Avec la publication du DSM III en 1980, on assista à une répudiation au moins partielle des concepts freudiens et à une victoire de la psychiatrie biologisante (...) Les névroses étaient bannies et remplacées par les troubles anxieux : phobie sociale, trouble anxieux généralisé, SSPT, troubles obsessionnels compulsifs, trouble panique avec agoraphobie et trouble panique sans agoraphobie. La fragmentation pharmacologique de la panique par Donald Klein l'avait emporté.
Mais en arrachant la maladie mentale à l'emprise du freudisme et en l'installant dans le royaume du diagnostic médical, le nouveau DSM étiquetait comme "malades" donc atteints d'un trouble caractérisé, nombre de patients qui autrefois auraient été jugés simplement "névrosés". Une aubaine pour les laboratoires pharmaceutiques qui disposaient désormais d'une population de malades considérablement accrue, à destination de laquelle ils entendaient développer et commercialiser des molécules psychoactives. Pour le plus grand profit des patients ?
Vaste sujet.
Sommes-nous vraiment plus beaucoup plus dépressifs en 2011 que nous l'étions en 1960 ? [ de 1 à 15 % des Américains ] Ou bien avons-nous défini la dépression et les troubles anxieux de façon trop globale, ce qui a permis aux grands labos de nous embobiner ( nous et nos compagnies d'assurance ), puisque nous payons désormais des comprimés qui soignent des maladies dont nous ne nous savions pas atteints, ces pathologies n'existant pas avant 1980 ?
...une fois qu'on a créé une nouvelle maladie, elle ne tarde pas à croître et à prospérer. Les recherches la concernant s'accumulent, le nombre de patients censés en être atteints ne cesse de s'élever et elle devient omniprésente dans la culture des psychiatres comme dans celle du grand public.