Voici une nouvelle anthologie présentée dans le cadre du salon des Imaginales d’Epinal consacrée aux œuvres de l’imaginaire et de la fantasy en particulier. Chaque année depuis trois ans, sous la férule de Stéphanie Nicot, directrice artistique du festival, des auteurs français se réunissent pour écrire des nouvelles sur une thématique imposée.
Cette année ce fut les Victimes et les bourreaux qui ont été mis à l’honneur. Un sujet original mais difficile à aborder sans tomber dans le pathos ou dans le gore. Douze auteurs dont Pierre Bordage, Michel Robert et Jeanne A. Debats ont retroussé leurs manches pour écrire sur le sujet. Si l’ensemble nous donne un très bon recueil portant sur des univers variés, on peut citer quelques auteurs qui se démarquent.
L’anthologie débute sur une œuvre de Charlotte Bousquet La stratégie de l’araignée, elle place sont intrigue dans l’univers de ses romans. Cette nouvelle est envoutante, on se prend d’affection pour cette femme accusée de sorcellerie.
Justine Niogret nous narre une très courte histoire sur un cirque futuriste. On retrouve ici toute l’habilité de l’auteure et son écriture minimaliste presque chirurgicale.
Jean-Philippe Jaworski réalise la meilleure nouvelle de ce livre en signant une histoire sur des nains et des gnomes qui se rendent dans une citée abandonnée habitée par un dragon. Désolation est une nouvelle poignante, elle réalise l’exploit de nous faire découvrir un univers complet en une trentaine de page. On y retrouve le panache et le dynamisme des romans de Jaworski.
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Ce livre déjà ancien (2006) n'est pas pour autant "daté" pour la majeure partie de son contenu.
Il permet à ceux et celles qui veulent s'informer sur la transidentité d'avoir de bonnes bases de réflexion.
Il est construit autour d'affirmations qui circulent dans le social sur la transidentité et les auteurs passent au crible de la pensée critique ce qui relève le plus souvent de préjugés, apportant ce faisant nombre d'informations.
Un glossaire permet de se familiariser avec le vocabulaire convoqué par ces questions de l'identité sexuelle et du genre.
Une bibliographie permet à ceux qui le souhaitent d'"aller plus loin".
En bref, un ouvrage de base, très pédagogique et bien documenté (même si quelques affirmations peuvent paraître contestables).
Une nouvelle édition revoyant certains chapitres en fonction de l'évolution des conceptions serait peut-être à envisager.
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[Livre reçu dans le cadre de la masse critique de juin 2023.]
Une anthologie en demi-teinte à mes yeux. A l'exception d'une seule nouvelle j'ai apprécié tous les textes de fiction. Chacun se concentre sur une ou des thématiques particulières (les assistants virtuels, les avatars, le burnout au travail) sur fond de harcèlement au travail, discriminations, réforme des retraites, lutte contre le réchauffement climatique, etc. En somme, les nouvelles étaient toutes très claires sur les messages qu'elles souhaitaient véhiculer et en termes d'écriture elles étaient toutes plaisantes à lire. J'avais eu l'occasion de lire les romans de quelques-uns des auteurs de cette anthologie par le passé et j'avais eu pour certains des difficultés avec leur plume.
Les essais ont par contre présenté un peu moins d'intérêt pour le lecteur lambda que je suis. Au-delà de la technicité de ces derniers parfois trop importante pour mes connaissances sur les différents sujets abordés, j'ai trouvé dommage que les essais, systématiquement situés après une nouvelle (schéma : nouvelle - essai - nouvelle - essai - etc), ne rentrent pas plus en résonnance avec le contenu de la nouvelle. C'était parfois le cas avec des thématiques communes mais même dans ces rares cas j'ai trouvé le lien ténu. Stéphanie Nicot prévient le lecteur dans l'introduction à cette anthologie : "nous avons choisi de faire suivre chaque texte de SF par un texte scientifique, conscients toutefois que les transitions entre ces textes aux thèmes et aux styles bien différents pourront sembler brutales."
S'il fallait donc résumer ma lecture de cette anthologie :
- Pour le côté SF : des textes plaisants à lire et très ancrés dans le réel (par les thématiques et/ou par la toile de fond) bien que dans l'ensemble très pessimistes. On vire plus souvent à la dystopie qu'à l'utopie, quand-même.
- Pour le côté universitaire, recherche : instructif même si je dois bien avouer que je n'ai pas forcément bien accroché (à l'exception faite du dernier essai de Davy Athuil).
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De retour des Imaginales de l'année passée, duquel j'ai ramené Atomic Bomb et une dédicace de Fabrice Colin (dans un livre que je n'ai toujours pas lu d'ailleurs ...), un ami a rapporté une petite pile de livre qu'il continue encore de lire actuellement, et notamment trois anthologies de ce festival, compilations de nouvelles selon un thème donné par des auteurs présent lors dudit festival. J'ai attaqué celle-ci rapidement, pour pouvoir lui rendre le plus tôt possible (je déteste garder des livres qu'on m'a prêté pendant trop longtemps). Et j'avoue, j'ai été bien plus accroché que je ne pensais.
Si je met le terme Mémoire, c'est que cette notion intervenait dans plusieurs nouvelles au final, et j'ai trouvé cela curieux, la façon de lier le thème "Victimes et bourreaux" avec la notion de mémoire, notion que je ne juge pas toujours à sa juste valeur, mais qui rentre assez bien en adéquation avec ce thème, il faut le confesser.
L'anthologie est assez disparate, et je ne pourrais résumer mon sentiment en un seul bloc, étant donné que les nouvelles varient du tout au tout et que je n'ai pas été charmé par toutes, mais je dois avouer que l'ensemble est très intéressant, ne serait-ce que pour découvrir des auteurs que vous n'avez jamais lu. Ici, j'en connaissais deux, dont un que je m'étais juré de ne pas relire un jour, mais qui m'a au final plus intéressé que je ne l'aurais pensé.
En tant que tel, plusieurs auteurs m'ont laissés froid, notamment celui de la deuxième nouvelle qui a fait quelque chose d'ultra-classique et dispensable, qui ne m'a pas intéressé un seul instant, mais d'autres par le simple fait que l'univers qu'elles présentaient n'était pas à mon gout, sans pour autant remettre en cause la qualité des nouvelles.
J'ai d'ailleurs retrouvé avec plaisir Jaworski pour une nouvelle sur les nains qui m'a beaucoup intéressé et que j'ai apprécié jusqu'au bout. Par contre, j'ai été soufflé par une nouvelle venue de Nathalie Dau, parfaitement bien mise en place dans le sujet, et superbe jusqu'au final. Une petite perle que j'ai trouvé extraordinaire et qui m'encourage à me pencher sur la littérature de cette auteur. D'autant que son style était plaisant.
Je n'avais encore jamais lu d'anthologie, c'est à présent chose faite, et je comprend parfaitement l'intérêt de ce genre d'ouvrage où l'on picore les nouvelles sans jamais être écœuré ou découragé, chacun venant avec sa patte et son style, son univers et sa façon de mettre en scène le sujet. Une anthologie qui m'a beaucoup plu quoique je ne la qualifierai pas de géniale, mais qui me donne envie de me pencher sur les deux autres en ma possession. A lire pour découvrir des auteurs !
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Pour la première fois cette année, je suis allée aux Imaginales. Pendant ces trois jours vraiment intenses et riches, on nous a beaucoup parlé de cette anthologie et j'ai eu la chance d'en entendre des extraits lus par certains auteurs. C'est donc tout naturellement que j'ai eu envie d'en lire l'intégralité.
Comme souvent dans les recueils de nouvelles, les impressions sont assez inégales : on aime certains nouvelles, d'autres moins. C'est normal, je pense, c'est le propre des recueils. Il y a donc certaines nouvelles sur lesquelles j'ai moins "accroché", parce qu'elles sont moins dans mes univers de prédilection probablement. Néanmoins tous ces textes, autour du thème des "créatures" sous toutes leurs formes, sont vraiment variés, surprenants, effrayants ou drôles parfois, mais en tout cas toujours de qualité. Une mention particulière à la nouvelle "La machine différente" de Jean-Laurent del Socorro, et un gros coup de cœur pour "Une petite fleur" d'Olivier Gechter.
Pour conclure, je ne peux que vous recommander de lire ce superbe recueil, qui est de grande qualité, que ce soit au niveau des textes mais aussi de l'objet lui-même avec sa superbe couverture signée John Howe.
On sent que cette anthologie est faite par des passionnés de l'imaginaire, qui veulent partager et transmettre leur passion. Et rien que pour ça, ils méritent qu'on les encourage.
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Recueil savoureux pour un pari audacieux !
En dernier livre lu au cours de l'année 2010, donc, cette belle anthologie concoctée par Stéphane Nicot en 2002, autour du thème du "privé", dans des univers imaginaires où la SF pure et dure côtoie la fantasy, l'anticipation sociale ou des trucs carrément bizarroïdes...
En citant la préface de Stéphane Nicot, "comme pour relever le défi d'Evangelisti - qui un peu auparavant supposait que le roman noir, enraciné dans le social du présent, ne se souciait guère des structures historiques et technologiques -, les (quinze) auteurs ont eu à cœur de montrer que "les structures planétaires du système, les évolutions historiques, les mutations psychologiques et comportementales qu'engendre le développement technologique" peuvent jouer un rôle important dans des histoires policières.
Terry Bisson, Jonas Lenn, Roland C. Wagner, Johan Heliot, Claire et Robert Belmas, Jonathan Lethem, Didier Daeninckx, Kathleen A. Goonan, Daniel Mares, Jean-Pierre Hubert, Thierry Di Rollo, Jean-Bernard Pouy, Michel Pagel, Andreas Eschbach et Valerio Evangelisti lui-même ont ainsi tenté l'aventure des "détectives de l'impossible".
Toutes sont à la hauteur, mes préférées étant "Charlie et ses drôles de dames" (Terry Bisson), "Et personne n'est venu" (Roland C. Wagner), "À n'importe quel prix ("Claire et Robert Belmas), "De l'autre côté du pont" (Kathleen Ann Goonan), "L'enlèvement de la reine des Feys" (Michel Pagel) et enfin "Laurel & Hardy", terror detectives" de Valerio Evangelisti.
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Travailler encore ? Science et fictions sur le futur de l'emploi
Anthologie dirigée par Stéphanie Nicot et Jean-François Stich chez les Editions Actusf
J'ai eu la chance de recevoir ce livre dans le cadre de la masse critique non-fiction de Babelio.com
Cette anthologie regroupe des nouvelles de SF et des articles de chercheurs sur le futur du travail dans notre société : utilisations de robots et d'IAs, revenu universel, metaverse, utilité de chaque travail, coworking, arts, burn-out, climat, etc.
Bon, à première vue ce n'est pas le thème (même en SFFF), qui m'inspire le plus... 😅
Mais j'avais vu passer ce livre chez de chouettes autrices y ayant contribué, et j'ai sauté sur l'occasion 😁
Et ce fut une chouette expérience, sortir un peu de ma zone de confort. J'ai beaucoup aimé la majorité des nouvelles de SF. Mention spéciale à celles d' Annesophie Devriese, de Ketty Steward et de Katia Lanero Zamora qui m'ont beaucoup touchée en tant que femme et maman 😰, celle de Pierre Bordage m'a par contre parue incomplète.
Moi qui suis une pure scientifique, j'ai trouvé très intéressants la plupart des articles, j'ai particulièrement aimé celui de David Atuil sur l'écologie, Corinne Gendron m'a replongée dans un livre lu il y a 30 ans, j'ai eu du mal à finir certains autres, peut-être un peu trop complexes pour moi 😅
Encore merci à Babelio et les Éditions ActuSF pour cette chouette lecture 🙂
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Je m'étais procuré, il y a plusieurs mois de cela (il y a un monde de cela !), les deux dernières anthologies des Imaginales. Malgré les divers rebondissements autour du festival, tous plus lassants les uns que les autres, je m'étais enfin décidé à me procurer un de ces recueils car 1) nous avons de très belles plumes, et 2) j'apprécie beaucoup Stéphanie Nicot.
La chose étant, j'ai été extrêmement déçu par ce recueil. Si les nouvelles ne sont pas foncièrement mauvaises (à quelques exceptions près), elles restent… Moyennes, quoi. J'imagine que les auteurs les ont composées "sur commande", à l'occasion du festival, et si je n'irais pas jusqu'à suggérer un travail bâclé, il faut tout de même un peu d'honnêteté et de recul sur ce travail. Je ne suis pas certain que pour la majorité d'entre elles, ces nouvelles auraient été publiées en édition "courante" non-évènementielle.
Bon, ceci dit, je vais juste mentionner quelques nouvelles du recueil m'ayant marqué, ma lecture datant malheureusement de plusieurs mois et mes émotions de lecteur s'étant assagies depuis...
"La Main à Quatre Doigts", d'Estelle Faye, est la première nouvelle du recueil et probablement ma préférée. Conte fantastique, convoquant ici rumeur et gothisme autour d'une fraternité damnée, mais aussi perle de classicisme dans sa structure et son traitement: que demander de plus ? Estelle Faye est décidément, de mon modeste point de vue, une des plumes (la plume ?) de l'imaginaire français les plus intéressantes. Je vous renvoie, si vous en voulez plus, à son excellent roman "Widjigo" publié chez Albin Michel Imaginaire.
Deux nouvelles, au timbre éminemment plus épique et au déroulé mouvementé, se démarquent: il s'agit de "L'Ethique du Guerrier" de Thibaud Latil-Nicolas et "Exodus" de Rachel Tanner. De bons récits, efficaces au vu des courtes longueurs de texte, qui ont redonné un peu d'entrain à un recueil qui s'était déjà endormi ("La Danse de Salia": exercice de style un peu vain, "La Ville, ce soir-là": idée intéressante mais ne s'épanouissant aucunement, "Le Dernier royaume": aucun souvenir de cette nouvelle, malheureusement).
J'ai trouvé "Ulaanbaatar " de Patrick Moran particulièrement pénible. C'est aussi ma faute: je ne suis pas un grand fan, "par défaut", des récits post-apocalyptiques. Alors ré-explorer au sein d'une nouvelle distribution mondiale les inégalités, même si évidemment le thème m'est cher, est je trouve au minimum poussif (surtout lorsqu'on ne se divertit pas…). J'imagine qu'au vu du foisonnement d'idée, il y a matière ici à aller sur la forme longue, mais ça sera sans moi.
"Cieux d'artifice" est un récit amusant et original: pas incroyable, mais s'il était le standard du recueil, nous serions à coup sûr bien servis.
"Les Frontières de Pluie" de Loïc Henry était un texte assez plaisant: plein de mystère, récit d'ambiance s'il en est, et gardant son lot de surprise.
"Serrez à droite" de Ketty Steward était une purge. Récit trop court pour installer quoi que ce soit et donnant l'impression pourtant d'être interminable, pas exaltant pour un sou...
Vous aurez compris que tous les récits non-mentionnés se trouvent dans une limbe neutre: vite lus, vites oubliés.
Malgré mon amour pour le festival et le profond respect que j'entretiens pour une bonne partie des auteurs du recueil (certains m'étaient inconnus jusqu'alors), force est de constater que le rendez-vous était cette fois-ci manqué. Reste à lire la fournée 2022...
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