponctués de quelques respirations où l'on veut croire encore qu'il restera possible de reprendre son existence, « après ». Mais la mort, bien sûr, est toujours présente. Elle colle aux semelles des personnages dès le titre du roman et dès sa première page, où défile le bataillon tout pavoisé, « fleuri comme un grand cimetière ».

Presque tous ont disparu à la fin du livre. Ceux qui s'en sont tirés découvrent qu'on ne leur a pas gardé leur place au chaud pendant ces années d'absence. Le roman est désabusé, c'est le moins que l'on puisse dire, et on voit bien comment il va nourrir le pacifisme français de l'entre-deux-guerres. A cet égard, l'adaptation cinématographique qu'en fit Raymond Bernard en 1931 me paraît très fidèle, et en tous points digne du livre. Peut-être est-il possible de souligner parfois une pointe de grandiloquence dans le texte (par exemple, le célèbre « au secours, au secours, on assassine des hommes! »). Peut-être aussi peut-on faire remarquer que la littérature, dans sa générosité, permet aux personnages d'échapper à la déshumanisation si souvent évoquée dans les témoignages et les pages d'histoire. Mais Dorgelès ne cherche pas à faire œuvre d'historien ni de journaliste. Il aime sincèrement ses personnages et les entoure de sa chaleur jusqu'à leur dernier souffle. En cela, Les Croix de bois se rapproche beaucoup plus d'A l'Ouest... que d'Orages d'acier, dont la sécheresse m'a finalement déçu tandis que je le relisais il y a quelques mois.

Dorgelès achève son récit sur un chapitre aussi bref que bouleversant. Le narrateur tombe le masque, c'est bien l'auteur qui parle, essayant de retrouver les visages et les rires de ses camarades. C'est là que le titre prend vraiment son sens, et que se dévoile peut-être le pire : la seconde mort qui attend tous ces hommes, lorsqu'on les oubliera.
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Les Croix de bois

Oui, comme l'ont dit certains lecteurs, ce livre est un chef d'œuvre, criant de réalisme et de vérité sur la première guerre mondiale !



Le narrateur parle du départ au front, la fleur au fusil dans la joie, l'alcool, les brailleries et la bonne humeur et l'arrivée où les fusées lui rappelle le 14 juillet... un émerveillement en somme...



... mais il va bien vite déchanter. L'horreur l'attend comme il attend tous les autres soldats. Cadavres, manque d'hygiène, bruit permanent... quatre ans d'enfer qui ont fané pour ne pas dire carbonisé la fleur au fusil...
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Les Croix de bois

J’ai déjà lu un certain nombre de livres ayant pour cadre la Première Guerre mondiale. Mais jamais, ô grand jamais, je n’ai ressenti aussi physiquement et moralement cette profonde blessure qu’est la guerre.







Ecrit en 1919, en hommage à ces Poilus, Roland Dorgelès dresse ici un portrait terrible, sanglant, et émouvant de tous ces hommes, jeunes, partis pour sauver la France. Tout y est : les tranchées, la glaise et la boue humaine, les massacres, les obus, les gémissements des blessés, la peur, les poux, la faim, la soif, le ravitaillement, l’uniforme, les petits tas rehaussés de croix ici et là partout pour signaler les morts. La mort. Les morts. Des champs de morts. Tout y est décrit ! L’écriture est terriblement réaliste, poignante. Le décor est hallucinant de vérité : rien n’est tu, tout est témoignage.







Mais à côté de cette boucherie, il y a aussi la solidarité, l’entraide, la camaraderie, le partage, la rébellion parfois face aux ordres stupides, le parler des différentes régions, le rire salvateur et les farces potaches. Parce qu’ils sont jeunes, ils sont beaux et qu’ils pensaient partir pour peu de temps...







Il est des livres qu’il faut avoir lus dans sa vie, pour comprendre et se souvenir, et celui là en fait partie. Un livre pour la mémoire collective sans aucun doute possible.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Les Croix de bois

Un très grand livre, qui témoigne de l'horreur de la guerre de 14/18, sur le front, dans les tranchées... Ce roman est devenu un grand classique de la littérature traitant de cette période, écrit par un homme qui avait connu cet enfer. L'écriture est belle, l'histoire poignante. Un livre à diffuser auprès des jeunes générations. Je l'ai lu et relu et le conseille souvent (au même titre d'ailleurs que "A l'ouest rien de nouveau" de Erik Maria Remarque). Un véritable chef-d'oeuvre et un coup de coeur!
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Les Croix de bois

Pendant français du tout aussi poignant "A l'ouest rien de nouveau" allemand, "Les croix de bois" nous propose une immersion éprouvante dans le quotidien d'une escouade de poilus, braves gars de la campagne et de la ville réduits au rôle de chair à canon dans le terrifiant bourbier du front.



Tout aussi poignant car également écrit au lendemain de la guerre par un soldat qui en revient, écrit avec les mêmes mots qui saignent, saisissant sur le vif les mêmes détails du réel, les vêtements trempés, le rata immangeable, la courbure atroce d'un corps tombé dans un trou d'obus.

Des mots décrivant la même horreur, la même absurdité, par un homme tout aussi jeune et tout aussi brisé, ayant trouvé en lui la même force d'exorciser par le témoignage une expérience dont il est troublant de considérer exactement cent ans après ce qu'elle porte d'intemporel et d'universel.
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A bas l'argent

"A bas l'argent !" est un roman, un roman qui s'ouvre sur le chant de François Bonheur, un artiste-ouvrier, tailleur de pierre et sculpteur.

C'est un roman écrit en 1965 par Roland Dorgelès ...

François, de Tondu-le-Vieil, est monté à Paris avec cinquante francs en poche pour faire les Beaux-Arts.

Il est sculpteur.

"C'est un maitre médiéval.

Il recule de dix siècles, donc il devance le sien".

Pour un sourire, il a recueilli Clara.

Pour quelques grammes en moins sur la balance de la charcuterie, elle s'était vue sans ménagement aucun jeter à la rue par sa furibonde de patronne.

Et sa rue, c'est une mercerie encombrée où l'on achète les journaux, une fruiterie trop étroite, deux bistrots à comptoir, un savetier, un bougnat et un tonnelier qui roule ses fûts sur le trottoir.

Sa rue, c'est l'atelier de François.

Mais dès que l'on en tourne le coin, dès l'avenue Montaigne, commence le monde des messieurs empesés, des dames à fourrure et des larbins qui se prennent pour des maîtres ...

Ce roman semblait taillé pour moi.

Les personnages y semblaient dignes d'intérêt.

Malheureusement, de guerre lasse, par ennui, j'ai abandonné le malheureux ouvrage avant la fin de son quatrième chapitre.

Le récit ne semblait pas avoir de pouls.

Toute vie semblait l'avoir abandonné.

Et il s'étirait interminablement comme le long sifflement du plus plat des électrocardiogrammes.

De plus, les situations m'ont paru quelque peu artificielles et les personnages caricaturaux.

Pour sauver une lecture moribonde, je me suis projeté vers l'épilogue afin de redonner un souffle, un sens à celle-ci.

Peine perdue, le jeu n'en valait pas la chandelle ...

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Les Croix de bois

L' un des livres-phare, indispensable, sur le vécu des combattants de la première guerre mondiale en France.

Roland Dorgelès rend un indiscutable hommages à ces poilus de 14-18 et à leur sacrifice... Ces hommes arrachés à leur vie, leurs proches, leur métier, pour les précipiter dans un quotidien de sang et de mort.

Les stigmates de cette guerre atroce et meurtrière, autant qu'absurde, sont encore présents cent ans après, même après la disparition des derniers soldats.

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Les Croix de bois

Pour la prochaine réunion de notre club littéraire, nous devons commenter le ou les livres qui nous ont bouleversés.

Pour moi, bien sûr, j'aurais pu parler de « Noces » de « La Chute », de « L’Exil et le Royaume » et bien d’autres œuvres de Camus. Mais je l'ai déjà tant fait !

Alors je vais quand même parler de Camus en évoquant un livre qui, effectivement le bouleversa « Les croix de Bois » de Roland Dorgelès, un livre que son instituteur, Monsieur Germain, lui fit découvrir et qui permit au petit Albert de s’imprégner de l’environnement et l’atmosphère dans lesquels vécut son père qu’il ne connut pas.

Moi, j’ai aimé la verve épique de Dorgelès, écriture tour à tour poétique, lyrique, colorée, réaliste, gouailleuse, burlesque pour évoquer les paysages lunaires après les bombardements, la cruauté de la vie quotidienne dans les tranchées, les souffrances endurées, la camaraderie, les tranches de franche rigolade, les cadavres qui se décomposent, le désir de vivre, de survivre mais aussi l’héroïsme pour affronter et braver la mort …

J’ai aussi apprécié le vocabulaire militaire, aujourd’hui suranné : escouade, fourrier, clique …

C’est, à mon avis, un des meilleurs témoignages de cette guerre car il raconte le vrai, sans compromission, sans pathos exacerbé, en n’occultant rien ; mais en disant simplement, de façon poignante, ce que fut la vie et la mort de nos poilus tout au long de cette barbarie.

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Les Croix de bois

Les Croix de Bois sont celles bricolées en hâte pour les Poilus tombés au champ d'honneur. Anonymes et amovibles, elles finissent parfois en épée dans les mains des enfants. Il y en a tant...

Roland Dorgelès nous fait partager un peu du quotidien d'une escouade sur le front. De l'arrivée des jeunes recrues jusqu'au retour à la vie civile, il emprunte avec ses camarades un chemin tortueux, pavé de corps si nombreux qu'on les dirait partie du paysage. Les morts, écrit-il, guident les patrouilles, semblant se passer les vivants de main en main.



Prix Femina 1919 , battu par Proust pour le Goncourt, le livre de Roland Dorgelès n'est pas sans rappeler les quatre premiers chapitres du Voyage au Bout de la Nuit, ou les dialogues percutants du Weekend à Zuydcoote ("""A quoi que ça sert, d'abord, d'avoir deux yeux ? Tu vois aussi bien avec un... Tu vois même mieux, preuve que t'en fermes un pour mieux viser.""").



Dans une atmosphère qui sent le vécu, alliant le plus drôle au plus triste par une belle écriture au style qui ne laisse pas deviner son âge, Les Croix de Bois auraient le potentiel pour convaincre les derniers réfractaires de l'absurdité des guerres. Si seulement ils savaient lire...

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Les Croix de bois

Les guerres sont des monstruosités et celle de 14-18 une hécatombe.



A chaque fois que je lis un roman sur la première guerre mondiale, je reste sidérée par ces jeunes hommes, qui le plus souvent sortent pour la première fois de leur village et tombent par milliers dans une terre qui les engloutit .



Les hommes de ce roman sont dans la boue, sous les obus, blessés, disparus, morts ou s'ils sont encore vivants, ils essaient de tenir . Quel sens ont-ils pu donner à ce massacre et comment ont-ils pu continuer à vivre pour ceux qui ont survécu ... L'auteur suggère l'oubli, le tri des souvenirs, certainement mais il y a sans doute eu de nombreuses séquelles psychologiques, ne serait-ce que la dépendance à l'alcool et de violents cauchemars qui ont du agiter de mauvaises nuits.



On perçoit tout au long du récit, le mépris pour ceux de l'arrière, il y aura ceux qui l'ont faite et les autres, les difficultés à supporter la hiérarchie quand elle n'a pas les deux pieds dans la glaise, l'attente longue et pénible entre deux attaques et une forme de solidarité qui noue ces soldats les uns aux autres bien que venant d'horizons divers.



C'est un témoignage puissant, de ceux qui me font regarder les monuments aux morts avec compassion pour tous ces hommes qui ont quitté la vie bien trop tôt.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Les Croix de bois (BD)

Une adaptation intelligente et un récit poignant sur la première guerre mondiale.



Les Croix de bois est un roman de Roland Dorgelès ayant pour cadre la guerre 1914-1918. Cette bande dessinée n’en est pas tout à fait l’adaptation. Elle reprend des passages du roman en y additionnant des éléments de la biographie de Roland Dorgelès.



Jean-David Morvan a réussi à imbriquer ces deux récits avec une parfaite symbiose, un vrai travail d’orfèvre. Pour différencier les deux, le graphisme utilise deux bichromies différentes, noir et ocre pour les passages du roman, et noir et bleu horizon pour la biographie, mais les deux s’imbriquent judicieusement, Demachy étant l’alter ego de Roland Dorgelès dans le roman, les deux personnages se confondent parfois, pour bifurquer quand Roland Dorgelès obtiendra un poste moins exposé.



Le graphisme de Facundo Percio est aussi très intéressant, s’inspirant de croquis réalisés par des soldats durant cette guerre, je pense à Jean-Julien Lemordant, Mathurin Méheut ou Léon Broquet et tant d’autres encore. Le trait est réalisé au fusain ou autre technique sèche, agressif et brut, laissant deviner des moments furtifs, pris sur le vif, réaliste et plein de mouvement, de terre, de boue et de souffles (celui du froid, des explosions, et le dernier souffle…).



Le texte de Dorgelès est beau et riche, de dimension tragique et poétique, le graphisme de Facundo Percio le met bien en valeur, le montage que propose Jean-David Morvan lui donne encore une dynamique supplémentaire. Ce n’est plus seulement un récit sur la guerre, mais cela devient alors un récit sur le témoignage lui-même, tout aussi poignant.



Jean-David Morvan, que je n’attendais pas dans un registre aussi grave m’a impressionné. C’est un récit tragique et fort, sur la réalité, celle de cette guerre, et de l’horreur qu’elle fut. Cette bande dessinée est une belle réussite.
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Les Croix de bois

Jacques Larcher partage la vie des soldats des tranchées, en pleine Première Guerre mondiale. Il raconte les moments de vie des poilus qui tentent à chaque occasion de conserver un peu d'humanité au coeur du massacre...



Les Croix de bois n'est pas vraiment le genre de livre à ouvrir le soir avant de s'endormir. C'est un témoignage poignant et sincère, l'hommage presque coupable d'un vivant aux camarades tombés. Roland Dorgelès rapporte à travers son avatar de narrateur Jacques Larcher le quotidien des copains, les assauts, mais surtout les relations entre poilus. Il fait avec des mots pourtant simples des descriptions émouvantes, cruelles d'atrocité et d'injustice. Il montre le visage d'hommes, et pas seulement de soldats. Roland Dorgelès écrit son récit au sortir de la guerre, il ne fait pas de ses personnages/souvenirs de compagnons des héros surhumains comme le cinéma aime parfois présenter ses soldats d'aujourd'hui. Non. Il leur donne la juste et humble image de l'homme qui se bat pour survivre et tente de rester humain dans l'horreur et le dénuement ; des héros qui ne s'appellent pas "héros" entre eux. Le lecteur, grâce à Dorgelès, touche du doigt ce sacrifice si dur à appréhender.

Le patois est beaucoup utilisé et peut souvent gêner. Mais c'est le reflet de la diversité humaine au front.

Je regrette que tous les gros mots soient coupés : est-ce mon édition ? Cette décision date-t-elle de l'époque de la première publication afin de faciliter sa diffusion ? Serait-ce pour ne pas choquer les jeunes lecteurs qui l'auraient au programme d'Histoire ? Ces coupures, c'est pourtant censurer la vérité, la grivoiserie du réel...

A lire, pour ne pas oublier ceux qui ont donné leur vie pour leur patrie, la nôtre aujourd'hui.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Les Croix de bois

Un ouvrage qui ne nous decrit pas toutes les graves blessures de la guerre mais qui raconte la vie quotidienne des Poilus,depuis leur arrivee jusqu'à ...le retour ou l'au revoir;il nous raconte comment ces hommes tellement différents ,issus d'horizon et de régions lointaines,ont reussi a vivre et cohabiter ensemble.

Cette guerre est l'association de tous les univers avec toutes les difficultés et incompréhensions que suggèrent ces modes de vie.

Bravo a ces hommes d'avoir eu l'intelligence et la bonte de cooperer.

A lire car il date de cette terrible epoque et parce qu'il n'est en rien comparable avec les ouvrages quiracontent cette terrible guerre
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Les Croix de bois

Challenge Lectures de Guerre



L'omniprésence des croix, de la mort, de la perte. La première mort, puis la seconde, quand le copain sera oublié, plus tard, à la paix. Si l'on revient. Dorgelès livre ici sa guerre, ses tranchées, ses morts. Et ses croix, car elles sont partout, pour tous, Français et Allemands. Tous dans la même boue.

Il est lu. Cela faisait longtemps que je voulais le lire, j'ai donc profité du challenge (merci Lavoleusedelivres ! ) Il est bien écrit, sans doute fidèle (en tout cas, les faits décrits sont en tout point pareil à d'autres témoignages de première main que j'ai pu lire) Et pourtant, il m'a manqué quelque chose. La gouaille des hommes de Barbusse, son pouvoir d'évocation. Étrangement, Les Croix de Bois me semble trop travaillé, trop propre sur lui malgré toute la boue et la pourriture qui sont charriés sur ses champs de bataille. Il est moins vrai, moins vraisemblable, à mon goût, que Le Feu. J'y ai moins cru. Cependant, il reste une lecture incontournable pour qui veut en savoir plus sur la période.
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