En ouvrant ce roman, je m'attendais à lire l'histoire de femmes fortes et indépendantes qui auraient su tenir tête aux hommes de l'Ouest américain. J'y ai trouvé beaucoup plus que cela. le titre métaphorique est à l'image des thèmes abordés : la violence, la cruauté, la vengeance.
Le roman s'ouvre pourtant sur un souhait honorable : un homme au passé trouble, Hidalgo, recueille six enfants orphelins ou abandonnés et cherche à leur offrir une vie paisible dans l'Ouest sauvage. Mais sur ces terres en 1865 règne la loi des bandes armées et vivre en paix passe toujours par un inévitable affrontement.
Le lecteur suit sur plusieurs années le héros, ses cinq filles et son fils adoptifs, dans leur quête du bonheur et de la tranquillité. Il n'y aura rien de pacifique dans cet Ouest américain, parfois fantasmé, où les hommes sont majoritairement des tueurs et des brutes sans conscience. « Il suffit d'une fois », d'un relâchement de la vigilance pour que la mort fauche les imprudents. Alors Hidalgo éduque ses enfants avec bienveillance aux combats qu'ils auront à mener. Ses protégés doivent savoir se défendre et c'est avec leur aide qu'il se lance dans une succession d'actes punitifs ou salvateurs qui apportent au roman un suspense haletant.
J'ai suivi les aventures d' Hidalgo et de ses enfants avec un grand plaisir. J'ai apprécié l'ambiguïté et les contradictions de cet homme humain, repenti mais qui ne connaît que la manière forte pour régler les problèmes qu'il rencontre. La vie paisible se trouve forcément loin des hommes, dans une petite vallée coupée du monde furieux. L'auteur a choisi l'angle de la loi des armes pour raconter la conquête de l'Ouest. Tout se règle par la mort de ses adversaires. Cette radicalité garantit la survie. L'appel du sang, une fois qu'on y a goûté, est irrépressible et pervertit même les enfants. Ils se laisseront happer par un besoin de vengeance et y consacreront leur vie comme si il restait toujours quelqu'un à tuer ou un compte à régler.
La vie dans l'Ouest américain était certes ponctuée de violence au XIXè siècle. On pense au film de
John Ford, « L'homme qui tua Liberty Valance », dont le héros cherche à apporter la loi dans une petite ville terrorisée par un tueur. Dans la même veine, on peut lire « Le dernier sur la plaine » de Nathalie Bernard qui donne la parole aux Amérindiens et «
Sans foi ni loi » de
Marion Brunet qui décrit une femme libre dans un monde dominé par les hommes.
J'ai particulièrement apprécié le dénouement tout en sensibilité, comme un moment d'optimisme humain après beaucoup de fureur.
Une lecture agréable, bouleversante et très prenante.