Sophie Rigal-Goulard

Je secoue la tête, affligée, même si je ne sais pas ce qui me désole le plus : la crédulité d'Alanis ou le manque total de discernement de notre père qui confond "aimer voir des gens souffrir à la télé" et "avoir envie de souffrir comme les gens à la télé".

Garance est restée patiemment à mes côtés. J'imagine qu'elle attend un déclic. Peut-être pense-t-elle que mes souvenirs sont en bloc, enfouis quelque part en moi, et qu'ils vont surgir à nouveau sans crier gare ? Un peu comme un sac de linge sale qu'on a mis de côté et qu'on jette dans la machine à laver.

Voilà deux semaines que j'ai quitté la chambre aseptisée dans laquelle je me suis réveillée après l'accident. Il m'a fallu quelques jours pour me remettre sur pied, même si mon corps n'a pas subi trop de dommages.
" - Des contusions multiples, a diagnostiqué le médecin, miraculeusement aucune séquelle physique n'est à déplorer."

On est encore loin de notre objectif mais on peut largement s'améliorer.

Ta licorne n'a pas pu s'envoler, la fenêtre est fermée.

Notre amie soupire avant d'avouer que sa vie ressemble à un désert sentimental, qu'un jour elle va voir apparaitre un chameau et que ça ne l'étonnera pas.

Un vent de panique s'engouffre dans le carré où nous sommes assises, mes sœurs et moi. La perte de la licorne doudou de Luna s'apparente à une catastrophe nationale de grande ampleur, du genre "sirènes des pompiers dans toutes les villes de France ET drapeaux en berne pendant une semaine".

Moi aussi je préfère lire que parler. Mais… pour autant les livres ne doivent pas servir de rempart. Ce sont juste des passerelles qui nous permettent parfois de quitter notre monde. On peut se réfugier momentanément dans la lecture. Pas éternellement.

L’adolescente reste immobile et silencieuse. Seules ses mâchoires qui se crispent semblent indiquer un semblant de réaction.

L’espace d’un instant, je me suis demandé si j’étais toujours dans mon cauchemar.

Elle était affalée sur le paillasson, devant chez nous. Couchée en chien de fusil. Elle a bougé quand j’ai touché son épaule. Elle puait parce qu’Elle avait vomi. Je me suis mise en conduite automatique. Quand Elle est dans cet état, je sors de mon corps. Il y avait deux urgences : que les voisins ne la voient pas comme ça et que Vania ne se réveille surtout pas.

Je l’ai tirée de toutes mes forces à l’intérieur de l’appartement et Elle a grogné des mots inintelligibles. Quand Elle a été à l’intérieur, à l’abri des regards, j’ai respiré un grand coup. Ensuite j’ai eu envie d’aller chercher un seau d’eau et de lui balancer en pleine figure. Mais je ne voulais pas que Moineau entende quoi que ce soit. Je lui ai passé des gants d’eau fraîche sur le visage. Je l’ai appelée, doucement.

Elle me dégoûtait, et en même temps, Elle me faisait une peine infinie. Je la haïssais profondément et pourtant, mon cœur explosait d’amour pour Elle. Je voulais qu’Elle disparaisse de ma vie et malgré cela, j’aurais donné tout ce que j’ai pour la protéger.

Elle a émergé suffisamment pour s’asseoir et demander à boire. Elle a quasiment bu un demi-litre d’eau sans s’arrêter. Après, Elle est restée assise un moment, le regard vide. J’étais en face d’Elle, nos pieds se touchaient presque.

-Je devrais être morte pour ce que je te fais subir, a-t-Elle déclaré d’une voix horrible. Pour tout ce que je VOUS fais subir à Vania et toi.

Je lui ai demandé de se taire.

-Si tu veux parler, on le fera demain. Maintenant, tu te douches et je te mets au lit. Viens.

J’ai essayé de la relever, mais Elle a résisté en pleurant. Elle gémissait qu’Elle allait nous perdre et qu’il nous emmènerait. Quand Vania est arrivé dans le couloir, j’ai eu envie de hurler. Surtout qu’Elle s’est mise à geindre encore plus fort et à vouloir le serrer dans ses bras. J’ai pris mon frère dans mes bras en lui affirmant que je gérais et qu’il devrait aller se coucher. Il l’a regardée, avec cette grimace qui montre qu’il ne veut pas pleurer.

-Elle s’est fait mal ? a-t-il demandé d’une voix tremblante.
-Mon bébé, mes bébés d’amour, ne me laissez jamais… se lamentait-Elle en secouant la tête comme une folle. Je vais mourir si vous m’abandonnez…

J’ai eu soudain l’impression de survoler la scène et de nos voir, tous les trois, tassés dans le couloir, cernés par le malheur et la peine.

J’ai sur qu’on avait touché le fond et qu’il nous était impossible de descendre plus bas.

La décision que j’ai prise n’est écrite dans aucun manuscrit. Aujourd’hui, c’est vers mon avenir que je galope.

Cody Pellman est une force de la nature et Jonas Pellman, son fils, doit être à son image. Ce qui est loin d’être le cas.

- Les plus grands artistes ont souvent un côté excentrique. Ils expriment à leur manière leur sensibilité artistique.

Quand je pense que j’étais à deux doigts de pulvériser mon record à Marion Kart!

page 88


Hortense

Nous sommes plus d’une centaine à présent et nous avons tous le même rêve : conquérir les vastes terres de l’Ouest, « des terres vierges et riches de promesses qui n’attendent que nous » affirme mon père. En réalité, ce sont des « terres vierges et riches en terribles dangers insurmontables » mais je ne peux pas le dire.

2. Citation

«C’est la première chose à laquelle j’ai pensé en ouvrant un œil ce matin. C’est aujourd’hui le grand jour selon la maîtresse. Tu parles ! C’est un vrai cauchemar ce premier jour où je suis censé ne pas allumer un seul écran jusqu’au soir. J’en ai des sueurs froides. » p57

La phrase qui nous a marqués est:
Tu ne pensais pas qu'on te surprendrait en" fringants déli", hein?
page 105 ligne 9

Dix jours sans écrans, c'est un vrai défi, mais puisqu ’Anouk arrive à vivre sans eux depuis sa naissance, c'est bien la preuve que c'est possible.

Quand je pense que j'étais à deux doigts de pulvériser mon record à Marion Kart !

p.88

Hortense

Ce soir,en prenant un stylo,j'ai trouvé un petit bout de papier froissé au fond de ma trousse. Hugo silencieux,ça veut dire Hugo malheureux

Deux heures de colle, les premières de ma vie, il faut bien commencer un jour! page 25

La mère: "pardonne-moi Hugo" en essayant de me sourire. J'ai haussé les épaules. Parfois, il est facile d'oublier les mauvais souvenir page114

elyssa