Samantha Morgan

Je refuse de laisser cette peur gâcher notre histoire. Parce que, peu importe qu’elle tienne sur un papyrus ou qu’elle devienne une saga en plusieurs tomes, j’ai envie de la vivre à cent pour cent.

Quelle que soit la quantité d'essence divine dans le sang, il y a toujours des traits de caractère communs. Un fils du dieu de la Guerre s'orientera plus facilement vers les métiers de la sécurité ou de l'armée que vers une carrière de chanteur d'opéra. Je ne dis pas que ce n'est pas possible, mais nous avons tout de même de fortes prédispositions génétiques. En tant que fille de la déesse de la Justice, j'ai toujours soif de vérité et ce n'est pas pour rien si je me suis dirigée vers le journalisme d'investigation.

Peu importe si au passage, elle manque de mourir asphyxiée ou se fait broyer le cœur. Et si elle échoue ? Oh, ce n'est pas grave, on la condamnera au choix impossible et les dieux auront eu leur petite émission de télé réalité sur un mois ! J'espère que vous vous êtes bien amusés à me regarder courir partout pour découvrir qui avait tué Polinus ?

Avec le temps et les nombreux enfants directs, nous avons appris qu'afin de donner naissance à un être divin - même à moitié - un amour pur et sincère doit exister entre l'humain et le dieu au moment de la conception. Autant dire que c'est une chose extrêmement rare.

J’aimerais saisir sa main dans la mienne pour lui faire comprendre que je suis là. Mais je ne peux pas. Mes sentiments pour elle sont encore trop flous dans ma tête, et elle est bien trop impliquée dans mon enquête en cours. Je dois rester professionnel, même si je brûle de la serrer dans mes bras et d’effacer la douleur qui persiste malgré tout dans son regard.

Impossible pour moi de dormir, mon cerveau ne me laisse pas une seconde de répit et me fait passer en boucle les images de ces vacances, appuyant partout où Julien n’a pas été à la hauteur. Le manque de sexe, les sorties avortées, les après-midi à regarder des séries… Oh bien sûr, il ne m’a privée de rien, toujours prompt à sortir sa carte bleue pour que j’aille à la patinoire, au spa, ou manger une crêpe. Comme si ce qui m’intéressait se résumait à ça. Il ne comprend pas que tout ce que je voulais, c’était être avec lui. Mais la cerise sur le gâteau, ce qui me fait bouillir, c’est le fait qu’il ait raconté à Craig pour la pipe sous la table. Vu ce que ce dernier m’a balancé au spa sur ma capacité à sucer, cela ne peut signifier qu’une chose, Julien en a parlé à ses potes.

Je le revois dans son jean fétiche, celui qui lui fait de très jolies fesses, sa veste ouverte sur un tee-shirt noir col en V et ses cheveux savamment décoiffés. Je ressens une pointe de jalousie à l’idée qu’il se soit fait beau pour sortir. Depuis quand Julien ne fait plus d’efforts pour me plaire ? Je secoue la tête pour me sortir ces idées de la tête. Ce soir, c’est ma soirée, hors de question de pleurnicher sur Julien et notre relation. J’oublie tout et je me reconnecte avec la vraie Camille, celle qui s’amuse ! Avec un peu de chance, je vais enfin réussir à surmonter mon blocage et retrouver l’inspiration pour Elliot et Lisa.

« Quand la Lune reprendra sa place,
La Lumière enfantera les Ombres
Du chagrin viendra la destruction
Et de la Mort viendra la vie
Plus puissant que jamais, le Maître marchera sur le monde »

Chapitre 1 : La rencontre

«...Ouf, il va partir.
Perdu. Il verrouille la voiture avant de reprendre place face à moi et de replacer sa jambe entre les miennes. Cette fois, ses mains se joignent à la manœuvre, son doigt se pose sur ma cheville et remonte lentement, mais sûrement, le long de ma jambe avant d’atteindre mes cuisses. Je m’obstine à regarder par la fenêtre et, sans crier gare, il change de place et le voici à mes côtés. Je sens son souffle sur ma nuque et sa main écarter doucement mes cheveux. Il approche ses lèvres et dépose de légers baisers qui me font frissonner. Je dois partir, je dois me lever et quitter ce foutu compartiment. Oui, c’est ce que je devrais faire, mais je ne le fais pas, je suis en train de vivre une scène que j’aurais pu écrire dans un de mes romans et cela m’excite autant que ça m’angoisse. Je ne veux pas tromper mon mari, mais en même temps, les baisers de l’inconnu font se dresser les poils de ma nuque et une vague de désir déferle en moi. L’image de Karl et Mattéo s’impose dans mon esprit et je me lève comme un ressort :
— Je ne peux pas, bégayé-je.
Il passe la langue sur ses lèvres et me retient par la main. Il tire doucement, m’invitant à me rasseoir et ses yeux ont raison de ma volonté. ... »

Alors, Liam, dans quel musée travaillez- vous et pourquoi ? Vous vous êtes réveillé un jour en vous disant : "Oh ! Et si je passais ma vie entouré de tableaux ? "