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Citations de Sara Mychkine (19)


A l’instant où j’achèverai cette longue ligne,
j’irai rejoindre
le vide,
comme enivrée par son
odeur,
puis la vie reprendra
le dessus.
L’ignominieuse
vie.
On a beau dire,
c’est la seule chose pour laquelle on serait prêt à tout faire,
notre vie,
parce qu’on sait toujours,
dans un coin reptilien du crâne,
un coin fossile,
qu’elle est notre seule possible
pour échapper
au néant.
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Quand j’ai découvert le crack, je n’avais pas encore vingt ans encore
Et j’ai su,
Dès le premier instant,
Ma douce,
Que c’est cela que j’avais
Attendu
Toute la vie.
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J’aurais voulu accoucher de soleils pour que tu te saches plus grande que l’univers
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4. « Pardonne-moi, ma douce.
Je choisis de vivre en toi plutôt que de mourir
en te laissant inengendrée.
Trop de filles ont déjà connu cette odieuse blessure.
Je te ramènerai à mon monde plutôt que de te laisser flotter
dans des mondes
qui ne sont pas les tiens.
Pardonne-moi
si je t'enferme sur une terre si petite.
J'ai essayé de me peindre à la lumière
de ce qui a fait de moi une bête
dans leurs yeux,
puis dans les miens.
Pardonne-moi.
J'aurais voulu accoucher de soleils pour que tu te saches plus
grande que l'univers.
Pardonne-moi.
Entre mes cuisses,
il n'y a que poussière.
Après toi,
qu'y a-t-il ?
Après t'avoir vue naître,
après t'avoir perdue,
que peut-il me rester à vivre ? » (pp. 116-117)
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Je ne sais plus ta peau
seulement les traces d'une
chaleur confuse
que je doute
même d'avoir,
un jour, connue.
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Il a fallu si peu pour qu’ils t’enlèvent à moi.
Il a fallu les sirènes, les crissements des pneus de bagnole, les pas qui frappaient les ordures et laissaient sillons de regard-haine. Quelques mots balancés comme on tranche une tête.
Je n’ai même pas su crier.
J’étais partie dans l’autre monde alors,
où rien ne compte plus,
où ta naissance n’est plus que dans mes rêves,
où vivre n’existe pas tout à fait
et les grandes plaies sur le coeur ne sont pas que des dessins
absurdes laissés au crayon de papier.
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Il faut que tu te souviennes,
mes arrière-grands-mères, mes arrière-grands-pères,
la chaîne de souffrance infinie dont je suis le dernier maillon,
la grande machine coloniale qui a réduit les terres de nos
ancêtres à des éponges de sang et le chant des espoirs creux qui
poussent les nôtres à prendre la mer pour retrouver la misère
et la haine sous un autre visage.

Il faut que tu te souviennes, la grande machinerie capitaliste
qui a fomenté
la révolution industrielle et broie les rêves et esclavagise les
êtres pour
les recracher tas de larmes
et brisures
d’os un
peu plus
bas.
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Comme j’aurais aimé te connaître.
Juste un peu avant qu’ils ne t’arrachent pour toujours à moi.
C’est égoïste, je le sais,
mais je suis mère
avant d’être juste,
je suis mère
avant d’être sans
toit,
je suis mère
avant d’être
addict au
crack,
avant même, d’être une inconnue,
je suis ta mère,
ma douce.
Je suis ta mère.
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Tu sais, moi, quand je l’ai quittée, je n’ai pas su pleurer de cette manière. J’avais dix-sept ans, la clope aux lèvres, et j’arpentais les jours comme une ombre perdue.
dans un tunnel sans fin. Et puis le froid, la faim, la violence
des regards jetés
sur les rues,
les sexes dévorants
de ceux qui jouissent de
notre perte
ont fini par tarir chaque
pli de mon corps.
Si tu savais comme, sur
la colline,
toutes, elles ont connu
ceux-là.
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Et j’aurais pu leur dire, ma douce, qu’il fallait que je me fende
Pour que ta vie soit vie
Et que ma mort soit mort
Mais que jamais
Je n’aurais pu me résoudre
A t’abandonner
Tout à fait
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3. « Et aujourd'hui, ils admettraient que le bon sauvage fait un homme décent...
Mais que font-ils à ceux qui refusent de se tenir sages ? Dans les allées éclaircies, matraques en main, la haine aux dents ? Ce sont les mêmes qui nous coupaient
les mains, il y a un siècle.

Et ils attendent, montre en main, l'arme braquée à la hanche,
un seul pas
de côté,
un excès de vitesse,
un vol à l'arraché,
un regard porté trop haut,
et ils nous plaquent
contre
terre,
genoux sur la poitrine,
le front suant,
et ils attendent
que l'on crève,
ma douce.

Ils nous tuent, lentement,
patiemment,
un à un,
à toutes les frontières,
dès que l'on passe
le point de douane,
dans toutes les villes,
tous les quartiers
où ils estiment
que nous sommes
trop nombreux
pour pouvoir
être contenus
dans la blancheur. » (pp. 104-105)
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2. « Quand tu es sortie de mon ventre,
j'ai su
que la mère que j'étais,
la mère que je suis,
ne parviendrait pas à tuer
la femme que j'ai été.
Parce que cette femme,
je ne voulais pas la voir mourir.
Parce qu'on la disait addict au crack,
peut-être,
mais qu'en un sens,
elle était libre.
Libre de choisir la façon dont elle se faisait mourir. » (p. 89)
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1. « S'il y avait un destin, je le blâmerais, lui. Je lui mettrais mes heures sales entre les omoplates, chaque trou noir, la dignité humaine traînant ses longs bras urinaires et ce corps que j'ai balancé à la mer et aux rats chiant sur les fonds de cale. Je trouverais la première courbe-ivresse de la chute. S'il y avait un destin...

[…]

Je n'ai pas été mon bourreau, ma douce. J'ai souffert de ma cruauté mais je ne suis pas innocente. La colline, dans un coin
secret, je la désirais.
Il en va de même pour tous ceux qui n'ont pas peur de mourir.
Comme chaque seconde
nous approche du vide,
nous n'hésitons
jamais
à accélérer
le pas. » (p. 82)
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Ma douce, tu portes les mains-racines de ma grand-mère et
tous les espoirs des
vies qui t’ont précédée. Quand tu marches, c’est leur empreinte
que tu laisses
sur cette terre.
Ne l’oublie jamais.
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Ma mère aimait, oui, c’était une sainte. Elle avait le nimbe que l’on a vomi et les flammes mouillées de misère, mais elle aimait.

La nuit, je l’entendais pleurer quand le père quittait son lit pour rejoindre le mien.
C’est ainsi que l’enfance prend feu, dans les larmes aimante de la mère.
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Pour ceux qui ne sont pas des saints, aimer, c’est comme chercher le cœur du monde dans un trou qui n’a plus de fin.

Et j’ai cherché, crois-moi, ma douce, à chaque seconde, avec la rage de Sisyphe
et les gestes-orages du regard qui n’a plus peur de mourir.

Mais tout ça ne
compte pas.

Il n’a jamais existé,
le cœur du monde.

Sous la poitrine,
il n’y a qu’un grand creux
qui n’a plus de fin
et des mains qui griffent les murs.
Car on a beau savoir
qu’aimer est une lente
et inexorable
chute,
on ne peut cesser de lutter pour éviter
de tomber tout
au fond de soi-même.
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Si tu savais à quel point j’ai été égoïste en te mettant au monde. A quel point je t’ai attendue, comme si la vie, jusqu’ici, n’avait été qu’un grand désert. A quel point j’ai prié que tu m’aimes comme, jamais, je n’ai été aimée. A quel point, même alors que tu cognais sous les plis de ma chair, j’ai laissé le crack remplir toutes les brèches du souffle.

J’ai l’amour fêlé, ma douce, comme tous ceux qui ne sont pas des saints et qui, brûlant silencieusement, s’enterrent dans l’inconditionnelle solitude.
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Il s’agit de vivre.
Aller de minuit à minuit,
encore
et encore
et encore.
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Premier mouvement
Ma douce,
Tu dois être bien loin, à présent, maintenant qu’ils t’ont arrachée à moi. Et j’ai peur, tu sais ? Que tu nous laisses dans l’oubli, que tu t’absorbes dans leur monde et que tu nous regardes avec leurs yeux. Car leur monde, c’est le monde. Y est ce qui doit être. Nous, on a de la misère plein les veines, des bouts de tentes pour ciel et on chie sur leurs paliers. Puis on attend et nos cernes se
creusent.
La nuit finit toujours par tomber.

Ma main tremble de ne plus sentir tes cheveux plonger dans le tambour de mon cœur. Je me suis effondrée quand tu es partie, tu sais, dans leurs sirènes rouge et bleu…
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