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Citations de Shulem Deen (31)


« Nous étions samedi après-midi. Je profanais le shabbat en marchant et en mangeant traïf – des plaisirs simples, mais si lourds de sens à mes yeux! Assis face au panorama, mon sandwich à la main, j’éprouvais une sorte de vertige à la pensée que je pouvais désormais faire ce que je m’étais interdit pendant tant d’années, parce que je craignais non pas le châtiment de Dieu, mais le jugement des hommes. »
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Sauf que, dans ce petit quadrilatère situé entre Lee Avenue et Bedford Avenue d'un côté, Brodway et Heyward Street de l'autre, il n'y avait qu'une seule façon de craindre Dieu : celle des satmar. Et il étaient prêts à user de violence pour s'assurer que le message était bien compris.
Ce type ne comportement n'était pas propre au satmar, hélas. Les rabbins qui se déclaraient favorables à l'érouv appartenaient à des structures dirigeantes qui imposaient à leurs fidèles un conformisme d'une rigidité absolue dans tous les autres domaines. A Skvyra, on n'hésitait pas à recourir à la violence pour faire appliquer les règles de la communauté. Même chose chez les vichnitz, les belz, les hassidim de Gour et bien d'autres encore. C'est ainsi que fonctionnait notre petit monde clos sur lui-même. Nous veillions à faire régner l'ordre par tous les moyens possibles.
Mais quel genre de monde était-ce là ? Et qui pourrait mettre fin à cette dérive autoritaire ?
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En posant sur le Talmud un regard plus critique, je m'apercevais cependant que l'enseignement des Sages était entaché, comme tous les écrits de leur époque, par la superstition, la misogynie et la xénophobie, autant de failles qui ne faisaient pas nécessairement de ses auteurs des vauriens, mais les rendaient soudain plus humains et plus ordinaires à mes yeux.
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En vérité, à l’exception d'un petit bataillon de mystiques et de quelques survivances de pratiques anciennes - dévouement au rebbe et manifestations collectives accompagnées de chants et danses -, les hassidim du XXe siècele paraissent bien loin du mysticisme, de l'extase, de la mélancolie et de la joie du Baal Sham Tov et de ses disciples. Ils semblent au contraire avoir régressé vers l'autoritarisme et l'inflexibilité auxquels le hassidisme avait pourtant chercher à mettre fin.
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Quand le hassidisme était apparu, au milieu du XVIIIe siècle, ce mouvement cherchait à libérer le peuple juif d'une vision du monde ossifiée par des siècles d'arcanes légalistes. Le hassidisme voulait fuir l'artificiel, le prétentieux et les formules toutes faites. Promouvoir l'esprit de la loi davantage que sa lettre, et découvrir les strates infinies de cet esprit. Glorifier l'expérience mystique davantage que la querelle savante. Il proclamait les affaires du cœur et de l'esprit supérieures à l'excès piétiste.
Ce furent cependant les principes du Hatam Sofer, plus que ceux du Baal Shem Tov, qui vinrent à caractériser la vision du monde hassidisme moderne. Au XVIIIe et XIXe siècles, avec la diffusion de la Haskalah, le courant de pensée juive influencé par l'esprit des Lumières, de nouveaux défis firent naître des priorités nouvelles chez les Juifs pratiquants. Les enseignements du hassidisme, s'aperçurent nombre d'entre eux, n'étaient pas de taille à lutter contre le mouvement des Lumières. Les hassidim se rangèrent donc sous la bannière du Hatam Sofer et se hâtèrent d'adopter ses principes.
"Tout ce qui est nouveau est interdit par la Torah."
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Au fil du temps, j'en viendrais à considérer Avremel comme une sorte de Savonarole du monde hassidique, un fanatique si excessif qu'il en devenait caricatural, mais à l'époque, je lui vouais une admiration sans limites.
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Mon questionnement intérieur me laissait ivre de chagrin, en deuil de ma foi perdue.
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"J'ai une question à te poser, annonça Chezky quelques jours plus tard dans le hall de la synagogue, où nous avions l'habitude de nous retrouver avant les prières du vendredi soir. As-tu déjà songé au fait que tes croyances religieuses, comme ta naissance dans l'État de New-York, résultent d'une succession de hasards et de coïncidences ? Et que si tu avais grandi dans une famille catholique ou musulmane, tu serais tout aussi convaincu par leurs enseignements que tu l'es des nôtres aujourd'hui ? Toi qui tiens tant à croire aveuglément, n'es-tu pas troublé par le caractère terriblement arbitraire de tes croyances ?"

   Aussi élémentaire soit-elle, cette question ne m'avait jamais traversé l'esprit jusqu'alors. Elle n'appelait pas vraiment de réponse, d'autant que les grands sages du judaïsme l'avaient résolu depuis longtemps - j'en étais convaincu. De quel droit aurais-je remis en cause une telle évidence ?

   La question me tarauda pourtant toute la soirée. J'éprouvais un léger agacement envers Chezky. Pourquoi se montrait-il si insistant me demandai-je en rentrant chez moi. Je revenais sans cesse au problème rhétorique qu'il m'avait posé, comme on ne peut s'empêcher de gratter une cicatrice qu'il faudrait laisser tranquille. Quelle était la solution ? Malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de m'interroger : si je n'avais pas été élevé dans la religion juive, l'aurais-je choisie ? Si ,mes parents et mes professeurs ne m'avaient pas appris à réciter le Chema Israël à deux ans, "Torah Tsiva Lanou Moshe" à trois ans, les prières et les Psaumes à quatre, la Bible à cinq et le Talmud à huit ans, aurais-je cru à ces principes fondateurs comme j'y croyais à présent ?
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"Grâce à trois principes méritoires, les enfants d'Israël furent délivrés d'Egypte : ils ne modifièrent ni leurs noms, ni leur langue, ni leurs vêtements[....]Le but en est la ghettoïsation volontaire. Se distinguer par sa langue et sa tenue permet de réduire au minimum les échanges avec le monde extérieur, et contribue à vous maintenir à l'écart. Limiter l'éducation profane et le savoir venu de l'extérieur tient à distance les idées étrangères. Interdire les médias et les divertissements populaires préserve de la tentation."
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C'est lors de ma première visite à New Square que j'ai vraiment compris ce qui différenciait la communauté skver des autres sectes juives ultra-orthodoxes.
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Magnifique, très interessant et enrichissant
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