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Citations de Sophie Pointurier (69)


On n'allait pas lui faire un dessin pour expliquer qu'il était des nôtres, et que ceux qui pouvaient encore quelque chose pour l'humanité, c'étaient aussi nos fils.
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On touchait du doigt la définition du gros œuvre : il y avait beaucoup de boulot, du sol au plafond, jusqu'aux fondations. La métaphore parfaite de mon état intérieur.
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comment, et par quelle magie, l'espèce humaine continue-t-elle de perdurer sachant ce qu'endure sa propre moitié ? Avec la misogynie décomplexée qui se répand depuis la nuit des temps, c'est un miracle que cette deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective.
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Il n'y a rien de pire au monde que passer pour une femme qui déteste les hommes. On peut être raciste, antisémite, violeur ou bouffeur de bébés que les hommes nous le pardonneraient mieux qu'une suspicion de misandrie.
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C’est fou comme on est habitué à voir des cohortes de mecs armés à travers le monde, mais dès qu’une poignée de nanas ont des fusils entre les mains, ça fait trembler la France.
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Je sais l’enfance, mais je ne sais pas ce que c’est d’être un petit garçon de cinq ou dix ans. Je sais l’adolescence mais pas les effets de la puberté dans un corps de garçon. Je ne connais pas non plus la pression sociale, la pression du groupe, l’injonction à être un mec, ni comment ils se traitent entre eux. Je devine ce qui se trame autour de la virilité, les efforts déployés pour masquer la moindre émergence de vulnérabilité, et lui en parle.
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On l'écoutait, silencieuses. Elle a continué :
— Voilà ce qu'ils balancent les gars : « je leur foutrais bien ma bite dans leur gros cul ». Mais il y a aussi : « faut qu'elles baisent un bon coup ». Ou encore : « elles n'ont pas niqué depuis combien de temps ? » Et le dernier: « chiennes ».
L'exposé nous a laissées perplexes.
Pourquoi parlait-on autant de bite aux femmes ? C'était une vraie question à laquelle la force de notre collectif ne trouvait pas de réponse nouvelle. L'obsession phallique nous horrifiait autant que l'absence de modération. Mais qu'avaient-ils tous avec leur sexe ? Était-ce le symptôme d'un besoin d'attention, y avait-il là une forme de castration symbolique dans une organisation telle que la nôtre, qui menaçait leur virilité ? Devant cette probabilité, Harriet et Élie, à nouveau désarmées, oscillaient entre le rire et l'effroi.
(P. 226)
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On reproche aux révolutions de couper des têtes, mais 'est oublier ceux qui crèvent en silence pendant que rien ne change.
(P. 210)
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J'ai demandé de l'aide, j'ai vu une assistante sociale, je lui ai dit qu'il me fracasse, rien, et puis j'ai honte, on me dit que j'en fais trop, il m'a attrapé la gorge, il m'a jetée contre le mur, j'ai rien dit, il s'est jeté sur moi, m'a plaquée au sol, il m'étrangle, et comme il fait ça toutes les semaines, il m'étrangle toutes les semaines, je me suis dit c'est la bonne, je me débats pas, j'ai plus envie, ça fait trois ans, je crois que cest plus facile de mourir que de survivre à ça, il m'étrangle de toutes ses forces, cest son truc à lui, il me dit « Tu vas crever parce que je peux plus voir ta gueule », je crois que je vais mourir bientôt, je crois'.
(P. 197)
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Elle me regardait fixement.
— Claude, dit Harriet, des fois faut pas réfléchir, sinon on se bloque la sympathie, ou l'empathie, ou les deux.
(P. 198)
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— Et les entraînements ?
C'est fou comme on est habitué à voir des cohortes de mecs armés à travers le monde, mais dès qu'une poignée de nanas ont des fusils entre les mains, ça fait trembler la France.
(P. 190)
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ARTICLE 5 : Chaque décision se prendra, si possible, à l'unanimité lors des conseils. Si désac-cord, les deux tiers des votes sont nécessaires pour qu'une proposition soit adoptée.
Alinéa 1 : Les hommes n'ont aucun pouvoir et ne pourront pas voter.
Alinéa 2: L'alinéa 1 sera réévalué dans 1 944 ans après ce jour (puisqu'il a fallu attendre 1944 pour que le vote s'ouvre aux femmes dans ce pays).
ARTIcLE 6: Nous croyons la parole de chacune.
ARTICLE 7 : Nous ne voulons plus être soumises à d'autres autorités que la nôtre.
ARTICLe 8 : Pour toutes ces raisons, nous revendiquons l'indépendance de notre territoire et la création de notre État.
ARTICLE 9 : Nous nous offrons la possibilité de changer d'avis, de grammaire et de revoir nos positions.
(P. 180)
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Harriet m'a appris avec ses entraînements à ne plus être passive, à ne plus tendre la joue en cherchant l'abnégation, à ne plus purger mon corps abîmé à coup de résilience.
(P. 178)
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Harriet avait raison. Nous qui pensions être tranquilles en nous retirant de la ville, dans un espace créé par nous et pour nous... Ce n'était manifestement pas suffisant. Ici comme partout nous étions confrontées à ce fléau qui vient déranger les femmes pour leur signifier qu'elles ne sont pas à leur place, parce que trop ou pas assez. Je prenais la mesure de ce rappel à l'ordre glissé anonymement dans une enveloppe. Est-ce qu'elles devaient composer avec des petits mots comme ça aussi, les béguines, ou est-ce que leur condition les en protégeait ? Et les collègues du Danemark ou de l'Oregon, comment faisaient-elles ?
(P. 143)
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Ils me parlent, leurs mots s'accumulent et me perdent. Une pensée m'obsède. À savoir comment, et par quelle magie, l'espèce humaine continue-t-elle de perdurer sachant ce qu'endure sa propre moitié ? Avec la misogynie décomplexée qui se répand depuis la nuit des temps, c'est un miracle que cette deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective.
(P. 136)
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Comment expliquer la logique des événements ? On ne s'est pas réveillées un matin en se disant qu'on allait les éliminer un par un. Ça a été une succession de décisions, de réactions, pour contrebalancer un système qui a toujours entretenu le danger. Comment vais-je dire à Berthier que la violence est parfois morale, qu'elle peut être juste ?
Lorsqu'un homme a agressé une femme, on l'accuse rarement de complot sexiste. On dit que, à bien y regarder, il était alcoolisé, jaloux et, si par malheur elle est morte, alors c'est un drame conjugal. Mais quand une femme a tué un homme, elle enfreint dans le même temps la loi du genre et, à ce moment-là, ça devient un crime de masse. Et nous, il faudrait qu'on laisse faire, qu'on regarde passivement les femmes tomber.
(P. 123)
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On a pensé ouvrir nos portes aux femmes en difficulté mais c'était large comme concept; en vingt ans dans le social, je pouvais même dire que c'était presque un pléonasme.
(P. 100)
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Pourtant, je ne les déteste pas, moi, les hommes. Je m'en passe, c'est tout. Depuis que j'ai décidé de vivre en dehors de leur société, de leurs regards, ma vie a changé, le quotidien s'est apaisé et mon corps tout entier a enfin commencé à respirer.
(P. 79)
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Il n'y a rien de pire au monde que passer pour une femme qui déteste les hommes. On peut être raciste, antisémite, violeur ou bouffeur de bébés que les hommes nous le pardonneraient mieux qu'une suspicion de misandrie.
C'est Harriet qui disait ça tout le temps, et chaque jour qui s'écoule lui donne raison.
(P. 78)
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Je vivais pourtant avec ma sœur, ma mère et ma grand-mère, mais cela ne semblait pas suffire. Alors j'avais commencé à regarder autour de moi. Le monde dans lequel j'évoluais s'organisait toujours autour des mêmes : les garçons dans la cour de récré et les grands hommes dans les livres. C'étaient eux qui prenaient toute la place. À table, je restais bouche bée chez les copines lorsque la mère demandait au père de découper le poulet rôti, à croire que c'était trop technique pour elle. Mon système de référence se cassait la figure aussi sûrement que mon cahier de poésie se remplissait de Jean, d'Arthur, de Gustave ou de Jacques. Un jour, je les avais comptés et ça avait dévasté mes sept ans parce que, moi aussi, je voulais être poète.
(P. 21)
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