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3.66/5 (sur 282 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Manchester , le 15/08/1785
Mort(e) à : Édimbourg , le 08/12/1859
Biographie :

Thomas De Quincey est un romantique anglais du XIXe siècle, grand érudit, essayiste, philosophe, conteur.

Il apprit précocement le grec, puisqu’à 13 ans il le lisait, et à 15, il l’écrivait. Comme quelques romantiques de l’époque, l’Antiquité le passionnait, il s’enflamma pour Hérodote.

C'est durant ses années d'études au Worcester College d'Oxford que Quincey découvre l'opium, dont il fait un usage strictement thérapeutique au début, souffrant de douleurs à l'estomac.

En 1807, il devient ami intime de Coleridge, qui le fait entrer dans le cercle des Poètes du Lac (les Lakistes), où il fait la connaissance entre autres de William Wordsworth. Il les rejoint pour quelque temps dans la région du Lake District.

En 1816, il s'installe à Édimbourg. Il devient totalement dépendant de l'opium, ce qui lui inspirera "Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais" (Confessions of an English Opium-Eater) où il s'analyse avec lucidité face à la drogue. D’abord publié de façon anonyme entre septembre et octobre 1821 dans le London Magazine, les "Confessions" seront éditées en 1822, puis ré-éditées en 1856 après que de Quincey y eut apporté des modifications.

Une traduction partielle de ce texte en français a été faite par Charles Baudelaire, qui en a rédigé un commentaire constituant la seconde partie des "Paradis artificiels" (1860), intitulée "Un mangeur d'opium".

En 1827, il publie "De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts" (On Murder Considered as one of the Fine Arts), où des érudits devisent d'affaires criminelles comme s'il s'agissait de chef-d'œuvres et élaborent les critères "esthétiques" d'un "bon" assassinat. L'originalité de ce livre lui valut de figurer dans l'"Anthologie de l'humour noir" (1966) d'André Breton.

De Quincey exercera également une influence sur Edgar Allan Poe.

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Les Derniers jours d'Emmanuel Kant: Evocation des derniers jours d'Emmanuel Kant a Koenigsberg en 1804, librement inspirée du récit de Thomas de Quincey. Réalisateur; Philippe Collin (1995).


Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
La nation britannique est heureusement éclatée en trois grands morceaux, ce qui provoque un sentiment national d'émulation et de concurrence, léger, certes, ou nul de la part de l'Anglais (non en vertu d'un quelconque mérite mais par pur déclin du sentiment patriotique), plus fort chez l'irlandais, et parfois grossièrement , odieusement fort chez l’Écossais (en particulier lorsque vous descendez en-dessous du gentleman). Mais aussi repoussante qu'en soit parfois l'expression, cette nationalité est très utile à nos efforts dans tous les domaines. Nous gagnons une puissance triple à l'exaltation interne des énergies nationales ; tandis qu'à l'égard de tout ennemi ou rival extérieur, les trois nations agissent avec la solidarité d'une force unique.
Page 101
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Avant de commencer, souffrez que je dise un mot ou deux à de certains faquins qui affectent de parler de notre société comme si elle était, à un degré quelconque, immorale dans son but ! Immorale ! Jupiter me protège ; Messieurs ! Qu'est-ce donc qu'on veut dire par là ? Je suis pour la moralité, et je le serai toujours, et pour la vertu, et pour tout cela. Et certes, j'affirme, et j'affirmerai toujours (quoi qu'il puisse en résulter) que l'assassinat constitue une ligne de conduite inconvenante, hautement inconvenante, et je n'hésite pas à proclamer que tout homme qui commet un assassinat doit avoir des façons de penser fort incorrectes et des principes véritablement inexacts. Bien loin de l'aider et de l'encourager en lui désignant la cachette de sa victime – ce qu'un grand moraliste d'Allemagne déclarait être le devoir de tout homme de bien (6) - je souscrirais un shilling et six pence pour qu'il soit arrêté..., ce qui fait dix-huit pence de plus que ce que les moralistes les plus éminents ont souscrit dans ce but jusqu'à ce jour. Mais quoi, enfin ? Toute chose dans ce monde a deux anses. L'assassinat, par exemple, peut être saisi par son anse morale (c'est ce qu'on fait, en général, en chaire ou à Old Bailey) et c'est là, je le confesse, son côté faible ; mais il peut aussi être traité esthétiquement, comme disent les Allemands, c'est-à-dire dans es rapports avec le bon goût.

(6) Kant poussa les limites des exigences de la vérité à un point si extravagant qu'il ne craignit point d'affirmer que quand une homme venait de voir une personne innocente échapper à un assassin, il serait de son devoir, interrogé par l'assassin, de dire la vérité et de lui indiquer la retraite de la personne innocente, même avec la certitude qu'il serait cause d'un assassinat. De peur qu'on ne puisse supposer que cette doctrine lui avait échappé dans la chaleur d'une discussion, un écrivain français le lui ayant reproché, Kant la reprit et l'affirma de nouveau, en l'appuyant de ses raisons (Note de De Quincey.)
(Traduction André Fontainas)
Page 12 (Édition Mercure de France, 1944)
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Titien, je crois , à coup sûr Rubens et peut-être Van Dyck, s'étaient fait une loi de ne jamais pratiquer leur art qu'en grand costume – manchettes de dentelles, perruque à bourse et épée à poignée de diamants ; M. William, on a des raisons de le croire, quand il sortait pour un grand massacre compliqué, portait toujours des bas et des escarpins noirs ; il n'aurait, sous aucun prétexte, humilié sa condition d'artiste jusqu'à porter une robe de chambre.
Page 110
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La réception qu'on éprouve de la part des femmes dans une famille détermine généralement celle qu'on doit attendre de la famille entière.
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[...] ... En premier lieu toutefois, un mot sur la scène des assassinats. Ratcliffe Highway est une grande artère d'un quartier des plus chaotiques de l'Est nautique de Londres, et qui, en ce temps-là (c'est-à-dire en 1812) où il n'existait aucune police adéquate hormis la police détective de Bow Street, admirable pour ses fins particulières mais totalement disproportionnée aux besoins généraux de la capitale, était fort dangereux. Un homme sur trois, pour le moins, y pouvait être tenu pour un étranger. On rencontrait à chaque pas des Lascars, des Chinois, des Maures, des Nègres. Et indépendamment du banditisme aux mille formes, voilé de façon impénétrable par les chapeaux ou les turbans de ces hommes dont nul regard européen ne saurait sonder le passé, c'est chose bien connue que la marine de la chrétienté (spécialement, en temps de guerre, la marine marchande) est le sûr dépôt de tous les meurtriers et de tous les ruffians à qui leurs crimes ont donné le motif de se dérober pour un temps aux yeux du public. Il est vrai que peu de gens de cette catégorie sont qualifiés pour se comporter en marins capables, mais de tous temps, et particulièrement en temps de guerre, ces derniers ne forment qu'une petite proportion (ou nucleus) de l'équipage d'un navire, la grande majorité étant composée de terriens inexpérimentés. John Williams, toutefois, qui avait servi en qualité de matelot à bord de plusieurs vaisseaux affectés au commerce avec les Indes, etc ..., était probablement un marin accompli. D'une manière générale à vrai dire, c'était un homme prompt et adroit, fertile en ressources pour parer aux difficultés soudaines, et qui s'adaptait avec souplesse aux diverses exigences de la vie en société. Il était de taille moyenne (de cinq pieds sept pouces et demi à cinq pieds huit pouces), élancé, assez mince, mais nerveux, passablement musclé et libre de toute chair superflue. Une dame qui l'a vu à son interrogatoire (au bureau de police de la Tamise, je crois), m'a assuré qu'il avait des cheveux d'un ton très vif et fort remarquable, un jaune ardent entre l'orange et la couleur citron. Williams avait été en Inde, particulièrement au Bengale et à Madras, mais aussi au bord de l'Indus. Or il est notoire qu'au Pendjab, les cheveux [des personnes] de caste élevée sont souvent peints - en cramoisi, en bleu, en vert ou en pourpre ; et il me vint à l'idée que Williams avait pu s'inspirer, à quelque fin de déguisement, de cette pratique du Sind et de Lahore, en sorte que cette couleur de cheveux n'était peut-être pas naturelle. Naturelle cependant, son apparence l'était dans l'ensemble, médiocre même pour la structure du visage si j'en juge par une statuette de plâtre à son effigie que j'ai achetée à Londres ; il avait cependant un trait frappant, qui s'accordait bien à son tempérament inné de tigre, c'est que son visage exsangue était empreint en tous temps d'une mortelle pâleur. "On aurait dit," me rapporta mon informatrice, "que ce n'était pas le sang rouge de la vie qui coulait dans ses veines - ce sang que peut embraser la honte, la colère ou la pitié - mais une sève verte qui ne jaillissait pas d'un coeur humain." Ses yeux semblaient glacés et vitreux, comme si toute leur lumière eût convergé sur quelque victime tapie dans le lointain. De ce fait, son aspect aurait pu être repoussant mais d'autre part, les dépositions concordantes de nombreux témoins et aussi celle, tacite, des faits, montrent que son comportement huileux, reptilien et insinuant neutralisait le caractère repoussant de son visage sinistre et lui valait, auprès des jeunes femmes inexpérimentées, un accueil très favorable. ... [...]
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A entendre parler, on s'imaginerait que tous les inconvénients consistent à être assassiné et qu'il n'y en a pas à ne pas être assassiné. Les hommes réfléchis pensent autrement : « Certes, dit Jeremy Taylor, c'est un moindre mal temporel de tomber par la force d'un sabre que par la violence d'une fièvre, et la hache (à quoi il aurait pu ajouter le maillet de charpentier et la pince monseigneur) est une bien moindre affliction qu'une strangurie. »
Page 54
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[...] ... Malebranche, vous aurez plaisir à l'apprendre, a été assassiné. Son assassin est bien connu : c'est l'évêque Berkeley. L'histoire est familière bien que, jusqu'ici, on ne l'ait pas exposée sous son vrai jour. Berkerley, du temps qu'il était jeune homme, s'en fut à Paris et rendit visite au Père Malebranche. Il le trouva dans sa cellule, en train de faire la cuisine. Les cuisiniers ont toujours été un genus irritabile ; les auteurs, plus encore : Malebranche était l'un et l'autre : une dispute s'éleva ; le vieux Père, déjà échauffé, s'échauffa plus encore ; l'irritation culinaire et l'irritation métaphysique s'unirent pour lui détraquer le foie : il se mit au lit et mourut. ( 1 ) Telle est la version commune de l'histoire. "Ainsi, toute l'oreille du Danemark est abusée." Le fait est que l'affaire fut étouffée par considération pour Berkeley qui, (comme Pope le remarque justement), "avait toutes les vertus sous le ciel" ; mais on savait très bien que Berkeley, piqué par les dards du vieux Français, lui avait tenu tête ; il en était résulté une bagarre ; Malebranche mordit la poussière au premier round ; il perdit toute son infatuation et il se fût peut-être rendu mais à présent, le sang de Berkeley bouillonnait, et il exigea que le vieux Français rétractât sa doctrine des Causes occasionnelles. L'homme était trop vain pour cela et il tomba en holocauste à l'impétuosité de la jeunesse irlandaise ainsi qu'à son absurde obstination propre.

Leibniz étant, à tous égards, supérieur à Malebranche, on pourrait a fortiori s'attendre à ce qu'il ait été assassiné ; ce qui, cependant, n'est pas le cas. Je crois qu'il fut piqué de cette négligence et qu'il se sentit outragé par la sécurité dans laquelle il passa ses jours. Je ne puis expliquer autrement la conduite qu'il eut vers la fin de sa vie, car il devint alors très avare et se mit à thésauriser de grandes sommes d'or, qu'il gardait dans sa propre maison. C'était à Vienne, où il mourut ; et il existe encore des lettres qui décrivent l'anxiété sans mesure qu'il éprouvait à l'endroit de sa gorge. Toutefois son ambition d'être au moins l'objet d'un attentat était si grande qu'il n'en voulait pas prévenir le danger. Un défunt pédagogue anglais, manufacturé à Bimingham, le Dr Parr, prit un parti plus égoïste en semblable occurrence. Il avait amassé une quantité considérable de vaisselle d'or et d'argent, qu'il entreposa quelque temps dans sa chambre à coucher, au presbytère de Hatton. Mais, craignant de plus en plus chaque jour d'être assassiné, ce qu'il savait qu'il ne pouvait supporter (chose à laquelle d'ailleurs il ne prétendit jamais si peu que ce fût), il transféra le tout chez le forgeron de Hatton, dans l'idée, sans doute, que le meurtre d'un forgeron serait au salus reipublicae chose plus légère que celui d'un pédagogue. ...

( 1 ) : le 13 octobre 1715. Bien que Malebranche fût alors âgé de soixante-dix-sept ans, il semble bien que la vive dispute qu'il avait eue, quelques jours plus tôt, avec son jeune visiteur anglais, ait en effet porté le coup fatal à la maladie qui le minait.[...]
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La plupart des gens commettent l'erreur de supposer que c'est l'oreille qui les met en communication avec la musique et que, par conséquent, ils en subissent les effets de manière purement passive. Mais il n'en est rien: c'est par la réaction de l'esprit aux indications de l'oreille (la matière venant par les sens, la forme venant de l'esprit) que le plaisir s'élabore.
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...] ... Le premier assassinat vous est familier à tous. En tant qu'inventeur de l'assassinat et que le père de l'art, Caïn dut être un génie de premier ordre. Tous les Caïn furent des hommes de génie. Tubal-Caïn a inventé les tubes, je crois, ou quelque chose de ce genre. Mais, quels qu'aient pu être l'originalité et le génie de l'artiste, tout art était alors dans l'enfance, c'est un fait dont il faut se souvenir lorsqu'on critique les oeuvres sorties de ces divers ateliers. Même l'oeuvre de Tubal ne serait probablement guère appréciée à Sheffield aujourd'hui ; et par conséquent, ce n'est pas dénigrer Caïn (Caïn senior, j'entends) que de dire de son ouvrage qu'il est comme ci, comme ça. On peut présumer toutefois que Milton [célèbre poète britannique, auteur du "Paradis Perdu"] en a présumé autrement. A en juger par la façon dont il rapporte le cas, il semble que ç'ait été pour lui un assassinat favori, car il le retouche avec un visible souci de l'effet pittoresque :

De quoi Caïn eut rage au coeur et comme ils parlaient
Il le férit à la poitrine d'une pierre
Qui fit jaillir la vie ; il tomba et, mortellement pâle,
D'une plainte rendit son âme en un flot de sang répandue.


"Le Paradis Perdu - Livre XI"

A propos de quoi Richardson le peintre, qui avait l'oeil en matière d'effet, remarque ce qui suit dans ses "Notes sur Le Paradis Perdu", p; 497 : "On a cru", dit-il, "que Caïn coupa le sifflet à son frère (comme on dit communément) à l'aide d'une grosse pierre : c'est à quoi Milton se rallie, en y ajoutant toutefois une large blessure." C'était, à cet endroit, un judicieux rajout ; car la grossièreté de l'arme, si quelque chaude couleur sanglante ne vient la rehausser et l'enrichir, vous a le genre par trop dépouillé de l'école sauvage ; on dirait que l'acte a été perpétré par un Polyphème sans science, sans préméditation, sans rien qu'un os de gigot. Mais ce qui me plaît le plus dans ce perfectionnement, c'est qu'il implique que Milton a été un amateur d'assassinat. Quant à Shakespeare, il n'y en eut jamais de meilleur, témoin sa description de Duncan, de Banquo assassinés, etc ... ; témoin, par dessus tout, son incomparable miniature, dans "Henry VI", de l'assassinat de Gloucester. ... [...]
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"... Et, quelquefois, dans un effort pour remettre le cap sur mon logis, en fixant, d'après les principes nautiques, mes yeux sur l'étoile polaire, cherchant ambitieusement mon passage au Nord-Ouest, pour éviter de doubler de nouveau tous les caps et les promontoires que j'avais rencontrés dans mon premier voyage, j'entrais soudainement dans des labyrinthes de ruelles, dans des énigmes de cul-de-sac, dans des problèmes de rues sans issue ..."
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