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Critiques de Simo Hiltunen (36)
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Si vulnérable

Quel bizarre sentiment m'habite après avoir refermé ce livre. Je crois que ce que ce titre révèle sur la société finlandaise m'indispose plus que le récit lui-même. Et savoir que cette histoire s'appuie sur des faits réels me donne froid dans le dos.On nous décrit une société finlandaise qui semble au bout du rouleau. Bien malade en fait. Des enfants maltraités, des femmes qui semblent être traités comme étant de seconde zone, violentées et violentes, des parents imbibés d'alcool et de religion...Est-ce possible que les Finlandais soient aussi coléreux, démesurés, excessifs, qu'on nous le dit ici? Est-ce que ce mal être , cette animosité agressive, cette pure violence puisse être héréditaire?

Un journaliste aux affaires judiciaires d'un grand quotidien national, Lauri Kivi, se sent interpellé par une série de familicides. Il se penche sérieusement sur la question et se met à échafauder l'idée que ceux-ci sont plutôt l'oeuvre d'un meurtrier en série et non du père de famille qui tue femme et enfants avant de se suicider. Il poussera, cherchera et il plongera. Il surfera sur les vagues du mal qui feront resurgir son propre passé de victime d'un père dangeureusement explosif de violence, d'une mère alcoolique, battue, hargneuse, bref d'une famille totalement dysfonctionnelle. Mais il s'acharnera et ça fera en sorte que le lecteur n'aura d'autres choix que de s'interroger sur le mal, ses racines, ses manifestations, son emprise, son contrôle.

La narration ne gâche pas du tout la tradition scandinave: rythme plutôt lent, on prend le temps de mettrre les choses en place, on distille l'information peu à peu avec certains retour dans le temps, on s'attache doucement aux personnages.

Le dilemne est entier: le mal l'emportera-t-il sur le bien? Peut-on réellement et efficacement contrôler le côté sombre de l'âme humaine ?

Une excellente découverte, une bonne lecture, un auteur à suivre.

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Si vulnérable

La violence est-elle héréditaire ? Bonne question… Vous avez trois heures pour y répondre.



Il est des drames qui nous laissent souvent sans voix, ou qui nous donnent, au contraire, l’envie de hurler : les crimes familiaux.



Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête du père ou de la mère qui décide d’assassiner ses enfants, avant de se suicider ensuite ? (quand ils y arrivent, parfois, ils se loupent).



Ce polar va lentement, il prend le temps de nous immerger dans la société finnoise, qui, vu sous cet angle, ne fait pas rêver : alcool, misère, femmes qui semblent sans droits, maltraitées, enfants battus…



Et les enfants battus reproduisent le même schéma, dans cette histoire, ou alors, sont en lutte permanente pour garder leur violence sous le boisseau. Ou ce roman s’est focalisé sur une frange de la population afin de donner de la matière à son récit, ou alors, la Finlande n’est pas ce que l’on croit.



Le personnage principal n’a rien d’un héros, que du contraire : Lauri Kivi est journaliste aux affaires judiciaires d’un grand quotidien. Il est froid, renfermé, a vécu une enfance merdique et malheureuse, semble détaché de tout. Son comportement m’a laissé plus d’une fois sans voix. Difficile de s’attacher à lui, même si on comprend son attitude.



C’est en voulant écrire un article sur les familles touchées par des crimes familiaux, afin de mettre en avant les dommages collatéraux, que le récit va l’entraîner dans une tout autre histoire.



Alors que je m’attendais à ce que le scénario prenne un certain chemin, il m’a surpris en choisissant une autre voie. Bien vu, au moins, j’ai été surprise.



Ne vous attendez pas à lire un thriller trépidant qui court dans tous les sens, comme je le disais plus haut, l’auteur prend le temps de poser les personnages, d’inclure des flash-back de l’enfance de Lauri et d’un autre enfant (dont nous connaîtrons l’identité plus tard), de poser les fondations de son récit, de nous montrer que les dégâts collatéraux dans les familles de l’infanticide sont immenses (mis au ban de la société, montré du doigt…).



Les personnages sont travaillés, ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, pas de manichéisme. L’auteur a esquissé ses personnages tout en finesse, les dotant de caractères ambigus et nous offrira des émotions fortes durant les confrontations entre Lauri Kivi et son paternel malade, atteint d’Alzheimer. Cela demande une force incroyable que de pardonner à celui qui vous a battu.



Le final est, lui aussi, travaillé, il ne débarque pas comme un cheveu dans la soupe, l’auteur ayant pris soin de lui donner de l’épaisseur, sans qu’il devienne trop lourd.



Il clôt aussi son roman de manière à ce que les lecteurs/lectrices ne restent pas sur leur faim, frustrés de ne pas avoir le fin mot de l’histoire, même si pour certaines choses, nous aurons la liberté de choisir la voie prise par certains personnages.



Un polar finlandais qui prend le temps, qui ne se presse pas et qui met en scène la vie sociale finlandaise, qui ne fait pas rêver du tout. C’est un polar social où les petites gens vivent dans l’alcool, l’excès de religion (à géométrie variable), le non-respect des femmes et où l’on ne sait pas toujours les drames qui peuvent se jouer dans les familles qui semblent respectable.



Il m’aura juste manqué l’attachement au personnage de Lauri Kivi… Une broutille, comparée à la densité de ce roman fort sombre.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Si vulnérable

Le journaliste des affaires criminelles Lauri Kivi, travaille au Suomen Sanomat à Helsinki, il est sorti un temps avec Jatta, la chargée de communication de la police de Helsinki.

« La police a découvert les corps de quatre membres d’une même famille dans une maison individuelle située Vislauskuja, dans le quartier de Toivola, à Helsinki, le lundi 08.06.2013 à 03 h 34. »

Cela n’empêche pas les conférences de rédaction de se dérouler dans une ambiance de potache : « … Pokka…était au téléphone, l’air agacé. Sûrement une personne âgée. Qui se plaignait de ne pas avoir reçu le journal. Il s’avérerait finalement que le vieux croûton, comme le chef des informations appelait ce genre de clients, avait fait la sieste et cru au réveil émerger dans un nouveau matin. »

« Lauri avait ravalé ses insultes et présenté ses excuses. Il n’arrivait pas à croire que Petit Souci ait espionné ses transports de tasses de café. On ne pourrait bientôt plus aller pisser sans qu’il surveille où tombait la dernière goutte. »

« — Il reste cette histoire de quinquagénaire qui s’est réveillé d’entre les morts, la nuit dernière à la morgue.

— Allez-y, prenez. On a rarement l’occasion de pouvoir pondre un papier pareil. Le cas précédent remonte à près de deux mille ans. »

Ambiance…

Lauri Kivi mène l’enquête à sa manière. C’est-à-dire qu’il ne fait pas confiance à la police. Exemple : « — Vous indiquez que les enquêteurs privilégient l’hypothèse selon laquelle le père de famille a tué sa femme et ses deux filles avant de se suicider. Dans quelle mesure prenez-vous cette hypothèse au sérieux ? »

Son intuition et sa propre expérience familiale le pousse à s’intéresser de près aux meurtres familiaux qui ont eu lieu dans le passé en Finlande. Il est convaincu que dans toutes ces affaires, la violence du tueur est la réplique de la violence que celui-ci a subi, enfant.

Alors que la police et ses collègues parlent de drame familial, il parle, lui, de meurtres.

« — Que tu avais fait ton travail comme d’habitude. Il a demandé si tu t’intéressais plus particulièrement, pour une raison ou une autre, à ce drame familial.

— À ces meurtres. Ce sont des meurtres.

— OK. »



Il fait le rapprochement avec ce qu’il a lui-même vécu dans son enfance. Le silence des familles est parfois effrayant Lauri sait par expérience qu’il « fallait de la détermination, de l’intelligence et de la volonté pour se détacher des modèles de son enfance et vivre à sa façon. »

Lauri a la distance et la compassion nécessaires pour approcher les mobiles du tueur.

« Depuis les meurtres de Toivola, et même les précédents, il éprouvait du respect pour les familles. Bien qu’il ait souffert de la sienne dans son enfance. Les familles étaient faites pour résister. Pas à tout et à n’importe quoi, mais à l’éclatement. »

Le récit est dense, précis, détaillé. Il nous fait partager l’enfance violente de Lauri Kivi et les lâchetés des adultes censés le protéger.

« Quand il était enfant, le mal était pour lui la tout sauf sainte trinité du samedi soir, de la bouteille et du poing. Le vieux avait été battu dans son enfance, et il était trop borné pour tirer les leçons des erreurs de son père. »

La violence de son père était couverte par les mensonges de sa mère et la complaisance coupable de sa grand-mère.

« Une minute plus tard, elle avait prétendu avoir de la farine dans l’œil, alors qu’elle n’avait pas fait de pâtisserie depuis déjà deux ans. »

« Sa compagnie était épuisante. Mamie Ansa mentait comme un agent immobilier. La vérité ne lui suffisait pas. Elle se justifiait en arguant que d’innocents mensonges ne faisaient de tort à personne. »

Le passé de Kivi va le servir mais attirer les soupçons sur sa connaissance jugée trop précise des comportements du tueur.

L’enquête se déroule à 100 à l’heure dévorant tout sur son passage, l’incompétence des policiers mise en lumière par la personnalité ambigüe de Lauri Kivi, les jalousies professionnelles au sein de la rédaction du Suomen Sanomat, les démêlées de Kivi avec son ancienne femme Paula, le passé de ce journaliste à la résilience éprouvée.

Le tour de force de l’auteur est de nous livrer une histoire à plusieurs voix qui prend son temps sans jamais nous lasser. Avec une maîtrise surprenante le récit fait sans arrêt des allers et retours du présent vers le passé pour nous faire mieux comprendre la psychologie heurtée et complexe des personnages. Cela n’empêche par l’auteur de faire parfois preuve d’une ironie féroce :

« Milla descendit du taxi. Elle se vengerait la prochaine fois qu’il viendrait à son cabinet. Elle l’enverrait se faire faire un lavement avec des sarcasmes du même acabit. Elle lui assurerait que ça soignait le rhume, faisait baisser la fièvre et rendait plus aimable. »

« Le vieux avait gueulé que cultiver l’humour était une belle chose, mais que certains n’avaient malheureusement pas la main verte. »

Un roman impressionnant qui rajoute à notre connaissance de la société finlandaise et de ses démons parfois difficiles à comprendre pour nous européens du sud, et que Simo Hiltunen décrypte avec la précision d’un micro chirurgien.

Un auteur est né avec ce premier roman que je vous conseille de lire.

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Si vulnérable

J'ai un avis mitigé sur ce polar finlandais de Simo Hiltunen, dont c'est le premier roman. Lauri Kivi, journaliste aux affaires criminelles, enquête sur plusieurs meurtres familiaux s'étant produits dans différentes régions de la Finlande, avec pour constante un père qui tue femme et enfants et se suicide ensuite (oui je sais, encore une lecture légère). Lauri découvre que ces drames cachent peut-être plutôt, un meurtrier en série, et se lance à ses trousses... En arrière-plan, on dévoile l'enfance de notre anti-héros dans une famille où régnait la violence, ses déboires conjugaux, et sa lutte contre ses démons... J'ai adoré ce personnage de Lauri, un homme téméraire, à la langue bien pendue, opiniâtre et intelligent et qui ne se laisse pas facilement impressionner. Il m'a rappelé Bernie Gunther, le célèbre personnage de Philip Kerr. Il y a aussi dans ce polar de nombreuses réflexions sur la criminalité, l'influence de l'environnement, etc... et c'est là que j'ai décroché un peu, ces disgressions m'ont fait penser par moments à des notes d'un cours de base en criminologie, c'est maladroitement imbriqué avec le suspense, qui en souffre. Malgré tout, pas mal pour un premier roman, et très dépaysants pour moi la Finlande et les Finlandais, avec notamment des expressions inusitées fort savoureuses !
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Si vulnérable

Après une jeunesse difficile, Lauri Kivi est devenu journaliste au service des faits divers d'un grand quotidien finlandais. Il se lance dans une grande enquête sur les meurtres familiaux qui semblent se répéter. Cette enquête va le replonger dans son passé pour lui permettre de se mettre dans la peau du tueur en série dont il soupçonne l'existence.



Un roman noir, très noir et très glauque, mais porté par une belle écriture, fluide et très agréable à lire. Une histoire racontée du seul point de vue du journaliste, personnage principal. Une enquête où l'on sent que le héros tisse sa toile, tel une araignée, pour y piéger le coupable, et peut-être lui-même !



De nombreux rebondissements pour entretenir l'attention et l'envie de tourner les pages. Assez peu d'action, hormis quelques scènes de violences à vous donner des frissons, ou à vous empêcher de dormir, l'esprit obnubilé par vos enfants.



De l'émotion aussi, quand le héros revient sur ce qu'il a vécu, ou a fait, ou n'a pas su faire, au sein de sa propre famille. Une émotion distillée au compte-goutte, mais qui entretient l'espoir d'une vie meilleure, qui éloigne de la violence.



Une multitude de personnages, bien trempés, rarement clairs et limpides, souvent noyés dans la violence ou les arrières pensées, qui ne sont pas que des faire-valoir, et qui permettent à l'intrigue de se dérouler sans temps mort et sans redondance.



Bref, vous avez compris, j'ai beaucoup aimé ! Un de mes gros coups de coeur du premier semestre, avec juste un petit regret : j'aurais aimé que l'auteur nous en dise un peu plus sur la vie, les modes de vie, la vie sociale, en Finlande. A la lecture du livre, on pourrait retenir une impression certainement fausse, celle d'une société où la violence familiale est, ou a été, la règle...
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Si vulnérable

Bon, je vais commencer par le seul point semi-négatif pour moi... comme ça se sera fait et on n’en parlera plus !!!



En effet, comme tout bon polar nordique qui se respecte, l’histoire met un temps fou à se mettre en place. Certaines descriptions sont longues (notamment les descriptions de la vie passée de Lauri Kivi), voire peut-être un peu trop longues mais ça n’est pas pour me déplaire finalement. J’aime prendre mon temps pour lire un livre, m’imprégner de son atmosphère, de l’environnement et de la psychologie des personnages. En prendre toute l’ampleur et la nature. Et là, on prend son temps !... c’est le moins qu’on puisse dire : 592 pages ! Mais au finish, ça ne représente pas selon moi un handicap majeur...



Il y a en effet d’innombrables rebondissements, de l’action et des scènes d’une violente latente terrible qui démarque totalement ce livre des autres romans scandinaves qui sont tous par ailleurs, relativement « soft ». Les violences familiales décrites ici, sont parfois très dures, voire insoutenables. J'ai dû faire quelques "pauses" forcées dans ma lecture pour me laisser le temps de digérer certaines scènes...



Ici, tout démarre sur les chapeaux de roue avec un drame familial, la mort de la famille Virtanen : le père, la mère et les deux petites filles. Un familicide, policier de son état qui a liquidé sa famille avant de se donner lui-même la mort sans aucunes raisons apparentes (pas de soucis financiers ou conjugaux).



Aussitôt, Lauri Kivi, journaliste, chroniqueur judiciaire chez Suomen Sanomat, un quotidien finlandais, est envoyé pour couvrir l’évènement. Mais ce suicide familial fait écho à plusieurs autres survenus à différents endroits de Finlande qui alertent le journaliste. Serait-ce possible que ces crimes familiaux aient été perpétrés par un tiers ? La question se pose très vite et l’enquête menée à la fois par Lauri pour le compte de son journal et par Moilanen pour la police va aussi se diriger rapidement vers cette hypothèse.



A mon sens, ces meurtres ne sont qu’un prétexte pour analyser la psychologie torturée de Lauri qui avec des flashbacks successifs, va dévoiler peu à peu les violences qu’il a subit durant son enfance. Un père alcoolique et violent, une mère battue qui buvait aussi, un frère qui a disparu après avoir voulu s’en prendre « au vieux ». Un grand-père paternel qu’il va peu à peu découvrir violent également, ce qui expliquerait l’attitude de son propre père. Mais aussi une nature sombre, mystérieuse et inquiétante qui se révèle aussitôt que Lauri boit aussi un peu trop. Il devient à son tour violent mais comme il en a conscience, il fait tout pour se maitriser au prix de combats titanesques avec lui-même.



C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a abandonné femme et fille des années auparavant, avant qu’il ne soit trop tard. Après avoir levé la main sur sa femme, Paula, il aurait tenté d’étrangler Aava, sa propre fille étant bébé. En fait, il a voulu les protéger de lui-même et de ses pulsions destructrices. La violence est-elle une fatalité ? Et puis est-ce seulement cela ?



La personnalité « borderline » de Lauri, le fera presque se « confondre » avec le meurtrier, ce dernier étant persuadé que celui-ci est un « loup » comme lui et pourra non seulement le comprendre mais aussi se « révéler » en laissant le « côté sombre de la force » se dégager. Une lutte entre leurs personnalités va alors se dérouler, lentement mais sûrement jusqu’au dénouement. L’Anti-héros que représente Lauri, peu doué pour les relations humaines et peu sociable est remarquablement bien décrit et finement analysé par Simo Hiltunen.



Autre point positif selon moi : l’auteur prend aussi le temps de vraiment terminer son histoire (ce qui évite la frustration et le sentiment de bâclage qui fait que parfois un super thriller / polar tombe finalement à plat avec une fin qui n’en est pas une !! – je ne donnerai pas d’exemple, il y en a tellement !!!!!) .



Là, même après avoir révélé le nom de l’assassin, il prend soin de donner une finalité à chaque protagoniste et d’en expliquer les tenants et les aboutissants.



Même si la « morale » de l’histoire pour certains personnages n’est pas si « morale » que ça à la fin, elle a le mérite d’être dite sans laisser la place à une interprétation libre. C’est un choix. Je le respecte et je recommande vivement la lecture de cet ouvrage qui rafraichit l’horizon des polars nordiques et qui se déguste comme un café bien fort. Bref j’ai beaucoup aimé ! (Ma note: 5/5 malgré tout car j'ai été très "emballée").
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Si vulnérable

Attention au moment où vous découvrez ce roman , sachez que vous rentrez dans un univers sombre et puissant !



On nous présente ainsi Lauri Kivi, journaliste spécialisé dans les chroniques judiciaires pour un journal finlandais. Interloqué par la multiplication des familicides dans son pays il décide de se pencher sur ce qu'il considère être des meurtres en série. A commencer par la mort de la famille d'un policier très récente . Sauf que Lauri n'est pas le héros conventionnel. Enquêteur hors-pair, cet homme nous plonge dans les tréfonds du mal. Car au-delà de ces analyses fines des tueurs, de sa lecture incroyable des indices, cet homme est avant tout une victime. Victime d'un père violent, gardant des séquelles visibles et d'autres à l'âme, Lauri va mener une enquête qui va le projeter dans la noirceur ultime.



Obligé de faire face à sa propre violence, et de dévoiler son propre passé, à une fille devenue adulte, cet homme va se montrer d'une pugnacité incroyable. Et quand le tueur menace sa famille, la perte de contrôle n'est pas loin...



Ce roman tout en tension adopte un rythme propre aux auteurs scandinaves. Une lenteur qui permet de mettre en place des personnages complexes , et attachants . Car même quand Lauri adopte des attitudes qui choquent , on en vient à lui trouver des circonstances atténuantes . Au-delà du héros, j'ai adoré le personnage d'Aava qui vient apporter la touche d'humour nécessaire pour éclaircir le récit. Sa répartie unique et son sens de l'auto-dérision permettent d'éclater de rire à des endroits inattendus.



Et la question principale tournant autour de la l'héritage de la violence intéresse et interroge.



Bien écrit, se reposant sur des faits réels, cette intrigue bien construite, nous entraîne au fin fond de l'âme humaine, là où l'héritage familial lutte avec la conscience et la volonté de changer. Alors qui l'emportera ?



Même si c'est son premier roman et que parfois quelques longueurs sont à noter , Simo Hultinen devient un nouvel auteur scandinave à suivre.
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Si vulnérable

Tout y est : enfance maltraitée, paternité contrariée, violences conjugales, hémoglobine, méprises policières, journalisme d’investigation, des enfants cassés qui veulent rebondir et sont rattrapés par leur passé, des amours de jeunesse bafouées et retrouvées, une belle bande de rescapés de la vie, souvent malgré eux. Tout est très dense dans un univers finlandais que l’on rencontre rarement dans les polars nordiques. Certes un polar nordique sans alcool ne serait pas un polar nordique … et un phénomène angoissant : le familicide !

L’auteure manie à souhait les fausses pistes où le lecteur s’engouffre légitimement tellement l’intrigue est menée avec brio.

Enfin, on reproche souvent que les intrigues de romans noirs se terminent trop abruptement. Là, bien au contraire, Simo Hiltunen prend soin de terminer l’histoire de chaque personnage, fut-il secondaire. C’est assez rare pour le souligner. J’ai aimé !

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Si vulnérable

D'abord rubricard judiciaire dans un grand quotidien finlandais, Lauri est devenu un journaliste des affaires criminelles reconnu. A la suite d'une série de familicides (basés sur des faits réels), il décide de mener une enquête approfondie, après avoir remarqué de troublantes similitudes dans ces faits divers successifs, et puis un scoop améliorerait encore sa carrière. Lauri est captivé par le mal, il veut comprendre l'engrenage qui mène aux drames car il a été éduqué à la dure par son « vieux », qui à force de vexations, de peurs, de harcèlements, d'humiliations et de violences a tué toute forme de sentiments chez son fils, devenu un adulte analytique, froid, cynique, coupé de ses émotions. Lauri porte en lui une colère blanche, aveugle, une rage enfouie, primitive. Il a reçu la violence en héritage et a fait des choix de vie radicaux pour que le loup sommeillant en lui ne se réveille pas. En étudiant des cas extrêmes, il espère apprendre à se connaître, et peut-être oublier certaines certitudes nées de son histoire comme « pardonner c'est se tromper soi-même et se tuer à petit feu », ou encore « l'amour est dans le slip ». Armé de l'autorisation de sa hiérarchie, sur fond d'adagio en sol mineur de Remo Giazotto qui ne respire pas la franche rigolade, Lauri démarre ses recherches, ignorant s'il en sortira broyé ou sauvé.





En créant un personnage attachant, l'auteur donne la parole non pas à un policier, un psychologue ou à tout autre spécialiste théorique de l'enfance maltraitée, mais à l'un de ses rescapés devenu adulte qui en connaît intimement la pratique. Lauri est le produit de son dressage ; il a appris que fuir ne fait qu'aggraver une situation. Pour cette raison, il décide d'affronter son passé.





Si vulnérable est un roman aux multiples facettes et aux nombreux rebondissements. Simo Hiltunen étant lui-même journaliste, il décrit de manière très réaliste, l'ambiance d'un grand quotidien, l'effervescence des salles de rédaction, la solidarité entre confrères mais aussi les coups bas pour rafler les meilleurs scoops. Lauri gère avec beaucoup d'humour sa surdité, en débranchant son appareil quand un fâcheux l'ennuie. L'enquête journalistique sur les familicides sert de fil rouge à Si vulnérable, qui se démarque des habituels histoires policières et autres thrillers à la fois par son style plaisant, ses dialogues à l'emporte-pièce pleins d'humour noir, sa construction rigoureuse, son angle d'attaque et son vaste champ d'investigations, pour poser des questions à la fois gênantes et salutaires sur les violences infligées aux enfants. Que les lecteurs craignant – comme moi – les allusions glauques, les descriptions complaisantes de scènes de crimes sanguinolentes se rassurent. Si la thématique choisie par l'auteur est douloureuse, il évite les écueils classiques : sentimentalisme simplet, insistance reloue, apitoiement improductif, pseudo-bons-sentiments dégoulinants. Simo Hiltunen ne s'adresse pas aux tripes des lecteurs mais à leurs cerveaux en les questionnant. Faire le mal est un choix, mais est-ce faire le mal que faire un mauvais choix en croyant bien faire ? Faut-il agir pour faire le mal ? Ou suffit-il de ne rien faire ? La violence est-elle génétique ? Peut-on rompre son cercle vicieux ? Qui est-on pour juger ?





Dans ses brefs remerciements, Simo Hiltunen considère son roman cruel et même sinistre tout en l'espérant réconfortant. Je m'approprie ses mots pour les partager. Si vulnérable est – selon mes critères – un grand roman, certes dur mais également capable d'apaiser des victimes de violences dans leur enfance et d'éclairer tous ceux qui s'intéressent à ce fléau.
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Si vulnérable

Voilà un thriller carrément grandiose, j’ai tout aimé, j’ai tout lu et je n’ai rien laissé de côté. Simo Hiltunen, auteur finlandais excelle dans le genre thriller noir, le style est parfait et c’est crescendo que monte la puissance du mal dans une construction de l’intrigue qui a du génie et nous laisse sur le carreau. Rien que de savoir que ce roman noir est tiré de faits réels qui ont eu lieu dans son pays, j’en tremble.

On découvre donc le personnage central de ce roman Lauri qui est journaliste et fait important il a un handicap ce qui est suffisamment rare pour être mentionnée. Lauri est sourd et j’ai apprécié la façon dont il a appris à gérer son handicap, il peut décider de s’isoler du reste du monde en ôtant son oreillette ce qui peut être un sacré avantage lorsque l’on travaille ans des bureaux « open space ». Je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec Millénium car on retrouve des éléments comme la Scandinavie, une enquête, des meurtres, du journalisme. Lauri est amené à enquêter sur les lieux d’un « familicide », un policier, père de famille vient de tuer sa femme et ses deux petites filles avant de mettre fin à ses jours. C’est déjà le quatrième cas qui défraie la chronique et rapidement la police va penser qu’il y a un tiers derrière ces meurtres. On assiste à un roman très rythmé avec de nombreux retournements de situation.

On va en apprendre un peu plus sur l’enfance désastreuse de Lauri et la psychologie des adultes quand ils ont subit de la maltraitance pendant l’enfance. C’était passionnant de voir à quel point la notion de résilience peut entrer en marche ou au contraire ne pas se manifester. Le personnage de Lauri prend de plus en plus d’importance et a parfois été plus présent pour moi que l’enquête elle-même ce qui était à la fois surprenant et génial. J’ai aimé sentir Lauri toujours à la frontière entre le bien et le mal. Un excellent thriller et une belle découverte de cet auteur finlandais qui est un coup de cœur. Bonne lecture.


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Si vulnérable

COUP DE COEUR !! J’ai adoré « Si vulnérable »



Lauri Kivi est en charge des chroniques judiciaires dans l’un des plus grands quotidiens d’Helsinki. C’est un homme plutôt solitaire et peu doué pour les relations sociales, mais un excellent journaliste.



Quand éclate l’affaire Virtanen, c’est lui que son rédacteur en chef envoie sur les lieux du drame : un père de famille (policier de surcroît) vient d’assassiner ses deux petites filles ainsi que sa femme puis s’est donné la mort. Or, rien ne pouvait présager un tel drame, la famille étant unie, fréquentant voisins et amis et ne semblant pas avoir de problèmes financiers.



Ce qui interpelle Lauri, c’est qu’il y a eu déjà trois cas similaires en Finlande. Il décide d’investiguer pour comprendre ce qui a bien pu se passer pour que ces pères de famille deviennent des meurtriers.



Dans le même temps, nous découvrons ce que Lauri a lui-même dans la tête : son enfance terrorisée par les coups d’un père tyrannique et violent ; son angoisse à tisser des liens car il sait que lui aussi peut devenir violent ; ses efforts pour toujours museler « le loup qui sommeille à l’intérieur. »



Plusieurs éléments relevés sur le terrain, et qui apparemment avaient échappé à la police, lui donnent la conviction que les quatre « Famillicides » ont été commis par un tueur en série. Il fait alors dans son journal une description du meurtrier :



« Notre meurtrier a peur. C’est pour cela qu’il est devenu ce qu’il est. Au tout début, il tremblait, faisait pipi dans sa culotte et avait peur. De son père, probablement. Et il nous fait maintenant partager cette peur. Il la propage, pour s’en débarrasser. La peur provoque l’oppression et l’excès de pouvoir. Et notre faible ami jouit de ce pouvoir. C’est un être pitoyable, à l’esprit étroit, sexuellement impuissant, qui s’excite quand nous nous abaissons à avoir peur. Ne lui donnez aucun pouvoir. Si vous le rencontrez, rappelez-vous que c’est un petit garçon peureux qui veut se sentir invincible. Intérieurement, il crie papa, papa regarde-moi. Papa, papa aime-moi. »



Lequel tueur va rentrer en contact avec Lauri et menacer sa vie, celle de son ex-femme et de sa fille.



Ce roman mêle d’une façon parfaite les éléments d’une enquête de police avec une intrigue qui tient en haleine jusqu’au bout, la psychologie des adultes martyrisés pendant l’enfance et qui ont été capables ou pas de résilience pour avancer dans leur vie, la vie en Finlande.



Croyez-moi, vous allez plonger dans ce roman et ne plus le lâcher !



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Si vulnérable

Très bonne surprise que ce roman finlandais qui traite de nombreux sujets mais tous autour de la famille. Suite à la découverte d'un familicide réalisé a priori par le père de famille policier, Lauri Kivi, journaliste, décide de faire un article pour tenter d'analyser ce type de meurtre particulier qui est d'entrainer dans la mort, sa famille. Il se penche sur 3 derniers cas dont un concerne l'ex petite amie de son frère disparu. Les personnes rencontrées semblent dire que tout se passait bien, que ces familles n'avaient ni problème financier, ni soucis conjugaux. Après la découverte d'un dessin d'une des enfants tuées, Kivi va finalement se demander si un tiers n'aurait pas causé ses drames.

Passionné par le sujet car venant d'une famille dysfonctionnelle avec un père alcoolique et qui frappait femme et enfant, une mère qui buvait aussi, un frère qui a disparu après avoir voulu s'occuper de son père; Lauri Kivi pense trouver les points communs qui ont conduit les pères au meurtre. Se demandant en parallèle pourquoi cela ne s'est pas terminé ainsi chez lui.

Et découvrant que la violence de son père était lié à sa propre enfance violentée par son propre père. Pour sa part, ayant peur de sa propre violence, Lauri a laissé son ex femme élever seule leur fille sans que celle ci sache qu'il était toujours en vie.

Personnage froid, peu empathique, Lauri peut sembler à bien des égards aussi perdu que ces meurtriers mais en fait c'est une carapace qu'il s'est construite pour éviter les sentiments et éviter les excès. Sa rencontre avec sa fille Avaa, avec Milla, ex reine de beauté de son enfance, adoucit quelques peu ses traits.

Le propos est dur par son sujet et par le biais utilisé qu'est Lauri même si on comprend parfaitement comment il s'est construit.

C'est un vrai suspens mais en même temps une analyse psychologique des personnages car nul n'est réellement bon ici. Parfois cela va un tantinet loin, c'est le reproche que j'adresserai à ce livre. Le jugement fait sur certains personnages est pesant.



Cela mis à part cela reste un excellent suspens.
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Si vulnérable

600 pages je pensais pas arriver a la fin de ce livre... Un pavé tout de même pour une histoire ficelée mais sans réel rythme.... Entrecoupé par des incohérences a certain moment.... Si une logique irréfléchie... Alors pourquoi ?

Je mettrais donc trois étoiles car l auteur a réussi à me mener jusqu au bout.

Avis au amateur... Si vous aimez le froid la neige et les prénoms scandinaves.
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Si vulnérable

J’ai rarement lu de polar finlandais, et j’ai beaucoup aimé celui-ci.



Nous suivons Lauri Viki, journaliste spécialiste des affaires criminelles qui décide d’écrire un article de fond sur les familicides.



Cette narration première est entrecoupée de souvenirs de l’enfance de Lauri avec son frère Tuomas, son père qui les battait comme plâtre et sa mère qui subissait.



Il a été brièvement marié à Paula, ils ont eu une fille Aava, mais Lauri a choisi de quitter sa famille pour leur bien.



J’ai aimé me plonger dans la vie de Lauri, constaté ses efforts pour ne plus toucher une goutte d’alcool.



Mais l’enquête de Lauri l’amène à se poser des questions sur ces familicides et faire sortir le loup du bois.



Un roman qui m’a plongé au coeur des familles violentes et du courage des enfants pour ne pas reproduire le même schéma.



L’image que je retiendrai :



Celle du loup, qui fait son apparition au fil des pages, en animal ou en l’homme.
Lien : https://alexmotamots.fr/si-v..
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Si vulnérable

Roman noir … Finlande

Quasiment tous les tueurs en série "se comprennent" par leur passé douloureux. Tous ont eu une enfance difficile ... Victime d'inceste, de viol, de torture ou autres, en grandissant beaucoup choisissent de faire le mal et de victimes deviennent bourreaux ... Ainsi naissent les psychopathes, les sociopathes, les schizophrènes, etc ! Ce roman noir c'est ça ... Doit on forcément devenir "méchant" quand la vie a été cruelle avec vous dès votre plus tendre enfance ... ? En chacun de nous sommeillent deux loups : le loup blanc qui nous pousse vers les bons choix et vers le bonheur et le loup noir qui nous pousse à faire le mal ... Lequel gagne ? celui que vous nourrissez !!!

Excellente lecture !





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Si vulnérable

Peut-on échapper à une enfance marquée par les coups à répétition de la part de parents qui n'auraient jamais dû le devenir? Sommes-nous à ce moment condamnés à reproduire ce cycle de violence dans notre vie adulte, autant vis-à-vis nos enfants que notre entourage en général? C'est en filigrane les questions posées par ce thriller finlandais que j'ai grandement apprécié. D'autant plus qu'il aborde aussi avec intelligence les relations parfois tendues entre chroniqueurs judiciaires et forces de l'ordre. Débutant comme une histoire de journalisme, ce livre se transforme peu à peu en chasse à l'homme où traqueur et traqué partage plus de points communs qu'on pourrait penser au départ... Les états d'âme de l'un et l'autre sont graduellement dévoilés, l'action ne manque pas, mais l'auteur prend le temps de bien étoffer ses personnages, même secondaires. C'est un premier roman pour cet auteur et je ne peux que souhaiter qu'il y en ait d'autres.
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Si vulnérable

Un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) venu du froid !

Oubliez tout ce que vous savez sur les thrillers nordiques ! Si vulnérable bouscule les codes du thriller du grand nord, pour nous offrir un livre dur, sans concession ni filtre, qui ravira les lecteurs qui aiment les thrillers qui déménagent !



J’ai l’habitude de dire que les thrillers venus du froid prennent leur temps au niveau de l’intrigue, ce sont plutôt les ambiances et les atmosphères qui créent le suspense et le sentiment angoissant que doit éprouver tout bon lecteur de littérature noire qui se respecte, mais il faut bien avouer que l’action n’est jamais folichonne et on peut rapidement s’y ennuyer, surtout si on aime les intrigues mouvementées. Or ici, on est sur quelque chose qui est, à mon sens, complètement inédit dans le thriller nordique : l’auteur a opté pour une liberté de ton assez impressionnante par rapport à ses confrères et consœurs, et il osé certaines scènes d’une violence que je n’ai jamais rencontrée dans cette littérature.



Là où l’auteur est très fort, c’est qu’il arrive néanmoins à prendre son temps pour développer certains aspects de l’histoire qu’il souhaite mettre en avant, tels que les relations familiales difficiles ou encore une certaine critique de la société finlandaise, tout en provoquant des rebondissements régulièrement afin de ne pas lasser et perdre le lecteur. Il prend également le temps de développer de manière très large l’aspect psychologique des personnages, surtout du personnage principal…



Un personnage ambivalent

Ce qui fait la force de Si vulnérable, c’est incontestablement le personnage de Lauri Kivi, journaliste, qui crève les pages, qui est doté d’une personnalité hors norme, pugnace du fait de son enfance chaotique et de ses erreurs commises dans le passé. Il est une personne sans attache, qui n’a peur de rien ni de personne, si ce n’est de lui-même. Loin du stéréotype du personnage mal dans sa peau et dépressif, il ne se laisse pas envahir par un quelconque spleen, mais il reste véritablement marqué au fer rouge par son enfance passée sous les coups de son père alcoolique, à regarder sa mère se faire tabasser régulièrement. Ces éléments du passé nous sont relatés régulièrement, noyés parmi les faits actuels, parce qu’à un moment une situation, un mot ou un quelconque souvenir est revenu envahir l’esprit de Kivi. Nous assistons alors à des scènes assez terribles, et découvrons peu à peu que derrière l’image que le journaliste donne de lui-même, se cache un être bien plus sombre, aux pulsions pouvant être destructrices. Nous traversons ce livre à ses côtés, prenons connaissance de ses pensées les plus profondes et j’ai eu un énorme coup de cœur pour lui malgré son tempérament glacial et son ambivalence.



La famille, au cœur de l’intrigue

Ici, le thème de la famille est abordé d’un point de vue particulièrement sombre : violences familiales, « familicides », alcoolisme, abandon d’enfant vont être votre lot quotidien dans les presque 600 pages de ce livre. Il est question ici de l’héritage que notre famille nous laisse, surtout pour le côté négatif, et de ce que nous pouvons en faire après avoir pris de la distance vis-à-vis des personnes toxiques et des événements. On se rend alors compte qu’il est terriblement difficile de prendre du recul et de réussir à mener notre vie le plus normalement possible.



Au-delà de sa propre histoire familiale, Kivi va plonger dans ces drames familiaux, où l’un pétera à un moment un plomb au point de décimer son conjoint et ses enfants. Pourquoi ces meurtres ? Mais surtout, pourquoi autant de drames similaires ? Et si, finalement, il s’agissait d’une intervention extérieure ?



Malgré sa taille imposante et quelques longueurs par moment, vite balayées par l’intrigue qui reprenait son cours, ce livre va directement dans ma catégorie « coup de cœur« . Je considère qu’un livre est un coup de cœur quand je suis obnubilée par lui lorsque je suis obligée de le poser pour aller bosser ou reprendre une activité personnelle.



Simo Hiltunen a réussi à insuffler quelque chose de totalement nouveau dans le thriller nordique qui devient, à mon sens, un peu trop redondant. C’est une véritable bouffée d’oxygène pour les amateurs du genre, et je ne manquerais pas de suivre de près cet auteur dans de futures parutions.
Lien : https://anaisseriallectrice...
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Si vulnérable

“Si Vulnérable”. Il s’agit de la vulnérabilité des enfants, que nous conditionnons, formatons, en fonction de l’éducation qu’on leur apporte et des valeurs qu’on leur inculque. Nos enfants sont des éponges, des éponges à apprentissage qui s’instruisent dans notre ombre, autant par nos gestes que par nos mots. Ils apprennent et parfois nous imitent pour le meilleur comme pour le pire. Mais, du coup, si la violence et la cruauté étaient elles aussi deux valeurs qui se transmettaient de père en fils ? Si un enfant grandit dans un environnement oppressant, devient-il obligatoirement un être dont la brutalité caractérisera l’essentiel de sa vie d’adulte ?



Il s’agit là des principales questions que se pose, et nous pose l’auteur Simo Hiltunen dans son roman “Si vulnérable”.



Pour tenter d’apporter une réponse il prend comme exemple l’histoire d’un tueur en série qui pratique les meurtres de familles entières en les déguisant en familicides.



Lauri Kivi, célèbre et brillant journaliste judiciaire dans un grand quotidien finlandais s’intéresse à ces drames et décide d’enquêter. Il découvre peu à peu un mode opératoire qui le conduit à penser qu’il s’agit en fait de meurtres commis par un tiers, et le mène sur les traces du tueur.



Sur toute la première partie du livre, en fait les ¾ du roman, on suit donc Lauri qui s’interroge sur la violence de ces meurtres, ce qui a comme un effet miroir avec lui-même.



Il est né et a été élevé dans une maison où le père était très violent. Il insufflait de la peur dans la famille afin d’exercer le pouvoir et une forme de domination. La mère et les deux enfants subissaient de la maltraitance, de la douleur physique, ils étaient humiliés. Il découvre, à l’occasion d’une visite à son père, que ce dernier a souffert lui-même de violence de la part de son propre père. Ce contexte a-t-il décidé du fait que Lauri devrait subir les mêmes souffrances? Cette violence est née des vexations, de la peur, du harcèlement, devenu adulte il a fait également subir cette domination afin d’asseoir son pouvoir et acquérir un sentiment de puissance.



Pour autant, toute personne maltraitée dans son enfance devient-elle un sociopathe ? Le meurtrier est-il un enfant qui a connu les coups et les humiliations ? Sur la dernière partie du livre, Lauri se rapproche dangereusement du bourreau. Ce dernier, se retrouve dans notre chroniqueur judiciaire, comme un double, pour lui il s’agit de son semblable. Il doit laisser sa rage s’exprimer et non la laisser enchaînée. Elle doit le libérer des contraintes, lui permettre de s’épanouir, d’acquérir enfin le pouvoir dont chacun d’entre eux a été privé durant sa jeunesse.



La démonstration est faite, la fureur est un sentiment qui naît dans l’enfance, alimentée par les sévices subis, et une fois devenu adulte, libre d’agir à sa guise, il faut faire partager l’expérience de la peur, non plus en la subissant et en étant celui qui la ressent mais plutôt en étant le tortionnaire, en se sentant tout puissant face à la peur de ses victimes.



Lauri Kivi refuse cette part de lui-même : « en chacun de nous vit deux loups : le loup blanc qui essaie de conduire vers le bonheur et le loup noir qui encourage à mal agir. Lequel des deux gagne ? Celui que tu nourris ». Pour lui, il faut au contraire de la détermination, de l’intelligence et de la volonté pour se détacher des modèles de son enfance et vivre à sa façon. Subir des sévices n’est pas une fatalité et ne doit en aucune façon conditionner notre vie d’adulte. Il faut savoir faire face, être plus fort encore et lutter contre ces sentiments de rage et ne pas les laisser prendre le dessus.



Ce roman, tiré de faits réels, est un véritable roman noir, une étude sociologique et psychologique du mal. Simo Hiltunen prend le temps de creuser ses personnages, aucun n’est vraiment secondaire, tous prennent part à l’intrigue et apportent une pierre à la démonstration faite par l’auteur. C’est un roman qui prend son temps, pour autant nous n’avons pas le sentiment de longueur, tout est à sa place. La tension est présente tout du long et seule la conclusion nous permet de souffler.



Il s’agit du premier roman de Simo Hiltunen, et nul doute qu’il s’agit d’un nouvel auteur à suivre.

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Si vulnérable

Lauri est journaliste judiciaire dans un journal de la Finlande. Il aime son métier et se plonge dedans à corps perdu car il n'a plus que ça qui le rattache à notre monde. Quand plusieurs "familicide" ont lieu, il s'interroge. Comment des bons pères de famille bien sous tous rapports peuvent-ils tuer de sang froid femme et enfants pour finir par retourner l'arme contre eux-mêmes ? Le dernier "suicide familial" est celui d'un policier. La curiosité de Lauri est piquée à vif et il s'interroge de plus en plus. Avec autant de similitudes, n'aurait-on pas affaire à une personne extérieure coupable de ces atrocités ?

Très vite, Lauri va mener sa propre enquête au risque de faire resurgir son passé sombre et inquiétant...



"Si vulnérable" traite de plusieurs thématiques : la violence est la thématique principale de ce livre. D'autres thèmes se dégagent comme les violences familiales et les souffrances qui en découlent, les familicides, l'alcoolisme mais aussi le pardon.



Simo Hiltunen nous présente son premier thriller et quel thriller ! Un thriller nordique hors norme et comme vous le savez le style nordique et moi, ça ne fait qu'un ! Hors norme dans le sens où ce livre est littéralement porté par notre personnage principal, Lauri. Nous avons à faire à un personnage qui porte tout sur ses épaules. Il est puissant, sombre mais aussi très torturé. Pour mieux cerner notre personnage, l'auteur nous fait, à point nommé des flash-bacs qui nous aident à comprendre le passé de Lauri et donc son comportement/caractère.



Lauri est un personnage charismatique et atypique dans toute sa splendeur. Il est sombre, noir, violent et inquiétant, à la limite de basculer du côté obscur mais malgré tout cela, il reste très attachant. Lauri a aussi un détail qui nous interpelle, il a un handicap. Il est sourd d'une oreille et ce n'est pas de naissance... comment est-il devenu sourd ? Que s'est-il passé ? Et surtout qui l'a rendu sourd ? Au fil de notre lecture, nous en apprenons un peu plus sur lui et son portrait n'est vraiment pas flatteur. Lauri est un enfant qui a subi bien des humiliations et sévices. Il a des pulsions qu'il peine à refréner surtout lorsqu'il boit...il peut devenir très dangereux et se changer en loup...au risque de se mettre lui-même en péril. Parfois, il m'a fait peur, m'a ému ou épaté par ses déductions... En résumé, un personnage au caractère trempé qui a fait battre mon coeur malgré son caractère froid et imperméable aux autres.



Un thriller de quasiment 600 pages que j'ai savouré de la première à la dernière page, tant par son ambiance froide et violente, mais aussi le rythme lent qui permet d'installer ses personnages avec leurs histoires dont leurs secrets. L'écriture peut être lente et douce pour devenir rapide, nerveuse et acérée. J'ai eu le "plaisir" d'être alpagué par des scènes d'une violence inouïe qui nous tombent dessus sans qu'on s'y attende, ce qui d'habitude n'est pas dans le genre nordique, mais sortir des codes prédéfinis s'avère être est une parfaite réussite. Vous l'aurez donc compris, j'ai passé un excellent moment de lecture :)



Si vous aussi, vous aimez le style nordique, appréciez les belles surprises et voulez découvrir la noirceur de l'homme, ce livre est pour vous !



Un auteur à suivre et qui nous promet de belles pépites !
Lien : https://livresaddictblog.blo..
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Si vulnérable

" Pour Lauri Kivi, chroniqueur judiciaire dans l'un des plus grands quotidiens d'Helsinki, cette tragédie n'est pas sans en rappeler d'autres de même nature. En effet plusieurs familles retrouvé morte dans leur maison. Tout indique, que les pères de famille tuent femme et enfants avant de ce donner la mort. Pour Lauri, plusieurs points des enquêtes lui donne envie de savoir le pourquoi du comment. Suicide ? Folie meurtrière ? Tueur en série ? Avec Si Vulnérable vous plongerez dans la noirceur de la violence paternel et bien plus.... "

L'histoire en elle même est prenante, bien écrite, coupé en plusieurs parties au bon moment et pour j'ai eu beaucoup de mal à me plonger entièrement dedans. Malgré la description des lieux, des actes, j'ai eu beaucoup de mal à imaginer tout sa.

Le personnage Lauri est pourtant très intéressant mais un petit détail à eu raison de moi. Pas d'émotions pendant plusieurs passages, je l'ai personnellement trouvé trop voir très froid.

Cependant ce livre mérite d'être lu et "connu" pour cette thématique que l'on ne trouve pas si souvent que sa.

Les amateurs de romans noirs finlandais seront conquis j'en suis certaine.

Merci à lecteurs.com pour cette découverte.
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