Citations de Taï-Marc Le Thanh (131)
Tout le monde aime la musique. Je n'arrive pas à concevoir le contraire. La musique, c'est l'harmonie. Et l'harmonie, c'est le but ultime de chacun. Même le chaos, c'est l'harmonie.
— Nous nous suffisons à nous-même et aurions pu rester dans notre paradis jusqu'à la fin de nos jours... Si le destin ne nous avait pas rattrapés de la façon la plus brutal.
Le regard de Lisbeth se perd dans le vague, alors qu'elle répète dans un murmure :
— De la façon la plus brutale.
- Tout le monde aime la musique, murmuré-je. Je n’arrive pas à concevoir le contraire. La musique, c’est l’harmonie. Et l’harmonie, c’est le but ultime de chacun. Même le chaos, c’est l’harmonie.
Je gonfle mon ventre et expulse l’air de façon régulière. Nouveau sourire d’approbation. Nous travaillons dans le petit salon (l’appartement de Claudia Wilmer est immense, jamais je n’aurais cru qu’une telle surface puisse exister dans mon quartier). Claudia s’est installée au piano (le grand piano à queue qui lui a été offert par ce célèbre chef d’orchestre avec qui je la soupçonne d’avoir eu une aventure). Ses doigts fins courent sur le clavier. Les gammes s’enchaînent, ma voix s’élève dans le sillage des notes, cherchant la précision du diapason.
Les larmes me montent aux yeux (peut-être ai-je oublié de préciser que je suis beau et ténébreux et intelligent et émotif).
Nous parlons de la même chose. Inutile de la mentionner. Elle ne porte pas de nom précis de toute façon. Voilà dix ans que je vis seul avec mon père, sa poésie est contagieuse. Toutes ces années de promiscuité nous ont permis de réussir à partager ce qu’il existe de plus précieux : les émotions. Il me suffit juste de lui dire que j’écoute pour qu’il comprenne mon état d’esprit. Et qu’il se hisse jusqu’à moi.
Mon épuisement n’est pas seulement physique (des milliers de contractions par jour, pas étonnant que je souffre de courbatures le soir venu), il est également psychologique. La tourette est en soi un fardeau. Une sorte d’invité surprise qu’il va falloir nourrir avec tous les autres convives. Le genre d’invité plutôt bruyant et qui n’a qu’une approche très rudimentaire des bonnes manières.
Sale journée.
Sur une échelle de 1 à 10, je lui mets 2. Et encore, je suis magnanime. C’est le genre de journée qui peut me plonger dans la détresse la plus crasse, malgré les encouragements permanents de la voix de la Sagessa.
Cyrano avait un gros nez.
Quand il fumait, le poil de ses narines était toujours roussi, et quand la pluie tombait, sa moustache n’était jamais mouillée.
-Le monde est la scène chaotique d'un gigantesque théâtre, disait Lisbeth. Et l'acte trois vient tout juste de s'achever. Les éléments du décor ont été abandonnés, et seuls quelques acteurs sont restés pour les ultimes saluts au public.
Il y a des choses qui se sont inscrites de façon tellement durables dans ton quotidien que tu en viens à négliger la chance que tu as de les posséder.
-Tu bois trop, tonton Russel, gronda Lisbeth.
-Tu n’as pas tort. Mais ça me permet d’oublier.
-D’oublier quoi ? demanda Abigaël.
-Je sais pas, j’ai oublié.
Peu importe notre taille, lorsqu'il s'agit du cosmos, l'infini emporte tout sur son passage. Qu'on soit grand ou petit, gros ou maigre, lorsqu'on contemple le ciel, on réalise aussitôt la mesure de sa place dans l'univers.
La vie est un combat [...]. Elle ne vous fera pas de cadeaux. Si vous n'avez pas de billets pour le grand train de l'humanité, le contrôleur vous balancera dehors sans préavis. C'est cruel, mais c'est comme ça. Autant vous préparer au pire.
La lacheté d'une personne ne se mesure jamais mieux que lors d'une séparation.
p.19
Parfois… commencé-je. […]parfois,j’aimerais que ma vie ressemble à une comédie musicale. […] Tu vois dans les comédies musicales tout se règle en un coup de chansons. Les sentiments s’exacerbent mais les protagonistes sont tellement concentrés sur la musique qu’ils en oublient leurs tracas. C’est comme s' ils se détachaient de la réalité pour s’élever au-dessus du monde. […] Et puis, et c’est peut-être le plus important : lorsqu’il chante, on les écoute.
Il y a quelque chose de réjouissant dans les libations de mon père et de son frère. Ils n'ont ni l'alcool triste, ni l'alcool agressif, ni même l'alcool crétin. Ils ont ce que je pourrais qualifier d'alcool fraternel (je reconnais toutefois que mes connaissances en la matière sont réduites en raison de mon jeune âge).
Tu sais, des fois, j'ai l'impression d'être sur une scène et de voir défiler des gens dans ma vie. Ils apparaissent, me font un grand sourire, et repartent aussitôt dans les loges.
Quand je danse, c'est comme si je flottais. C'est comme si... comme si la gravité n'avait plus aucun effet sur moi.
Sa grand-mère lui avait dit un jour :
- Le premier son qui est sorti de ta bouche, avant même que tu réussisses à prononcer un mot, était une note de musique.