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Critiques de Sayaka Murata (245)
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Konbini  (La fille de la supérette)

Prix Akutagawa, Goncourt japonais 2016, ce petit livre nous emmène dans un konbini, abréviation nipponisée de l’anglais «  conveniance store », une supérette. Vu le confinement et la zone rouge où nous nous trouvons, le seul endroit où on puisse y aller pour le moment 😁. On y accompagne Keiko Furukura qui y travaille, en pleine besogne. Ne dites pas pffft ! Qu’est-ce que j’en ai à f.....? Suivez moi 😁.....

Keiko, avant de renaître en employée de konbini, ne garde de son passé qu’un souvenir flou. Mieux le vaut pour nous aussi 😁.

Keiko, enfant a une perception très spéciale du Mal par rapport à la norme acceptée par la société, ici japonaise. Je me passe d’exemples pour vous le laisser découvrir, mais un seul détail, les méthodes auxquelles elle a recourt pour le contrecarrer sont très, même trop efficaces 😁.

Keiko l’enfant, puis la jeune fille considérée pas «  normal » va finalement trouver “ la normalité “ qu’elle nomme “ la mécanique du monde “ dans un job de supérette, part-time, intégrant ainsi la société officiellement en tant que membre normal 😁. « Enfin, je suis née » songera-t-elle et va y passer dix- huit ans.......”Pourquoi devrais-je quitter la supérette et chercher un poste ordinaire ? Cela me dépassait. Après tout, sortie de mon manuel de l’employé dont j’appliquais à la perfection les directives, je n’avais pas la moindre idée de la façon dont fonctionnait une personne normale.”

Reste à régler le reste 😆, je vous laisse découvrir......



Ce livre est une superbe réflexion sur la difficulté d'utilisation du "Manuel d'existence normale " , une critique d’une ironie grinçante du conformisme de nos sociétés non seulement nippone mais aussi occidentales, qui mérite bien son prix. Sayaka Murata a poussé le bouchon un peu loin, mais je pense que c'est l'unique et meilleur moyen pour nous faire rendre compte d'où nous en sommes avec nos vies, de nos visions de l'existence formatés par nos sociétés, où l'écart est peu ou pas toléré. Une belle découverte pour initier ma nouvelle année littéraire 2021 !



“Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu’ils sont en droit d’exiger des explications..........Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté."
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Konbini  (La fille de la supérette)

Que les mauvaises langues se déchaînent, j'avoue, j'ai craqué sur la couverture.

Trop de mignonitude, ça ne devrait pas exister.

J'aurais ça dans l'assiette, je serais bien incapable de le manger.

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Cette bouille à bisous s'appelle un onigri, sandwich de riz japonais.

Si comme moi vous avez l'intention d'en faire pour changer des makis, je vous explique.

Prendre du riz rond fraîchement cuit et encore chaud (j'ai pas dit brûlant), le même que pour les sushis ou les makis, sauf qu'on ne met pas de vinaigre.

Ensuite laissez libre cours à votre imagination au niveau des ingrédients, un bout de feuille de nori, du gingembre et le tour est joué.

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Les Japonais en sont très friands et on en trouve dans chaque konbini (épicerie japonaise ouverte 7 / 7 jours).

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C'est dans l'une de ces supérettes que Keiko Furukura travaille à mi-temps, dans le but de se conformer aux gens "normaux".

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Parce que voyez-vous, Keiko n'est pas "normale", elle ne rentre pas dans les cases, elle est toujours en décalage, du plus loin qu'elle s'en souvienne... mais ses souvenirs sont flous, hormis quelques dérapages, puisque la notion de bien et de mal lui échappe.

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Au kombini, elle intègre les règles, tout est bien cadré et elle s'y sent à l'aise parce qu'elle sait exactement quoi faire, tel jour, à telle heure.

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Les formules de politesse sont dictées par le gérant et répétées en choeur par les employés chaque matin au briefing.

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Elle se sent utile, et a l'impression de se rapprocher de la personne que tout le monde attend qu'elle soit.

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Elle efface sa personnalité en se transformant en mode décalcomanie selon les personnes qui l'entourent, notamment ses supérieurs, imitant leur voix et leur façon de s'exprimer, leur manière de s'habiller, d'accessoiriser.

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Elle se sent bien dans ce travail, d'appoint pour tout le monde sauf pour elle.

Elle vit Konbini, dort konbini, rêve konbini... vous avez saisi l'idée.

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J'ai beaucoup aimé l'ironie grinçante de ce petit livre d'une centaine de pages sur le conformisme et la difficulté d'être différent, surtout quand on ne s'accepte pas, peut-être parce qu'on n'a pas été assez aimé au cours de notre enfance.

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Ça se passe au Japon, mais ça pourrait être n'importe où, bien entendu.

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Un livre à mettre entre toutes les mains.

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Konbini  (La fille de la supérette)

Un konbini est une supérette ouverte 24 h/24 et c’est là que travaille l’héroïne de ce très court roman japonais et ce, depuis 18 ans.

A l’âge où toutes ses amies ont des emplois stables, des maris et des enfants, Keiko, âgée de 36 ans, vit seule et continue de travailler à temps partiel, comme lorsqu’elle était étudiante.

La pression sociale a l’air très forte au Japon, et ceux qui n’ont pas choisi de vivre « comme tout le monde » semblent vraiment stigmatisés.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui parle de différence et d’acceptation de soi, car au final, se plier aux règles du plus grand nombre ne rend pas forcément heureux et il n’y a que nous-mêmes pour savoir ce qui nous convient.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Un joli roman. Assez bizarre au départ.

Mais dans lequel on rentre assez vite... Heureusement d'ailleurs car il est assez court.



Un roman qui pose le doigt sur la normalité. D'autant qu'au Japon les règles sont plutôt stricte en la matière.



Mais au final ce roman est international, parce que si tu ne rentres pas dans les clous ça ne va pas... Et cela commence dès l'école.



J'ai apprécié la façon d'écrire de l'auteur, sa façon de traiter ses personnages et surtout sa position sur la normalité.

Ce roman est surtout criant de vérité.



Une belle façon d'aborder la littérature Japonaise et en même temps une critique sociale et sociétale.

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Konbini  (La fille de la supérette)

«  Cette boutique est remplie de minables ,c’est toujours pareil avec les Konbini, des ménagères dont le mari ne gagne pas assez......,, même les étudiants , ce sont les plus minables, ceux qui ne peuvent même pas décrocher un job de prof particulier, sans parler des travailleurs immigrés, tous des minables .... »

« Pour la société, un individu qui n’est ni marié ni salarié n’a aucune valeur , il n’est bon qu’à être banni de la communauté ... »

Deux extraits significatifs de ce court roman anticonformiste , une espèce de sushi littéraire : surprenant au début , réaliste , au cœur de la société japonaise, froid en apparence, ambigu, curieux en tout cas....

Keiko, trente- six ans , célibataire travaille dans un Konbini, supérette ouverte vingt- quatre heures sur vingt- quatre ....

Important , elle y travaille à temps partiel .



Depuis l’enfance elle s’est toujours singularisée :réaliste , à l’école , elle sépara deux enfants qui se battaient , elle pensait bien agir , on finit par convoquer sa mère , autre anecdote plutôt comique dans la salle de classe ou encore l'épisode de l’oiseau mort ....



Du coup Keiko décide de se fondre dans la masse, n’en finit pas de mettre en place des stratégies afin qu’on l’oublie , ne parle plus hors de la maison, abandonne toute initiative personnelle.

Au lycée , son mutisme continue à poser problème .



Diplômée de l'université, elle décroche un job étudiant dans un Konbini , ——-emploi et petit univers rassurant——-ne postule plus à aucun autre emploi , au grand dam de ses parents ....

L’arrivée d’un jeune homme , lui aussi célibataire ...fera basculer son existence ..



L’auteure se régale en faisant l'éloge des anticonformistes ....





Sayaka .M se livre à une critique à peine masquée et en règle de la société japonaise, ses diktats, ses devoirs et ses petitesses, sa rigidité et ses rituels désuets eu égard à notre société occidentale ...( qui n’est pas , elle non plus réjouissante, bien sûr )

L’humour noir, le cynisme dosé , infusé par petites touches , le final , quelque peu glaçant transforment cette Histoire en petit bijou dont on pourrait dire encore beaucoup de choses .....



Au Japon , pour être respecté , doit - on obéir à tout le monde ,?

La singularité a t- elle droit de cité ?

Doit- on donner des explications à tout?

Peut - on rêver ?



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Konbini  (La fille de la supérette)

Malgré ses trente-six ans et ses études supérieures, Keiko travaille à temps partiels dans un konbini, un de ces petits supermarchés de quartier ouverts 24h/24. Ses parents et ses amis s'étonnent de la voir toujours célibataire et sans emploi fixe et la pressent sans cesse de remédier à cette situation qu'ils jugent anormale. Pourtant, Keiko est heureuse chez SmileMart. Accueillir les clients, veiller au bon réapprovisionnement des rayons, passer les commandes, encaisser les achats sont autant d'actes routiniers qui la rassurent et lui donnent l'impression d'être utile à la société. Pour faire taire son entourage, elle s'est inventé des problèmes de santé ne lui permettant pas de travailler à temps plein mais reste le problème du célibat. L'arrivée d'un nouvel employé au magasin lui ouvre une nouvelle perspective. Shiraha ne rentre pas non plus dans le moule, il voudrait vivre de l'air du temps, ne pas travailler, se faire entretenir. Keiko lui propose de s'installer chez elle et de se faire passer pour son petit ami contre le gîte et le couvert. Quand elle annonce la nouvelle à son entourage, ils sont tous heureux de la voir enfin en couple, enfin ''normale''.



Un petit livre qui en dit long sur la rigidité de la société japonaise où les individus qui ne se conforment pas au modèle en vigueur sont ostracisés, rejetés, mal vus. Une femme doit occuper un emploi stable jusqu'à ce qu'elle trouve chaussure à son pied, se marie et quitte son travail pour s'occuper de son mari et de ses éventuels enfants. Un homme doit travailler dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Sortir de ce schéma, c'est s'exposer à la curiosité et à la critique.

Mais Keiko est différente depuis l'enfance. Sans doute atteinte d'un trouble du comportement de type autistique, elle est pragmatique, réaliste et a su trouver des parades pour avoir l'air ''normale'' aux yeux des autres. Mais malgré ses efforts pour entrer dans le moule, ce n'est pas suffisant. Keiko occupe un emploi précaire, elle n'a jamais été amoureuse, quoi qu'elle fasse, elle se singularise. Pour elle, le konbini est un havre de paix, un endroit rassurant où elle peut mettre son masque de vendeuse et agir comme telle.

Shiraha est lui aussi différent. Sans ambition autre que celle de vivre aux crochets d'une femme riche, il est le mouton noir de sa famille qui ne veut plus l'entretenir.

Si la réunion de ces deux individus atypiques pourrait être bénéfiques pour l'un comme pour l'autre, il est toutefois aberrant de voir la famille et les amis de Keiko se réjouir de la voir en couple avec un homme qui se contente de profiter d'elle. Le saint Graal serait de trouver un mari ? Et qu'importe si celui-ci est un tire-au-flanc acariâtre ?

Roman anti-conformiste, parfois drôle, souvent cruel, La fille de la supérette questionne sur la place de l'individu dans une société qui ne fait aucun cas des aspirations personnelles, du droit à la différence, de la liberté de penser. Déprimant mais indispensable.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Je découvre Murata Sayaka avec ce premier roman, Konbini, qui fut récompensé au Japon par le prestigieux prix Akutagawa (qu'on pourrait assimilé au prix Goncourt français). L'auteure a l'âge de sa narratrice, 36 ans, et travaille elle aussi dans une supérette ouverte 24h/24.



Furukura Keiko est donc employée à temps partiel chez Smilemart depuis l'ouverture de la konbini, dix-huit ans auparavant. La narratrice n'est à son âge pas mariée, grave tare aux yeux de la société nipponne. Elle mène une vie très restreinte entre son boulot et son studio minuscule, ce qui lui convient très bien. Keiko n'est pas "normale" au grand dam de sa famille depuis l'enfance. Elle a appris, comme elle dit, à remplir son rôle d'humain mais sans comprendre pourquoi faut-il s'intéresser ou se préoccuper de choses qui lui passent au-dessus de la tête.



La normalité représente l'enjeu du roman. Ou plutôt comment l'imiter pour ne pas être éliminée. Le style de Murata Sayaka est volontairement sobre et neutre, ce qui doit être encore plus prégnant en japonais où les nuances et registres de langue sont des marqueurs sociaux prépondérants. Le résultat en est un récit court et grinçant où paraissent les mentalités japonaises très strictes. Limite un carcan social; et gare à celui ou celle qui ne rentre pas dans les normes. Ou ne sait pas feinter. Comme le découvre l'autre marginal de l'histoire Kuraha. Sous ses discours grandiloquents qui en appellent sans cesse à l'époque Jômon (la Préhistoire quoi) se cache une blessure de ne pouvoir vivre et être accepté tél qu'il est, sans avoir à se conformer au moule social.



Court roman mais très intéressant sur la société nipponne. Et plus largement sur un conformisme généralisé où il ne fait pas bon être différent. Une belle découverte grâce à ma médiathèque.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Un livre vers lequel je ne serais sans doute pas naturellement allée si je n'avais lu des critiques qui m'avaient donné envie de le découvrir. Son titre et sa quatrième de couverture pourraient laisser croire à une romance un peu mièvre mais il n'en est rien. Cet emballage « normalisé » offre un contenu qui l'est moins et aborde en fait la difficulté d'être singulier dans une société où la normalité règne sans partage.



Keiko, l'héroïne principale de ce roman, ne rentre pas dans les cases de la société japonaise. Depuis toute petite, ses réactions et son mode de pensée ne sont pas conformes à la norme collective et attendue. Il y a une scène très révélatrice au début du livre avec la mort d'un oiseau.



Partagée entre le désir le plaire à son entourage et celui d'être elle-même, elle ne comprend pas ce qu'on attend d'elle et encore moins pourquoi.

Elle a beau tenter de se fondre plus ou moins dans le moule par mimétisme, à trente-six ans, sans mari, sans enfants et un petit boulot d'intérimaire dans un konbini, une supérette ouverte 24h/24, elle reste à la marge pour les autres.



« Ceux qui ne contribuent pas, que ce soit par le mariage, en ayant des enfants, en allant chasser ou gagner de l'argent, sont des hérétiques. […] Pour parler clairement, tu es au plus bas de l'échelle : tu seras bientôt trop vieille pour avoir des enfants, tu n'as pas l'air de te préoccuper de tes besoins sexuels, tu ne gagneras jamais aussi bien ta vie qu'un homme et tu n'as même pas d'emploi stable, juste un petit boulot. Tu n'es qu'un fardeau pour la communauté, un déchet humain. »



Elle, qui n'aspirerait qu'à ce qu'on la laisse vivre sa vie tranquillement, n'a de cesse d'être rattrapée par le jugement intolérant d'autrui. Ce jugement prend d'autant plus de vigueur que le regard que porte Keiko sur son environnement est très factuel et logique.



« Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu'ils sont en droit d'exiger des explications. »



Un roman sur l'anticonformisme et sur la difficulté à trouver sa place dans une société qui impose un modèle unique. On y découvre également le mode de fonctionnement d'une supérette japonaise.

Court, simple, grinçant mais efficace.

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Konbini  (La fille de la supérette)

Un joli livre qui parle de la différence. Déjà petite Keiko Furukura ne voyait pas les choses comme les autres. Plus grande, cela a continué mais consciente de cela, elle le masquait et copiait les autres. Au final, elle est devenue un kaléidoscope de personnalités. Elle ne peut être elle-même que seule. L'une de ses personnalités qui lui convenait était "la vendeuse du konbini", la petite supérette du coin. Elle s'y trouvait bien, dans un cadre immuable où tous les faits et gestes de la journée étaient encadrés, précis et récurrents. Ce qui devait être un petit job d'étudiant va devenir son repaire et elle y restera de nombreuses années, regardant passer les gérants et d'autres salariés précaires. Et puis arrive un grand dégingandé, pas vraiment dans la norme. Ca ne passe pas entre eux, elle ne comprend pas pourquoi il ne joue pas le jeu du marchant stéréotypé, s'absente, ne range pas comme il faut les marchandises dans les rayons et surtout parle tout le temps de choses bizarres. Bref lui non plus n'est pas dans le moule. Et si au fond, ils étaient de la même veine tous les deux ?

J'ai bien aimé ce roman pour les idées qu'il véhicule et la manière dont le personnage principal évoque sa différence et regarde, sans jugement ni a priori -là est toute la différence avec les autres qui la jugent différente- ses congénères vivre, rire ou mentir. Surtout elle décortique l'opinion qu'ils portent sur elle. Elle a une vue de ce qui l'entoure très réfléchie, froide, presque mathématique, qui parfois fait sourire (notamment l'épisode dans la cours de récréation alors qu'elle décide de séparer deux garçons qui bataillent) mais surtout pointe nos ambiguïtés, nécessaires au vivre en commun, mais parfois si misérables...
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Konbini  (La fille de la supérette)

Ce livre est assez fou !

Sous le couvert d'une histoire terriblement banale, c'est le Japon tout entier qui se dévoile.



Keiko est l'employée modèle d'une supérette japonaise et à travers le récit de ses journées et de ses questionnements, elle nous révèle les subtilités de la culture et des traditions japonaises.

La pression pour se conformer à la "normalité" de la vie japonaise est si forte que Keiko va se laisser gentiment transformer pour correspondre à ce que les autres attendent d'elles. Car c'est une évidence : travailler dans un konbini, vivre seule et ne pas être mariée à plus de 30 ans est l'exemple parfait d'une vie ratée.

Keiko va changer. Elle va s'adapter. Pour son plus grand malheur !



L'écriture de ce petit roman est originale, percutante et solaire. Aux côtés de Sayara Murata, je me suis imprégnée de ces émotions japonaises que j'aime tant et qui me transportent si loin dans les souvenirs de voyage.

Je me revois émerveillée dans ce konbini, devant ces étals de boites colorées, sans aucune indication autre que le japonais, à parier sur leur contenance. Je me vois salivant devant le réfrigérateur rempli de makis, d'onigiris et de sashimis plus attirants les uns que les autres.

Je me revois admirant l'ordre et la perfection de chaque geste, appréciant la gentillesse extrême des Japonais se pliant en quatre pour me rendre service.



Et je me dis que derrière tout mes émerveillements, il y a tant d'exigeances !



La fille de la supérette est une ode amour-haineuse à la société japonaise que j'ai dégustée avec délice et enthousiasme !

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Konbini  (La fille de la supérette)

Ah la littérature japonaise, un plaisir renouvelé avec cette histoire assez courte.

Keiko Furukura, depuis son enfance, ne rentre pas dans « la norme ». Elle réagit, ressent, voit les choses différemment de la majeure partie des gens.

Elle essaie de rentrer dans ce rang mais malgré toute sa bonne volonté, elle n’y arrive pas... Le seul endroit où elle se sent à sa place, c’est dans la supérette, dans le konbini. Elle vit konbini, elle pense konbini, c’est sa vie.

Portrait touchant de cette femme de trente- six ans qui essaie d’être comme tout le monde, de ne pas être différente quitte à gommer sa vraie personnalité. Cette différence ne lui pose aucun problème mais son entourage familial, amical et professionnel ne l’entend pas de cette oreille. J’ai beaucoup aimé Keiko qui mène une vie simple qui lui convient parfaitement mais au final, ce sont les autres qui lui compliquent la vie. Elle qui ne demande rien de plus. Pas facile pour Keiko de nager à contre-courant de la pensée populaire pour essayer de rentrer dans un moule qui ne lui convient pas. Devons-nous écouter les autres? Savent-ils mieux que nous ce qui est bon pour nous?

Une histoire simple en apparence mais qui interroge sur l’acceptation de la différence dans la société japonaise mais ce questionnement est aussi valable dans nos sociétés. Cultivons nos différences au lieu de les gommer!

Belle lecture!
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Konbini  (La fille de la supérette)

Comment qualifier ce court roman, qui prend parfois des allures de récit puisque l’auteure est elle-même employée d’une supérette ? Peut-être que noir ou glaçant conviendrait bien.



Il s’agit de l’histoire de Keiko, une jeune femme célibataire, qui a un job précaire dans l’une de ces supérettes (appelées « konbini ») si populaires au Japon et qui restent ouvertes 24h/24. Toute sa vie tourne autour du konbini : elle se réveille konbini, s’habille konbini, se coiffe konbini, mange konbini, dort konbini car « Il faut bien dormir avant d’aller travailler ». Et « même durant ses heures de repos, son corps appartenait au konbini ».



Dès l’incipit le ton est donné :



« Les silhouettes pressées s’affairent de l’autre côté de la vitre impeccablement polie. C’est le début de la journée. L‘heure où le monde s’éveille, où ses rouages se mettent en branle. Moi-même, je ne suis qu’une pièce du mécanisme en rotation communément appelé ‘matin’ ».



Oui voilà Keiko est un rouage et les clients ne sont pas plus humains qu’elle, à peine des silhouettes que l’on croise ici ou là. C’est le portrait de la terrifiante société normative japonaise, où il est essentiel de rester dans les rails, car «c’est en nous imprégnant ainsi les uns des autres que nous préservons notre humanité. » Terrifiante société japonaise qui déshumanise chacun et chacune et l’asservit. Keiko dira d’elle-même : « Avant d’être un humain, je suis une vendeuse de konbini. Même défaillante, même à la rue, mise au ban de la société, je ne peux plus fuir. »



La fin du roman est exactement dans la même veine, bien loin d’un happy end à l’occidentale. Un formidable coup de maître pour ce roman sans prétention mais qui m’a bel et bien bousculée.

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Konbini  (La fille de la supérette)

Revoyons nos classiques tels les candidats du jeu questions pour un champion qui répètent inlassablement leur litanie de culture générale: je suis l’inventeur de l’imprimerie? Je suis Gutenberg! Qui a prononcé cette célèbre phrase “… et pourtant elle tourne” ? Galilée! Je suis une femme et j’ai découvert le radium? Marie Curie ! Nous célébrons la floraison des cerisiers au printemps ? Nous sommes … nous sommes … les japonais ! Bingo !



En effet, cette coutume de l’hanami où l’on voit des centaines de nippons se rendre dans les parcs et admirer la blancheur rosée des illustres cerisiers est aussi connue, pour un occidental, que les sushis, les haïkus et les bizarreries technologiques toujours plus folles du Pays du Soleil levant. Cliché quand tu nous tiens. 😉



Il va sans dire que la culture japonaise rencontre un certain succès en Europe et fait battre le cœur de bon nombre d’entre nous. Je suis de ceux-là, lorgnant de plus en plus vers cet archipel atypique. Mon entourage étant au parfum de mon intérêt grandissant pour le Japon, La fille de la supérette, sorti en 2016, a fini par atterrir sur le coin de mon bureau et il ne m’a pas fallu réfléchir deux fois d’affilée avant de découvrir ce court roman qui a reçu le prix Akutagawa, l’équivalent du prix Goncourt. Petite analyse.



Keiko a trente-six ans et vit à contre-courant. Célibataire et sans enfants, elle travaille depuis toujours dans un konbini, une de ces supérettes japonaises où l’on vend de tout, tout le temps. Keiko s’y sent comme un poisson dans l’eau alors que son entourage se demande quand est-ce qu’elle va réellement entrer dans le moule de la société et enfin débuter sa vie de femme. Son existence bascule à l’arrivée de Shiraha, un nouvel employé lui aussi célibataire.



Sayaka Murata, l’auteure, nous plonge dans une histoire simple et sans accroc qui pourrait se dérouler dans bien des villes sur le globe. Cette femme, Keiko, trace sa vie sans trop se poser de questions. Elle est le contraire de ce que le monde attend d’elle et qui la juge pour ce qu’elle est. L’auteure aborde ici une thématique universelle qui est la difficulté de trouver sa place dans la société sans se renier. Ce sujet est traité avec une certaine délicatesse et l’on imagine bien que sortir hors des sentiers battus ne doit pas être une sinécure au Japon, un pays où le sens de l’honneur est fortement ancré dans les mentalités.



“ … et si on t’inscrivait plutôt sur un site de rencontres? Je sais, on devrait prendre des photos tout de suite ! Avec des clichés pris lors d’une fête entre amis, ça fera meilleure impression et tu recevras plus de demandes de contact qu’avec des selfies.



— Oh, quelle bonne idée, faisons ça ! s’exclame Miho.



— Mais oui, ça augmentera tes chances! décrète le mari de Yukari en réprimant un rire.



— Vous croyez que j’aurai de bons résultats? Ma question ingénue semble mettre l’époux de Miho mal à l’aise.



— Disons qu’il faut se dépêcher. À ce train-là, tu vas manquer de temps, pour être honnête. Tu n’es plus toute jeune, bientôt il sera trop tard. “



L’écriture de Murata est limpide, sans fioritures. Elle ne s’embarrasse pas de digressions pour nous faire entrer dans la vie de cette célibataire à l’heure du Japon moderne. Ce même personnage principal est construit avec brio, on sait directement imaginer ce que peut être sa vie, ses réactions et ses questionnements intérieurs.



Le rythme du roman peut surprendre car il n’y a pas de bouleversements ni de retournements de situation extraordinaires mais une certaine manière de conter la vie d’une japonaise. L’auteure prend son temps pour déployer son histoire qui est aussi la sienne puisque Sayaka Murata a écrit cette fiction alors qu’elle était elle-même… vendeuse dans un konbini.



Enfin, certains verront dans cette histoire une succession de platitudes. Pour ma part je vois dans l’écriture de La fille de la supérette ce que j’aime le plus dans la littérature japonaise, une histoire sans faux-semblants qui a un je-ne-sais-quoi d’apaisant. Bref, ce n’est pas encore demain la veille que je vais faire hara-kiri avec la culture nippone. 😉



À bientôt,
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Konbini  (La fille de la supérette)

Keiko est un être à part, résolument différente des autres. Disons qu'elle ne fait guère montre de ce que les autres appellent empathie, qu'elle est limitée dans ses affects, qu'elle se fiche de sa sexualité et qu'elle prend à la lettre ce qu'on lui dit. Depuis son enfance, elle ne comprend ni la société dans laquelle elle évolue, ni son entourage immédiat. Elle a choisi de s'écarter des autres pour ne pas commettre de bourdes. Jusqu'à ce qu'elle trouve sa place dans un konbini (supérette), où son rôle est clair et net. Elle y travaille depuis qu'elle est entrée en fac à 18 ans, et au moment où débute le roman, elle a atteint l'âge critique de 36 ans. Travailler dans un konbini, ça commence à devenir un problème : on n'y est employé à temps partiel, ça n'est pas considéré comme un vrai travail, et les postes sont occupés par des étudiants, des personnes qui ont un autre emploi à côté, ou encore de sages femmes mariées. Si Keiko prend la peine d'imiter ses collègues pour se fondre dans la masse, ou encore de continuer à fréquenter ses "amies" de fac pour avoir l'air sociable, on se demande de plus en plus dans son entourage pourquoi elle ne trouve pas un "vrai" travail - il est parfaitement évident pour elle qu'elle ne peut pas occuper un autre poste, à cause de son décalage avec la société, mais elle ne peut pas le dire. La rencontre avec un autre marginal de la société japonaise, par ailleurs assez imbuvable, va lui entrouvrir la porte d'une pseudo-normalité, d'une apparence de normalité : il suffit de faire croire qu'on vit en couple, et le tour est joué. du moins c'est ce que croit Keiko.





Murata s'est servi de sa propre expérience d'employée de konbini, mais, surtout, elle se sert de la "pathologie" de Keiko comme prisme. Keiko lui permet de faire voir au lecteur la société japonaise via un regard extérieur - c'est moins flagrant pour les lecteurs qui ne sont pas japonais, j'imagine, notamment quand on vit dans un pays où la norme est d'employer des caissiers de supermarchés uniquement à temps partiel durant toute leur vie (chacun ses tares). On est donc en pleine critique sociale d'un pays où vivre en marge est très mal considéré - à supposer qu'il existe des pays sur Terre où ce ne soit pas le cas. Ce qui ressort plus que tout le reste, sans doute, c'est l'obsession du mariage, en particulier en ce qui concerne les femmes.





On pourrait se croire à mi-chemin entre Nobody Knows de Kore-eda, film dramatique qui dénonce (avec un pathos hélas très appuyé) l'indifférence à ceux qui vivent en marge, et Le Journal de Bridget Jones, pour les réunions entre amies où l'avenir de Keiko fait l'objet de nombreux débats. Ça pourrait facilement tourner mal, voire très mal. Murata Sayaka a néanmoins choisi de conserver un ton léger pour son roman. Certes, Keiko découvre qu'elle n'est pas si bien intégrée que ça dans sa supérette qu'elle considère comme un cocon, et elle découvre que sa sœur, dont elle s'est toujours crue proche, est capable de devenir aussi hystérique que les autres. Mais c'est l'optimisme qui l'emporte, et la marge sur la norme absurde. La critique sociale aurait pu être plus féroce, plus approfondie. Ça n'en reste pas moins un regard intéressant sur la différence et la normalité, qui devrait nous pousser, nous, lecteurs occidentaux, à nous interroger sur nos propres réactions à tout ce qui ne rentre pas impeccablement dans le moule : "T'es toujours au chômage ?", "Pourquoi t'as pas d'enfants ?", "Qu'est-ce qu'il fiche à vivre dans la rue, celui-là ?", et j'en passe.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Avec Konbini Sayaka Murata nous offre une immersion dans une société japonaise rigide, codifiée. Gare à celui qui ne se plie pas aux didacts traditionnels. Une jeune femme doit créer une famille, avoir des enfants et un époux qui gagne confortablement sa vie. C'est son rôle !

Keiko , vous l'aurez compris, ne coche aucune de ces cases.Elle occupe depuis 18 ans un emploi à temps partiel dans un konbini. Elle est une employée exemplaire, elle ne vit que pour son travail. Que lui importe si sa vie sociale se résume à rien , elle a le Konbini.

Quand elle croise la route de Shuraha, elle croit pouvoir franchir le pas de la normalité ... mais rien n'est moins sur face à un homme aussi "anormal" que lui.

Je referme Konbini songeuse. Plus documentaire que roman, ce texte distille une petite musique aussi triste que désolante Peut on s'illusionner et imaginer que cette situation n'existe qu'au Japon ? j'en doute...
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Konbini  (La fille de la supérette)

Une très bonne surprise ! L'intrigue est très simple : Une jeune femme va occuper un emploi précaire dans une supérette pendant une vingtaine d'années pour se fondre dans la société, en faisant abstraction de ses propres désirs. Sa famille, ses amis, lui ont toujours dit, depuis toute petite qu'il fallait faire "comme tout le monde". Seul problème, à plus de 30 ans, elle n'est toujours pas mariée.

A travers ce roman, c'est toute la problèmatique de la difficulté de vivre en s'affirmant dans son individualité, que l'on retrouve. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette difficulté est toujours très actuelle. Au Japon, les habitudes sociales sont très fortes et normalisent les individualités trop accentuées.

Ce court roman bien écrit se lit rapidement et décrit correctement la vie d'une petite supérette de quartier.
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Les Terriens

Il y a des personnages que nous arrivons difficilement à quitter, qui nous hantent. La petite Natsuki, l'héroïne du roman, Les Terriens, de Sakaya Murata, l'autrice de Konbini, est de ceux-là.



La couverture du roman, qui représente une peluche en forme de hérisson cache un roman d'une très grande noirceur. C'est Pyûto, la peluche de Natsuki, une adolescente japonaise. Pyûto sait tout des violences domestiques que subit Natsuki : sa mère la bat, l'injurie quotidiennement sans même s'en cacher. Pyûto sait aussi que Natsuki subit des violences sexuelles lors de cours particuliers dispensés par un professeur particulièrement pervers. Pyûto a des pouvoirs magiques qui ont été transférés à Natsuki, et lui permettent de lutter dans son quotidien dévasté.

Une lueur d'espoir - le cousin de Natsuki, Yû, qu'elle retrouve tous les étés à la montagne.

A la fin de la première partie du roman, Yû et Natsuki doivent se séparer.



Bien plus tard.... nous retrouvons Natsuki. Elle souhaite plus que tout échapper au regard de la société, et s'est mariée à Tomoomi rencontré sur un site internet spécialisé : elle recherchait un partenaire pour un mariage sans sexe et sans enfant, et cela lui convenait également. ils vont retrouver Yû - et leur vie à trois va basculer.



Le roman les Terriens est particulièrement féroce, Sayaka Murata n'a pas son pareil pour dépeindre un monde dans lequel règne le plus puissant des conformismes, le lavage de cerveau de la Fabrique qui conduit des êtres à se reproduire et à travailler pour élever les enfants. Critique de la société japonaise très codifiée, certainement, mais il me semble que la critique va beaucoup plus loin dans ce qu'elle dénonce.



Dans les Terriens, pour étayer sa critique, Sayaka Murata s'attaque à de nombreux tabous, dépeint l'insoutenable.

Que dire des scènes finales ? Quelle interprétation donner à ce roman qui fait plus que de sortir le lecteur de sa zone de confort ?



Comme j'avais beaucoup aimé Konbini, j'ai beaucoup aimé ce roman, qui sans aucun temps mort fait frémir, s'indigner, se révolter, peut donner la nausée. Une telle lecture n'est pas anodine - et Murata , avec une très grande habilité, nous offre un roman très bien écrit, totalement hors-norme qui bouleverse et nous interpelle.























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Konbini  (La fille de la supérette)

Konbini, ou la Fille de la supérette, est un roman doucement acide. D'une introspection de personnage, ce portrait se révèle au fil des pages une critique pincée du conformisme et des rites de la société japonaise.



Le personnage principal, Keiko Furukura, ne s'intègre pas facilement à la société japonaise. Semblant atteinte d'un trouble psychologique, elle est naturellement détachée des rites de la vie sociale japonaise. Dès l'enfance, par exemple, elle ne comprend pas pourquoi on ne devait pas manger un oiseau mort trouvé par terre mais au contraire l'enterrer, ni pourquoi elle ne pouvait pas faire cesser une bagarre de cour d'école en frappant à son tour sur les deux belligérants.



Adulte, avec l'aide de sa sœur, elle déploie un trésor d'ingéniosité intellectuelle pour paraître la plus normale possible aux yeux du monde. A l'aide d'un mimétisme poussé à l'extrême et quelques excuses bien trouvées, elle va réussir à avoir un emploi dans un konbini, considéré comme instable, et maintenir des contacts sociaux plus ou moins ordinaires, même si elle n'est pas totalement crédible auprès de ses proches. Plus le temps passe, moins les gens adhèrent à ses explications. Sa famille et ses amies voient et entendent qu'elle n'est pas naturelle, notamment dans sa parole. Rien de plus normal puisqu'elle se nourrit de toutes les personnes qu'elle rencontre et reproduit leurs tons, expressions, styles.



J'ai beaucoup aimé le personnage de Furukura parce qu'elle sort des sentiers battus des personnages de fiction. Détachée des codes mais décidée à rester ancrée avec sa société par des subterfuges. Elle aurait pu être en marge de la société, elle est pourtant au cœur de celle-ci par sa seule volonté. Son regard est dépouillé des tabous et des limites, comme lorsqu'elle trouve remarquable le raisonnement d'une femme qui lui enjoint de ne pas propager ses "gênes pourris et de les garder pour elle jusqu'au paradis sans en laisser une trace derrière". (c'est quasi une citation dans le texte...). D'ailleurs, l'asexualité est aussi un sujet du livre : le personnage de Keiko ne ressent absolument pas l'envie d'avoir des relations sexuelles que ce soit pour le plaisir ou pour faire un enfant. Quand on sait le déclin démographique que connaît la société japonaise, j'ai trouvé la manière d'aborder ce sujet singulièrement explosive.



Elle rencontre l'élément perturbateur dans la personne de Shiraha. Initialement collègue de Furukura, ce personnage se montre dédaigneux, irrespectueux, sexiste et fainéant. Contestataire contre la société en place, qu'il estime être la même depuis l'ère des chasseurs-cueilleurs japonais, il se révèle n'être qu'un individu frustré et toxique parasitant l'espace de Furukura. C'est un faux anticonformiste et se comporte au contraire comme un véhicule de plus des pires travers de cette société qu'il conspue. Comme vous pouvez le sentir, ce personnage m'a été assez antipathique. Sayaka Murata avait donné un entretien dans lequel elle expliquait que le personnage de Shiraha n'avait pas la même réception en Occident qu'au Japon. Ici, il est communément détesté alors que dans son pays, il inspire une profonde pitié et les lectrices, notamment, avaient tendance à lui pardonner son comportement. Un autre biais à rajouter à notre lecture. La seule chose qui joue en sa faveur est qu'il fait prendre conscience à Keiko qu'elle n'est pas intéressée par ce cadre : se marier, avoir un enfant, avoir un emploi stable et normal.



Bon au final, je ne sais plus trop quelle conclusion tirer de ce roman : est-il une acceptation frustrée du conformisme sociétal, une critique sifflante mais feutrée des carcans japonais ou juste l'histoire d'une femme extraordinaire qui, bousculée dans ses habitudes sociales, ne va pas laisser un homme décider pour elle de la manière dont elle souhaite vivre sa vie ?



En tout cas, c'est un bon pageturner. Je vous le recommande.



Bon, je ne sais pas, mais tout ça m'a donné faim. Rendez-vous Rue des Petits Champs pour un ramen. Allez, à bientôt.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Les jeunes japonais et leurs bizarreries

*

Quel roman déroutant, vraiment!

A l'issue de ma lecture, je ne peux toujours pas trouver le ton donné à ce court récit.

Humoristique, satirique, réaliste, ironique, dramatique? Ou tout cela à la fois?

Je ne connais pas bien le Japon moderne, contemporain. Et là il est venu à moi en pleine face. Si on peut parler ainsi :)

Keiko, jeune femme citadine et célibataire de 37 ans nous raconte sa vie en tant qu'employée dans un konbini (un 7 Eleven japonais, un Leader Price ouvert 24h/24). Elle se fond totalement dans le moule, dans la masse. Je la trouve "border line" (terme psychiatrique), personne aux tendances marginales, hors de la société. (cf ses pensées de jeunesse, ouille!!)

Elle veut tellement rejoindre le groupe (celui des mamans/épouses/job intéressant à temps plein) et ne pas s'attirer l'attention d'autrui.

Un jeune collègue lui propose un marché, qu'elle va accepter de son plein gré. Et c'est là que je n'ai vraiment pas compris "l'astuce". Ou alors suis-je trop occidentale, trop européenne? Mon petit chouia de "féministe" s'est réveillé ! Quoi? Oser se laisser marcher sur les pieds de la sorte? Se laisser parler ainsi?

Ce roman me laisse perplexe mais me fait me rendre compte combien les jeunes adultes nippons sont pressés de tous côtés (travail, ascension sociale, mariage), combien la vie citadine est difficile et ce long célibat qui les "cristallise" sur l'autel de la vie de couple.

L'auteure travaille elle aussi dans un konbini. Est-ce une biographie?

Une bonne satire sociale . Et à retenir: la norme est plus importante que l'individualité dans le pays du Soleil Levant.
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Konbini  (La fille de la supérette)

Petit roman japonais que j'ai choisi par hasard.

Très bonne surprise. Keiko Furukama est une jeune japonaise de 36 ans qui travaille dans un Konbini ( supermarché ouvert 24 h sur 24) depuis 18 ans et est heureuse comme cela. Mais sa famille et son entourage aimeraient qu'elle soit dans les normes c'est a dire mariée avec des enfants et un travail à temps complet.

Ce roman montre le poids de la pression sociale au Japon.

Intéressant et bien écrit.
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