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Citations de Sahar Delijani (93)


Tout semblait chiffonné, poussiéreux et sombre, encombré de policiers et de Gardes de la Révolution, de Gardes de la Moralité et de guides religieux, de pénurie de nourriture et de blacks-out, et de menaces de guerre aujourd'hui et de toute éternité.
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Des garçons, dans leurs uniformes à eux, également trop lourds, leurs grosses chaussures, leurs têtes rasées de près, comme autant de petits soldats. Leurs cartables plombés semblaient les tirer vers le sol. Leurs yeux étaient remplis de poésies et de slogans et de versets du Coran. L'automne venu. Omid leur ressemblerait. Il aurait le même sac à dos, la même tête rasée.
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Marchander était une habitude qui avait commencé quelques années plus tôt. Les choses avaient empiré avec cette guerre qui s'éternisait, engloutissant le pays tout entier, devenant chaque jour plus énorme, plus gourmande, plus affamée. Tout était rationné. Des queues se formaient près des supermarchés, dont les linéaires vides vous fixaient méchamment, près des boulangeries, des marchands de fruits. Les têtes et les pattes de poulet refaisaient leur apparition dans les vitrines des bouchers, tandis que les cuisses et les blancs disparaissaient. Quand le prix de la viande devint si cher que personne ne pouvait plus se permettre d'en acheter, on se mit à acheter des os. Dans chaque placard de cuisine, se trouvaient des tickets pour le sucre, l'huile, le riz, les œufs.
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- Qui sait qui écoute nos conversations ? dit-il sans les regarder en face. Qui sait qui surveille nos allées et venues, qui nous suit, qui note les noms de nos amis ? Mieux vaut ne pas éveiller les soupçons. Et éviter les contacts.
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Simplement, n'achète pas chez ce Jamal. Il croit que la guerre est une bonne occasion pour faire de l'argent, pas celle d'aider son peuple. Lorsque la guerre sera finie, il sera millionnaire et mes filles devront sans doute travailler pour lui quand elles sortiront de prison.
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Aghajaan émit un petit grognement en se calant confortablement par terre. Il s'appuya sur les coussins brodés de moineaux en vol et d'un cerf dont les pattes étaient beaucoup trop courtes. Il tournait le dos à la fresque sur le mur, avec ses cygnes blancs qui nageaient dans une rivière bleue. Il prit la tasse de thé des mains de Leila.
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- Leila jaan, verse une tasse de thé à ton père, dit-elle.
Leila se leva en faisant craquer ses genoux et alla jusqu'au samovar électrique qui bourdonnait dans un coin comme une grand-mère renfrognée qui raconterait des histoires venues d'un passé plus heureux. Elle rinça une tasse en verre à la taille fine dans le bol d'eau posé près du samovar, la sécha avec le torchon enroulé autour de la bouilloire et y versa le thé rouge. Des spirales de vapeur s'élevèrent jusqu'au robinet et elle ajouta l'eau bouillante. La pièce avait une odeur de menthe et un souffle d'oignon vert qui picotait les narines.
- On n'aura bientôt plus de riz, dit Maman Zinat.
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Leila dut renoncer à son travail quand Sara arriva de la prison, après Forugh, portant des vêtements taillés dans des tchadors de prière avec des boutons confectionnés avec des noyaux de dattes. Elle ne pouvait laisser Maman Zinat élever trois enfants toute seule. Pas à son âge, pas avec ses obsessions, pas avec les angoisses nocturnes qui lui grignotaient les nerfs comme des termites.
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Elles avaient des maris à la guerre et s'étaient retrouvées chefs de famille du jour au lendemain.
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Elle ne s'était jamais sentie aussi libre que lorsqu'elle pointait à son arrivée chaque matin. Le déclic de la pointeuse la ravissait. C'était le bruit que font l'indépendance, la sécurité et le fait de trouver une prise dans un pays qui s'écroulait. Un pays écrasé par la guerre et les extases amères et déçues d'une révolution. En pointant, elle donnait forme à sa vie qui sinon aurait ressemblé à un champ de lave en fusion.
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Leila les imagina traversant la vie exactement comme ils étaient assis à cet instant, avec leurs bras fragiles jetés autour de leurs épaules, leurs tailles, leurs genoux, leurs destinées aussi emmêlées que leurs bras.
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L'air était plein du parfum des graminées et pollens de l'été. Les fleurs du jacaranda tombaient en vol plané sur le sol, en une culbute douce et résignée. On aurait dit que les joints entre les pavés avaient été colorés en violet, en rose et parfois en vert. Un corbeau traversa la cour en faisant bruisser l'air, à la recherche de quelque chose de brillant à dérober.
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Trois petits visages fixaient l'appareil photo, le regard vide.
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Elle ne parvenait pas à les voir comme des frères, des sœurs ou des cousins. Elle ne les voyait que comme trois reflets d'un même corps. Tous trois en un seul, comme les branches d'un arbre, comme le jacaranda dans la cour de leur maison. On ne savait jamais où s'arrêtait l'arbre et où commençaient les branches. C'est exactement ce qu'étaient les trois enfants : l'arbre et ses branches.
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Je ne suis pas sûr de partager leur optimisme avec ce fichu malade de Saddam qui nous bombarde depuis maintenant sept ans. Vous vous rendez compte ? Et on n'en voit pas le bout.
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Dans la poussette, ses cheveux clairs collés à ses joues humides et cramoisies, Sara émettait des sons de gorge, des mots vaguement musicaux, à moitié incompréhensibles. Sara ne parlait pas bien encore. Pourquoi c'est si long ? se demandaient parfois Leila et Maman Zinat, inquiètes. Etait-ce parce qu'elle n'avait pas ses parents ? Est-ce que ce serait différent si sa mère était avec elle ? Autant de questions sans réponses. Il leur faudrait attendre pour savoir. Quant à Forugh, qui était pourtant capable de parler beaucoup mieux et de faire de vraies phrases, elle s'exprimait à peine, ce qui finalement inquiétait Maman Zinat et Leila davantage encore.
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Paris et Simin avaient été menottées, on leur avait bandé les yeux comme à des criminelles. Leurs crimes étaient faits de mots, de mots chuchotés, de pensées tues qui faisaient trembler les Puissants Pères dans leur lit.
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- Est-ce que c'est une façon de se montrer en public, ma Sœur ? demanda-t-il.
Depuis la Révolution, ils étaient tous brusquement devenus des frères et des sœurs. Un pays entier constitué d'une fratrie de gens qui n'avaient aucun lien de parenté. Des gens qui se surveillaient les uns les autres avec peur, parfois avec défiance, avec suspicion, qui cherchaient à s'impressionner et se méprisaient les uns les autres. Je ne suis pas votre sœur ! aurait aimé hurler Leila.
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Ses parents, avec leur amour et leur combat, et leurs existences en papier.
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Il regarda sa mère, ses yeux magnifiques et sa chevelure généreuse qui descendait en cascade sur ses épaules. Le joli chemisier mauve faisant ressortir le rose de ses jours, couvrant son ventre qui s'arrondissait. L'amour qui semblait couler de ses yeux et se répandre sur tout.
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