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Critiques de Stéphane Arfi (38)
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La vie magnifique de Frank Dragon

♫Qu'est-ce qu'une ombre dans la nuit?

Qu'est-ce que la nuit pour la mort?

Qu'est-ce que la mort pour un homme libre?

Une âme libre en dehors de son corps

Je me demande où ça nous mène

Quand j'aime, j'y mets toute mon âme

J'ai vu le grand feu s'allumer

J'ai la flamme, j'y mets toute mon âme♫

Mon âme - Nekfeu - 2015 -



Cette part de nous-mêmes qui nous était inconnue il y a peu et que nous découvrons avec effroi et ravissement :

c'est l'âme mon enfant ....p156



Chaque mot de cette histoire est une pierre

la kippa calotte de prière

Et nous sommes chaque pierre de cette histoire

Une histoire différente

chaque fois qu'on la lit

Mogen, une Etoile , un bout de la nuit

Dis moi Céline, les années ont passé

pourquoi n'y as-tu jamais pensé ?

Au commencement, un cri là là lis !

Arrestation, Protestent à Sion

Une tête remplie d'oublis

les mots qui hier constataient

questionnent aujourd'hui

Souvenirs d'un père Majuscule

Style sans virgules

Prouesse litanique, tout bascule

Il luit le jour, lui fuit l'ennui

L'an nuit défit les jours

la nuit lui nuit

Voyage au devant de la vie...



Arfi Stéphane son premier Roman !!!!!

Histoire d'un Vif -Errant

Fourbu depuis le début

Souvenirs d'une enfance perdue....



Folie, Que Quatre et demie

j'ai moins aimé la dernière partie ;-)











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La vie magnifique de Frank Dragon

Le roman de Stéphane Arfi fait partie des premiers romans de la rentrée que j’avais repérés. Le fait que ce soit un premier roman d’abord, le sujet de la Seconde Guerre mondiale surtout. Et je peux dire en refermant la dernière page qu’il m’a conquise : une fois débuté, je n’ai pas pu le lâcher.

Dès les premières lignes, l’écriture très imagée, cocasse et anticonformiste, de l’auteur m’a plu. On se surprend à sourire alors qu’il est question de rafles et du Maréchal Pétain. Mais on sourit parce que c’est touchant, innocent, la voix d’un enfant que rien encore n’a brisé. Tout est broderie, images étonnantes et vision fantaisiste du monde, et comme il est frais ce regard au milieu des ténèbres peu à peu édifiées par Hitler…

Lorsque ses parents, Ona puis Tateh, disparaissent soudainement, le petit Frank ressort de son armoire magique pour être recueilli par « Grand-mère-de-la-guerre » puis atterrir ensuite dans une pension. Ses yeux poétiques nous racontent « sa » guerre, cette guerre à laquelle il ne comprend pas grand-chose ; mutique, il remplit dans sa tête un cahier à souvenirs et écrit des lettres au Bon Dieu. C’est vraiment superbe, empli d’une imagination scintillante, lyrique jusqu’au bout des verbes, baigné d’humour et de délicatesse.

Dans ce roman, le Bon-Dieu-fâché côtoie les Frisés, on « narine » les odeurs, le silence a les yeux rouillés et on se fabrique un cœur de sable mouillé. J’ai aimé l’univers de ce petit « garçon-étoile » que l’on suit de 1939 à 1955, dans lequel chaque objet prend vie. J’ai aimé cette sensation évanescente qu’il dégageait, comme si les horreurs de la guerre ne pouvaient pas le toucher, le frôlant seulement, comme la peau d’une plume. J’ai aimé ces pages d’une extraordinaire grâce : le discours halluciné du père rentré des camps de la mort, discours que son garçon ne comprend pas, tous ces mots sans queue ni tête jetés comme des cris dont il s’éloigne, se dérobe, jusqu’à s’éclipser totalement… Ces pages-là sont d’une éblouissante et atroce beauté. Elles représentent pour moi la première déchirure dans la chair du monde blanc de Frank.

Stéphane Arfi fait sourire le lecteur pour mieux le percuter, il l’amuse pour ensuite mieux l’éblouir. Et on suit notre narrateur après la guerre, sa fuite du pensionnat, son errance fiévreuse qui le mènera jusqu’à l’hôpital puis sur un bateau nommé « Liberté »… Si j’ai été un peu moins sensible à cette dernière partie, je ressors tout de même chiffonnée par ce roman, à la fois émue et déroutée, songeuse et fragilisée. C’est un livre qui murmure, qui chantonne, qui se déguise pour mieux montrer. Une toile aux mille peaux, un air mâchonné dans une langue qui n’habite que les rêves des enfants… Dès la première page, on devient regard, rire, sensation. Je me suis sentie prise dans une sorte de conte fantasque et désaxé, suivant les pas d’un Petit Prince excentrique et irrésistible…

Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour m’avoir permis de découvrir ce roman envoûtant et décalé, ainsi qu’un nouvel auteur que je vais suivre de près.
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La vie magnifique de Frank Dragon

« La vie magnifique de Frank Dragon ", rien que le titre est beau. La vie de Frank Dragon n’a pourtant, à priori, rien de magnifique : enfant juif, il traverse les horreurs de la seconde guerre mondiale, échappant à la déportation, caché dans une armoire puis recueilli par une vieille dame à la campagne… Je n’ai rien lu de semblable, le langage de cet enfant qui ne parle pas, son regard, exempt de tout jugement, qui questionne et nous renvoie en pleine figure notre démence. Un regard qui nous manque tant, innocent et en réalité tellement censé, un regard qui semble bien être notre ultime salut. Ce livre nous emporte dans un voyage initiatique, celui de l’enfant, devenu jeune adulte qui transcende les épreuves et la souffrance. C'est parfois éprouvant à lire parce que révoltant mais poétique et très beau. On en ressort boosté. Terminées les lamentations stériles (enfin on essaye), parce que la vie est magnifique, tout simplement. Depuis que je l’ai lu, ce livre ne me quitte pas. Il y a les livres qu'on apprécie sur l'instant, et puis il y a les autres, ceux qui nous accompagnent dans notre propre cheminement. "La vie de Frank Dragon" m'accompagnera longtemps.
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La vie magnifique de Frank Dragon

Il y a des livres étonnants, qu'on n'est pas vraiment sûr d'avoir aimé mais qui laissent tout de même une petite musique singulière. Cette "vie magnifique" est de ceux-là. Pendant ma lecture, je suis passée par différentes phases : le doute au début face au parti pris d'un langage nébuleux empreint de yiddish et de mots d'enfants puis un intérêt très marqué, une belle empathie et malheureusement une dernière partie qui m'a perdue en route.

L'auteur nous place d'emblée à hauteur d'enfant, le jeune Franck Dragon, à Paris, dans le marais en 1940... Un gamin juif dans la communauté installée dans le Marais, sous la menace de l'occupant et des lois que l'on sait. A travers ses yeux, le paysage est peuplé de personnages de contes ou de romans, jusqu'à ce que la réalité les rattrape... Rafle. Père déporté. Le jeune garçon, caché dans une armoire parvient à échapper à son sort et est exfiltré vers une campagne française grâce à la solidarité de quelques voisins et une filière chargée d'évacuer les "enfants étoile".

La seconde partie relate sa vie à la campagne, dans une famille d'accueil, sa nouvelle identité, les mensonges à réciter lors des inspections allemandes dans l'école... Toujours à hauteur d'enfant, c'est à mon avis la plus réussie, terriblement poignante dans sa vérité.

Vient ensuite la fin de la guerre, le retour à Paris, les études, le retour d'un père définitivement abîmé par sa captivité dont on connaît l'inhumanité... J'avoue que cette partie m'a perdue et c'est dommage.

Mais je reconnais à ce livre une singularité bénéfique et quelques moments vraiment très bons. Pour un premier roman, ce n'est déjà pas si mal.
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La vie magnifique de Frank Dragon

Attention : c'est puissant ! Acheté hier et lu aussitôt, j'en suis sortie soufflée, décontenancée, hébétée, positivée ! Très original, puissant, ça vous prend à la gorge, ça vous tient en haleine, très émouvant par moment et on passe par des styles littéraires différents. ça ne ressemble à rien que j''ai lu auparavant et comme premier roman, c'est impressionnant : l'histoire est belle, simple mais belle et pleine de leçon de vie. Un roman poétique et historique et je ne sais quoi d'autres qui dépasse tout ça... et qui ne s'oubliera pas.
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La vie magnifique de Frank Dragon

Tellement de belles choses et positives dans ce récit initiatique La vie magnifique de Frank Dragon : un style singulier, attachant, déroutant, poignant. le héros est tout de suite près de soi et ce regard d'enfant est inoubliable. C'est un fantastique jet de lumière sur sur notre histoire la moins glorieuse à travers les yeux d' un enfant qui grandit comme il peut, avec de la poésie plein les poches (les passages sur le Maréchal Pétain sont assez incroyables) et il se construit au long des épreuves les plus dures, perdu au milieu de la haine mais aussi de l'amour et de l'amitié de ceux qu'ils croisent et qui l'aident comme ils peuvent. Les personnages (comme Sauveur Léglise ou la Grand-Mère) sont tous très bien mis en scène et on voudrait presque tous les prendre dans ses bras... L'émotion est constante, toujours brute, parfois brutale mais authentique. On est dans le drame de la guerre mais tout se déroule en douceur. le questionnement sur Dieu est très présent, avec beaucoup d'humour là encore diffus. Certains passages vous serrent la gorge. Vraiment un très beau roman que celui de Stéphane Arfi.
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Devance tous les adieux

Quand j’ai refermé le livre de Ivy Edelstein, j’ai tout de suite eu envie de le relire, pour me plonger à nouveau dans son écriture juste, lumineuse et précise.

Dans la préface, Christian Bobin parle « d’écriture à la hache », je préfère parler d’écriture chirurgicale, ou pour rester dans la métaphore du chemin que l’on trace dans les ténèbres, proposer celle du spéléologue dont la lampe frontale éclaire la progression dans une galerie étroite et sans fin.

Le texte laconique de la 4ème de couverture « Trente ans après les faits, un fils raconte le suicide de son père», en dit peu sur ce récit ; mon clavier a écrit « Trente ans après les faits, un fils raconte le souvenir de son père », lapsus révélateur en effet.

L’auteur raconte son père, sa relation à son père, le vide et le plein laissés par la mort de son père, les habitudes hérités de son père, les références culturelles qui lui rappellent incessamment son père, son regret de n’avoir pas connu son père, les lâchetés qu’il a commises pour ignorer ou renier son père...

Un paragraphe peut donner une clé de lecture du livre :

"Je suis jeune, je veux vivre", je lui ai dit le soir de son départ définitif. "Je veux rompre le fil transparent qui me relie à toi." Je lui ai répété cela deux ou trois fois, inconscient de la dureté de mes mots. Il m'a répondu : "Pardonne-moi d'avoir eu la parole si absente. Pardonne-moi, mon fils bien-aimé, d'avoir eu la vue troublée et le coeur naufragé."

Ce père, il est la lumière et l’ombre :

La lumière est du côté du soleil, et de l’Algérie où il naquit à Bougie (!), de « la lumière assourdissante » de Tipasa, du côté de l’incendie amical d’un champ de colza en fleurs, du côté de la religion, « Et il me montra comment on bricolait une veilleuse merveilleuse de Shabbat avec un verre d’eau, un peu d’huile, une petite mèche et une allumette. La petite veilleuses enlumina aussitôt la cuisine avec sa flamme blanche comme un petit nuage blanc crapahutant volontiers jusqu’au ciel de Dieu.» ; « (il) s’est drapé à jamais dans le ciel de son immense châle blanc de prière et il m’aveugle désormais comme mille soleils. »

L’ombre est du côté de la religion qui parle « la langue du ressentiment et des regret », du côté de Tipasa où « quelque chose de sombre et d’enfoui parle de lui ».

Ivy Edelstein nous lance une question même si pour lui , « la réponse est le malheur de la question » :

- Qu’avons-nous fait de notre père, de notre vivant, et que ferons-nous de lui après sa mort ?

L’entourage se charge de lui rappeler ses responsabilités à la mort du père, l’oncle, la mère, la soeur :

« Maintenant c’est toi l’homme de la maison.» ; « Il me dit que je lui ressemble tellement et cela m’attriste à nouveau.» ; «papa est mort, elle nous parle de son amant comme si de rien n’était.».......

La présence de son père se cache partout, dans la chanson de Carlos Gardel qu’il fredonnait, « Et s’il est à moi l’abri de ton rire léger, pareil à une chanson il apaise ma blessure, tout, j’oublie tout. » ; dans le ciel et le soleil, « Il me suffit d’être sous le soleil, accablé de chaleur, que le ciel soit impeccablement bleu, et mon père inévitablement s’assoit près de moi. »

Elle lui rappelle ce défi qu’il lui a légué : « Si tu fait ce que je n’ai pas fait, tu verras ce que je n’ai pas vu »



La forme du livre, 25 chapitres courts, précédés d’un titre didactique : « On est l’enfant de son père, pas de son époque.» ; «Chaque homme crée un royaume en mourant.» ; «Un père est un petit Dieu qui se débat.» ; «Cet être sans parole n’en finit pas de me parler.», en font un livre de méditation, à garder près de soi, je n’ose dire un livre de de prière ou d’actions de grâce.



«Pensez à votre père, il apparaîtra devant vous

et vous ne lui en voulez de rien »
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La vie magnifique de Frank Dragon

Superbe roman sur la force de l'enfance. Car les enfants sont souvent très forts, forts comme des dragons. Ce récit de l'errance d'un garçon à travers les ignominies de la seconde guerre mondiale et de l'antisémitisme est très émouvant et l'écriture de Stéphane Arfi superbe. P. 57. Récit de l'arrestation du père (le père demande aux gendarmes vichystes venus l'arrêter de prendre son manteau dans l'armoire afin de lancer un dernier regard au narrateur, son petit garçon, qui s'y trouve caché) : "Sa bouche tremblait au milieu de sa barbichette picorante qui sanglotait de larmes scintillantes. Dans ma tête, je récitais du faux charabia moelleux à Dieu-fâché pour que Tateh ne déguerpisse pas avec les Képis et le Sans-Képis. Je le regardais tellement Tateh. Il était beau. Il me regardait à travers ses larmes scintillantes. Il replaça la planche magique et la colline d'habits gris, car quelqu'un hurla dans la ruelle alentour. Les deux moitiés de Képis attrapèrent Tateh par la peau du cou et ils l'apportèrent devant la porte d'entrée."
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La vie magnifique de Frank Dragon

C'est un beau, très beau roman, qui fait un alliage superbe entre émotions et pensées, beaucoup de trouvailles de style (le camion joyeux, le silence comme personnage, le fil d'or qui monte au ciel et relie l'homme à Dieu), c'est un roman tourné vers le Bien et les belles choses, une ode à la vie. Stéphane Arfi a signé un texte très sensible avec beaucoup de peine perceptible mêlée à la joie de lire et d'avancer dans l'histoire. J'ai adoré cette vie magnifique de Frank Dragon.
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Trois jours à Jérusalem

Un enchantement cette lecture !

L'auteur s'est inspiré d'un passage de l’Évangile de Luc "Jésus parmi les docteurs" dans lequel Jésus resta à Jérusalem seul à l'insu de ses parents venus fêter la Pâques, mais ce que ne dit pas les saintes écritures, c'est ce qui est advenu de ce jeune enfant, alors âgé de 12 ans pendant ces trois jours.

Stéphane Arfi, nous offre une très belle version de ce qui a pu se passer. Son personnage sous le nom de Joshua est en colère contre le ciel car il pense qu’existe un autre mot que celui d'amour pour que chaque être humain puisse être heureux. C'est donc tout une quête initiatique qu'il va mener, trois jours durant. Des rencontres qu'il va faire, entre la Jérusalem basse et la haute, entre les pauvres et le grand sage Hillel..

Un récit lumineux, documenté, philosophique invitant chaque lecteur à la réflexion et peut être au changement !

Un appel au bonheur par un voyage intérieur à la fois difficile mais si précieux. #TroisJoursàjérusalem #NetGalleyFrance
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La vie magnifique de Frank Dragon

C'est impressionnant au niveau de la construction (on se se croirait dans un film), vraiment très poignant, notamment les relations père-fils. Cette vie magnifique de Frank Dragon porte bien son nom, elle est magnifique. Je suis très surprise par la créativité de Stéphane Arfi (des jeux sur les mots) et la densité humoristique sur des sujets si terribles mais surtout surprise par l'émotion que tout cela procure richement. C'est beau, simple, ça n'aura pas de prix littéraire (car c'est un texte OVNI, trop hors norme et décalé je trouve) mais c'est bien au dessus de cela. C'est d'abord et surtout une réflexion intime sur la vie, sur comment survivre au drame, sur comment regarder le monde et garder en tête que la vie est belle est précieuse même si elle est cruelle et qu'il fait donc la vivre. Voilà, un livre de philo sans philo, un roman historique qui n'en est pas vraiment un (on traverse l'Histoire mais sans date précise), un ouvrage qui sort du lot par son propos très ouvert (on y parle de Dieu, de l'âme, d'identité juive, chrétienne, de Jésus) et une écriture très étrange qui permet d'y entrer par petites touches (j'avoue avoir eu du mal à y entrer au début mais il faut faire l'effort). On croirait que l'auteur a déjà écrit plein de romans avant. Franchement, je conseille la lecture car on ne ressort pas de là indemne, on en ressort une meilleure personne. C'est typiquement le genre de livre qui vous regarde et qui vous aide.
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Devance tous les adieux

Ce livre m’a fait tout drôle. J’ai apprécié son style, découpé à la hache selon les mots du préfacier. J’ai aimé la façon dont il essayait, avec sincérité, de reconstituer l’image d’un père disparu, trente ans plus tôt. La voix du narrateur, sans pose, sans apparentes fioritures, m’a fait penser au style d’Annie Ernaux, qui résonne encore, parfois, dans ma mémoire. J’ai même eu envie de faire pareil. Devance tous les adieux doit son titre à la première strophe d’un poème de Rainer Maria Rilke.



Le livre se présente comme un petit cahier – un manuel de deuil, presque. Chaque chapitre commence par un titre-phrase, comme un recueil de maximes liées à la mort et à la sipiritualité. C’est l’une d’elle qui, peut-être, m’a décidée à acheter le livre : Chaque homme crée un royaume en mourant. Pourtant, ces titres m’ont laissée de marbre la plupart du temps. C’est plutôt le contenu de ces chapitres qui m’a touchée. Au début, j’ai noté-recopié plein de phrases dans mon petit carnet. J’ai fini la lecture de ce livre un crayon de papier à la main, à souligner ou mettre des accolades sur le texte. C’est dire les échos qu’il peut avoir.



Pourtant, c’est bien un cheminement très personnel que nous conte Ivy Edelstein. Attiré par le caractère universel de la question, je suis entrée dans ce livre comme chez moi et me suis trouvée presque surprise d’y trouver des objets étrangers, des personnages qui ne collaient pas. Le père, juif algérien originaire de Béjaïa du temps qu’elle s’appelait encore bougie me semblait encore plus inconnu que les autres. « Je n’ai pas su grand chose de lui. Ainsi, je le comprends mieux, écrit l’auteur. » Cependant, l’état de surprise (bien égoïste) passé, on se laisse cueillir. Peut-être pourrait-on reprocher à Ivy Edelstein son penchant pour les phrases déclaratives, au présent de vérité générale, mais elles tombent un peu trop justes pour cela.



Mon seul regret, sans doute, la grande interrogation qu’il me reste, c’est sur le statut de ce texte. Publié dans la nouvelle collection Points vivre, collection d’épanouissement intérieur et de spiritualité, le livre s’inscrirait donc dans la nouvelle mode/vague de bibliothérapie. Lire par les temps qui courent ? Bien sûr, mais que cela soit efficace, que cela serve à quelque chose ! A aller mieux, par exemple. Je serais bien mal placée pour condamner cet usage de la lecture, car j’ai souvent utilisé les livres comme des tuteurs, des modèles, pour comprendre certaines choses qui m’échappaient, trouver des moyens d’affronter ce qui me faisait peur, etc. N’est-ce pas une des vertus du conte, que d’apprendre à l’enfant à gérer ses peurs ? Reste que cantonner un texte à sa seule fonction risque d’en limiter la portée. Bien sûr, le livre d’Ivy Edelstein est un beau livre sur le deuil, mais il conte son expérience à lui, dans un style visiblement ciselé pour cet effet. Bien que la préface de Bobin aille dans ce sens, en louant l’écriture du livre avant tout, le rattachement du livre d’Ivy à une telle collection (que je ne condamne pas par ailleurs, j’ai déjà lu des ouvrages de développement personnel qui m’ont aidée) relègue un peu, j’en ai peur, son texte à un simple « témoignage ».



Il arrive souvent qu’un livre puisse panser les plaies de l’âme. Mais nul besoin d’affirmer à grands cris que la littérature nous est utile, bénéfique, ou qu’elle nous relie au réel, si impérieux. Ceux qui se plongent dans ce genre de livres sont déjà là pour ça.
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La vie magnifique de Frank Dragon

On ne sort pas indemne de La Vie magnifique de Frank Dragon. Il y d'abord de la douceur poétique, présente du début à la fin, mais aussi de la violence des êtres (les parents entre eux qui se déchirent devant l'enfant, les képis qui menacent de les rafler) et des situations (la seconde guerre mondiale qui s'installe en France), une violence parfois très crue, dans lesquelles la grossièreté n'est jamais absente, mais la grossièreté ne fait-elle pas partie de nos vies et ne dit-elle pas plus vite la vérité ? Il y a ensuite des personnages désarmants, Frank Dragon, le petit garçon mutique auquel on s'accroche comme à une bouée de sauvetage pendant le récit. Mais il y aussi la Grand-Mère qui recueille l'enfant pendant la guerre, truculente mamie égoïste et généreuse, humaine et Maréchaliste (elle discute avec le portrait de Pétain dans sa salle à manger !), c'est une description touchante de ce qu'on pu être les français pendant la guerre, humains pour la plupart (la France a sauvé la majorité de "ses" Juifs) et suiveurs de Pétain, le héros de Verdun (faux héros ?). Et puis il y a Sauveur Léglise, jeune gavroche de province qui parle de liberté, veut se battre contre les boches juste pour avoir de le droit d'être dans la Résistance et de conduire une belle voiture, et puis il y a Taté, le papa, qui revient des camps transi de démence. Sans oublier Inigo, qui initie l'enfant à la foi et à la transcendance... Comme c'est un roman très ouvert, qui mêle des réflexions profondes au jugement premier degré d'un petit garçon, on est ballotté en permanence dans la beauté extrême de l'écriture et la crudité des situations, comme ce massacre du village dans lequel vit le petit Frank et son amoureuse Béatrice en 1944 par les nazis, drame oublié aujourd'hui mais qui a ravagé bien des régions françaises... Je suis donc sorti enchantée et déboussolée d'un tel roman, qui me parait unique en lui-même et dont l'auteur, Stéphane Arfi, nous amène du coté de la vie pour mieux nous faire voir qu'elle est ce qu'elle est : belle, idiote, cruelle, magique, à vivre ! Les passages ou le héros croise Louis Ferdinand Céline qui le soigne (en tant que médecin) ou lorsque Frank s'installe en SDF devant l'immeuble d'Albert Camus complète ce roman de sa touche personnelle et littéraire qui donne envie de le défendre et de l'offrir autour de soi. Pour réfléchir, pour aller mieux. Pour vivre. Je suivrai cet auteur.
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La vie magnifique de Frank Dragon

Intriguée sur les réseaux sociaux, je me suis plongée dans la lecture de ce roman, une très belle surprise. une touche très personnelle de l'auteur stéphane arfi permet d'entrer dans la France de la guerre mondial avec ses horreurs et ses êtres qui tout de même s'entraident. c'est un livre assez difficile à résumé mais il fait un effet très fort, je suis en train de le terminer et j'avoue rester sur ma surprise, l'écriture est superbe et ça vous serre les tripes. On comprend vers la fin pour le titre est La vie magnifique de Frank Dragon.
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Trois jours à Jérusalem

Troooop beau !! Je viens de découvrir par hasard ce roman qui est envoûtant. je croyais que ça parlait de Jérusalem mais ça parle surtout du bonheur de vivre malgré les difficultés et on ça me parle ! C'est très profond, c'est un livre qui fait du bien. Le narratif est trés réussi, l'émotion vous prend à la fin et on veut suivre encore ce petit Joshua !
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La vie magnifique de Frank Dragon

Un roman magnifique mais très bizarre et déstabilisant, nous voici plongé dans les pensées imagées et magiques d'un petit enfant juif dès années 30 en France, à Paris. L'enfant, Franck Dragon traverse les horreurs de l'occupation et voit ses parents raflés puis il est caché par sa voisine puis par une mémé provinciale haute en couleur qui lui donne peu d'affection mais le protège. Il survit au massacre du village par les nazis (qu'il appelle Boches), porté par l'amour qui a pour la jeune Béatrice pour laquelle il semble vouloir vivre. A la fin de la guerre, il est dans un institut catholique et s'en échappe. Juste avant son évasion, il revoit son père qui revient par miracle des camps de concentration et il raconte cela à son fils et le quitte pour aller se suicider. Le jeune franck s'évade vers Paris où il croise le chemin de Louis Ferdinand Céline, médecin des pauvres, le soigne. Je ne veux pas raconter la suite car c'est très prenant et les pensées et les délires de Frank gagnent en intensité jusqu'à la dernière phrase, que j'ai trouvé inoubliable. J'ai trouvé ce roman extraordinaire , en me demandant comment l'auteur a pu écrire son premier roman car on croirait qu'il en a écrit 100 avant celui-là car son style est fabuleux, il invente des expressions, des mots étrange mais compréhensibles. Ce jeune garçon que l'on voit grandit est d'une sensibilité parfaite qui est aussi sa protection contre les horreurs et il reste très enfantin comme pour être protégé des assauts de l'extérieur. On entre doucement dans ce roman, dès qu'on accepte le style nouveau qui vous prends tout de suite et je trouve que l'histoire va crescendo en émotion avec à la fin des envolées littéraires, on comprends que les mots, l'amour des livres le sauvent autant que son univers poétique qu'il a fabriqué comme une armure. Je recommande ce livre car il ne laisse pas indifférent, on y sort en se demandant ce qu'on vient de lire et pourquoi il fait cet effet là. ça fait du bien pour comprendre notre monde de fous d'aujourd'hui d'aller chercher dans le passé les remèdes.

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La vie magnifique de Frank Dragon

Frank Dragon a six ans quand la France est aux mains du Maréchal, le » salopard » qui baise les pieds du diable Hitler. Son père, Tateh est rabbin. Ona, sa mère lui conte l’histoire de Dieu fâché contre Ish et Isha qui ont mangé le fruit interdit du jardin délicieux.

Difficile ensuite pour cet enfant de renouer avec ce Dieu-fâché qui lui envoie tant de misères.

Ona est arrêtée en croyant à la convocation des « képis« , Tateh est dénoncé par l’horrible concierge et emmené dans un camp. Frank reste seul, caché dans la grande armoire avec ses poupées de chiffon et le grand livre rempli d’ordres de Tateh.

Madame Bonaventure, la voisine, récupère l’enfant et le confie à une grand-mère de l’arrière-pays, un peu revêche mais elle aussi marquée par la guerre. Là-bas, Frank retrouve Beata Blumenfeld, son amour secret de son immeuble parisien. Beata et Frank sont les deux seuls enfants juifs de l’école, des enfants effacés qui » ont mal tout au fond d’eux. »

En août 44, le village est anéanti par les Allemands. Frank parvient à s’échapper avec Sauveur, le fils du facteur âgé de quatorze ans. D’autres enfants ne survivront pas.

Un mois plus tard, Frank est recueilli dans une maison de pensionnaires gérée par les Pères André et Pierre, à Villedieu. Là, il fait la connaissance de Jésus sur sa croix et se retrouve confronté la différence des religions.

En 1946, Tateh retrouve son fils et lui raconte l’horreur de sa déportation. Son récit atroce prend plusieurs pages sans aucune ponctuation, comme le vomissement d’années d’horreur. Frank ne reconnaît plus son père, ne comprend pas qu’il ait pu souffrir davantage que lui. Chacun sa souffrance, Tateh lui remet le livre, « l’histoire de leur peuple » avant de disparaître.

A 19 ans, Frank ne croit plus en Dieu mais peut-être en son fils qui, lui, sait ce que c’est de souffrir.

Frank quitte le pensionnat pour échouer à Meudon dans une ratière où il découvre le racisme. Il se retrouve finalement dans les rues de Paris en plein hiver 54, le plus froid, celui où l’abbé Pierre s’insurgera.

Curieusement, il retrouve Sauveur qui le conduira à l’hôpital.

Fiévreux et délirant, Frank nous transporte dans ses souvenirs cauchemardesques, ses visions théâtrales et ses explications avec un Dieu qui ne veut pas de lui.

» Je crains en effet qu’un jour prochain, Je doive M’occuper personnellement des hommes dans leur ensemble, bien que j’y rechigne comme Je viens de te le rappeler, et que de ce fait, la majorité paiera pour le comportement d’un petit nombre qui mène les hostilités. Les hommes n’ont, semble-t-il, pas compris tout l’intérêt qu’il y a à exister avec des êtres différents d’eux. »



La première partie, certes sur un sujet déjà maintes fois traité, est remarquable par son style, celui d’un jeune enfant qui ne s’exprime pas, qui a une compréhension enfantine de ce qui se passe autour de lui. La naïveté et l’innocence se heurtent à la violence du moment, qui de fait est atténuée dans l’esprit de l’enfant. Mais les évènements racontés sont bien ceux qui nous ont tant de fois touchés avec la peur des uns, la méchanceté des dénonciateurs et la sympathie de certains.

En grandissant, Frank, sans jamais dire un mot, perçoit davantage de choses. Se réfugiant toujours auprès de ses poupées de chiffon, il est pourtant contraint de devenir acteur et de prendre en main sa survie. Mais le monde est toujours aussi cruel pour un jeune juif orphelin, et comme le dit Camus, « il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. »

Ses fièvres nous entraînent parfois trop loin, sans véritable interêt pour l’histoire. Mais pour l’adolescent l’irréel est un refuge nécessaire pour évacuer les angoisses. Quelques bonnes rencontres inespérées en fin de roman peuvent paraître improbables. Mais, sans exagération, ces deux points ne viennent pas compromettre l’attachement que l’on peut avoir envers le jeune Frank, qui reste toutefois le seul personnage marquant de ce premier roman.
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Devance tous les adieux

Une centaine de pages magnifiques sur le suicide d'un père, trente ans auparavant. Je comprendrais que vous passiez votre chemin, mais vous auriez tort. L'auteur se souvient de ce que fut son père, avant et après la rupture. Ce n'est pas un récit linéaire, mais des fragments épars, des réflexions, des situations, des attitudes qui composent un portrait du père terriblement attachant, jamais impudique.



Le fils n'est pas resté sur une image figée des évènements et sur son chagrin d'enfant, l'adulte qu'il est devenu est apaisé et c'est un splendide hommage qu'il rend à cet homme qui a trouvé la délivrance dans la mort.



Malgré le thème, on en sort réconforté, avec le sentiment d'avoir reçu un cadeau précieux, dans ce partage du vécu de l'auteur.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Trois jours à Jérusalem

Une perle que ce livre, vraiment, avec de la poésie enchanteresse, j'avais à coeur de livre ce nouveau Stéphane Arfi pour avoir beaucoup aimé son précédent. Dans un registre je trouve différent, la magie du style opère et c'est un voyage de 2000 ans qu'il nous propose où l'on va découvrir le secret du bonheur qui dure, celui qui permet d'avoir d'affronter les difficultés de la vie. je met ce roman au niveau d'un petit Prince de St-Ex tant il est original, beau et utile surtout en ces temps où on cherche à être heureux à tout prix mais sans jamais savoir où chercher. Les passages sur la jeune femme prostituée qui se libère de sa soumission sont poignants.
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La vie magnifique de Frank Dragon

Une traversée initiatique dans la France des année 40, portée par l'imaginaire, l'humour.

Le regard fantasque du garçon devenu jeune homme à travers les drames de la seconde guerre mondiale

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Paysage : Villes

Tolède. Ce peintre né en Grèce l'a quittée à vingt-cinq ans puis a travaillé près du Titien à Venise pour ensuite gagner l'Espagne et rejoindre Tolède où il réalise cette extraordinaire "Vue de Tolède" une des première représentation urbaine se réclamant comme telle (1597/99) :

B. E. Murillo
El Greco

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Thèmes : peinture , histoire de l'art , littérature , classicisme , impressionnisme , paysagismeCréer un quiz sur cet auteur

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