AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Thierry Noiret (132)


Ode à la lune

L’obscur nimbe qui s'élevait
Ne m'était guère familière
À ce point même étrange
Que seule me guidait
Dans la jungle millénaire
La lune pieuse mésange
De sa face blanche pénombre
Coulaient les diamants roses
Qui dans les yeux des colombes
Réverbèrent les secrets moroses
Les illustres grands parfums
De l'éternité déflorée pour rien
Lune toi qui parfumes
De tes cendres
Les ciels qui tombent
Si tendres
Et caches au soleil
Nos décombres
Crains le nectar des rêves
Le chant des anges
Qu'un jour oh si funeste
Ils ne te vendent
Commenter  J’apprécie          594
Thierry Noiret
tous les hommes sont égaux devant la guerre
sauf le haut commandement
les états-majors
les incendiaires

tous sont égaux devant la guerre
sauf les mères qui traversent la rue
cible contre nourriture
sauf les enfants qui périssent
sous les décombres

tous sont égaux devant la guerre
sauf les soldats tombés sous la mitraille
sauf les jeunes qui voient leur futur amputé
sauf les violonistes les acrobates
les instituteurs, les infirmières
qui ne savent pas se défendre

tous sont égaux devant la guerre
ils n'ont rien à y faire
sauf les décideurs
les chefs de guerre
Commenter  J’apprécie          582
Puis ce sont toujours plus de colons en Nouvelle-France. Le long du Saint-Laurent, Champlain établit ses comptoirs tandis que Jeanne Mance évangélise. Et toujours, sur les berges, un phoque rieur. Était-ce le même ? Cela paraissait bien improbable surtout que l'histoire retient peu les détails, elle préfère les grands faits humains aux sourires de phoques. Et la biographie de Cartier ne mentionnait aucun phoque, ni les livres de compte de Champlain. Le bréviaire de la très pieuse Jeanne ne contenait que prières, croyez-moi. Les phoques sont bien peu de choses aux yeux des historiographes.
Commenter  J’apprécie          5711
Petit phoque, tu me regardes tristement, et tes moustaches tombent soudain comme les branches d'un arbre fané. Es-tu comme moi, loin de ta femelle, déprimé ? Ballotté par les remous de ta vie plus que par le grand fleuve ? Petit phoque, je t'en prie fais-moi signe !
Pourquoi es-tu venu me rejoindre dans cette croisière ? Viens-tu comme moi à la rencontre des grandes baleines en transhumance ?
Commenter  J’apprécie          565
Comme, en ce temps-là, les moines étaient bâtisseurs et les miracles à la portée des ecclésiastiques, il ne fallut que quelques semaines pour que s’élève une abbaye... une bien curieuse abbaye, car si elle n’enviait en rien les plus beaux édifices gothiques primitifs, les moines, eux, savaient qu’elle n’était bâtie que de sable, de vent et d’eau de mer...
Commenter  J’apprécie          5419
Nous gardons les yeux baissés sur nos bols de thé, car le paysage se balance encore dans les épaisses vapeurs du soleil, trop lumineux, trop véridique pour que nous puisions l’examiner.
Ces instants sont longs que verse une théière d’argent dans nos bols... L’histoire s’y perd et les vies s’y succèdent... La lumière enfin était douce, le soleil se couchait, nous nous levions maintenant pour prendre d'autres clichés des medersas qui plongeaient dans l'ombre et les rougeurs du soir leur masse imposante pour ne refaire surface qu'au matin. Nos appareils photographiques mitraillaient une fois encore le réel, pour le restituer plat comme les souvenirs dans nos journaux et magazines des lendemains.


Samarkand, 1996
Commenter  J’apprécie          543
Thierry Noiret
Parfums corrompus
Fraîcheurs exquises
Des tabacs repus
Fleurs des Marquises
Rose poussière
Respiration de velours
Jacinthe délire accepté
Sucre liqueur thé
Muguet sous-bois déterré
Ruche concave perforée
Odeur de sainteté
Encens d'intimité
Odeur damné de l'éther
Voyage sans retour
Doux parfums qui se consument
Effluves qui émanent de la lune
Longs arômes du temps
Commenter  J’apprécie          450
Thierry Noiret
Les moines avaient pour habitude de longuement méditer sur la grève avec pour contemplation divine le déferlement des vagues, le mouvement régulier des marées, les entrelacs d’ocres et de bruns, le miroir des lames de mer prisonnières des bancs de sable. Dans le fracas du vent qui s’abîme sur la mer, Dieu leur murmurait le vacarme des temps à venir : vaisseaux de ferrailles, amerrissage de machines volantes, routes de feu vers l’horizon. Il y avait la pluie souvent, et toujours le vent, les pluies de sable et les lames de mer. Il y avait encore le brouillard qui tombait telle l’haleine de Dieu... Toutes occasions pour se fondre dans le paysage et disparaître du regard des hommes. Il y avait les saisons et parfois le soleil. Il y avait enfin la grande marée d’équinoxe et l’eau si basse qu’elle fuyait à l’horizon.

(L'abbaye des Sables de "Dentelles des Flandres" )
Commenter  J’apprécie          440
Thierry Noiret
Écrire. Il préférait son traitement de texte et ses publications. « La parution d'un nouveau livre est plus enivrante que la venue d'un enfant. L'éditeur accepte le manuscrit, après corrections, palabres et changements inéluctables, le met sous presse. Enfin vient le moment où il paraît tel un nouveau-né; nous ne savons d'avance ni son sexe, ni son aspect, ni son caractère. Ressemblera-t-il à son père ou à son entourage ? Il faut attendre le public, que le livre grandisse, que la lecture le fasse croître, que les critiques le rendent plus policé, plus mûr... ou encore plus velléitaire. Il doit trouver sa voie, son rayonnage dans les librairies et son confort dans les bibliothèques. Il doit s'user entre toutes les mains, provoquer des passions et tomber éperdument amoureux de son public adulé. Tout cela ressemble bien plus à la vie. Étrangement plus que l'homme lui-même me confia-t-il un jour. Je suis en quelque sorte déjà enceint du prochain être alors que celui-ci n'a même pas appris à marcher. Peut-être vaudrait-il mieux espacer les naissances, éviter les conflits dans la fratrie. Mais peut-on s'empêcher de faire l'amour avec celle qu'on aime ? Non et la contraception n'existe pas dans le domaine de l'écriture ou de l'information. Pas encore... »
Mon ami était bel et bien un excentrique.


(Leçon d'Histoire de "Aujourd’hui, c’est déjà la nuit")
Commenter  J’apprécie          442
Thierry Noiret
[Pour célébrer la fête nationale de la Roumanie, 1er décembre]

Colonne sans fin

En un endroit de la terre physique, planté dans les nuages, pénétrant le ciel au-delà du ciel même, enfoncé dans la terre, bien en-deçà du sol visible, il est un axe, traversant les nuages jusqu'aux nuages d'étoiles et les mers jusqu'aux mers de la tranquillité, élevé par la main de l'homme. Sans fin.
Et c'est cette main de l'homme qui elle-même s'élève dans les cieux, s'enfonce dans la terre, cette main qui sans fin elle-même se cisèle, sans qu'il n'y ait jamais eu ni autre main ni fin aux doigts.

Inspiré par Constantin Brancusi, Colonne sans fin,
(in Poésie - Abstractions)
Commenter  J’apprécie          432
Les âges passant et l'outil prenant toujours plus d'importance, ne voit-on pas déjà de vifs changements dans la société : un retour certain au conformisme, une recherche plus profonde de valeurs claires et reconnaissables, une habileté flagrante à résoudre les défis techniques au détriment des problèmes humains ?  Tout cela va de pair.  Pair, Impair.  Un miracle que la toile, mais un miracle inquiétant.  Ne confions-nous pas nos plus profonds désirs, notre plus noble destin à d'implacables machines, sans âme, sans hasard ni vie ?
Commenter  J’apprécie          430
pourquoi ne pas ficeler
l'horizon au piquet
de notre appétit que l'on sache
où poser bagages
où semer la plante
de nos pieds

(p. 33)
Commenter  J’apprécie          415
Les cités et les paysages flamands recelaient encore bien des trésors, des légendes tues, des destins à révéler… mais tout prendrait fin ici, j'en avais l'intuition, comme tout ce qui s'achève sur les traces de la création.

(p. 79)
Commenter  J’apprécie          401
Thierry Noiret
J'ai écrit les livres que j'aurais voulu lire, intenses, exubérants, tristes parfois... ou violents comme la vie, saugrenus comme l'espoir mais rarement réconfortants !
Commenter  J’apprécie          400
Une déesse anonyme
Au destin tragique
Sensualité servile
N'avait des Satyres
Que des lambeaux de plaisir
Douceurs de vils paradis
Endurées à tous prix
Sappho douloureuse prêtresse
Chante les soupirs soufferts
Les saphirs de sa maîtresse
Occultant les larmes de l'enfer
Objets de désir restreints
à quelques chastes baisers
De longs soupirs arrachés
Conspiration du divin
Ourdie à l'âge des blés
Par d'incandescents Satyres
Se réservant les plaisirs
De la volupté
Les faveurs consenties
Blandices hérésiarques
De médiocres remords
Sont depuis lors punies
Oh pudiques monarques
Que ces instincts de mort
Commenter  J’apprécie          390
sans ponctuation ni majuscule
bien évidemment
puisque nous n’y sommes pas
n’y vivons pas
encore

puisque de la grammaire
nous avons largué
les amarres

puisque cela parle du temps
Commenter  J’apprécie          362
Je connais un quai de gare sans nom
perdu sur le versant d’une colline.
Allez savoir pourquoi, tous les trains
y font une pause.
Peut-être par respect.
Commenter  J’apprécie          352
Nivôse


J’ai rencontré une douce colombe
Qui s’essoufflait autour de mon bras
Je l’appelai Décembre
Et ma tendre Nivôse s’émietta

Immaculée brebis
Le manteau de sa voie lactée
Galaxie fluette
Couvre le monde ensoleillé
Désespérante comète
D’un duvet étoilé
Soyeux tapis

Fine dentelle
Cathédrale de la nature
Arbres en relief
Sur la voûte céleste

Chers parfumes de l’aurore
Chants de la vie
Vie du remord
Dryade endormie
Hiver de la mort

Un torrent passe
Emporte de vieux chagrins
C’est une haleine de paresse
Qui des parfums efface
Les regrets trop mûrs

Et Décembre était partie
Trop vite envolée
Je ramassai quelques plumes flétries
Des plantes gelées
Dont je fis une eau de vie
Commenter  J’apprécie          355
pourquoi les hommes sont-ils
              hommes
naissent-ils d'une terre
autant que d'une mère et
              d'un père

les cailloux semés remontent-ils
              à la source
les enfants nés reconnaissent-ils
la couleur de leur sang à la fraîcheur
              des rivières
Commenter  J’apprécie          342
Le monde était vaste alors et les rêves modestes. Mais ils avaient encore un parfum d'éternel.
Commenter  J’apprécie          341



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Thierry Noiret (17)Voir plus

Quiz Voir plus

Cannes dans les romans

Maigret passe ses vacances dans un palace cannois mais il va devoir enquêter sur le meurtre d'un jeune homme noyé dans la baignoire d'une des chambres de l'hôtel. Vous lisez (Indice: Suédois):

Le Charretier de la providence
L'Improbable Monsieur Owen
La Tête d'un homme

8 questions
28 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cannes (Alpes-Maritimes) , Alpes-Maritimes (France) , villes , france , cinema , littérature , polar noir , adapté au cinéma , culture générale , festival de cannesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}