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Citations de Saint-John Perse (273)


Ils m'ont appelé l'obscur et j'habitais l'éclat.
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Je t'ai pesé, poète, et t'ai trouvé de peu de poids.
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Fini le songe où s'émerveille l'attente du songeur.
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La gloire des rois
CHANSON DU PRÉSOMPTIF



   J’honore les vivants, j’ai face parmi vous.
   Et l’un parle à ma droite dans le bruit de son âme
   et l’autre monte les vaisseaux,
   le Cavalier s’appuie de sa lance pour boire.
    (Tirez à l’ombre, sur son seuil, la chaise peinte du vieillard.)

*

   J’honore les vivants, j’ai grâce parmi vous.
   Dites aux femmes qu’elles nourrissent,
   qu’elles nourrissent sur la terre ce filet mince de fumée...
   Et l’homme marche dans les songes et s’achemine vers la mer
   et la fumée s’élève au bout des promontoires.

*

   J’honore les vivants, j’ai hâte parmi vous.
   Chiens, ho ! mes chiens, nous vous sifflons...
   Et la maison chargée d’honneurs et l’année jaune entre ses feuilles
   sont peu de choses au cœur de l’homme s’il y songe :
   tous les chemins du monde nous mangent dans la main !
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Il vint à nous, hommes de l’Ouest, porteur de ce Gitanjali dont « l’offrande lyrique » nous fut d’abord toute fraîcheur et toute essence, comme prise au feuillage même d’un grand arbre d’Asie.
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Grand âge, nous voici. Rendez-vous pris, et de longtemps, avec cette heure de grand sens.

Le soir descend, et nous ramène, avec nos prises de haute mer. Nulle dalle familiale où retentisse le pas d’homme. Nulle demeure à la ville ni cour pavée de roses de pierre sous les voûtes sonores.

Chronique
V
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« Ô mon amour au goût de mer, que d’autres paissent loin de mer l’églogue au fond des vallons clos – menthes, mélisse et mélilot, tiédeurs d’alysse et d’origan – et l’un y parle d’abeillage et l’autre y traite d’agnelage, et la brebis feutrée baise la terre au bas des murs de pollen noir. Dans le temps où les pêches se nouent, et les liens sont triés pour la vigne, moi j’ai tranché le nœud de chanvre qui tient la coque sur son ber, à son berceau de bois. Et mon amour est sur les mers ! et ma brûlure est sur les mers !…

« Etroits sont les vaisseaux, étroite l’alliance ; et plus étroite ta mesure, ô corps fidèle de l’Amante… Et qu’est ce corps lui-même, qu’image et forme du navire ? nacelle et nave, et nef votive, jusqu’en son ouverture médiane ; instruit en forme de carène, et sur ses courbes façonné, ployant le double arceau d’ivoire au vœu des courbes nées de mer… Les assembleurs de coques, en tout temps, ont eut cette façon de lier la quille au jeu des couples et varangues.

« Vaisseau, mon beau vaisseau, qui cède sur ses couples et porte la charge d’une nuit d’homme, tu m’es vaisseau qui porte roses. Tu romps sur l’eau chaîne d’offrandes. Et nous voici, contre la mort, sur les chemins d’acanthes noires de la mer écarlate… Immense l’aube appelée mer, immense l’étendue des eaux, et sur la terre faite songe à nos confins violets, toute la houle au loin qui lève et se couronne d’hyacinthes comme un peuple d’amants !

« Il n’est d’usurpation plus haute qu’au vaisseau de l’amour. »
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A présent laissez-moi , je vais seul.
Je sortirai, car j'ai affaire: un insecte m'attend pour traiter. Je me fais joie
du gros oeil à facettes: anguleux, imprévu, comme le fruit du cyprès.
Ou bien j'ai une alliance avec les pierres veinées-bleu:
et vous me laissez également,
assis, dans l'amitié de mes genoux.
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Et c'est ruée encore de filles neuves à l’An neuf, portant, sous le nylon, l’amande fraîche de leur sexe (Neiges, p 201)
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« Rue Gît-le-cœur … Rue Gît-le-cœur … » chante tout bas l’Alienne sous ses lampes, et ce sont là méprises de sa langue d’Etrangère.
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Nul n'a surpris, nul n'a connu, au plus haut front de pierre, le premier affleurement de cette heure soyeuse, le premier attouchement de cette chose fragile et très futile, comme un frôlement de cils.
Sur les revêtements de bronze et sur les élancements d'acier chromé, sur les moellons de sourde porcelaine et sur les tuiles de gros verre, sur la fusée de marbre noir et sur l'éperon de métal blanc, nul n'a surpris, nul n'a terni cette buée d'un souffle à sa naissance, comme la première transe d'une lame mise à nu...
Il neigeait, et voici, nous en dirons merveilles: l'aube muette dans sa plume, comme une grande chouette fabuleuse en proie aux souffles de l'esprit, enflait son corps de dahlia blanc.
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OISEAUX
XI

Tels sont les oiseaux de Georges Braque, qu’ils soient
de steppe ou bien de mer, d’espèce côtière ou pélagienne.

Sur l'étendue d'un jour plus long que celui né de nos
ténèbres, avec cette tension dardée de tout le corps, ou
cet allongement sinueux des anses du col qui n'est pas
moins suspect, ils tiennent aux strates invisibles du ciel,
comme aux lignes visibles d’une portée musicale, la
longue modulation d’un vol plus souple que n’est l’heure.

Au point où se résout l'accord, ne cherchez point le
lieu ni l'âge de leur filiation : oiseaux de tous rivages et
de toutes saisons, ils sont princes de l'ubiquité. Et
d'abord engagés sur la table du jour comme mortaises et
tenons entre les parts d'un même tout, ils virent à des
noces plus hautaines que celles du Ying et du Yang.

Au point d’hypnose d’un œil immense habité par le
peintre, comme l’œil même du cyclone en course ―
toutes choses rapportées à leurs causes lointaines et tous
feux se croisant ― c’est l’unité enfin renouée et le divers
réconcilié. Après telle et si longue consommation du vol,
c’est la grande ronde d’oiseaux peints sur la roue du zodia-
que, et le rassemblement d’une famille entière d’ailes
dans le vent jaune, comme un seule et vaste hélice en
quête de ses pales.

Et parce qu'ils cherchent l'affinité, en ce non-lieu très
sûr et très vertigineux, comme en un point focal où l'œil
d'un Braque cherche la fusion des éléments, il leur arrive
de mimer là quelques nageoire sous-marine, quelque aile-
ron de flamme vive ou quelque couple de feuilles au vent.

Ou bien les voici, dans tout ce haut suspens, comme
graines ailées, samares géantes et semences d'érables :
oiseaux semés au vent d'une aube, ils ensemencent à long
terme nos sites et nos jours…

Ainsi les cavaliers d'Asie centrale, montés sur leurs
bêtes précaires, sèment au vent du désert, pour le mieux
repeupler, des effigies légères de chevaux brefs sur décou-
pures de papier blanc…

Braque, vous ensemensez d'espèces saintes l'espace
occidental. Et le district de l'homme s'en trouve comme
fécondé… En monnaies et semences d'oiseaux peints, que
soit payé pour nous le prix du Siècle !

p.422-423
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Il n'est rien de pythique dans une telle poésie. Rien non plus de purement esthétique. Elle n'est point art d'embaumeur ni de décorateur. Elle n'élève point des perles de culture, ne trafique point de simulacres ni d'emblèmes, et d'aucune fête musicale elle ne saurait se contenter. Elle s'allie, dans ses voies, la Beauté, suprême alliance, mais n'en fait point sa fin ni sa seule pâture. Se refusant à dissocier l'art de la vie, ni de l'amour la connaissance, elle est action, elle est passion, elle est puissance, et novation toujours qui déplace les bornes.
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ÉLOGES
POUR FȆTER
UNE ENFANCE
"King Light' s Settlements"

III
… Puis ces mouches, cette sorte de mouches, et le dernier étage du jardin… On appelle. J’irai… Je parle dans l’estime.
— Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?
Plaines ! Pentes ! Il y
avait plus d’ordre ! Et tout n’était que règnes et confins de lueurs. Et l’ombre et la lumière alors étaient plus près d’être une même chose… Je parle d’une estime… Aux lisières le fruit
pouvait choir
sans que la joie pourrît au rebord de nos lèvres.
Et les hommes remuaient plus d’ombre avec une bouche plus grave, les femmes plus de songe avec des bras plus lents.

… Croissent mes membres, et pèsent, nourris d’âge ! Je ne connaîtrai plus qu’aucun lieu de moulins et de cannes, pour le songe des enfants, fût en eaux vives et chantantes ainsi distribué… À droite
on rentrait le café, à gauche le manioc
(ô toiles que l’on plie, ô choses élogieuses !)
Et par ici étaient les chevaux bien marqués, les mulets au poil ras, et par là-bas les bœufs ;
ici les fouets, et là le cri de l’oiseau Annaô — et là encore la blessure des cannes au moulin.
Et un nuage
violet et jaune, couleur d’icaque, s’il s’arrêtait soudain à couronner le volcan d’or,
appelait-par-leur-nom, du fond des cases,
les servantes !

Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?…

p.25


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Le mur

Le pan de mur est en face, pour conjurer le cercle de ton rêve.
Mais l’image pousse son cri.
La tête contre une oreille du fauteuil gras, tu éprouves tes dents avec ta langue : le goût des graisses et des sauces infecte tes gencives.
Et tu songes aux nuées pures sur ton île, quand l’aube verte s’élucide au sein des eaux mystérieuses.
C’est la sueur des sèves en exil, le suint amer des plantes à siliques, l’âcre insinuation des mangliers charnus et l’acide bonheur d’une substance noire dans les gousses.
C’est le miel fauve des fourmis dans les galeries de l’arbre mort.
C’est un goût de fruit vert, dont surit l’aube que tu bois ; l’air laiteux enrichi du sel des alizés…
Joie ! Ô joie déliée dans les hauteurs du ciel ! Les toiles pures resplendissent, les parvis invisibles sont semés d’herbages et les vertes délices du sol se peignent au siècle d’un long jour.

"Eloges", (1911)
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"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie"

"Sécheresse", (1974)
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Saint-John Perse
Etrange l'homme sans rivage,près de la femme,riveraine.
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Les dieux qui marchent dans le vent ne lèvent pas en vain leur fouet.
Ils nous disaient - vous diront-ils ? - qu'un cent d'épées nouvelles s'avive au fil de l'heure.
Ils nous aiguiseront encore l'acte, à sa naissance, comme l'éclat de quartz ou d'obsidienne à la pointe des flèches.
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Car c'est de l'homme qu'il s'agit, et de son renouement.
Quelqu'un au monde n'élèvera-t-il la voix? Témoignage pour l'homme...
Que le Poète se fasse entendre, et qu'il dirige le jugement!
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L'oiseau, de tous les consanguins le plus ardent à vivre, mène aux confins du jour un singulier destin.
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Normandie : 1870

"Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d’une allure molle, sans drapeau, sans régiment. […] Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on." [...] Il y avait cependant quelque chose dans l'air, quelque chose de subtil et d'inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l'odeur de l'invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l'impression d'être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses." La débandade de l'armée française, l'occupation prussienne en Normandie, le cortège des horreurs de la guerre de 1870 servent de motif à de nombreux contes et nouvelles de Maupassant où sa férocité s'exerce avec maestria dans la plus connue et réussie de toutes dont le titre est le sobriquet de l'héroïne principale : "Boule de Suif". Mais quel est l'état-civil de Boule de suif dans le récit ? 👩‍🦰👩‍🦰👩‍🦰

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