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3.83/5 (sur 61 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1980
Biographie :

Sophie Blandinières a été professeur et journaliste avant de devenir nègre littéraire.

Elle a prêté sa plume à des gens aussi divers que Patricia Kaas, Yves Rénier, Charles Berling, Roselyne Bachelot - et à d’autres encore, dont elle s’est engagée par contrat à ne jamais divulguer les noms.

"Le sort tomba sur le plus jeune" (2019), son premier roman, reçoit le Prix Françoise Sagan 2019.

Source : Flammarion
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Bibliographie de Sophie Blandinières   (13)Voir plus

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Lors des grands procès, Nuremberg, Eichmann, Francfort, Barbie, les victimes, celles qui s'en étaient sorties, si l'on peut s'en sortir, l'une après l'autre, avaient livré leur récit. Selon Joachim, ça ne suffisait pas, ça n'allait pas, c'était de l'abattage, au bout du compte, les rescapés étaient mêlés indifféremment, il fallait les additionner pour la charge, pour prouver, les histoires individuelles se confondaient en une seule, elles se valaient, ce que chacun avait subi se dissolvait dans ce que tous avaient subi, ce qu'ils avaient en commun les rendaient, et il en mesurait l'ironie, interchangeables, une seul visage, pas de visage, un seul prénom, sans nom; le bourreau, lui, était visible, et son identité, notoire.
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Ava m’attendrait le lendemain chez elle, elle m’avait donné son adresse, elle me raconterait en détail, avec des preuves, cette fois. Ces dernières années, elle s’était préparée à ce tribunal intime, elle avait réuni les éléments du procès, après la séquence judiciaire, elle avait étoffé le dossier par des entretiens avec les témoins, et avec Joachim, auquel elle rendait visite, munie de son dictaphone, une fois par semaine.
Elle avait écouté abondamment sa voix basse et même, ses silences comme des forages, ses souvenirs charriés dans le lit caillouteux d’un fleuve sanglant, un déluge qui aurait noyé l’arche, et déserté la Bible.
Du journal de Luba versé au procès, elle connaissait chaque virgule, chaque date, elle avait été bouleversée par ce que l’enfant du ghetto écrivait, le contraste entre sa graphie encore ronde, hésitante et la maturité de ce qu‘elle énonçait. Pour ne pas faire pâlir davantage l‘encre noire, Ava avait choisi la nuit pour s’imprégner de la chronique de cette enfant sensible, pour tourner avec précaution les pages jaunies des cahiers souples d’écolière, pour poser ses mains sur leur couverture brique écornée, rayée et tachée, pour déplier les feuilles de toutes sortes qu’elle avait utilisées, lorsque les cahiers étaient venu à manquer. p. 30
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L’étranger s’en doutait, qu’il provoquerait la peur et que cette peur raviverait la détestation locale du Juif, elle n’attendait que ça, flamber à nouveau, elle se nourrissait d’un rien, le fantasme l’engraissait, ne plus voir de Juifs inquiétait autant que d’en voir, leur absence se voulait aussi agressive que leur présence, leur rareté aussi insupportable que leur grand nombre.
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" Mon père m'a violée pendant des années quand j'étais enfant
mais ma mère disait : "au moins tu sauras comment on fait." Hier maman est morte."
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"Les cas de pédophilie sont presque à l'ordre du jour [...] quand la Cour de cassation a pris cette décision controversée [...] les gens étaient en colère contre le protagoniste masculin de l'affaire et contre le système judiciaire. Je crois qu'il faut chercher les raisons de ce phénomène dans le climat libertaire des années 70, ce n'en est que l'héritage, cette permissivité, cette évolution des mœurs.."
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Le prix des choses s'envolait, mais celui des Juifs, lui, s'effondrait, les Polonais touchaient 3 kilos de sucre pour dénoncer un hors-la-loi qui franchissait le mur, les Juifs dénonçaient d'autres Juifs, à la police juive corrompue, les âmes sombraient, les nazis rigolaient.
Page 74
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Mais elle voulait faire plus que de soulager sporadiquement, puisqu'elle ne déjouait pas la destinée. L'enfant de six ans qui faisait la manche à son arrivée dans l'enceinte de brique et de fer, une heure plus tard, c'était un macchabée dont personne n'avait osé toucher les paupières parcheminées, quoi qu'elle fasse, le ghetto avalait les petits avec une voracité qui aurait intimidé les ogres.
Page 92
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Dès qu'il ralentissait, épuisé par le vertige, les efforts, et ses blessures, il recevait un coup de gourdin, alors il se réanimait, il se remettait à danser, disgracieux et pathétique, sous les yeux noirs des bouleaux décharnés par l'hiver. Le désarticulé chantait aussi, puisqu'on le lui avait demandé, puisqu'il consentait à laisser l'humanité le quitter pour ne pas mourir.
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Les villes ne devraient pas dormir tant que des pédophiles les sillonnent discrètement, leur gentillesse flasque en bandoulière, leur désir infâme masqué par leur courtoisie.
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Un mois et demi plus tard, deux cent mille personnes avaient déménagé, engendrant un bazar énorme et inédit, un désordre monstrueux, effroyable, de gens et de choses, une agitation de fourmis à l'approche de la braise d'une cigarette. Les moyens de transport faisaient défaut, il fallait de l'argent pour un camion ou une voiture, il fallait de la chance pour dénicher une charrette libre, alors la plupart des Juifs qui migraient dans le ghetto laissaient leurs affaires derrière eux, leurs meubles, leurs objets, leur intimité, qu'ils aient une valeur marchande ou sentimentale, étaient abandonnés à la gloutonnerie des Allemands qui en jetaient le surplus aux Polonais.
Page 64
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