AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782981665188
148 pages
Bookelis.com (22/01/2020)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Écrivain et poète, Thierry Noiret s'essaie ici à l'abstraction : poésie des sons, chanson des phrases faites de mots nouveaux, de rêves anciens. Laissez-vous bercer par la mélodie des vers : à y bien prêter attention, cela sonne même comme une histoire connue. Folle tentative pourtant que d'essayer de réinventer la poésie, la langue, d'écrire ce qui ne l'a jamais été et ne devrait pas l'être !

Le poète s'essaie aussi à la contemplation des œuvres des ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Poésie - AbstractionsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
MAGNIFIQUE ! Tout commence par la musique pure des « chuchotements lourds de sens » pour finir par mes poèmes préférés « Les musées vous diront », une chevauchée de fantaisies en présence physique des oeuvres d'art.

« Quand la nature fuit à toutes jambes
Je me jette dans les cieux sans nuages
Du haut de ce pont des âges
Et le temps caché dans mes vers tremble »

Je relève cette première citations. Et plus je pénètre dans ce livre de Thierry Noiret plus je sens que nos quêtes sont jumelles. Cette écriture me remplit de bonheur comme une rencontre, comme si nous nous étions croisés sur un pont. Mais ce n'est ni une passerelle parisienne, ni un ponceau vénitien, ni un géant enjambant le Saint-Laurent : c'est le Pont des Âges et c'est une autre dimension !
J'ai appris dans la présentation de l'auteur sur sa page Babelio qu'il considère les années de 2006 à 2013 comme son ère de Peinture. C'est un abandon provisoire de l'écriture pour abreuver la page blanche de formes et de couleurs. Il achève alors de nombreux tableaux et donne quelques expositions. Sur la couverture de cet opuscule est placée une de ses oeuvres : « Croisée des chemins » qui m'a immédiatement captivée et incitée à l'acquisition des poésies. Dans ma tête puis sur Internet, j'ai cherché des écrivains qui ont produit également des tableaux, vu mon intérêt particulier pour cet art. J'ai trouvé des noms aux quatre coins de l'horizon tels que Victor Hugo, Jean Cocteau, Henri Michaux, Jack Kerouac, Hermann Hesse, Günter Grass, Charles Bukowski, Henry Miller, William S. Burroughs, Edward Estlin Cummings, Tennessee Williams, Alain Yvars... Avec Pablo Picasso ou Oskar Kokoschka c'est plutôt l'inverse car leurs écrits sont aujourd'hui éclipsés par leur peinture. J'ai donc envie de continuer cette liste avec notre ami Thierry Noiret !
La première partie de ce recueil est une révélation pour mon odorat aiguisé de grande olfactive tant les descriptions et les évocations me motivent ! D'ailleurs j'ai posté quelques extraits avant de formuler ce billet émerveillé. Et pourtant l'auteur presque s'excuse pour ces « oeuvres de jeunesse »…
Au centre de cette moisson poétique se trouve « LE BANC », « vers pour une improbable tragédie », qui représente un dialogue incisif entre le Poète (P) et l'Actrice (A), le Rêve et la Réalité. En voici un petit bout pour goûter :
« P :
Je pose ma main sur tes yeux
Nous voilà enfermés
Dans les plus beaux déserts
A :
Où flottent
Poussières et récits
Histoire du monde qui recommence
Poussée par de trop vieux vents
Par des cortèges trop faux »

Je me confonds en citations ! Vive l'Abstraction ! En voici la dernière :
« Portrait de Greta, d'après Henri Matisse.
Femme de cuivre, bleue de cuivre, si tremblante lumière habillée de ciel couchant. Masque ou modelé de pâleur lunaire.
Corps translucide de nuit d'hiver qui tombe en patients pétales, tombe en regards pudiques. »
Commenter  J’apprécie          7526
Non pas une critique - ce serait mal venu de ma part à propos de mes écrits - mais une pensée subite :

Quoi de plus interpellant qu'une toile abstraite ?
Sinon une poésie abstraite - ou peu s'en faut -
Une poésie qui invente les mots dont elle a besoin.
Commenter  J’apprécie          200

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
AVANT PROPOS (Extrait)

Rien, en effet, n’est plus inspirant que la présence matérielle d’une œuvre d’art. Quelle que soit la période, la forme d’art (peinture, sculpture, musique), il y a là devant nous une évidence mais aussi un mystère qui nous interpelle. Prenons un tableau : ne voyez-vous pas que les mots en jaillissent d’eux-mêmes encore enduits de cette couche de vernis dont le peintre, quelques décennies ou siècles auparavant, avait recouvert la toile. Eh bien figurez-vous que ces mots en ont après moi, me poursuivent, s’accrochent à mes pensées et comme un air entêtant dont je ne puis me débarrasser, je m’entends les chuchoter. Il n’est pas rare que, dans un musée, les promeneurs narquois se retournent sur moi tandis que je fredonne quelques vers ou une métaphore tout juste enfantée de mon imagination galopante. Ma voix a beau se vouloir discrète, elle dérange un public averti. Déranger ! Ne serait-ce pas là le but ultime de l’écrivain ? Peut-être !

*

NU COUCHÉ

À moins que le corps tant désiré ne soit qu'un regard géant à vous contempler...

La chair est de bleu, la chair est de vagues, la somme des sens se répand dans nos mains.

Karel Appel, Nu couché,
Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts, juillet 1995

*

LA MORTE

Petite toile au seul visage, envahie par la nuit.

Ô morts, ne nous reste-t-il que vos visages blancs et pâles dans l’oubli ?

Rembrandt, La Morte,
Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts, avril 1997
Commenter  J’apprécie          231
Ode à la lune

L’obscur nimbe qui s'élevait
Ne m'était guère familière
À ce point même étrange
Que seule me guidait
Dans la jungle millénaire
La lune pieuse mésange
De sa face blanche pénombre
Coulaient les diamants roses
Qui dans les yeux des colombes
Réverbèrent les secrets moroses
Les illustres grands parfums
De l'éternité déflorée pour rien
Lune toi qui parfumes
De tes cendres
Les ciels qui tombent
Si tendres
Et caches au soleil
Nos décombres
Crains le nectar des rêves
Le chant des anges
Qu'un jour oh si funeste
Ils ne te vendent
Commenter  J’apprécie          594
AVANT PROPOS (extrait)

Les œuvres de jeunesse ! Ne devrait-on pas les laisser reposer là où on les a enterrées ? Il y a cependant dans la jeunesse cette soif d'absolu, cette recherche du point extrême, du pôle de nos émotions, de notre pensée... Et ce fut pour moi un chenin poétique vers l'abstraction... vers ce moment où, avant les mots, les émotions et la réflexion se frayent un chemin de musique pure dans la caverne encombrée de nos souvenirs.

Il y a d’abord le choc de l'absurde, ce sentiment fort qui nous amène dans la contestation et la rébellion jusqu’à l'âge adulte. On y secrète l'amoncellement des questions, la tentation des paradis artificiels, la quête de l'allégorie parfaite. Ce sont les VECTEURS D’INCARNATION.

*

BOUTS DE FICELLES

De petits bouts de ficelles

Des guirlandes de papier

Des lambeaux de pétales

Cotillons à volonté
Des miettes de pain

Des coquillettes volages

Gouttelettes de venin

Des robes pas très sages

Tout s'enchevêtre

À n'en point douter
Armures saugrenues

Levez-vous vite

Revêtez les jupons de la nue

Faites une croisade tragique

Et nous ramener sa tête
Allons mesdemoiselles

Du lever

Ces extraits de fêtes

Répétition ultime

Dernier château de sable

Mouillé
Le sorcier s'en va

Tous ses sorts épuisés
Encore deux ou trois pas

Il ne reste plus que cendres

Et clarté
Commenter  J’apprécie          191
Nivôse


J’ai rencontré une douce colombe
Qui s’essoufflait autour de mon bras
Je l’appelai Décembre
Et ma tendre Nivôse s’émietta

Immaculée brebis
Le manteau de sa voie lactée
Galaxie fluette
Couvre le monde ensoleillé
Désespérante comète
D’un duvet étoilé
Soyeux tapis

Fine dentelle
Cathédrale de la nature
Arbres en relief
Sur la voûte céleste

Chers parfumes de l’aurore
Chants de la vie
Vie du remord
Dryade endormie
Hiver de la mort

Un torrent passe
Emporte de vieux chagrins
C’est une haleine de paresse
Qui des parfums efface
Les regrets trop mûrs

Et Décembre était partie
Trop vite envolée
Je ramassai quelques plumes flétries
Des plantes gelées
Dont je fis une eau de vie
Commenter  J’apprécie          355
Une déesse anonyme
Au destin tragique
Sensualité servile
N'avait des Satyres
Que des lambeaux de plaisir
Douceurs de vils paradis
Endurées à tous prix
Sappho douloureuse prêtresse
Chante les soupirs soufferts
Les saphirs de sa maîtresse
Occultant les larmes de l'enfer
Objets de désir restreints
à quelques chastes baisers
De longs soupirs arrachés
Conspiration du divin
Ourdie à l'âge des blés
Par d'incandescents Satyres
Se réservant les plaisirs
De la volupté
Les faveurs consenties
Blandices hérésiarques
De médiocres remords
Sont depuis lors punies
Oh pudiques monarques
Que ces instincts de mort
Commenter  J’apprécie          390

autres livres classés : poésieVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}