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Critiques de Thomas Mullen (164)
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La dernière ville sur terre

Je suis à plus de la moitié du roman et quel ennui, il ne se passe pas grand-chose, j’ai la sensation de répétition. Tout cela pour une seule question, fondamentale certes, mais 300 pages pour savoir si l’on doit aider les autres au détriment de sa propre vie, cela fait un peu court.

J’avais apprécié Darktown, mais j’avais également trouvé le récit un peu long parfois, je ressens la même chose pour celui-ci. Fort heureusement, après la page 300 il y a un peu plus d’action et les thèmes s’étoffent un peu plus : la grippe espagnole, les communautés qui s’isolent, les grèves, les objecteurs de conscience, la guerre …

Finalement, les notes de l’auteur étaient très intéressantes et j’ai trouvé dommage que cela ne soit pas plus développé dans le roman.

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Darktown

Ce roman policier se déroule à Atlanta en 1948. Huit policiers noirs sont embauchés par la ville pour surveiller la partie de la ville habitée par les noirs. Presque la première partie du roman est consacrée à nous décrire le contexte de ségrégation raciale et tous les actes racistes des blancs vis-à-vis des noirs au quotidien, les obligations de ceux-ci pour pouvoir malgré tout vivre dans cette ambiance délétère. Si une petite bourgeoisie noire arrive à exister c'est en évitant au maximum de se confronter aux blancs. A l'inverse, on voit comment ce racisme se construit et s'enracine parmi les blancs.

On suit donc principalement 2 équipes de policiers, Boggs et Smith, noirs, qui veulent enquêter sur le meurtre d'une jeune femme noire, et Rake et Dunlow, policiers blancs que tout oppose. Boggs est fils de pasteur, issu de cette petite bourgeoisie noire, et a fait des études, Smith a fait la guerre et sait à quoi s'en tenir avec les blancs racistes. Rake a été soldat, a même servi de "guide" dans les camps nazis, n'accepte pas ce racisme permanent, Dunlow, archétype du policier blanc raciste qui n'accepte pas la présence de policiers noirs. C'est plutôt dans la seconde partie du roman que l'aspect enquête policière prend sa place, marquée par les contraintes racistes qui les empêchent de la mener à bien. Les antagonismes entre Rake et Dunlow explosent, Rake tente de faire alliance avec Boggs qui lui-même découvre le racisme et la misère de la population noire aidé par Smith. Comment découvrir ce qui est arrivé à Lily alors que personne n'a envie de dire quoique ce soit?
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Minuit à Atlanta

Dernier livre de la trilogie Darktown. L'histoire se déroule 8 ans après le second volet de la série. Smith est devenu journaliste dans un journal noir de la ville d'Atlanta. Le propriétaire du journal est retrouvé assassiné et Smith, qui n'a rien perdu de ses reflexes d'ancien flic, met un point d'honneur à rechercher son assassin. Le livre fait la part belle à Smith, journaliste atypique qui se cherche un destin, et à MC Innis son ancien chef blanc confronté à sa position de lieutenant à la tête d'une equipe de policiers noirs qu'il respecte, situation mal perçue par ses congénères blancs dans une ville, Atlanta, où la ségrégation règne en maître. Roman policier et social, le meilleur de la trilogie, qui relate avec brio les moeurs de l'Amérique des 50's.
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Darktown

Un bon roman qui plante parfaitement le climat ségrégationniste des Etats-Unis dans l'après-guerre en s'attachant aux premiers Noirs-americains autorisés à intégrer la police à Atlanta.

Comme toujours sur ce sujet, ce climat de racisme systémique est sidérant (scoop, les policiers noirs ne peuvent pas enquêter ni entrer dans le même commissariat que leurs collègues)

Cela étant dit, l'intrigue policière m'a semblée beaucoup trop légère, et pour tout dire m'a assez peu intéressée.
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Darktown

Atlanta, 1958.

Nomination des huit premiers policiers noirs de toute l'histoire de la Géorgie.

Cantonnés dans le sous-sol d'une MJC, sans voiture de patrouille ni autorisation d'investiguer, ils courbent le dos et serrent les dents sous les brimades, injures, menaces et autres humiliations infligées par leurs collègues blancs, qui font leur maximum pour les discréditer.



L'univers est si bien rendu, effarant, difficilement imaginable.

Et puis une enquête bien menée, des personnages solidement campés auxquels on s'attache.

Dans le droit fil de D.Lehanne (un pays à l'aube)

J'ai beaucoup aimé.
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Minuit à Atlanta

Le hasard de la lecture m'a fait découvrir ce troisième volume de la trilogie de Thomas Mullen sur les flics noirs d'Atlanta juste après la lecture des Récits de la Kolyme de Chalamov. Nous sommes à peu près à la même époque. Alors que l'Est goutait aux joies du goulag, le sud américain s'empêtrait dans une ségrégation nauséabonde qu'il n'a pas fini de payer. On rêve de sociétés apaisées, mais l'homme est hélas capable de s'inventer bien des maux.

Minuit à Atlanta, est donc le dernier volume (paru à ce jour) de la série Darktown, qui met en scène les premiers flics noirs d'Atlanta dans un contexte de ségrégation raciale et de luttes pour les droits civiques (années 50).

D'un point de vue polar, rien à dire : c'est efficace, on tourne les pages avec impatience et on suit des héros sympathiques dont le portrait creusé n'en fait ni trop, ni trop peu.

D'un point de vue historique, c'est passionnant. C'est ce qui donne au roman sa puissance. Thomas Mullen présente une société abominable, empli de personnages assez réalistes. Il n'en fait pas trop et le regard ne tombe pas dans le manichéisme ni dans l'angélisme. J'avais beaucoup aimé Darktown, un tout petit peu moins Temps Noirs et j'achève par mon préféré.

Thomas Mullen est un auteur qui vaut le détour.

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La dernière ville sur terre

J'ai dévoré la trilogie Darktown et avais beaucoup apprécié la plume de l'auteur m'evoquant Dennis Lehane.

J'attendais peut être beaucoup trop de ce nouveau roman noir.



"La dernière ville sur Terre" est un roman historique dont l'action se déroule en 1918, dans l'état de Washington, où la grippe espagnole fait des milliers de morts. Pour échapper à l'épidémie, la petite ville de Commonwealth décidé de se confiner avec personne ne pouvant sortir ou entrer de la ville. Pour cela, des hommes doivent jouer le rôle de garder pour faire appliquer cette règle. Jusqu'au jour où un soldat épuisé veut franchir la barrière et est abattu.



J'ai essayé de pousser ma lecture un peu plus loin mais passé les 120 pages de ce pavé 545 pages, je m'ennuyais et je n'arrivais pas à m'attacher aux personnages. Dans ce début de roman, j'ai aussi trouvé beaucoup de longueurs à la différence de la trilogie Darktown. Chaque description avait son importance dans la trilogie et apportait un plus à l'intrigue. Ici, ça alourdit la lecture de manière inutile.
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La dernière ville sur terre

La dernière ville sur terre a été pour moi un livre coup de poing. Il a su me prendre au coeur et m'interroger sur la résilience en même temps que l'intolérance de ces gens qui voient arriver chez eux un intrus déterminé à prendre une place que peu d'entre eux veulent lui accordé car leur propre vie est en danger

Sans le vouloir je me suis sentie interpellée par l'appel au secours de l'intrus et me suis posée la question de savoir quelle aurait été ma propre réaction devant ce dilemme hautement moral

Ce livre est une adresse au monde du sentiment d'appartenance au droit de vivre ou non

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Darktown

Ce roman policier m'a été offert pour mon anniversaire et c'est une vraie grande découverte.

C'est un roman policier construit comme tous les romans avec une double enquête (Je reviendrai sur le double) suite à l'assassinat d'une jeune fille noire dans les rues d'Atlanta en 1948.



Et c'est là que tout est très intéressant et que ce livre se lit avec grand intérêt. Car oui il y 8 jeunes gens noirs qui viennent d'être enrôlés dans la police d'Atlanta, sauf qu'ils n'ont pas les mêmes droits que les flics blancs, ni les mêmes moyens pour travailler et encore moins accès aux archives et données de la police. Car 1948, la ségrégation noire existe toujours et est même amplifiée par la volonté du maire d'Atlanta de créer cette petite équipe. Le Klan est très présent et a bien entendu infiltré la police et de nombreux flics blancs sont racistes, violents et veulent continuer de faire régner un esprit mafieux sur la ville et envers la population noire.

Donc quand deux flics noirs commencent à enquêter sur ce meurtre et qu'un jeune flic blanc (qui ne veut pas ressembler à ses collègues) s'inquiète que l'enquête soit enterrée de leur côté, , le roman avance en parallèle:

L'enquête proprement dite mais aussi une description très précise de la classe noire instruite et qui défend les droits civiques , confrontée à une description d'une classe blanche raciste attachée au fondement des confédérés et de l'histoire esclavagiste des états du Sud, ce roman devient plus une leçon d'histoire qu'un roman policier. J'ai beaucoup apprécié les descriptions des personnages principaux, même si certains secondaires auraient pu être plus interessants à approfondir (Peut être dans d'autres romans de Thomas Mullen).

Petit bémol, comme dans de nombreux polars, les quelques chapitres de fin auraient pu être simplifiés voir même supprimés.
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La dernière ville sur terre

Un roman génial à tout point de vue.



D'abord l'idée de raconter une fiction historique sur la terrible grippe espagnole dans un petit patelin des Etats-Unis. Thomas Mullen s'est inspiré plus de son imagination que d'une documentation existante, très pauvre sur cette pandémie. Le résultat est époustouflant, la ressemblance est troublante avec la pandémie Covid-19 qui surviendra une décennie après la sortie de son roman.



La petite ville de Commonwealth est menacée par la grippe espagnole. La quarantaine est décrétée, les accès sont interdits, des volontaires armés y veillent. Ces derniers n'hésitent pas à abattre un jeune soldat qui refuse d'obtempérer. Ce qui était jusque-là un havre de paix va devenir le théâtre d'une série d'événements désastreux.



Ce roman n'est pas qu'une histoire de grippe. On est en 1918, les États-Unis vivent une période trouble de leur histoire. le gouvernement traque les citoyens opposés à l'engagement de leur pays dans la 1ere guerre mondiale, les riches répriment sauvagement les revendications ouvrières et les activités syndicales.



Un roman rare où on apprend énormément sur cette époque.

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Darktown

Un bon roman policier qui tire son épingle du jeu par le contexte particulier dans lequel se déroule l'intrigue. On découvre une facette peu connue de l'Amérique ségrégationniste qui est décrite à merveille et qui vient réveiller un sentiment de révolte et d'injustice chez le lecteur. L'intrigue est bien menée, bien que très classique dans sa facture. Un roman à considérer plutôt comme un témoignage historique plutôt qu'un policier haletant.
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Darktown

En interview, Thomas Mullen ne cache pas son amour pour les œuvres mêlant la petite à la grande Histoire. Il n'est donc pas anodin que l'écrivain tente le grand saut avec un thriller dont la toile de fond évoque l'embauche des huit premiers agents afro-américains intégrés à la police d'Atlanta, état sudiste encore bien imprégné de ses traditions racistes (nous sommes en 1948). Si l'évènement ressemble à une évolution, les conditions dans lesquelles cette unité doit travailler remet les pieds sur terre : plaque ou pas, les lois Jim Crow (petit manuel du ségrégationnisme décomplexé) s'appliquent autant à eux qu'à n'importe quel citoyen noir. Pas le droit de frayer dans les quartiers blancs, pas le droit de conduire une voiture de police, demandes de renforts traitées en dernier et leur QG est un sous-sol crasseux, etc...Juste pour vous donner une idée.

Quand le meurtre d'une jeune femme de couleur est outrageusement négligé par leur hiérarchie, trois sergents décident de se lancer à corps perdus dans une enquête qui va se révéler beaucoup plus tortueuse et choquante que prévu. Darktown est le premier volet d'une trilogie policière aux accents de drame historique, ce qui le rapproche inévitablement des travaux de James Ellroy. Mullen sait ce qu'il doit aux maîtres du genre, aussi décide-t-il de leur rendre quelques hommages directs ou indirects (D.Hammett, R.Chandler et une petite référence à R.Stark). Il n'a peut-être pas un style distinctif comme ses pairs, n'empêche que Darktown file droit, ne laissant jamais une occasion à l'intrigue de piétiner. La trame policière semble pourtant secondaire face à la charge extrêmement violente contre les pratiques et mœurs de l'époque.

La partie consacrée à l'investigation ne manque pas d'intérêt, loin de là. Les indices ou retournements de situation sont disposés pile au bon moment pour relancer la partie. Je suis moins convaincu par la manière de dénouer le sac de nœuds. Un habitué saura déceler les ficelles sans que cela impacte la découverte. Le point noir si situe aux moments des révélations dévoilées en "hors-champ" à plusieurs reprises, ce qui a tout de l'artifice un peu rabâché. Difficile d'en vouloir à Thomas Mullen, il est vrai que l'exhumation de ce passé pas si lointain est d'intérêt public, nombre de lecteurs peu familiers avec l'Histoire du racisme aux U.S.A pourront en appréhender la profondeur. Dans une optique moins sarcastique qu'un Chester Himes et la saga Cercueil et Fossoyeur, la création très réaliste de Mullen est une porte d'entrée recommandable en plus d'un thriller prenant.
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Temps noirs

1950. Deux ans ont passé, mais pas grand chose n'a changé. La ségrégation raciale est toujours en vigueur à Atlanta, une ligne de démarcation sépare les noirs des blancs, qu'il s'agisse de droits, d'emplois ou de logements. Les agents Boggs et Smith s'évertuent à suivre les règles quand bien même elles sont truquées pour les handicaper face à leurs homologues caucasiens. De son côté, Denny Rakestraw doit continuellement lutter pour sauvegarder sa morale au milieu de collègues hostiles, racistes ou corrompus. La situation prend une tournure explosive quand les trois policiers se retrouvent mêlés à une sombre affaire mêlant trafic de drogue, spéculation immobilière et Ku Klux Klan.





Alors que Darktown partait sur le cadre traditionnel d'un meurtre à élucider, ce deuxième opus dégaine trois axes à priori distincts mais qui vont irrémédiablement se rejoindre (l'ombre d'un James Ellroy plane). Temps noirs a largement de quoi faire, il est cependant hors de question de niaiser. Thomas Mullen affine le style, dispose les éléments sous les yeux de son lecteur pour que la fresque prenne tout son sens au cours d'un dernier acte à se ronger les sangs. À mon sens, cette deuxième plongée à mi-chemin entre le témoignage d'époque et le pur thriller social est supérieure à la première, car l'écrivain ne garde aucune carte dans sa manche. Ce qui ne l'empêche pas d'offrir plusieurs rebondissements inattendus, mais le lecteur a toutes les informations pour échafauder des théories. On en sait autant que les personnages voire plus, puisqu'on mesure les liens entre leurs enquêtes, bien qu'elles ne ne soient pas coordonnées. Il est facile de se prendre au jeu de pistes, puisqu'on passe assez de temps avec chacun pour comprendre les tenants et aboutissants. Sans compter que ce temps permet également de créer (ou renforcer) l'affection pour chacun des héros. Sans parler de quelques personnages secondaires (Julie, McInnis, Jeremiah) dont les rôles seront décisifs.



Abordant frontalement la question des groupuscules suprémacistes, Mullen en déroule le mode opératoire, qui va de la violence pure aux méthodes les plus insidieuses, camouflées sous le masque hypocrite de l'amabilité ou du voisinage. En parallèle, l'auteur dresse un constat acerbe des tensions pouvant s'instaurer entre noirs sur des questions de classe sociale ou de paroisse. Sans être alourdi par un pathos déplacé, le propos creuse les pistes labourées dans Darktown. Enfin, Temps noirs amène doucement ses personnages vers un point de rupture, rabattant les cartes pour un troisième acte qui aura la lourde tâche de faire aussi bien.
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Minuit à Atlanta

Ultime volet consacré aux premiers policiers noirs en Géorgie, Minuit à Atlanta confirme les énormes qualités d'une fresque se bonifiant un peu plus à chaque opus. Comme de juste, cette troisième aventure embrasse les grands thèmes des deux précédentes tout en ouvrant une nouvelle perspective sur la lutte contre le racisme structurel. Elle nous amène dans les locaux de l'Atlanta Daily Times, journal noir librement inspiré du Daily World. Alors que le quotidien couvre l'émergence de nouvelles figures pour les droits civiques (Rosa Parks, Martin Luther King), son directeur est assassiné. Flairant l'odeur d'une affaire aux implications multiples, le journaliste Tommy Smith (ex-policier au YMCA) se lance à corps perdu dans l'enquête, au péril de sa vie.



Protagoniste secondaire des récits passés, Smith est cette fois catapulté en première ligne de cette intrigue située en 1956. Un laps de temps considérable après Temps Noirs (six ans) mais force est de constater que la situation n'a pas grandement avancé pour les afro-américains. Le plan de restructuration urbaine se joue au désavantage des populations noires, les mesures de déségrégation sont contestées et les policiers de couleurs sont toujours déconsidérés. Au milieu de ce contexte défavorable, Thomas Mullen étoffe considérablement son héros. On retrouve l'homme fougueux sur lequel se plaquent de nouvelles couches psychologiques (son passé, ses regrets, ses doutes et sa colère). Du côté des forces de l'ordre, la lumière se pose sur un autre second-rôle, le lieutenant McInnis. Un excellent choix, le briscard est le personnage idéal pour pousser les cas de conscience qui tiraillaient hier l'officier Denny Rakestraw (étonnamment invisible dans ce livre). Ils seront nombreux, Mullen a encore beaucoup à dire sur l'Amérique de la fin des 50's.



L'heure n'est pas à l'espérance mais à la peur. Oui, le sénateur McCarthy est tombé en disgrâce, les rafles ont peut-être cessé mais la parano anti-rouges est encore un levier pour marginaliser. Journalistes consciencieux, militants acharnés et citoyens concernés ne sont pas à l'abri de campagnes diffamatoires, d'associations malencontreuses ou de harcèlement ciblé. Tout ce qui peut relever d'une forme de contestation se voit repeindre d'une même couleur pour faciliter la mise en ban des fâcheux. Un climat peu propice à la résolution d'une enquête, évidemment. Au lieu de surligner l'atmosphère, Mullen choisit de coincer son lecteur dans ce guêpier avec les deux investigateurs. Pas de panique, l'auteur dispose suffisamment d'éléments en amont et se refuse à sortir un deus ex machina pour tout dénouer. Pour chipoter, on pourra arguer que les personnages de Natalie et Patrice sont d'un intérêt assez limité. Sinon, Minuit à Atlanta est exactement du même calibre que Temps Noir. Un polar historique direct, passionnant et très bien mené.



Dans ses remerciements, Thomas Mullen tire sa révérence à tous ceux qui ont permis à cette trilogie d'exister. Historiens, reporters, passionnés sont englobés d'un même geste pour avoir livré un travail dont on oublie souvent l'importance, spécialement dans un temps où les légendes, fausses informations et révisionnisme(s) polluent nos antennes et enfument les plus crédules. Mullen n'a pas la prétention de faire autre chose que de la fiction, il se défend néanmoins de salir l'Histoire. En complément de la toile de fond, de références historiques ou des clins d'œils à certains maîtres du polar (Chester Himes et une référence indirecte à Dashiell Hammett), l'écrivain partage ses principales sources d'inspiration. Un magicien ne doit jamais révéler ses secrets ? Mais le vrai tour de Mullen n'est pas ce qu'il a gardé pour lui pendant des années mais plutôt ce qu'il en a fait devant nos yeux. Une fresque policière et historique remarquable.
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La dernière ville sur terre

1918, État de Washington. Au cœur des bois de résineux se tient la petite ville industrielle de Commonwealth. Une ville bien particulière, ne figurant sur aucune carte, n'ayant ni maire, ni receveur des postes, ni shérif, ni hôpital, ni téléphone, ni église. Fondée par Charles Worthy, elle tire sa richesse de la scierie et des nombreux ouvriers qui ont tous choisi d'y habiter. Si ces derniers souhaitent acheter des marchandises que le seul magasin d'alimentation ne possède pas ou assister à des projections cinématographiques, ils doivent se rendre à Timber Falls, à 25 kms au sud-ouest. Mais, aujourd'hui, aucun des habitants de la ville n'est autorisé à sortir et personne ne peut entrer dans Commonwealth, la ville étant en quarantaine. En effet, une vilaine grippe s'abat violemment sur la pays. Encore épargnée par ce virus, des tours de garde sont confiés aux habitants afin de se protéger. Ce jour-là, Philipp Worthy, 16 ans, le fils adoptif de Charles et Rebecca, et Graham, son ami, sont en poste sur l'unique route menant à la ville. Leur garde se passe bien jusqu'à ce qu'un soldat s'approche d'eux et leur demande l'hospitalité. Devant son obstination, les deux amis vont devoir prendre une décision qui va les ébranler...



Bien que Commonwealth soit une ville imaginée par Thomas Mullen, ce dernier souligne, dans ses notes, que plusieurs localités de l'ouest des États-Unis n'ont pas été infectées grâce au blocage de tous leurs accès. Certaines sont d'ailleurs ressorties indemnes de l'épidémie de grippe espagnole en s'isolant. Une grippe qui tua entre 500 000 et 675 000 personnes. À partir de cela, l'auteur imagine que deux gardes sont soumis à un affreux dilemme : laisser entrer ou non un homme affamé et fatigué, en quête d'un refuge. Leur décision aura, évidemment, un impact sur la suite des événements, fragilisera la petite ville de Commonwealth, déjà en proie aux doutes quant à cette quarantaine pourtant approuvée à l'unanimité, et c'est dans une ambiance propice à la méfiance, à la paranoïa, à la peur, à l'appréhension que nous plonge l'auteur. Sur 550 pages, s'il dépeint, avec force et sensibilité, la vie au sein de la localité, il ne manque pas de s'attacher à quelques personnages, notamment Charles et Philipp Worthy, Graham, prêt à tout pour protéger sa famille, quelques ouvriers de la scierie ou encore Elsie, dont Philipp est amoureux. Des personnages qui nous font part de leurs doutes, de leurs questionnements, de leurs convictions, de leurs émotions d'autant que cet équilibre va être bousculé et va, peu à peu, basculer. Sur fond historique passionnant et porté par une plume riche, ce roman, psychologiquement complexe et haletant, se révèle aussi vertigineux qu'intelligent...

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La dernière ville sur terre

Les coups de coeur 2023 des bibliothécaires, les chouchous du comité de lecture polar

A la suite d'une épidémie de grippe espagnole, les habitants de Commonwealth sont mis en quarantaine. Un jour, alors qu'il est en poste sur l'unique route menant à la ville, Philip Worthy, le fils adoptif du fondateur de la bourgade, est confronté à un soldat affamé qui demande l'asile.

Une communauté de bûcherons dans une région frappée par la grippe espagnole à la toute fin de la guerre de 14-18 et la gestion compliquée de la pandémie… La psychologie des personnages est très finement écrite, les conditions sociales de l’époque et la dureté de la vie d’une scierie sont évoquées au fil du récit. On s’attache aux différents personnages et on s’émeut de leurs cas de conscience et de leurs prises de positions. Les éléments historiques et sociaux sont présents, fidèles sans pour autant créer de distance. Un excellent roman policier historique !

Par Véra, bibliothèque Valeyre
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Temps noirs

Atlanta, 1950. Lucius Boggs et son équipier Tommy Smith font toujours partie, sous le commandement du lieutenant McInnis, des dix flics noirs de l'APD, Atlanta Police Department. Un statut que bon nombre conteste toujours, y compris parmi leurs collègues blancs. De nuit, ils patrouillent les quartiers noirs. Pendant l'une d'entre elles, ils tombent sur un petit revendeur de drogue et d'alcool, un certain Forrester. Si l'homme, père de famille, jure que c'est la première fois qu'il fait ça et qu'il remplace juste un copain malade, les deux flics n'y croient pas. Pour prouver sa bonne foi, il est prêt à leur donner des infos sur les jours et les heures habituelles de livraison. Et comble de chance pour eux, la prochaine a lieu quelques minutes plus tard. Si la surveillance du trafic d'alcool et de drogue n'entre pas dans leurs attributions, ils en font fi pour cette fois. Mais, une fois sur place, la tentative d'arrestation tourne mal, des coups de feu sont tirés, les trafiquants prennent la fuite. Si un homme est retrouvé mort, les deux flics sont persuadés de ne pas en être responsable. Vingt-quatre heures plus tard, c'est Forrester que Boggs retrouvera mort chez lui...

De son côté, Denny Rakestraw, sûrement un des rares flics blancs à ne pas être adepte des idées du KKK, a du souci à se faire. En effet, son beau-frère, Dale, s'est mis dans une position plus qu'inconfortable en allant tabasser, avec deux potes, Mott et Irons, un Blanc, soi-disant dénué de scrupules, au nom du KKK. Mais la situation vire au drame lorsque Irons se prend une balle par la propriétaire du bar situé juste à côté...



Après Darktown, l'on retrouve les deux flics afro-américains, Boggs et Smith, deux ans plus tard. Pour autant, rien n'a réellement changé pour eux, l'étendue de leurs fonctions se limitant à surveiller le quartier de Darktown, sans pouvoir procéder à une quelconque arrestation. Par contre, le quartier jusqu'ici blanc de Handford Park a vu s'installer trois familles noires, ce qui provoque la colère des habitants, prêts à tout pour les en déloger. Ajoutez à cela des trafics de drogue et d'alcool, une police parfois véreuse et corrompue, des règlements de compte au nom du KKK et c'est peu dire que la ville est sous tension. Avec cette série forte consacrée à Atlanta, Thomas Mullen aborde intelligemment la question de la ségrégation raciale. Mais si nombre de racistes réussissent à faire entendre leur voix, l'on entrevoit, en la personne du lieutenant McInnis et de l'agent Rakestraw, un possible changement de mentalité. Fort bien documenté, ce roman allie à la perfection fond historique, politique et bouleversements sociaux et sociétaux. La galerie de personnages, riche et hétéroclite, est psychologiquement approfondie, confrontés, pour certains, à leurs dilemmes moraux.

Un roman policier intelligent, aussi passionnant qu'instructif...

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La dernière ville sur terre

Après avoir publié sa série de romans policiers à Atlanta au XXe siècle, Rivages est allé rechercher ce roman publié par l'auteur quinze ans plus tôt.

Une ville qui se met en quarantaine pour éviter la propagation d'une épidémie, on comprend ce qui a attiré les éditeurs, même si le roman a été écrit bien avant le Covid.

On est donc à l'automne 1918, dans les forêts du nord-ouest américain, quand les scieries tournent d'autant plus fort que l'entrée en guerre américaine crée de la demande.

Ce roman est rempli de dilemmes moraux, parfois un peu fabriqués mais intéressants (doit-on se fermer et protéger les siens ou accueillir ceux qui ont besoin d'aide ? Jusqu'où aller pour protéger les siens ? Accorder un statut social supérieur aux habitants de sa ville n'est-il pas contradictoire avec son rejet des autres ?).

Ce roman a pu déstabiliser les lecteurs des autres romans de Thomas Mullen, d'autant qu'il est publié dans la même collection. Ce n'est pourtant pas un polar.
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Darktown

Un roman policier soit ! mais surtout un récit quasi documentaire sur la nomination d'agents de police noirs à Atlanta en 1948.

Huit sont recrutés et nous suivons deux d'entre eux Lucius Boggs et Tommy Smith. Il est totalement hallucinant de constater que leurs journées sont faites de racisme, d'humiliations, d'injustice et tout cela venant de leurs collègues blancs. Une ségrégation raciale qui peut aller jusqu'au meurtre.

Il y a une analyse approfondie de cette époque : policiers véreux, les blancs ont pouvoir de vie et de mort envers les noirs, le KKK, la politique.

L'élite de cette minorité noire tente de changer les choses mais à la lecture du roman, on voit que chaque avancée est arrachée de haute lutte.

J'ai été impressionnée par le niveau de détestation des blancs envers les noirs et des conditions de travail ubuesques de ces policiers. Je ne pensais pas qu'en 1948 nous en étions encore là. Une révélation. Ceci étant j'ai apprécié le côté documentaire mais j'ai parfois trouvé le temps long, l'écriture ne m'a pas transcendé ni l'enquête policière.

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Darktown

Atlanta, 1948. Sous le mandat présidentiel de Harry S. Truman, le département de police de la ville est contraint de recruter ses premiers officiers noirs. Parmi eux, les vétérans de guerre Lucius Boggs et Tommy Smith



L'auteur pars d'un fait réel et nous parle de cette période ou la ségrégation sévissaient dans l'Amérique profonde.



Huit flics noirs intègrent la police d'Atlanta, ils n'ont pas beaucoup de pouvoir et pas de responsabilité, ils essuient les plâtres que les officiers blancs ne veulent pas s'occuper (bagarre, rétablir l'ordre dans la ville,)



Et puis ils décident de s'occuper d'un meurtre d'une métisse et là tous se bouscule.



Ce fût un immense coup de cœur, je me suis sentie complétement en immersion dans cette période, c'est habilement décris, l'ambiance est électrique, mais c'est passionnant.



C'est une trilogie, et j'ai la chance d'avoir les deux suivants, j'ai hâte de découvrir la suite des aventures de ces deux policiers complétement hors normes.



Il y a des passages difficiles, mais ça sert le récit pour faire comprendre exactement comment les gens pouvaient survivre pendant cette partie de l'histoire.



J'ai ressenti le travail de recherche extrêmement poussée c'est le genre de polar historique que je raffole, les deux genres se côtoient sans jamais qu'une part prendre plus de place que l'autre.



C'est vraiment une lecture bouleversante mais aussi avec énormément de rebondissements et d'action.











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