J'avais une trentaine d'années. C'était une époque où je ne travaillais pas, en étant incapable. Une époque de vide et de douleur. L'époque de Montparnasse, l'errance. Alors que j'étais au Select, une vieille connaissance - un garçon devenu entre-temps psychanalyste - vint vers moi dès qu'il me vit. Il avait une intéressante nouvelle à me communiquer. Sais-tu, me dit-il, que dans le Who's Who ton père n'a qu'une fille : Judith ? Le noir se fit dans ma tête. La colère ne vint qu'après.
Les années ont passées et, l'analyse aidant, mes sentiments vis-à-vis de mon père se sont clarifiés, apaisés. Je le reconnais pleinement comme mon père. [...] D'ailleurs, si on y réfléchit bien, n'est-on pas toujours la fille (ou le fils) de ses parents? folio p. 67