Mais pourquoi il faut absolument qu’on joue à Blanche-Neige et à la Belle au bois dormant ? C’est nul de devoir dormir pendant cent ans avant qu’un prince vienne nous réveiller. En plus, à part nous, il n’y a personne ici…
Elle observa longuement ses cheveux soyeux, noir corbeau, qui tombaient sur ses épaules frêles. Jamais encore elle ne les avait eus aussi longs. À l’école de police, elle avait pris pour habitude de les couper court, sans les confier aux bons soins d’un coiffeur, comme à la maison à Åsgårdstrand : elle prenait ses ciseaux et coupait ce qui dépassait. Histoire de montrer qu’elle s’en fichait d’être belle, qu’elle refusait la coquetterie et l’affectation. Idem pour le maquillage : elle n’en mettait pas. « Tu as une beauté naturelle, lui avait dit sa grand-mère un soir qu’elle lui faisait une natte devant la cheminée. Regarde tes yeux en amande et tes longs cils comme ils sont magnifiques. La nature t’a déjà maquillée, tu le vois ? Tu ne dois pas chercher à l’être davantage. Nous n’en avons pas besoin pour attirer les garçons, nous, du maquillage. De toute façon ils viendront au moment voulu.
Si l’Homme avait été une opération mathématique, tout aurait gagné en simplicité.
S’arrêter de fumer, Munch n’en avait pas la moindre intention, malgré l’acharnement des hommes et femmes politiques à inventer de nouvelles lois pour lutter contre la tabagie, et malgré les panneaux d’interdiction de fumer, à l’instar de l’autocollant plaqué sur le tableau de bord de cette voiture de location.
Il lui était foncièrement impossible de penser sans fumer. Et si Holger Munch adorait quelque chose, c’était penser, réfléchir, faire travailler son cerveau. Le corps était secondaire, du moment que le cerveau fonctionnait.
De toute façon il n’avait jamais aimé les chiens et ne comprenait rien à ces animaux ; si ça ne tenait qu’à lui, le monde pourrait très bien être définitivement débarrassé de tous ces clébards.