Ce livre est un document précieux à double titre car trop rares sont les évadés de camps de concentration qui ont laissé un témoignage aussi remarquable par la précision des détails, et surtout exceptionnel que le rapport soit parvenu jusqu'aux alliés, bien que le résultat attendu par les auteurs n'ait pas été à la hauteur de leurs espoirs, on s'en doute !
Il est surtout indispensable de préciser que l'évasion de Rudolph Vbra (de son vrai nom Walter Rosenberb), avec son ami de block, Fred Wetzer, n'a été possible à réaliser que grâce à leur position privilégiée dans le camp. Au moment de son évasion, Rudi était secrétaire de block, situation qui lui permettait de circuler à l'aise dans le camp, d'avoir des relations avec les chefs de blocks, certains kapos, et autres détenus ayant des responsabilités et des renseignements importants à fournir, et surtout d'avoir accès à une nourriture plus conséquente que les détenus ordinaires qui mourraient de faim, sous les coups, de maladie ou d'un travail épuisant.
Matricule 44 070 à Auschwitz, (arrivé le 30 juin 1942-évadé le 10 avril 1944), Juif Slovaque, Rudi était jeune, résistant, intelligent, il parlait l'Allemand couramment, le Russe et le Polonais en plus de sa langue natale le Tchèque. Il a aussi, fait indéniable, bénéficié de la providence à plusieurs reprises. C'est ainsi, certains individus doivent être élus, protégés. Avant Auschwitz, il a été détenu à Maïdanek, volontaire à la demande des SS pour aller travailler dans une ferme (qui était en fait un transfert pour Auschwitz) il a sauvé sa peau. Tous les prisonniers du camp (dont don frère) y ont été massacrés, certains en creusant eux-mêmes les tranchées qui seront leur propre tombe. Il a été battu presque à mort par un SS et ne doit sa vie qu'à l'aide d'un kapo qu'il n'avait pas dénoncé de vol, même sous les coups. Il a guéri du typhus grâce à des aides du réseau de connaissances qui ont pu le cacher et fournir des médicaments : infirmier, médecin, chef de block. Il a échappé à la mort certaine en arrivant trop tard au rendez-vous pour une évasion avec un ami, Charles Unglick, qui lui s'est fait abattre d'une balle dans la poitrine.
Son évasion avait aussi un double objectif : en sortant de cet enfer, bien sûr recouvrer la liberté, et en témoignant de la mise à mort systématique des juifs, alerter et faire cesser les déportations prévues de Hongrois. Une réalité peu croyable en effet pour chaque individu « normal ». le comité de protection des juifs, dont le Dr Rudolf Kastner était responsable, avait lu le rapport Vbra-Wetzer, mais que c'est-il passé ? Pourquoi seulement 600 000 juifs ont pu échapper au train de la mort ? « Kastner savait avec précision d'après mon rapport d'avril 1944 ce qui était prévu pour un million de ses compatriotes juifs. Il garda le silence et le résultat fut que 400 000 d'entre-eux allèrent innocemment et passivement mourir dans les chambres à gaz ».
Chacun appréciera !
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