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EAN : 9782876613287
Comp'Act (18/01/2005)
4.25/5   2 notes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Saleh Diab ou le quotidien cosmique
Emmanuel Hiriat



Poésie première N° 37

L'image poétique, lorsqu'elle est juste, nous apprend que la distance entre les êtres peut devenir l'occasion d'un déploiement du sens. Lorsqu'elle est juste, c'est-à-dire lorsqu'elle dévoile entre des choses disjointes une parenté profonde, autrement dit échappe au chaos pour retrouver le cosmos (ou le créer? peu importe au lecteur en définitive puisque pour lui cette expérience cosmique existe). Expérience de l'un multiple qui est celle de l'amour
« ô neige
qui écoute la neige »

C'est la qualité de l'image poétique qui m'a tout de suite séduit dans la poésie de Saleh Diab. Je ne me demanderai pas ici ce qu'elle doit à la tradition de la poésie arabe, où l'image tient une place essentielle ; au christianisme, qui fait partie de l'itinéraire personnel de notre auteur ; au surréalisme… car plus que les racines c'est la fleur en définitive qui importe chez le poète, plus que les éléments, même vitaux, qu'il a su assimiler, la couleur unique qu'il a su donner au verbe. Je parle d'image, mais on notera en le lisant que l'image chez Saleh Diab n'est pas seulement visuelle : elle fait appel à tous les sens et même a ce sens intérieur qu'est la conscience… Elle est image mais sans jamais avoir la fixité de la chose peinte : image écrite et creusement de l'écriture.
La poésie de Saleh Diab est limpide comme un ruisseau : sa source est claire puisqu'il parle d'absence et d'amour, de l'autre et du même, de l'exil intérieur d'un sujet en quête de l'autre en lui et de lui en l'autre… le courant est transparent mais n'a jamais la transparence immobile des lacs : tout dans cette poésie est mouvement, métamorphose et glissement de l'image vers une autre image, rupture et reprise du rythme.
Ainsi ces deux strophes d'un bref poème que l'on retrouvera plus bas :
« la pluie sur l'herbe
écrit tendrement la tulipe

dans les hautes lucarnes
où pousse l'hirondelle »

rien d'obscur assurément et pourtant le trajet (mot soulignés) de l'image à l'écriture à l'image (double métamorphose qui, nul amateur de poésie ne s'en étonnera, est floraison), du dehors au-dedans au dehors, du végétal à l'hirondelle. L'image a un sens, disait Breton ; sans doute, mais l'image de Saleh Diab est, comme nous venons de le voir, un échange, une flèche à deux pointes qui réunit l'un à l'autre et l'autre à l'un sans pourtant se limiter à créer entre eux une simple équivalence, même inattendue… Les deux termes de la métaphore sont emportés vers un même cheminement vers un ailleurs d'ores et déjà présent… Comme le note Jean-Marc Debenedetti dans la préface qu'il a écrite pour Une lune sèche veille sur ma vie, « L'auteur va à l'essentiel en nous restituant la fugacité de l'instant dans sa plus grande simplicité. Il confère à des sensations visuelles ou tactiles, de nature éminemment éphémère, une dimension métaphysique. […] le précaire, le provisoire, pourtant destinés à l'abîme ravageur du temps, obtiennent, dans l'athanor de sa vision, une réalité qui sait durer. »

Et l'on est frappé de voir comme on passe vite dans ces pages du concret à l'abstrait, de la fleur à l'étoile et de l'étoile au vide intérieur. le vide, car ce qui pourrait être merveilleux ou féerie n'est pas émerveillement et moins encore ivresse : la conscience cosmique devient tristesse légère, le mouvement un autre nom de l'absence et du manque, d'une inquiétude à la fois sensible et métaphysique qui nous rend cette poésie infiniment proche et familièrement profonde. Désespoir ? si l'on veut, mais au plus creux du vide le raisin sec acquiert une saveur nouvelle.
« une lune sèche
dans un livre
veille sur ma vie »
lune sèche, astre séché de la mort (en est-il plus mort ou métamorphosé en mort surmurie, étrange élixir des vendanges tardives du temps ?) qui cependant veille et semble, en son extrême sécheresse, un plus sûr allié de la vie que les astres trop facilement éclos.


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Pleine lune



J’aurais du
murmurer ton nom
une soirée durant
pour que ce ciel
s’élargisse un peu

regarder ta voix
souffler de loin
pour que l’obscurité ne revienne plus
remplir mon sommeil

maintenant
ton parfum apparaît
dans un autre jardin
je ne fais rien
j’écoute seulement
la lune de mon remords
entrer dans sa plénitude


/Traduction de l'arabe par Mohammed El Amraoui et Catherine Charuau
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Un air blanc



Il y a des lys
que fréquentent la pluie et les étoiles
un air blanc
une forêt qui renoue avec les arbres

amour
ô dimanche
qui fredonne dans le miroir
ô neige
qui écoute la neige
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Broderie



Nous avons un pays
nous y avons laissé nos amis
se recueillir autour des chagrins
songer à la neige
pour blanchir les hauteurs de leur solitude

que faire
sous un ciel étranger
à part écouter l’oubli
broder nos années
comme la dentelle
pâtir de nos regrets
à l’air libre
tarir
en lisant des livres


/ Traduit de l'arabe par Mohammed El Amraoui et Catherine Charuau
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Un jour lointain

Les oiseaux
se dépouillent
de leurs voix
sous les feuillages
la pluie
sur l’herbe
écrit tendrement la tulipe

dans les hautes lucarnes
où pousse l’hirondelle

un jour lointain
des larmes blanches
tressées comme une coiffure
une odeur
retire l’étoile
du nid


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Un jour lointain



Les oiseaux
se dépouillent
de leurs voix
sous les feuillages
la pluie
sur l’herbe
écrit tendrement la tulipe

dans les hautes lucarnes
où pousse l’hirondelle

un jour lointain
des larmes blanches
tressées comme une coiffure
une odeur
retire l’étoile
du nid
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