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Citations de Saleh Diab (50)


NAZIH'ABU AFASH
"Un nuage... pas plus" (2016)

Je vous en prie,
détournez vos visages - dans l'autre direction !
Ou au moins baissez un peu les yeux
et prétendez que vous ne regardiez pas de mon côté !
Absolument pas, par Dieu je ne vous hais pas
et votre présence à mes côtés ne me pèse pas,
seulement (alors que les cérémonies funèbres continuent)
je sens que j'ai besoin d'être seul
afin de pleurer à mon aise
sans être envahi de honte
devant vos cœurs valeureux et vos yeux compatissants
... et je vous en prie absolvez-moi,
ce n'est qu'un nuage de larmes, pas plus !
Un nuage...Il va passer.
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Un air blanc



Il y a des lys
que fréquentent la pluie et les étoiles
un air blanc
une forêt qui renoue avec les arbres

amour
ô dimanche
qui fredonne dans le miroir
ô neige
qui écoute la neige
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Deux mains
     
Qu’une larme fleurisse
dans la larme qui suit
mais les mains gardent les yeux clos
     
‘Dans un autre jardin’, p. 41
     
- - -
     
Migration
     
Soudain
lorsqu’il a replié son regard
personne
n’a arrêté la migration des oiseaux
de ses mots
     
sa voix
est imbibée de paroles
une touche de bleu
sèche
sur sa vie
     
‘Touche de bleu’, p. 73
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Le prisonnier
  
  
  
  
Pour que mon âme ne vieillisse pas
de solitude, d’obscurité, de manque d’affection
je dessine sur le mur de ma cellule
une rose
que le geôlier hume... et il pleure
je dessine des visages de femmes souriantes
des arbres que le vent secoue le soir
je dessine un oiseau
je déplie le ciel pour ses ailes
je dessine un cœur transpercé d’une flèche
et j’écris le mot « amour... »
je dessine un papillon chargé de lumière
de pollen de fleur
et du bruissement de cils des anges,
des étoiles bleues qui brillent dans les rêves des morts,
une lune timide qui embellit la peur de ceux qui fuient dans la nuit,
je dessine des sentiers qui grimpent la montagne,
des marches blanches
aidant les anges dans leur ascension au péché
puis j’y rajoute les chèvres
les bergers
et les amoureux qui – de leurs chansons –
pavent la voix du ciel,
je dessine des violettes des gazelles et des cyclamens
je dessine un grand taureau vert
qui guide les oiseaux vers mes poèmes
et je n’oublie pas


je n’oublie pas enfin
d’inscrire une porte large et maniable
par où les amoureux se faufilent
pour me consoler
à
minuit
chaque
nuit

                              1991


// Nazih’Abu Afash (1946 -)

/ Traduit de l’arabe par Saleh Diab
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Ô grand-mère...



Ô grand-mère
sais-tu que les deux tiers du corps de l’homme
sont de l’eau ?

– certes, mais
ses deux tiers
sont plutôt de larmes…


// Mundhr Masri

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Mots



Il me fait entendre
quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me saisit
par le bras
me plante
dans l’un des nuages
et dans mes yeux
tombe la pluie noire
averse …
averse

il m’emporte avec lui…
il m’emporte
vers un soir de balcons roses
et moi comme une enfant dans ses mains
comme une plume… portée par la brise
il apporte pour moi…
sept lunes dans ses mains
et un bouquet de chansons
il m’offre un soleil.
Il m’offre…
un été…
un troupeau d’hirondelles…

il m’informe…
que je suis sa merveille
que je vaux…
des milliers d’étoiles
que je suis un trésor…
et que je suis…
le tableau le plus beau qu’il ait jamais vu
il raconte…
des choses qui me font tourner la tête
me font oublier le tintamarre de la musique
me font oublier…
la piste…
et les pas
des mots
qui retournent sens dessus-dessous mon histoire…
qui me font femme en quelques instants
une autre femme…
en quelques instants…

Il me fait entendre quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me laisse…
perdue pendant des heures…
il me laisse
m’amuser avec un fil
un fil dont les nœuds sont serrés
un fil fait de cauris
un fil fait de mots
il me laisse
au milieu du drame…

je ressasse…
je ressasse…
les mots
avec moi rien…
que…
les mots


// Nizar Qabbani

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Ce que j’ ai ressenti et je ne veux pas le dire



Aujourd’hui
en allant au travail
j’ai fait un détour
par le quai du vieux port
j’ai vu dans la brume matinale
beaucoup de navires immobiles
je ne pensais à rien
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
à bord de l’un d’eux.

J’ai observé les mouettes qui miroitaient
en poussant leurs cris
elles ont toujours signifié pour moi
des corbeaux blancs
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux.

Le temps m’a rattrapé
alors j’ai tourné le dos à la mer
indifférent à tout
beaucoup de gens m’ont dépassé
certains ont échangé un salut avec moi
mais ce que j’ai ressenti, et je ne veux pas le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux…


// Mundhr Masri

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Solitude



Je n’oublie pas
une rivière
sur laquelle un arbre s’incline
avec tout son poids d’oiseaux
il lui parle depuis mille ans
tandis qu’elle poursuit en pure perte
sans comprendre.


// Husayn Bin Hamzah

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Tristesse au clair de lune



Ô printemps qui vient de ses yeux,
Ô canari voyageur au clair de lune,
mène-moi à elle,
en poème d’amour ou en coup de poignard
je suis dans l’errance et blessé,
j’aime la pluie et le gémir des vagues lointaines,
je me réveille d’un profond sommeil
pour penser aux jambes désirables d’une femme que
                                   j’ai vues un jour,
pour m’adonner au vin et composer des poèmes,
dis à Leïla ma bien-aimée
à la bouche d’ivresse et aux pieds soyeux
que je suis malade et en manque d’elle
j’entrevois des traces de pieds sur mon cœur.


// Muhammad al-Maghut

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon cœur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange


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Je pense à toi



Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon cœur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange
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Le puits abandonné
extrait 2
  
  
  
  
« Et s’il m’était donné de déployer mon front
sur le mât de la lumière
s’il m’était donné de rester en vie,
voyons, Ulysse reviendrait-il ?
Et le fils désobéissant, et l’agneau ?
Et le pécheur frappé de cécité reviendrait-il
afin de voir le chemin ?

Quand l’ennemi a braqué le canon de la mort
et que les soldats se sont précipités sous une averse
de balle et de mort,
on leur a crié : « Reculez, reculez.
Dans le refuge derrière, c’est un abri
face aux balles et à la mort ! »
Mais ’Ibrahim a continué de marcher
en avant, de marcher,
et sa poitrine étroite remplissait l’horizon.
« Reculez, reculez.
Dans le refuge derrière, c’est un abri
face aux balles et à la mort ! »
Mais ’Ibrahim a continué de marcher
comme s’il n’entendait pas l’écho.

Et on disait c’est de la folie
sans doute est-ce de la folie.
Mais j’ai connu ’Ibrahim, mon cher voisin, il y a longtemps.,
dans l’enfance.
Je l’ai connu pareil à un puits dont l’eau débordait
tous les gens
passaient, nul n’y buvait, n’y jetait
pas même une pierre.

                              Beyrouth, 3 mars 1957


// Yousouf Al-Khal (1917- 1990)

/ Traduit de l’arabe par Saleh Diab
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Broderie



Nous avons un pays
nous y avons laissé nos amis
se recueillir autour des chagrins
songer à la neige
pour blanchir les hauteurs de leur solitude

que faire
sous un ciel étranger
à part écouter l’oubli
broder nos années
comme la dentelle
pâtir de nos regrets
à l’air libre
tarir
en lisant des livres


/ Traduit de l'arabe par Mohammed El Amraoui et Catherine Charuau
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Pleine lune



J’aurais du
murmurer ton nom
une soirée durant
pour que ce ciel
s’élargisse un peu

regarder ta voix
souffler de loin
pour que l’obscurité ne revienne plus
remplir mon sommeil

maintenant
ton parfum apparaît
dans un autre jardin
je ne fais rien
j’écoute seulement
la lune de mon remords
entrer dans sa plénitude


/Traduction de l'arabe par Mohammed El Amraoui et Catherine Charuau
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Chimère



J’imaginais avoir beaucoup appris,
j’ai passé bien des années dans des rêveries,
et ai récolté maintes déceptions de mes chimères.
J’ai fait ce que j’étais incapable de faire :
j’ai déplacé les montagnes, fait rouler des trains
dans leur ventre.
Comme un roi content que ses volontés soient faites
j’étais satisfait,
et ma conscience s’envolait haut comme un oiseau et
   revenait à moi

Mais ce que j’ai raté,
la plus grande chose que j’ai ratée, c’est d’apprendre
à dire
au bon moment
à qui j’aime
je
t’aime.


// Adil Mahmud (Adil Mahmud)

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Faire contrepoids à la terreur



Depuis de longues années
nous vivons une vie stable
dans cette grande bergerie
nous chantons en silence
nous dansons dans l’obscurité


// Bandar Abd al-Hamid

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Mon regret

n'est plus un gamin
c'est le moment juste
pour écrire un livre
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La quarantaine

quelqu'un s'en va
j'attends un peu
puis je ferme la porte
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La comète de Haley



chaque jour la ville tremble par deux fois
quand la femme passe
rapide et silencieuse,
un livre à la main,
ses cheveux lui couvrant la moitié du visage,
dans la grande rue
qui partage en deux la ville,
elle n’est pas une sainte
à qui l’huile coule du nez
ni une princesse heureuse
dans un musée de cire
ni une chanteuse prometteuse
sur le plateau de télévision,
les voitures s’arrêtent
les étudiants, les ouvriers et le fleuve s’arrêtent
au moment où elle passe rapide
son visage est une moitié de planète
à la lumière de la lune,
on dit qu’elle est étudiante en première année
et ouvrière précaire
dans la vieille usine de verre.


// Bandar Abd al-Hamid (1947-2020)

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Une orange



La vie commence à partir de tes pouces
entre le milieu et le haut de l’orange
à l’instant où un peu de sa rosée pétillante
atteint l’un de tes yeux
lorsque tu la coupes en deux moitiés.

Vivant avec entre tes mains
les deux moitiés d’une orange
il n’est pas de plus grand bonheur que je puisse avoir
il n’est pas de plus grand bonheur que tu puisses espérer
car la vie est précisément
ce que tu presseras peu après
entre tes dents…


// Mundhr Masri

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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