Citations de Théodore Monod (429)
« Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ? »
Pour moi, il y a une montagne, la même pour tous, que nous gravissons les uns et les autres par des sentiers différents.Les uns montent par ici, d'autres par là, mais nous avons tous les uns et les autres, l'ambition ou l'espoir de nous retrouver au sommet, dans la lumière, au-dessus des nuages.
« Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion. »
Contre la religion du profit, nous devons opposer la religion de la beauté, son pain vivant, son eau vive.
Peut-être l'homme est-il en voie d'humanisation mais il n'est pas moins certain qu'il demeure, et par son corps et par le redoutable poids de ses instincts ancestraux, très solidement enraciné dans le pré-humain.
Monod cite le soufi Al-Arabi : "Mon cœur est devenu capable de toutes les formes. Une prairie pour les gazelles, un couvent pour les moines, un temple pour les idoles, une Ka'ba pour le pèlerin, les tables de la Torah, le Livre du Coran. Je professe la religion de l'Amour, et quelque direction que prenne sa monture, l'Amour est ma religion et ma Foi".
Parler de l’homme dans la nature revient presque aujourd’hui à parler de l’homme contre la nature.
J'ai eu de la chance de rencontrer le désert, ce filtre, ce révélateur. Il m'a façonné, appris l'existence. Il est beau, ne ment pas, il est propre. C' est pourquoi il faut l'aborder avec respect. Il est le sel de la terre et la démonstration de ce qu'ont pu être la naissance et la pureté de l'homme lorsque celui-ci fit ses premiers pas d'Homo erectus...
Les hommes politiques ! … La limite de leur rayon de pensée, c'est la prochaine élection.
Quel message auriez-vous envie de transmettre aux jeunes générations ?
Je leur dirais de conserver une grande curiosité de toute chose. Avoir envie d'apprendre et de savoir. D'apprendre à regarder. Ce n'est pas si simple.
…
Je leur dirais également de ne jamais se résigner face au monde qui les entoure. Participer à la vie de groupe pour tenter de l'orienter vers un avenir moins dramatique et moins sanglant est plus jamais que nécessaire. Il ne faut pas se résoudre à l'existence des horreurs. Il ne faut pas dire : "Ce sera toujours comme cela." Non, cela peut changer.
Les animaux n’ont pas, comme l’homme, l’orgueil de se croire le roi des animaux.
" (...) On a bien tort par exemple de juger l'islam à partir des faits et gestes des fondamentalistes arabes. Le soufisme, qui en est le cœur vibrant, véhicule quelques-unes des plus hautes formes d'expression de la sagesse universelle. Tenez, connaissez-vous cette histoire du soufi qui arrive à la porte du Paradis, tout étonné de se trouver là ? "Pourquoi serais-je convié à fouler l'herbe de ce jardin ?", se demande-t-il. Il avise le portier auquel il demande de lui dire ce qu'il fait là. Est-il là parce qu'il a beaucoup prié ? "Non, ce n'est pas pour cela", répond le portier. Est-il là parce qu'il a beaucoup jeûné ? "Mais non, il n'est pas question de ça. -Alors, pourquoi est-ce que je suis là ?", insiste le soufi. "Une nuit d'hiver, à Bagdad, il faisait très froid, et tu as recueilli une petite chatte perdue et tu l'as réchauffée dans ton manteau". Vous comprenez que cette histoire me touche. L'islam ne se réduit pas à cela mais c'est aussi cela. "
J'ai toujours dit que les grands traits d'une destinée ne sont jamais recherchés ou voulus. Ils sont accidentels. Les choses importantes de la vie sont décidées ailleurs. On croit agir mais on est agi. Je ne sais pas par qui d'ailleurs. Ce peut être la Providence, ce peut être le hasard. On s'aperçoit un jour que l'on est engagé dans une direction et qu'il nous est impossible de revenir au stade antérieur. Certains choix fondamentaux orientent votre existence sans que vous vous en rendiez compte sur le moment. Ce n'est qu'au-delà de la bifurcation que vous découvrez que vous étiez à la croisée des chemins. (p.292)
Le 25, départ avant l'aurore. Sur la plaine mystérieuse et vide, l'aube va dérouler ses draperies lumineuses et révéler l'incompréhensible paysage aux voyageurs arrivés dans l'ombre. Maxence, bercé par la souple allure de son méhari, goûte à plein la grandiose simplicité de l'heure, comme la terre démesurée émerge des voiles gris de la nuit. Les chameliers se taisent ; aucun bruit que le pas feutré des dromadaires, ou l'une de ces exclamations brèves qui excitent les montures.
A l'ouest, dans les ténèbres bleu sombre de la nuit qui fuit, le disque argenté de la lune va disparaître. Vers l'orient, dans une féerie de rose et d'or, le soleil se lève.
Brusquement, brutal, il éteint les douces colorations de l'aube et illumine toute la plaine immense dont aucun recoin ne peut plus échapper à l'aveuglant rayon.
… il existe une montagne unique, que nous gravissons tant bien que mal les uns et les autres par des sentiers différents, avec l'espoir de nous retrouver au sommet de la montagne un jour, à la lumière et au-dessus des nuages.
Le monde polaire, océans de glace et déserts de neige, compléterait la trilogie des espaces qui commandent le perpétuel mouvement, la navigation, le nomadisme, la fuite éternelle, quotidienne, à travers les cercles sans cesse renaissants et jamais franchis d'un horizon qui vous précède, semble parfois vous attendre, pour vous narguer, mais jamais ne se laisse atteindre.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle du bombardement ? Où étiez-vous le 6 août 1945 ?
Sans doute à Dakar où je dirigeais l'Institut français d'Afrique noire, l'IFAN. Le Monde avait titré : "Une grande révolution scientifique " ! La science a souvent trahi les espoirs des hommes.
Ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre que l'on puisse se préoccuper d'autre chose que de ce qui se mange ou se vend; l'hypothèse est absurde, invraisemblable. Alors ? Alors, ou bien, de ces cailloux, le mystérieux voyageur, qui échappe aux classifications usuelles - n'étant ni caporal, ni capitaine, ni boutiquier - va tirer de fabuleuses richesses, de l'or, une fortune, ou bien, tout simplement c'est un 'majnoun', un fou.
L'homme moderne redoute le silence car il pressent, confusément, que le silence est une terre de confrontation avec l'essentiel, avec nous-même, avec notre vocation d'homme. Il faut plonger dans le silence comme on s'aventure dans le désert. Il nous faut retrouver le chemin du silence.
L'utopie c'est simplement ce qui n'a pas encore été essayé