Valentine trouvait le temps long depuis qu'Alexis était parti en mission pour elle. C'était une période où sa vie n'avait plus de saveur et aucun futur à construire. Une belle plante de la Drôme provençale, que personne n'arrosait plus. Ou du moins, pas avec le bon remède pour qu'elle redevienne resplendissante.
En son absence, se journées n'avaient plus le même rythme. Ce manque lui fit accepter que cet homme entré dans sa vie , avait bien pris une place dans son cœur. Avec ce drame vécu, il lui avait apporté un apaisement de substitution.
"Le cyclisme est devenu une chasse à tous les paramètres qui peuvent influencer la performance. Il ne suffit plus d’avoir une classe naturelle ou de pédaler jusqu’à plus en pouvoir pour performer. Ce que tu bouffes, comment tu penses, ce que tu fais en plus des heures de selle, la mécanique et toute cette foutue technologie où on analyse tout et tout le temps est devenue la référence à suivre." (p. 117)
"Être en forme, ça se mérite et ça se ménage." (p. 231)
"Beaucoup de choses dans la vie ne préviennent pas. Elles s'imposent à vous." (p. 176)
- Allo ?
- C’est moi. Je suis désolée… Je n’ai pas pu tenir plus longtemps.
- Quoi ? Tu parles de quoi là maman ?
- Pardonne-moi. J’en ai parlé à l’infirmière. Ils veulent t’interroger maintenant. Ne me laisse pas avec ce poids je t’en supplie. Allo, tu es là…
Dehors, la rue était bondée. La vie en Irlande se déroule aussi, et surtout de nuit. Du monde partout, du bruit autant qu'en journée.
Sa vie ressemblait à une histoire écrite sur un bout de papier.
D'abord agréable à lire, puis raturée et déchirée avant d'être scotchée pour enfin finir écrasée et balancée. Fin de l'histoire.
Le boss de Fitzgibbon laissa tomber le combiné et se retira de son siège pour aller fermer sa porte de bureau. Fixant le téléphone tout e se massant le bas du visage, l'expression fermée, il retrouva l'empreinte encore chaude de son fessier sur son fauteuil de cuir blanc.
Mon fils qui ne comprend pas grand chose à ce qu’on lui impose. Qui ne vit qu’avec moi, un père qui manque sans nul doute aux choses à ne pas négliger pour qu’il grandisse du mieux possible dans notre société bien éloignée des Romains et proche des Roumains. À cet instant, je savais que j’allais le perturber. Que son monde imaginaire risquait d’en prendre un coup. Que pour tous ces formidables parents je passerai pour un irresponsable, un incapable d’élever correctement mon fils. Mais il devait comprendre. Il en avait lui aussi besoin pour avancer, se construire avec les joies et blessures qui nous ont façonnés et qui l’impacteront. Les leçons d’école passeraient après. La leçon de vie nous contraignait à en faire une priorité.
Respirer les vapeurs des grains aux effluves de pain grillé, café et chocolat était leur drogue douce.
Ciaràn qui les entendit plus débattre sur les sensations du bouquet aromatique, la qualité de leur bière ou improviser sur le descriptif commercial qu'à s'activer au débrêchage, gueula. Il ne les payait pas pour philosopher, et encore moins en phase de création de bière, une période qui le stressait toujours.
Le bassin vidé et désinfecté, ils retrouvèrent le magicien aux allures de druide, capable de communiquer avec sa cuve en cuivre et de la féliciter. Surtout aujourd'hui, captivé par une nouvelle odeur houblonnée qui commençait à naître.