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Critiques de Sandrine Caillis (25)
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Anse rouge

J'ai lu ce court roman jeunesse dans le cadre de la présélection pour notre Prix Littéraire des Lycées Professionnels, dont je vous parlais déjà l'an dernier. Il s'agit maintenant de l'édition 2023, dont le jury aura lieu au printemps.

Je ne ferai que de rapides retours pour ces lectures, en effet je les parcours très rapidement, notre réunion de sélection pour les finalistes ayant déjà lieu dans 8 jours. Je suis donc un peu "à la bourre" !

L'histoire est racontée par "Marie Rousseau", comme elle se présente de façon un peu scolaire la première fois qu'elle va rencontrer Augustin, sa soeur Joséphine et leur petite bande sur une plage de Noirmoutier, l'Anse Rouge qui donne son titre au livre. On est en été 2009, elle a 9 ans, et ce sont les premières vacances de la famille. Sa mère est complètement névrosée et l'empêche de vivre les petits bonheurs d'un enfant sur la plage, de peur qu'elle ne mette du sable sur sa serviette ou qu'il ne lui arrive quelque chose. Bonjour le plaisir des vacances !

Mais voilà qu'une troupe de gamins déboule, et au milieu d'eux, il y a Augustin, solaire, irradiant de charisme, et sa soeur Joséphine, qui incarne l'autorité dans le groupe.

Ils sont un peu plus âgés qu'elle, et bien sûr elle va tomber sous le charme de ces jeunes si différents d'elle, la coincée, celle qui se met toujours en marge de la vie.

Ils vont se recroiser sur l'île tous les deux ans, et Marie va tomber de plus en plus sous le charme d'Augustin. On les suit tout au long de quatre étés, jusqu'en 2014.

Mais la Marie qui raconte a 21 ans, elle est étudiante à Paris, et un soir, après une sortie ratée en compagnie de sa colocataire, elle fuit jusqu'à Noirmoutier pour exorciser enfin ces souvenirs toxiques.



L'écriture est belle, riche d'évocations lumineuses par moments, mais souvent aussi elliptique, ne dévoilant qu'une partie des souvenirs. Peu à peu on comprend les raisons de la souffrance de cette jeune femme qui ne s'est jamais remise de ces quatre étés, et ressent le besoin de les revivre pour enfin en sortir. L'accent est mis sur la psychologie des personnages, une soumise, une dominatrice, un manipulateur, mais rien de vraiment caricatural, ce sont des traits qui s'esquissent peu à peu.

Le père par contre est vraiment décrit comme un être faible et mou, cédant d'abord à sa femme, puis ensuite à sa fille. Il m'a excédée !

Le roman est court (167 pages), il se lit très vite, mais m'a laissé un goût d'inachevé, d'un peu bâclé, surtout sur la fin. Certains personnages ne sont là que pour le décor (la mère qui disparaît très vite, la grand-mère d'Augustin et Joséphine qui aurait mérité un peu plus de place, les amis...), et je pense qu'il ne correspondra pas aux goûts de nos lecteurs. Il n'y a quasiment aucune action, et certains passages sont très répétitifs. Je ne le retiendrai pas, pour ma part. Mais il pourrait convenir à une adolescente à partir de 12-13 ans (ce n'est pas du sexisme, mais honnêtement je ne connais aucun garçon qui accrocherait).

Voilà, je poursuis mon marathon de lecture dans le train demain matin !
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Anse rouge

Je remercie énormément les éditions Thierry Magnier pour l'envoi, via net galley et en avant-première, du roman Anse rouge de Sandrine Caillis.

À 21 ans, Marie décide de retourner à Noirmoutier, sur les plages de son enfance, dans l’espoir de se libérer de ce poids qui l’empêche de respirer.

Plongée dans ses souvenirs, elle tente de comprendre comment naissent la violence et la soumission entre deux enfants devenus adolescents.

Anse rouge est un texte magnifique, subtil et très actuel sur les relations de domination de classe et de genre.

Marie est une enfant surprotégée, elle ne peut rien faire. Aller à l'école, certes, mais elle ne joue pas avec les autres, sa maman ne la laisse rien faire à part respirer, évidemment.. car elle ne peut l'en empêcher !

Quand Marie arrive à Noirmoutier le temps d'un été, elle fait la connaissance de Joséphine et Augustin, 11 et 10 ans, qui ont une maison de vacances sur l'île.

Ils ont presque le même age mais ne jouent pas dans la même cour ! Immédiatement se joue entre eux un rapport de domination malsain.

Et lors des autres passages de la jeune fille sur l'île, cela ne fera qu'empirer..

A 21 ans, à Paris, Marie a grandit mais depuis ses 14 ans elle traîne un énorme poids en elle.

Alors, suite à un sms de trop, elle prend ses cliques et ses claques. En plein mois de février la voici qui arrive à Noirmoutier sur les traces de son passé, pour l'affronter et crever cet abcès qui la ronge.

Marie nous emmène avec elle dérouler le fil de ses souvenirs. Nous voguons entre passé et présent sans jamais nous perdre. L'adulte que je suis a vu venir certains passages, malheureusement logique. Mais cela n'a pas gâché ma lecture pour autant.

On sent qu'il va y avoir un déclencheur pour son mal-être, c'est là, latent et on ne peut pas l'en empêcher.. Par moment j'avoue avoir retenu mon souffle.

Marie est une adulte touchante, une enfant apeurée qui aimerait juste être aimée. Elle va tomber sur deux jeunes gens manipulateurs qui vont profiter d'elle.

J'ai été très touchée par le personnage de Marie, par sa façon d'être été enfant, de voir les choses. J'ai moi aussi été surprotégé étant enfant, moins qu'elle certes, mais ce qui lui ai arrivé aurait pu également m'arriver quand j'étais enfant ou ado. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie envers elle.

Les sauts dans le passé sont bien emmenés et je les attendait pour savoir où Marie allait m'emmener.

Il n'y a pas de scènes hyper violentes, sanglantes ou inappropriées pour les adultes et jeunes adultes ; public visé ici.

Au contraire il y a beaucoup de sensibilité et de subtilité dans le texte de Sandrine Caillis, dont l'écriture est très belle.

J'ai été charmée par ma lecture, je trouve que ce roman devrait être lu par tous et il mérite un énorme cinq étoiles.
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Les ombres que nous sommes

Un coup de cœur pour ce premier roman qui parle avec des mots justes tout en douceur des premiers émois amoureux de Camille, un jeune de 15 ans. Dans ce récit tout devrait résonner chez le lecteur, la réalité des émotions, les interrogations autour de la question de l’attirance masculine, féminine....et ceci avec une voix du héros qui sonde les questionnements de sa bisexualité avec simplicité, naturel et au plus prêt de ce que peuvent vivre les ados aujourd’hui. La place que joue le théâtre dans son affirmation identitaire est très intéressante et confortera certainement plusieurs lecteurs dans leur quête d’affirmation de soi. D’ailleurs ce premier roman est déjà plébiscité par un premier prix, le prix cendres qui dénote son caractère détonnant dans l’ensemble de la production éditoriale.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Les ombres que nous sommes

Les ombres que nous sommes est un premier roman de Sandrine Caillis publié aux Éditions Thierry Magnier, que j'ai pu découvrir grâce à la masse critique jeunesse de Novembre ; merci beaucoup !



On va faire la connaissance de Camille, personnage principal du roman (seulement nommé après 30 pages … ) et découvrir que Camille est un garçon, avec un prénom mixte. Prénom qui lui a déjà valu de nombreuses moqueries et attaques de ses camarades. Camille, qui est assez solitaire, se créé une bulle de sécurité, où seule sa meilleure amie est autorisée à entrer, parfois, jusqu'au jour où il va s'inscrire au Club de théâtre de son école, ce qui va changer ses perspectives ! Grandement !



Avec une écriture simple, mais belle, avec beaucoup de métaphores, on suit Camille qui va devoir faire face à son identité, ses questionnements sur le genre, le désir, faire face au harcèlement de ses "camarades" et assumer ses choix. Il va faire de belles rencontres, et sortir peu à peu de sa bulle, sa carapace d'isolement, sa protection.



J'ai trouvé très intelligent la construction de ce roman : le fait d'avoir le dernier chapitre au début, et de pouvoir lire le roman comme une boucle, dont on choisirait le final qui nous convient le plus.

Car, si histoire d'amour il y a, l'heureux.se élu.e n'est jamais nommé.e ! Comme si le plus intéressant n'était finalement pas la réponse, mais le chemin pour y arriver et l'évolution du personnage : sortir de la transparence et afficher son identité assumée.

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Anse rouge

Marie est jeune adulte de 21 ans qui étouffe sous le poids de ce qui semble être un passé douloureux, et elle décide du jour au lendemain de fuir Paris en voiture pour retourner à Noirmoutier, berceau de son mal-être, et répondre à la demande d'Augustin qui la presse de la rejoindre.



On replongera dans les souvenirs de Marie, de ce premier été où à presque dix ans elle arrive à Noirmoutier pour des vacances avec ses parents qui ne la quittent pas d'une semelle, jusqu'à celui de ses quatorze ans où elle viendra une dernière fois avec son père.



Pendant ces quelques semaines de vacances, elle retrouvera Augustin et sa soeur Joséphine, un binôme magnétique entouré de quelques amis de leur milieu, qu'elle fera tout pour intégrer. Son attirance pour Augustin et le fait que sa sœur comme lui se jouent un peu de cette jeune pré-adolescente naïve qui n'est pas de leur milieu bourgeois, conduiront à un aveuglement sans limites.



[La suite révèle l'histoire]



C'est difficile de parler de ce roman, parce qu'il aborde le sujet du viol et qu'en parler sur un réseau social amène forcément à des postures manichéennes, où toute forme d'échange rationnel est inexistante.



J'ai été très mal à l'aise dans cette lecture pour deux raisons : la première, c'est cet orage émotionnel, cette tempête de sentiments dans la vie d'une adolescente, qui m'échappe depuis toujours et que je n'ai jamais aimé retrouver dans les romans ou dans les films. Étant doté de la palette émotionnelle d'un bigorneau neurasthénique, je suis hermétique à tout ce bruit que je n'ai jamais compris.



L'autre raison, c'est que lorsqu'est apparu en fin de roman la phrase "j'ai été violée" mais première réaction fut de me demander "mais quand ça ?", parce que je n'avais rien lu qui m'avait immédiatement fait songer à l'horreur dun viol. Et quel malaise que de s'interroger sur le ressenti d'une victime déclarée, transgression impensable d'un tabou sociétal. Un court roman jeunesse sur un sujet difficile à aborder avec les ados, mais qui ne m'a pas convaincu sur la forme.



🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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Les ombres que nous sommes

Voilà une belle histoire d'amour adolescent... doublée d'un récit de harcèlement lié à une quête identitaire de genre.

Camille a grandi dans une famille bienveillante, solitaire à l'école à l'exception de sa voisine et amie d'enfance, Marilou. Ne partageant pas le goût de ses camarades masculins, il a toujours été moqué et laissé de côté.

Mais au collège, en classe de 3ème, à l'occasion d'une distribution de rôles pour la pièce de théâtre où il devra interpréter la reine de fées, la situation va déborder et exploser. Heureusement que des amis s'invitent pour le soutenir. Zoé et Timothée le rassurent mais le troublent également....
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Les ombres que nous sommes

Difficile de savoir qui on est à 15 ans. Difficile de trouver sa place, de s’accepter et d’être accepté quand on se cherche comme Camille. Les événements vont le pousser à se questionner sur ses relations aux autres, ses amis, ses amours, ses désirs, sa sexualité. Sans trouver la moindre réponse définitive...

Un premier roman tout en finesse qui ne tombe jamais dans les clichés et n’enfonce pas de portes grandes ouvertes. Camille s’interroge, il ne sait pas qui il est. Le passage d’une enfance au cadre rassurant à une adolescence ayant tout d’un saut dans le vide sans élastique est une épreuve intense à surmonter. Il n’est pas simple d’avancer sans repères solidement ancrés, de naviguer à vue, de gagner en confiance quand tout semble aussi fragile. Beaucoup de subtilité et de sensibilité dans ce texte très joliment écrit, portrait touchant d’un ado en construction.


Lien : https://litterature-a-blog.b..
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Anse rouge

Sept ans, après ses dernières vacances à Noirmoutier, Marie, étudiante en communication, retourne sur l'ile dans le but de revoir des lieux qui l'ont marquée au fer rouge. Elle s'y souvient de sa première rencontre avec Augustin l'année de ses neuf ans, le mépris de la famille, aisée, de ce garçon. Fascinée par ces gens qui l'humilient de différentes façons - par leurs manières, leurs propositions, leurs rires, leurs humiliations- elle oblige son père malgré tout à retourner trois fois à Noirmoutier, et trois fois ses sentiments sont humiliés, jusqu'au geste le plus grave.

L'autrice parvient à rendre compte des sensations et impressions qui caractérisent l‘adolescence, tout en n'oubliant pas le malaise que connaît le personnage principal dont ces épisodes successifs connus sur l'île ont mené à sa détestation de soi. La description des paysages de Noirmoutier, profondément liée à la psychologie de Marie, est très intéressante. Mon seul bémol pour ce livre serait le mystérieux message d'Augustin qui n'est pas expliqué. Un roman fort sur l'adolescence, à réserver néanmoins aux 4e et plus.
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Anse rouge

« J’avais pensé naïvement que le vent de l’île chasserait mes nuages et mes orages, qu’un retour sur le territoire empoisonné enclencherait une décontamination à effet immédiat. Pensées magiques. Je sais maintenant qu’il va me falloir parcourir avec constance le chemin de tous ces étés, sans prendre de raccourci. Éplucher les peaux une à une, les larmes aux yeux ça va de soi, jusqu’à atteindre le cœur. »



Marie étouffe, suffoque d’un passé trop douloureux. Aujourd’hui, à 21 ans, elle retourne à Noirmoutier, là où tout a basculé. Sur la plage d’Anse rouge, les souvenirs de son enfance refont surface. 4 étés. Un frère et une sœur. Un piège inévitable pour elle.



« La mémoire est une fabrique à récit hagiographique, une usine à réinterprétation à la gloire des uns et des autres et surtout de soi-même. Alors certaines sont forcément bricolées, repeintes ou réparées pour faire plus joli ou moins douloureuses. Mais parfois, il arrive qu’on se souvienne d’une scène très exactement comme elle s’est déroulée, qui repasse en boucle sur la toile de nos pensées, comme un jingle. »



Anse rouge est un récit sur la prise de conscience. Il m’a bouleversé. Cette gamine sous l’emprise de ses bourreaux prend aux tripes et donne envie de hurler. Comment peut-on, aussi jeune, avoir une emprise aussi destructrice sur autrui ? Quel en est le but ? Cela m’interroge profondément. Comment avoir envie de manipuler et dominer ? Je n’ai pas réponses et l’autrice non plus. Les rapports humains sont bien trop complexes.

Anse rouge est, malgré ce sujet si lourd, un texte lumineux qui laisse entrevoir la lumière pour Marie, la fin d’un règne et l’acceptation de soi. C’est surtout ça qu’il faut retenir.

Sandrine Caillis a ce don, comme dans son premier roman Les ombres que nous sommes, de nous retranscrire les émotions d’adolescents au plus juste. Un texte puissant, à partager sans hésiter.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/07/07/39549196.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Anse rouge

Je remercie Babelio et les Editions "Thierry Magnier" qui m'ont envoyé ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Marie fût une enfant mise sous une bulle, isolée de ses pairs, par une mère sur protectrice, terrifiée par tous les dangers de la vie. Elle a aujourd'hui une vingtaine d'années et fait ses études à Paris, lorsqu' elle reçoit un SMS avec comme unique message « Viens ». C'est le message de trop qui provoque en elle une véritable implosion. Elle décide alors de rejoindre l'île de Noirmoutier afin de regarder enfin son passé en face et de régler ses comptes avec le traumatisme qu'elle a vécu.

Marie va donc plonger dans « ses décombres oubliés », « dénouer le complot de sa mémoire » qui a si bien déguisé la vérité, se retrouver face à ce qui lui est arrivé, afin de survivre.

En la suivant sur les traces de son passé, nous remontons de l'été de ses dix ans à celui de ses quatorze ans. Alors qu'elle passe ses vacances sur l'île de Noirmoutier avec ses parents, elle rencontre Augustin et sa soeur Joséphine, qui, par leur vivacité, leur confiance en eux, leur liberté et leur autorité vont l'attirer comme un aimant, elle, si mal dans sa peau.

Le personnage de Marie commence dans la vie avec toutes les cartes en mains pour devenir la proie de prédateurs aguerris : la naïveté, l'isolement, le désir d'exister dans le regard des autres, celui de plaire. Elle est prête à tout pour faire partie du groupe, mais qu'en est-il de ceux d'en face ?

Ce roman puissant, délicat, parle de l'emprise et du traumatisme enfoui à l'adolescence mais qui façonne l'adulte en devenir et crée un véritable raz de marée pour qui l'a vécu.

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Les ombres que nous sommes

Camille est un ado solitaire dont seule la meilleure amie est autorisée à pénétrer dans sa carapace. Essuyant quotidiennement les moqueries de ses camarades, il préfère s’isoler, à l’abri. Contre toute attente, cette année il s’inscrit au Club de théâtre de son école. Une occasion pour lui de s’ouvrir au monde qui l’entoure et pourquoi pas de sortir de sa zone de confort.



« - Depuis mon entrée dans le monde merveilleux de l’école, on s’est toujours moqué de moi. D’abord à cause de mon prénom, qui rime avec fille. Et puis parce que j’ai toujours préféré inventer des aventures romanesques plutôt que de jouer à la bagarre. Surtout parce que je ne me suis jamais défendu. J’ai toujours courbé l’échine, reculé quand on me le demandait, accepté qu’on me punisse, endossé le rôle de la victime. Alors j’ai fini par penser qu’ils avaient raison, que c’était moi l’erreur, moi celui qu’on ne peut que rejeter, celui qu’on ne peut pas aimer, ni même approcher. »



La liberté. Premier mot me venant à l’esprit pour qualifier ce premier roman. Sandrine Caillis nous parle d’identité à l’adolescence. Les interrogations que l’on peut avoir dans cette période charnière de notre vie. C’est à ce moment-là que l’on se construit. Que l’on emprunte le bon chemin, celui que l’on veut vraiment, amenant au bien-être, à la sérénité. L’autrice aborde les difficultés dans la construction de soi. Il n’est pas simple de s’accepter et d’être avec le monde qui nous entoure. La sexualité y a une place prépondérante, il est important de le souligner.

Un récit d’apprentissage dont l’écriture de Sandrine Caillis est précise et juste donnant plus d’intensité au fait. Une belle découverte.

Je suis très heureuse qu’un texte aussi fort soit récompensé pour la première édition du Prix Cendres.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/12/05/38684571.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Anse rouge

A en croire sa biographie, Sandrine Caillis prétend être un caillou découvert et adopté au gré d'un chemin, rencontre qui l'aurait, ipso facto, dotée du pouvoir de parole. Dès lors et depuis la parution du remarqué "Les ombres que nous sommes", elle nous est précieuse et on est bien contents de l'avoir trouvée.



Sachant l'exercice du second roman toujours périlleux, on ne savait pas si notre pierre précieuse allait briller de nouveau. De toute évidence, elle brille, et de mille feux. Sandrine Caillis et son Anse rouge auront réussi la fusion d'une pierre bien singulière, de celle dont on fait les bijoux et que d'aucuns nomment une pépite. Remercions au passage les Editions Thierry Magnier, toujours aussi inventives, exigeantes et à l'affut des auteurs pointus.



Venons en à l'Anse rouge et à sa forme : on retrouve l'écriture d'une esthétique rare à ce niveau en littérature jeunesse et adulte confondues. L'autrice est dotée d'une inimitable capacité à nous faire vivre les personnages de l'intérieur. Le propos embrasse les situations à bras le corps, nous plonge sans complexe dans l'intimité du personnage et dans le décor. Citations, références, descriptions minutieuses, rythme, transitions, dialogues, ellipses, flash back... tout est ciselé et impeccablement mis en place dans cette construction où l'humour n'est jamais loin.



Pour ce qui est du fond : Voici les péripéties de Marie Rousseau, jeune fille issue de la classe moyenne, de ces familles qui louent des mobilhomes en été et s'en vont, panier de plage sous le bras regarder passer les bateaux en sirotant de la grenadine. En vacances à Noirmoutier avec des parents aussi tristes que conventionnels, elle va se laisser séduire et happer par des pairs issus d'une caste qui n'est pas la sienne et qu'années après années, elle retrouvera et tentera de se faire adopter

. Mais Marie a la peau fragile et transparente. Par la grâce de celle qui nous offre cette comédie, les sentiments qui traverseront notre héroïne nous traverseront aussi. Avec l'humour et le désespoir en bandoulière, malgré tous ses efforts et l'intensité de son engagement, Marie ne réussira jamais à à corriger le jeu social qui sous tend les chapitres. Chaque

elle en suffoquant avec des désirs de vengeance, des trous dans le ventre et l'impossibilité de l'oubli.



Anse rouge est un magnifique roman, de ceux qui font pleurer et rire, qui prouvent que la littérature est plus forte que la vie, de ceux qui nous racontent nos propres peines, nos refoulements, nos frustrations, nos violences subies, sans fausse pudeur et avec force. Osons le dire, on a guère fait mieux depuis Marivaux.
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Anse rouge

L'héroïne vacille tandis qu'elle nous retrace toutes les étapes qui l'ont menée au pire. Un drame que le lecteur distant sent venir à travers ces relations déséquilibrées, entre enfants puis adolescents mais aussi au sein de la famille qui éclate au moment le plus délicat. Il est étonnant de voir comment une jeune fille peut se révéler si soumise devant la pression sociale et si dure envers son environnement familial. La revanche d'un milieu n'a pas eu lieu , elle aurait pu mais les cours de tennis n'ont pas suffi et les bourgeois en résidence secondaire à Noirmoutiers n'ont pas plié. Sandrine Caillis dit, dans ce texte extrêmement bien écrit, beaucoup de choses de l'adolescence et d'une certaine France qui ne mélange pas camping et cabine de plage. Merci à Netgalley et aux éditions Thierry Magnier pour cette découverte d'une grande autrice.
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Les ombres que nous sommes

Camille, est un prénom mixte et le garçon de 15 ans que nous découvrons dans ce roman est justement en quête de son identité. Jusqu'à présent il a toujours tenté d'être une ombre, bien cachée sous sa capuche. Mais lorsqu'au premier cours e théâtre, alors costumé en Titania, il découvre des émotions et des sentiments nouveaux, il sort de sa carapace et ose s'affirmer, il réussi même à se faire de nouveaux "amis/amours", Zoé et Timothée. Entre les deux son coeur balance.

Mais face à la différence, les adolescents sont sans pitié et une assurance que l'on croyait bien ancrée, peut vite s'effondrer.



Un roman tendre et touchant, vibrant des premiers émois qui se cherchent à tâtons. Une magnifique ode au théâtre aussi qui vient structurer le récit et la vie de Camille.

L'écriture est simple, douce et juste, un régal.

Très jolie découverte.
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Les ombres que nous sommes

Ce livre raconte les premiers émois d'un jeune garçon qui jusqu'à présent essayait de passer inaperçu.

Depuis son entrée à l'école, il a tout le temps été harcelé, à cause de son prénom pas simple à porter pour un garçon ainsi que de sa façon d'être.

A travers un rôle au théâtre ou il va devoir interpréter le rôle de la reine des fées, il va petit à petit éclore à la vraie vie.

Il va faire la connaissance de Zoé et Timothée qui chacun à leur façon vont faire battre son cœur et l'ouvrir au désir.

Mais la méchanceté de certains de ces camarades de collège n'est jamais bien loin, et il lui faudra prendre sa destinée en main s'il ne veut plus être ce garçon transparent qui se cache derrière sa capuche.

La fin qui nous ramène au tout premier chapitre, laisse ouvert à toutes les suppositions.

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Anse rouge

Il y a quelque chose qui me frappe dans le travail de Sandrine Caillis : c'est cette faculté qu'elle a de mettre sous tension son lectorat.

J'ai lu Anse Rouge avant Les Ombres (son premier roman), mais j'ai retrouvé dans les deux ouvrages cette belle maîtrise du rythme du récit qui est la sienne.

C'est difficile, je trouve, de rendre un récit de souvenir tangible et vivant. Ça demande, précisément, un travail du rythme pour éviter de tomber dans l'effet catalogue de la rétrospective. En cela, donc, rien à redire : j'ai été emportée par ce tempo qui allait crescendo du début à la fin.



J'ai aussi apprécié, alors que je m'en méfiais au départ, pour la lourdeur qu'il peut provoquer parfois, le sens de la métaphore dont l'autrice fait preuve. J'ai trouvé qu'elle avait su donner à ses images la justesse nécessaire au bon équilibre du récit.







Sandrine Caillis est un caillou (puisque telle est l'image qu'elle a voulu employer) qui a du cran ; elle me rappelle un peu les auteurs jeunesse anglophones de la fin du XIXe siècle... mais avec une patte et une capacité de dialogue avec son lectorat toute contemporaine.
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Les ombres que nous sommes

Merci à Thierry Magnier et Babelio (Masse critique) pour cette belle lecture.

Camille est un garçon solitaire, dont le prénom mixte lui a toujours créé des problèmes. Cette année, un peu par hasard, il sort de sa zone de confort et de sa solitude, pour s'ouvrir à l'amitié et à l'amour même.

Belle histoire, émouvante, une très belle écriture, pleine de douceur et de poésie par moment, laissant la place à l'imagination (suspens gardé à la fin).
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Les ombres que nous sommes

Encore une très très belle découverte issue des éditions Thierry Magnier !

Sur ce thème-là, j'avais déjà lu "Le jour où je me suis déguisé en fille" de David Walliams : il y abordait cette thématique de la recherche d'identité à l'adolescence, du positionnement dans la sexualité, mais au travers d'un texte simple et drôle plutôt destiné aux collégiens de 12-13 ans.

Ici, l'écriture est juste, sombre, limpide pourtant, d'une sensibilité incroyable. Camille est un garçon en retrait, puis à l'écart, victime de harcèlement depuis son plus jeune âge (on se moque de son prénom de fille, puis plus tard de ses attitudes ambiguës). Il s'est construit une espèce de bulle où il se sent à l'abri (isolé, mais à l'abri). Il ne parle pas à ses parents de ce qu'il vit, et très peu à sa meilleure copine (la seule). Et puis un jour, il se retrouve à l'atelier théâtre de son lycée, et là...

Ce roman est l'histoire d'un apprentissage, d'une acceptation aussi : être soi, apprendre à devenir, apprendre à choisir aussi. La prise de risque nécessaire pour s'ouvrir aux autres et à soi-même.

Vrai tour de force, car l'auteur a parfaitement réussi à se glisser dans la peau de son personnage ; son écriture est précise, rigoureuse, pas de longueurs, et quelques passages sublimes sur la quête d'identité.

A ne lire qu'à partir du lycée je crois...
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Anse rouge

J’ai gagné ce livre grâce à l’opération Masse critique de Babelio.

Pourquoi avoir choisi ce livre? Tout simplement parce que l’histoire se déroule sur l’île de Noirmoutier que j’affectionne tout particulièrement. Ma famille paternelle est originaire de cette île, mes parents y vivent et j’y passe régulièrement mes vacances depuis mon adolescence. J’y ai de magnifiques souvenirs bien plus agréables et joyeux que ceux de notre narratrice.



Marie Rousseau est une jeune femme de 21 ans tourmentée qui quitte brusquement Paris pour retourner sur l’île de Noirmoutier afin d’y affronter son passé et se délivrer de ses démons.

Elle nous raconte ses souvenirs de vacances pendant quatre étés, de ses 10 ans à ses 14 ans.

Sur la jolie plage de l’Anse Rouge, lors de son premier été passé sur l’île, elle va faire la connaissance de Joséphine et Augustin, frère et sœur de bonne famille, qui viennent régulièrement passer leurs vacances dans leur belle maison secondaire.

Marie, qui est une enfant naïve, surprotégée par ses parents et issue de la classe moyenne, va complètement tomber sous le charme de Joséphine et Augustin, ces deux enfants gâtés.

Pendant ces quatre étés, elle mettra tout en œuvre pour se faire accepter et aimer d’eux et de leurs amis. Mais il n’est pas si simple d’intégrer ce milieu bourgeois… Une relation déséquilibrée et toxique va rapidement s’imposer.



L’autrice fait preuve d’un réel talent d’écriture pour retranscrire les émotions, la sensibilité et le mal-être de cette jeune narratrice qui l’empêche d’avancer sereinement dans la vie, et pour aborder le thème du rapport de domination sociale.



Je remercie Babelio et les éditions Thierry Magnier pour cette lecture qui m’a touché et qui m’a fait réfléchir… Je me suis sentie proche de Marie quelques fois.
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Anse rouge

Dans ce roman, Sandrine Caillis a su montrer par petites touches, le phénomène d'emprise avec brio et justesse. Marie, 21 ans, est en pleine crise existentielle. Décidée à affronter les fantômes de son passé, elle retourne, sur un coup de tête, à Noirmoutier, sur les plages de son enfance, dans l'espoir de se libérer de ce poids qui l'empêche de respirer. Noirmoutier, c'est l'île de ses vacances et celle d'une rencontre qui va changer sa vie. Quand Marie arrive à Noirmoutier le temps d'un été, elle fait la connaissance de Joséphine et Augustin, 11 et 10 ans, qui ont une maison de vacances sur l'île. Ils ont presque le même age mais ne jouent pas dans la même cour ! Alors qu'elle est effacée, ils sont la joie de vivre et l’insouciance, petits enfants gâtés qui ont tous les droits. Touchée d'être acceptée par eux, elle, la gamine ne voit pas ce rapport de domination malsain qui s'installe au fil des rencontres. C'est aujourd'hui le moment pour elle de revivre des épisodes de son passé afin de comprendre comment les jalons de cette relation toxique se sont posés jusqu'à ce traumatisme qui l'empêche d'avancer. Le texte est touchant et les épisodes racontés de manière subtile. Le lecteur se laisse amener jusqu'au bout, sans surprise mais avec beaucoup d'empathie pour Marie. Un texte que je recommande ! #Anserouge #NetGalleyFrance
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Complétez cette citation : "Bienvenue, dit-il, Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à _ _ _ _. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici : Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie! "

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Thèmes : aphorismes , Citations, maximes, etc. , Citations françaisesCréer un quiz sur cet auteur

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