Ce recueil de 15 nouvelles, précédé d'un prologue et suivi d'un épilogue, est l'oeuvre d'un belgo-canadien habitant Montréal, mais né à Bruxelles en 1962.
Contrairement à mon habitude. je ne vous brosse pas la biographie de
Thierry Noiret, pour la simple et bonne raison que l'auteur l'a fait lui-même sur Babelio, sous son pseudo "tiri_noiret" , mieux que moi je pourrais jamais rêver le faire.
Lorsque j'ai vu ce titre "
Dentelles des Flandres", mon esprit s'est envolé directement à la splendide ville de Bruges et plus particulièrement au fascinant Béguinage, où ont vécu avant les pieuses béguines "responsables" de ces splendeurs que sont les fameuses dentelles qui attirent encore toujours de nombreux curieux et acheteurs dans les boutiques spécialisées.
Au Musée de la Dentelle, des cours sont toujours offerts aux amateurs intéressés et il y a donc moyen d'apprendre les fines ficelles de cet art.
Toutefois, les dentelles de
Thierry Noiret sont la "dentelle humide des Flandres... ces terres marines, ces canaux ... ces terres salines" qui font le charme de cette région en-dessous du niveau de la mer.
Une région que l'auteur craint qu'elle disparaisse si "les eaux gelées des pôles viennent à fondre".
Une région si poétiquement et merveilleusement chantée par le grand
Jacques Brel.
Il se trouve que le tout premier chapitre "L'abbaye des Sables" est situé tout près de l'endroit où j'habite à La Panne. L'auteur voit "près des côtes françaises, un espace vide de verdure, d'habitations... bien connu des exilés, des fraudeurs et contrebandiers, des passagers clandestins, un véritable désert où ne cohabitent bien péniblement que vents et sables".
Incroyable coïncidence amère, ce matin, 21 janvier 2020, de cet "espace vide" un petit bateau est parti pour traverser la Manche, avec à bord 14 réfugiés d'origine afghane et iranienne. Un peu plus loin il a chaviré et sombré, 6 migrants ont pu être sauvés, les 8 autres sont portés disparus et les considérables opérations de recherches viennent d'êtres abandonnées !
C'est un endroit que je connais bien pour y avoir souvent promené mon setter irlandais (avant l'invasion féline de ma maison) et croyez-moi cela m'a causé un choc en regardant les informations.
Je m'excuse auprès de l'auteur pour cette petite parenthèse personnelle.
Rivières et canaux si poétiquement évoqués par
Thierry Noiret, forment le cadre physique de mon enfance. Derrière le jardin de la maison de mes parents coule la Lys à un endroit au nom très catholique de Vive-Saint-Éloi (Sint-Eloois-Vijve en Flamand) et sépare ce village du village voisin au nom tout aussi catholique de Vive-Saint-Bavon (Sint-Baafs-Vijve).
Le poète flamand d'expression française, Ėmile Verhaeren (1855-1916), grand ami de
Stefan Zweig, a consacré à la Lys un merveilleux poème :
Lys tranquille, Lys douce et lente
Dont le vent berce, aux bords, les herbes et les plantes,
Vous entourez nos champs et nos hameaux, là-bas,
De mille et mille méandres,
Pour mieux tenir serrée, entre vos bras,
La Flandre.
La Lys, qui avec ses méandres, se dirige à Gand où elle termine sa lente course dans l'Escaut.
La ville de Gand, cher ami Thierry, que vous semblez aimer tant et que vous mentionnez de façon si lyrique, a été le cadre de ma jeunesse, puisque j'y ai reçu, au Collège Saint-Michel, mon enseignement secondaire et rencontré ma première petite amie, qui elle suivait des cours au Pensionnat Saint-Bavon, un peu plus loin.
Donc, je suis bien placé pour comprendre ce que vous appelez "le chant de mélancolie" qui vous attache à cette ville.
On ne peut parler des canaux de Flandre sans mentionner, comme vous faites d'ailleurs, ceux de Damme, où l'écrivain
Charles de Coster (1828-1879) a placé son rebelle sympathique,
Till l'Espiègle, que des décennies plus tard le grand Gérard Philipe incarnera définitivement à l'écran.
Vous n'avez pas non plus oublié les "bas nuages" au-dessus de la ville d'Ypres, tristement célèbre comme épicentre des batailles de la Première Guerre mondiale et le Canal de Furnes qui relie cette région au bassin français de Dunkerque.
Mon ami Thierry, je ne sais franchement pas comment vous remercier pour vos superbes évocations littéraires, poétiques et émouvantes du pays où j'ai passé mon enfance et adolescence et où je vis actuellement.