Citations de Stéphanie Coste (43)
La résilience finit par capituler sous le poids des chagrins.
Seul l’éclat vert de ses yeux a survécu au naufrage de son corps. Mais cet éclat a la dureté d’une émeraude.
Quarante-cinq zombies luisants me fixent du même regard suppliant. J’y vois passer les ombres d’épreuves inracontables. Leurs fringues en lambeaux sont maculées de déjections. Des mouches s’y vautrent sans qu’ils en soient conscients. Ils ont lourdé leur dignité quelque part dans le Sahara. Les abominations subies n’ont pas entamé le brasier au fond de leurs pupilles, ce putain d’espoir.
Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?
Il fait un geste d'impuissance en levant les mains au ciel. Comme si Dieu avait quelque chose à voir là-dedans. Ca fait bien longtemps que Dieu a jeté l'éponge, trop de boulot les gars, je me tire !
Je suis assis sur ma paillasse, ou sur un brasier, quelle différence ? Une chauve-souris vampire est entrée dans ma tête, puis deux, puis vingt, et leur vol de pensées morbides se cognent sur les parois de mon cerveau en sang.
«ils ne pourront éviter la traversée du désert, la mort assise sur leur cou comme une enclume. Il en meurt plus dans la fournaise des mirages qu´en mer en temps normal. La rage de survivre leur donne de plus en plus la gnaque».
« J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce .Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face »
Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?
J'évite le miroir en face de moi. Je sens que l'angoisse rapplique, cette saleté qui me crève à petit feu traînasse partout où je suis. Elle m'aura.
Ibrahim court au-devant de moi, les deux bras prêts à rassembler les membres épars de ma carcasse. S'il savait que c'est juste mon coeur qu'il faut chercher.
Qu'est-ce qui va nous noyer en premier ? La colère du ciel ou celle des lames de fond ?
Je démarre et suis l’artère principale goudronnée. Je double un pick-up transportant deux dromadaires jaune pisseux à l’air blasé. J’ai l’impression qu’ils se foutent de moi. Je klaxonne histoire de. On croise plusieurs camions militaires pointant leurs mitraillettes comme des queues rutilantes. Puis un énorme poids lourd débordant de matelas éventrés et de canapés bariolés. Sur le bas-côté un groupe de bonnes femmes en abayas noires m’évoque des cafards en déroute.
Le destin aide trop souvent ceux qu'il devrait laisser crever.
J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce. Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face.
(incipit)
TOUTES LES CHOSES VRAIMENT ATROCES DÉMARRENT DANS L’INNOCENCE.
« Mes tongs s’enfoncent dans le sable. Je les garde pour éviter de me niquer les pieds avec toutes les ordures rejetées vers la mer.
Bris de verre, seringues , canettes oxydées , groles défoncées, planches pourries aux clous rouillés , les pires » ..
Pourquoi perdre mon temps à écouter ce geignard ? C'est toujours la même rengaine. Il n'y a jamais de lauréat au concours de la misère. Ici tout le monde gagne à tous les coups. Vous êtes tous des champions les mecs ! Félicitations !
Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec?
Il hésite entre perplexité et inquiétude. Il file vers l’entrepôt en se retournant une ou deux fois. D’habitude, j’évacue assez vite mes défonces nocturnes à coup de thé et de gueulantes. Ce matin, une sensation désagréable me colle à la peau comme une pellicule poisseuse.