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3.32/5 (sur 98 notes)

Nationalité : Maroc
Né(e) : 1999
Biographie :

Née en 1999 au Maroc, Salma El Moumni a grandi à Tanger avant de venir faire ses études en France. Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, elle vit aujourd’hui à Paris.

Le prix littéraire Roman des étudiants 2024 de France Culture lui a été décerné.

Source : grasset
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Le premier roman de Salma El Moumni « Adieu Tanger », paru aux éditions Grasset, résonne comme une promesse faite à soi-même. La primo romancière raconte la fuite d'Alia, une lycéenne marocaine obligée de quitter Tanger à la suite d'un flirt avec la mauvaise personne qui dévoile ses photos intimes sur les réseaux. La légèreté de l'être se retrouve alors emprisonnée dans une conscience, un corps adolescent qui choisit l'exil pour éviter la honte et les coups. Il est toujours étrange de constater le pouvoir incandescent et infini de la jeunesse qui se manifeste par une colère saine, et de se demander ce qu'il advient après l'avoir transformée. Que reste-t-il de la candeur, de la naïveté, qui se retrouvent parfois à errer dans les paradis perdus des fantasmes que l'on a pu se créer. Son livre avec Salma EL Moumni, lauréate du prix des étudiants France culture, c'est parti ! Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux : Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr Facebook : Centre national du livre Twitter : @LeCNL Instagram : le_cnl Linkedin : Centre national du livre

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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Au départ tu ne cherchais aucune sensualité, tu ne comprenais même pas qu’il puisse y en avoir dans ce corps lambda. C’était devenu une habitude, un rituel du soir. Tu t’asseyais, t’allongeais, cambrais le dos pour mieux voir sous tous les angles, tournais sur toi-même et redécouvrais l’espace de ta chambre, où des objets traînaient : un peignoir, une jupe, des dossiers, de la poussière. La sourdine d’enfance laissait place aux regards étrangers qui t’accompagnaient jusque dans la solitude de cette pièce adolescente. Tu trouvais belle cette figure figée à travers l’écran du téléphone. Certaines parties de toi étaient attirantes, tu le pensais. Immobile, le téléphone dans tes mains, tu passais de longues minutes à examiner les photos une par une, un petit sourire aux lèvres. Tu ne les regardais pas comme tu te serais regardée, mais comme si tu observais une femme dans la rue, comme si toi aussi tu étais devenue l’un de ces hommes qui se retourne sur ton passage, la tête penchée pour mieux voir. Tes poses variaient : l’homme assis en terrasse d’un café n’avait pas la même vue que celui assis sur les marches d’un immeuble, ni celui de l’épicier ou du garde d’une administration quelconque. La frontière entre ces hommes et toi se brouillait à mesure que les photos s’accumulaient, que les jours passaient. Tu étais à la fois toi et un autre. Toi au moment des photos, un autre quand tu les observais. Tu pensais saisir quelque chose, tu pensais mieux comprendre ce que tu représentais, l’objet que tu devenais. Tes yeux étaient leurs yeux ; leurs mains, tes mains. Tu touchais ton bras, ton épaule, ta main se serrait autour du cou, puis le thorax entre les seins, le haut du ventre, l’aine. L’objectif du téléphone tenait en équilibre approximatif, entre deux livres, contre un abat-jour, posé face au mur. Tu mettais le minuteur, tu revenais à ta place, tu comptais en silence les secondes qui te séparaient du cliché immortalisé. Cinq, quatre, trois, deux, un…
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Ta vie en France se résume à essayer de ne pas paraître arabe tout en voulant te démarquer.
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Les années ont passé. Parfois, la déconnexion est telle qu’elle n’apparaît qu’à travers le regard de l’autre. L’autre aimé, de préférence. Respecté, considéré. L’étonnement
dont font preuve certains hommes en découvrant le soir que tu n’as pas mangé depuis que vous vous êtes quittés le matin à huit heures, ou lorsque tu annonces le viol l’air de rien dans la cuisine d’une soirée chaotique, ou quand tu te mets à hoqueter de douleur face à d’insupportables compliments. Toujours cette même sidération, plus violente encore que les symptômes de ta dislocation corporelle. Le dégoût, le choc, la pitié, la sentence « à ta place, je pense que je me serais suicidé ».
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Toujours l'ambivalence : Il ne faut pas paraître trop négligée pour ne pas tomber dans le carcan des musulmanes oppressées, ni trop apprêtée, pour ne pas sombrer dans celui des beurettes en quête d'attention.
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Alors qu'il parlait, une connaissance te fixait, te demandant silencieusement s'il fallait intervenir, si l'inconnu t'embêtait. Tu t'étais contentée de secouer la tête, giflée par le constat qu'un Arabe défiguré par une cicatrice était nécessairement vu comme plus hostile que Quentin et ses yeux bleus.
(P. 158)
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La distance qu'il maintenait te tuait: celle du père qui n'a pas supporté que sa fille l'entende faiblir.
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Au Maroc, tu sais que ne sont tranquilles que celles qui n'ont rien manifesté, celles qui n'ont pas été surprises. Les autres sont étouffées par des vidéos, des messages, des photos, des audios, une virginité perdue ou un sein dévoilé, un soir où elles ont senti un vent de liberté gonfler dans leur ventre et qu'elles regretteront une vie entière.
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Il t'avait demandé si tu étais heureuse ici, il t'avait confié que sa vie en France était bien dif-ficile, mais qu'il ne reviendrait pour rien au monde au Maroc. « La liberté », il avait dit. « La liberté est quelque chose que l'on n'aura jamais là-bas. »
(P. 157)
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De ta féminité, tu ne tirais que la honte des seins naissants qu'il fallait couvrir, des règles qu'il fallaient camouflées en faisant couler l'eau du robinet pour cacher au père le bruit de la serviette hygiénique arrachée de son emballage, de tes fesses rondes qu'il fallait couvrir de chemises longues, de manteaux longs, de sac-à-dos pendants.
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Quelqu'un t'a sifflée, et les manches trop longues malgré le soleil ont commencé à te peser. Tu as traversé brutalement afin d'éviter qu'ils te touchent et tu n'as pas vu la voiture qui passait. Les conducteurs accélèrent souvent quand ils voient une fille traverser, par provocation. Mais cette fois, en colère, tu t'es arrêtée devant le véhicule, fixant l'homme au volant. Tu n'as pas eu peur de te faire renverser. Une lassitude s'est emparée de toi.
Les pneus ont crissé et il a sorti la tête de sa voiture, en criant. Cet homme vêtu de blanc t'a dit que tu cherchais les problèmes, habillée comme ça en plus. Lui portait du blanc parce qu'il allait prier. L'ironie de la situation t'a agacée, alors tu le lui as dit. Ton sac est tombé de tes épaules quand il s'est précipité vers toi, laissant sa portière ouverte, et tu as tenté de le repousser avant de te mettre à courir, laissant derrière toi ses insultes et ses mains.
(P. 11)
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