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Citations de Thierry Berlanda (150)


Le monde est ainsi : toujours il retombe.
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-- L'expression des passions viles est toujours afflifeante, cependant.
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Toujours à me battre et à soulever mes jupons pour y fourrer son poinçon.
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— Que voulez-vous qu’un montreur d’ours venu de si loin ait eu à reprocher, au point de les tuer aussi sauvagement, à deux hommes qu’il ne connaissait pas ?
— Sa bête…
— Balivernes ! Sa bête se terre dans la forêt de l’Orme aux loup, plus effrayée sans doute par nous que nous par elle, et n’aurait pu en tout cas montrer assez de discernement pour attaquer précisément deux membres de votre police plutôt que cette enfant deJeanne, la lingère, ou quelque autre habitant de la ville. Non, le criminel n’est ni l’étranger ni son ours, mais bien un homme d’ici, etpeut-être bien un de vos familiers qui souhaite vous atteindre vous-même, monsieur le bailli, et y réussit d’autant mieux que vous nesongez pas à lui donner la chasse…
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Mile 88, vous vous arrêtez chez Jess, un snack en poussière des routes et fumée de Mack. Aux heures où le soleil ne laisse plus de place au ciel, on y voit des rangs de camions, cargos ou citernes, abrutis sous des millions de tonnes de chaleur et, vissés au bar, des pilotes toqués de Jess qui tètent des bocks tièdes en la bouffant des yeux. Après, cris de lapin écorché des démarreurs, en une minute ils peuvent avoir tous disparu. Jess ramasse les boîtes de bière et se berce des standards de la soul en attendant la prochaine marée de ferraille. Avec sa voix noire, vous commencez par être surpris de la découvrir si blonde.
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Entre Tombstone et Nogales, c’est un coup de soleil de mille ans. Dôme de feu. Nœuds de poussière où l’air s’étrangle, paquets de rocs affilés par le vent et lézards en plein twist. Vous secouez le tableau dans tous les sens, ça ne change rien. Ici, n’importe quoi égale tout le reste. Vous pouvez rouler quatre-vingt-sept miles sans voir que sable et ciel. Sable un peu bleu, ciel un peu jaune.
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Vous ne pouvez pas dire qu’ici le matin commence à l’est. Le soleil s’allume d’un seul coup comme une lampe géante au plafond.
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Ça y est, Jess. T’es parée pour la quinzaine.

— C’est l’eau qui manque le plus, Holly.

Aussitôt il déroule un tuyau raccordé à une pompe entre la cabine et la remorque fourre-tout, grimpe comme il peut sur le toit de la bicoque et plonge le caoutchouc dans la citerne calée dans la charpente. La réserve d’eau alimente la douche de Jess et aussi le bar par des canalisations que Holly a bricolées avec des matériaux de récupération. Il est aussi l’inventeur d’autres astuces : leviers de vitesse détournés en manettes de bar, comptoir rehaussé d’un pare-chocs de truck, conduites en tuyaux d’échappement rafistolés.
Pendant qu’il est sur le toit, en équilibre dans les tremblements d’air, le livreur de babioles domine un monde de rocailles et de petites vies furtives. De ce monde il est le roi, et son sceptre, une clé à molette. À voir sa pose, la tête enrubannée dans la fumée opaque de son joint, vous le prendriez pour pire que fou.
Quand Holly repart, Jess suit des yeux la roulotte à hoquets et se dit qu’il est bien ce qu’elle a connu de plus fort et doux depuis longtemps.
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Trop grand pour elle, le bracelet fashion. Chloé avait absolument voulu l’emprunter à sa mère, quitte à maintenir toute la soirée la main plus haut que le coude pour ne pas le perdre. Il vient de glisser de son bras et roule jusqu’à la chaussure du Prince.
— Fais brûler l’encens de galbanum.
Détaler. Tant pis pour le bracelet. Se tirer tout de suite ! Courir se faire border par sa mère, ne plus haïr son père parce qu’il mange en faisant le bruit d’une vache qui boulotte une betterave, être sage, sage, sage, à partir de maintenant et pour toute la vie. « Si tu me sauves, mon Dieu, je serai tout le temps gentille. Je t’en prie… »
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Soudain, comme à une fenêtre brusquement ouverte dans un mur blanc, la tête du cinglé se détache du brouillard. Puis le reste du corps.
— Sers ton prince !
Chloé se met à trembler, façon Sizzlin’ Sally, incontrôlable. Un prince, ça ? Son manteau porté en cape rappelle bien à Chloé le prince d’un roman illustré qu’elle lisait, gosse. Mais celui-là est plutôt moins sympa vu de près ; yeux enfoncés dans des trous d’ombre sous ses arcades bombées et mouchetures rouges sur le visage. Elle croit d’abord qu’il porte un masque et veut balancer « oh ! le con ! », comme elle fait tout le temps, mais les mots ne passent pas ses lèvres.
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Au bout de quelques secondes, elle lève les yeux. Derrière sa frange rousse, elle devine quelques personnes dans la brume sur le trottoir d’en face. Elle se dit que leur présence l’a protégée. Elle se dit aussi que c’est décidément la soirée des évadés de l’asile, mais qu’à côté de celui qu’elle vient de croiser, le cravaté priapique du Slow Club n’était qu’un novice.
Soudain, comme à une fenêtre brusquement ouverte dans un mur blanc, la tête du cinglé se détache du brouillard. Puis le reste du corps.
— Sers ton prince !
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Elle presse le pas. Mais si c’est pour entrer dans le petit pourcentage de celles dont le mauvais pressentiment est tout de même justifié, alors pourquoi se presser ?
Une voix vient de gicler à ses oreilles, toute proche.
— Sers ton prince !
Chloé sursaute. Son visage se crispe, elle rentre la tête dans les épaules, et ses yeux se ferment malgré elle. L’homme qui s’est approché d’elle pour lui klaxonner ces trois mots dans l’oreille reste invisible. Mais il est là. Elle sent sa présence, sa respiration blanche. Son envie de repasser à l’attaque.
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Elle a un mauvais pressentiment, mais elle pense qu’une fille qui se balade seule la nuit en a toujours un et que ce n’est jamais justifié. Rue du Pont-Neuf, à l’étroit entre les immeubles estompés par le brouillard, elle se sent comme un insecte au fond d’une boîte bourrée de coton au formol. Elle manque d’air. Elle presse le pas. Mais si c’est pour entrer dans le petit pourcentage de celles dont le mauvais pressentiment est tout de même justifié, alors pourquoi se presser ?
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Dimanche matin, 4 heures.

Chloé sort énervée du Slow Club. Sa première virée dans une boîte classe a tourné au fiasco. Ses deux copines sont restées dedans, accrochées à des mecs, mais elle, ses espoirs à l’eau de rose se sont évaporés en même temps que deux mois d’économies. La tôle qu’elle vient de prendre avec le commercial en sueur qui voulait se la taper dans les toilettes l’a mise en colère, puis remplie d’angoisse, et l’angoisse augmente sa sensation de froid. Marre, de ces toqués de la braguette pour qui la fille idéale a forcément la détente d’une bombasse du X. Elle frissonne. En remontant son col, elle dit « saloperie de temps de merde ! On n’y voit rien, putain ! »
Elle a un mauvais pressentiment, mais elle pense qu’une fille qui se balade seule la nuit en a toujours un et que ce n’est jamais justifié.
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La plupart des quartiers de la ville ne sont pas encore déserts à cette heure : un vieux y prend l’air, assis sur la marche d’une bicoque ; une musique serpente à travers les ruelles, crachotée depuis le fond les âges par un transistor antédiluvien ; debout derrière les arabesques d’un moucharabieh, une jeune femme mélancolique regarde des chiens se disputer le cadavre d’un enfant ; des bordels souterrains résonnent des cris étouffés de filles vendues aux huiles des râqi d’Héliopolis. Dans la nuit bleue et l’indifférence triomphante de la pleine lune, Le Caire n’en finit jamais de se digérer lui-même.
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Mais alors qu’il ajuste sa visée, une balle du Luger fracasse la base de son nez et son maxillaire supérieur pour entrer dans la boîte crânienne par une faible oblique. Le corps décapsulé du jeune homme se dresse un instant sur toute sa hauteur.
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Pour eux, fréquenter le collège revenait surtout à éviter le bagne à ciel ouvert de Potosi : cirer les chaussures, porter des colis plus lourds qu’eux, laver les voitures à s’en geler les doigts, déambuler dans fin dans les rues et sur les marchés pour vendre des broquilles à de rares touristes. Ceux dont les familles respectaient l’obligation légale de scolarisation bénéficiaient d’un crédit supplémentaire de quelques années de bonne santé. Les autres n’atteignaient presque jamais cinquante ans. Quant à ceux, parois les mêmes, qui étaient enrôlés pour l’extraction des minerais de tungstène, d’antimoine ou d’étain dans les boyaux de Cerro Rico, ils mourraient vers trente ans, avec la bénédiction de Tio Jorge, grotesque divinité bariolée qui servait de guichet à la porte de cet enfer.
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Dodeman est en roue libre pour au moins l’après-midi et n’apparaît plus sur les radars de Deshayes.
Du coup, il joue un peu au flic. Rouler les mécaniques quand on pèse soixante kilos et qu’on a la gueule de tout le monde, ça fait rire ou pitié, mais rarement peur. Souligner la démarche en dégainant une carte tricolore, même de nos jours c’est encore un bonus.
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Minuit.
Pete vient de coller une trempe à 6000 nanas et 1000 mecs, tout seul comme un grand. Ils ressortent du Zénith montés sur des échasses, d’un pas imprécis, mais en altitude.
– On le reverra quand ? Peut-être jamais.
– Arrête, ça me fait chialer
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Elle est pieds nus. Pas le temps de chercher ses chaussures. Mettre la main sur le fric, seul objectif. Mon Dieu, comment je supporterai son regard ? Il pourrait me tuer. Je préférerais ça… Et puis non ! Ce fric, je l’ai gagné. Elle se dirige vers le fauteuil où elle se rappelle que Pete a largué son Trench en arrivant. La liasse de vingt billets de 100 dollars est fourrée à cru dans une poche extérieure. Le froissement du papier, Holly se demande encore si elle doit le redouter ou l’espérer. Le rêve est déjà terminé ?
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