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Anne-Marie Carrière (II) (Traducteur)
EAN : 9782743653231
528 pages
Payot et Rivages (05/05/2021)
4.16/5   169 notes
Résumé :
L'officier Denny Rakestraw et les « officiers nègres » Lucius Boggs et Tommy Smith ont du pain sur la planche dans un Atlanta surpeuplé et en pleine mutation.
Nous sommes en 1950 et les tensions raciales sont légion alors que des familles noires, y compris la soeur de Smith, commencent à s'installer dans des quartiers autrefois entièrement blancs. Lorsque le beau-frère de Rake lance un projet visant à rallier le Ku Klux Klan à la « sauvegarde » de son quarti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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Temps noirs est la suite autonome du déjà très bon Darktown, encore plus réussi même car cette nouvelle plongée dans l'Atlanta de l'après-guerre est encore plus riche et dense.

1950. On retrouve le trio qui avait mené deux ans auparavant l'enquête sur le meurtre d'une jeune métisse : Lucius Boggs et Tommy Smith, premiers officiers « nègres » comme ils étaient appelés à l'époque, tentent d'arrêter l'approvisionnement en drogue de leur territoire mais la tâche est plus ardue que prévue. Ils reprennent leur alliance avec l'officier blanc Dennis Rakestraw, un homme d'honneur, rare policier d'Atlanta à avoir refusé de se joindre au Ku Klux Klan.

A partir de ce point de départ, la trame se déploie de façon tentaculaire avec de multiples arcs narratifs qui s'enchâssent avec un brio remarquable sur fond d'une évocation méticuleuse et vivante de la ville sudiste d'Atlanta . Les tensions raciales couvent dans cette ville et commencent à exploser dans le quartier blanc de Hanford Park où des familles noires commencent à emménager, victimes d'un harcèlement de plus en plus violent pour les faire fuir. Superbe idée que d'avoir choisi de placer la confrontation racial au coeur de la banlieue, incarnation s'il en est du rêve américain de l'après-guerre. La laideur du racisme n'en est que plus dérangeante.

La galerie de personnages est remplie de flics corrompus, de Klansmen, de néo-nazis, de trafiquants de drogue en pleine guerre des gangs, de banquiers cyniques et d'agents immobiliers sans scrupule. Et pourtant jamais le roman ne verse dans la manichéisme. Les dilemmes moraux sont au coeur du roman : ceux de Rakestraw dont le beau-frère est un Klansman stupide, mouillé dans une affaire de meurtre, il doit choisir entre sa carrière / loyauté à sa fonction et sa famille à protéger ; ceux de Boggs, déchiré entre les valeurs traditionnelles inculquées par son pasteur de père et le grand amour en la personne d'une jeune femme au passé trouble. La richesse psychologique de ces personnages-là et de tous les autres, même les secondaires, apporte énormément au récit, jusqu'à des dernières pages flamboyantes, définitivement grises, vibrantes d'émotions.

Un polar qui a du souffle et fait penser aux grands romans de Dennis Lehane et James Ellroy tant sa capacité à repousser le genre de la fiction policière très loin s'allie à un sens de l'Histoire puissant. Un portrait passionnant d'une ville sudiste en lutte pour concilier ses pulsions violentes avec les impératifs imminents de la déségrégation à venir. Une ville à l'aube.

Coup de coeur !
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Atlanta, 1950. Lucius Boggs et son équipier Tommy Smith font toujours partie, sous le commandement du lieutenant McInnis, des dix flics noirs de l'APD, Atlanta Police Department. Un statut que bon nombre conteste toujours, y compris parmi leurs collègues blancs. de nuit, ils patrouillent les quartiers noirs. Pendant l'une d'entre elles, ils tombent sur un petit revendeur de drogue et d'alcool, un certain Forrester. Si l'homme, père de famille, jure que c'est la première fois qu'il fait ça et qu'il remplace juste un copain malade, les deux flics n'y croient pas. Pour prouver sa bonne foi, il est prêt à leur donner des infos sur les jours et les heures habituelles de livraison. Et comble de chance pour eux, la prochaine a lieu quelques minutes plus tard. Si la surveillance du trafic d'alcool et de drogue n'entre pas dans leurs attributions, ils en font fi pour cette fois. Mais, une fois sur place, la tentative d'arrestation tourne mal, des coups de feu sont tirés, les trafiquants prennent la fuite. Si un homme est retrouvé mort, les deux flics sont persuadés de ne pas en être responsable. Vingt-quatre heures plus tard, c'est Forrester que Boggs retrouvera mort chez lui...
De son côté, Denny Rakestraw, sûrement un des rares flics blancs à ne pas être adepte des idées du KKK, a du souci à se faire. En effet, son beau-frère, Dale, s'est mis dans une position plus qu'inconfortable en allant tabasser, avec deux potes, Mott et Irons, un Blanc, soi-disant dénué de scrupules, au nom du KKK. Mais la situation vire au drame lorsque Irons se prend une balle par la propriétaire du bar situé juste à côté...

Après Darktown, l'on retrouve les deux flics afro-américains, Boggs et Smith, deux ans plus tard. Pour autant, rien n'a réellement changé pour eux, l'étendue de leurs fonctions se limitant à surveiller le quartier de Darktown, sans pouvoir procéder à une quelconque arrestation. Par contre, le quartier jusqu'ici blanc de Handford Park a vu s'installer trois familles noires, ce qui provoque la colère des habitants, prêts à tout pour les en déloger. Ajoutez à cela des trafics de drogue et d'alcool, une police parfois véreuse et corrompue, des règlements de compte au nom du KKK et c'est peu dire que la ville est sous tension. Avec cette série forte consacrée à Atlanta, Thomas Mullen aborde intelligemment la question de la ségrégation raciale. Mais si nombre de racistes réussissent à faire entendre leur voix, l'on entrevoit, en la personne du lieutenant McInnis et de l'agent Rakestraw, un possible changement de mentalité. Fort bien documenté, ce roman allie à la perfection fond historique, politique et bouleversements sociaux et sociétaux. La galerie de personnages, riche et hétéroclite, est psychologiquement approfondie, confrontés, pour certains, à leurs dilemmes moraux.
Un roman policier intelligent, aussi passionnant qu'instructif...
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Après l'excellent Darktown, l'excellent deuxième volet : Temps noirs.
Et d'emblée la couleur est donnée, on est en 1950 et rien n'a changé depuis deux ans...
Noirs, comme ces premiers policiers noirs qui sont recrutés à Atlanta en 1948 ; ce qui ne passe toujours pas , ni dans la police, ni dans la population WASP. Nouvelles recrues qui n'ont pas droit de partager les locaux des Blancs, qui n'ont pas le droit de conduire des voitures de patrouilles, qui n'ont pas le droit d'arrêter un Blanc, mais qui ont le droit de se faire tirer dessus en intervention, de quoi devenir schizophrènes....
Blanc comme ce quartier où quelques familles noires achètent des maisons, au grand dam des voisins, qui ne supportent pas cette "invasion" et qui vont s'organiser pour le faire savoir.... C'est que certains sont "encartés" au Ku Klux Klan. ( Blanches les capuches, noires les idées... ).
Les policiers noirs, Boggs et Smith, superbes équilibristes, avancent sur une corde raide où tous les coups sont permis, où ils n'ont aucun droit, que des devoirs, afin de survivre en entraînant leurs proches du bon côté.
Du côté de la loi, du côté où l'herbe est plus verte.

Passionnante, ultra documentée, foisonnante, une série qui instruit ( en plus de faire passer un super moment...).
Darktown est en cours d'adaptation pour la télévision...
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Coup de coeur et belle découverte pour ce roman très sombre qui nous plonge dans l'Amérique des années cinquante à la grande époque du Ku Klux Klan.
A Atlanta la population explose et la délinquance aussi.
Les familles noires, traditionnellement parquées dans les mêmes quartiers, commencent à s'installer dans les quartiers blancs, provoquant l'ire des « Klanistes » et l'augmentation des violences interraciales.
Et la pauvreté se développant, les trafics de stupéfiants envahissent le quartier, donnant lieu à des guerres de clans.
C'est dans ce contexte explosif que les policiers doivent intervenir.
D'un côté, les policiers blancs, plutôt racistes, souvent corrompus et souvent membres du Klan.
De l'autre, des policiers noirs récemment recrutés, mal acceptés par leurs collègues blancs et vus comme inefficaces par les habitants noirs !

Thomas Mullen réussit magnifiquement à faire revivre cette époque grâce à des portraits fouillés et des personnages minutieusement décrits.
Il prend son temps et les 500 pages du roman sont nécessaires pour développer toutes les intrigues professionnelles et personnelles des différents protagonistes.
L'époque est violente, on peut presque parler de guerre civile puisque la Ségrégation ne sera abolie qu'en 1964, et ce livre mêle avec succès intrigue policière et contexte historique.
On ressort de cette livre exsangue tant la tension est permanente.
Un roman très sombre donc mais passionnant !
Je vois qu'un premier volume, « Darktown », mettait en scène les mêmes personnages, je vais bien sûr le lire dès que possible.
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Darktown, le premier volume, était déjà du tout grand roman noir. La suite est du même acabit et peut trôner parmi les grands sans aucun problème.

Dans ce roman noir qui se déroule à Atlanta en 1950, au coeur de la ségrégation raciale, vous croiserez des personnages peu fréquentable, dont certains se baladent avec une taie d'oreiller blanche sur la tête.

D'autres, pas mieux, adorent porter des costumes bruns avec des éclairs rouges cousus en insignes. Cela fait 5 ans que l'Adlolf s'est fait sauter le caisson et aux États-Unis, certains ont la nazi nostalgie.

Si vous lisez ce roman et que vous faites partie de la cancel culture, vous risquez de tressaillir à toutes les mentions « Négros » ou de « singes »… Je n'aime pas ces mots, mais en 1950, dans le Sud des États-Unis, montrer du respect pour une personne de couleur vous valait l'exclusion de tout. Personne ne parle d'afro-américains.

Ne pas utiliser les termes insultants dans un roman se déroulant à ces époques serait un anachronisme aussi gros que de doter les femmes du droit de vote à une époque où elles ne l'avaient pas.

Ce fut avec un plaisir énorme que j'ai retrouvé mes deux agents Noirs (ou nègres, pour l'époque) : Lucius Boggs et Tommy Smith. Ce n'est pas à proprement parler d'une suite de leur première enquête, nous sommes 2 ans plus tard, mais l'auteur y fera quelques allusions. Les deux romans peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, mais faites-vous plaisir avec les deux.

Deux années se sont écoulées et rien n'a changé dans leurs droits, qu'ils n'ont pas. La frontière entre les quartiers Blancs et Noirs bouge, pour la plus grande peur des Blancs, bien entendu et les envies de lyncher du Noir est toujours présente, chez les membres du KKK, chez les nazis ou tout simplement chez les citoyens lambdas, ceux des beaux quartiers.

L'intrigue est une véritable toile d'araignée, aux multiples ramifications. Rien n'est simple, tout est imbriqué et rien n'est comme on pourrait le penser. Les arcs narratifs sont multiples, comme les personnages et la ville d'Atlanta est un personnage à part entière, qui vit, qui bouge.

C'est tout un pan de la vie sudiste qui est décrit dans ce roman noir puissant. Tout y pue le racisme primaire, la ségrégation, que l'on soit chez les Blancs ou chez les Noirs qui vivent dans les beaux quartiers de Sweet Auburn et qui méprise ceux des quartiers populaires vivant dans des taudis (ou s'apparentant à des taudis). Personne n'est frère.

Jamais les personnages ne sombrent dans le manichéisme, que l'on soit avec nos deux flics Noirs (Boggs et Smith), des gens qui quartier Blanc ou avec des klansmen. Tous ont des nuances, des peurs, des rêves, des casseroles au cul ou des squelettes dans les placards. C'est comme une pelote de laine que l'on dévide.

Oserais-je dire que personne n'est tout à fait blanc ou noir, mais dans des nuances de gris, pouvant passer de l'ombre à la lumière. Les gens ont des règles, des idéaux, mais parfois, ils se fracassent face à la vie dure que l'on mène à Atlanta ou face aux événements qui s'emballent et débouchent là où le personnage ne le pensait pas.

Face à un vrai roman noir se déroulant durant la ségrégation raciale des années 50, il ne faut pas s'attendre à ce que les Bons gagnent et que les Vilains aillent en taule. Dans un roman noir tel que celui-ci, le happy end, faudra s'asseoir dessus et se le carrer où… où vos voulez, c'est vous qui décidez.

Roman noir puissant, réaliste, à la trame scénaristique réfléchie, poussée, rien n'est simple, ni facile, où les multiples arcs narratifs nous entraînent dans plusieurs endroits d'Atlanta avant de tous se terminer dans un final hautement violent qui ne sera pas celui entre les Noirs et les Blancs (trop facile).

Pas de manichéisme, juste des personnages qui essaient de vivre comme ils peuvent, sans se mettre à dos leur communauté (pas facile), de louvoyer dans cet océan de haine tout en restant fidèle le plus possible à leurs idéaux, qu'ils soient respectueux des autres ou pas.

La ligne rouge n'est jamais loin et il n'est jamais facile de respecter ses engagements pris un jour, lorsque l'on se retrouve confronté à la complexité humaine.

Un roman noir puissant, sans édulcorants, sans sucre, noir de chez noir et à l'arôme brut que l'on savoure avec plaisir, même si l'époque n'est pas celle des Bisounours.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il a souvent été arrêté pour s'être assis à l'avant d'un bus et avoir refusé d'en bouger en dépit des demandes réitérées du conducteur. Il affirme être un Blanc et prétend que sa blancheur invisible lui donne le droit de poser son derrière où bon lui semble.
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- Seigneur, dire que je vais rendre service à un groupe de Kluxers.
- On préfère « Klansmen », se rebiffe Dale.
- Moi je préfère « une bande d'abrutis ».
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Le Klan, c'est plutôt un genre d'ordre fraternel, avec la cagoule ridicule en plus. J'ai adhéré, mais perso, je m'en suis jamais pris à un nègre.
-Encore heureux.
-Rake, je dis ça pour t'aider. Admettons qu'il y ait une possibilité de promotion au grade d'inspecteur. Deux agents, notés de la même façon, sont sur les rangs: un seul est du Klan. Lequel est promu, d'après toi?
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Les flics noirs de L'APD n'ont pas le droit d'arrêter les Blancs. Ils ne sont même pas censés s'adresser à eux.
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Les entreprises, les chantiers, les usines embauchaient à tour de bras, mais les propriétaires refusaient de louer aux Noirs, et la mairie ne disposait pas de logements sociaux pour eux. Alors ils s'entassaient à deux, trois, voire quatre familles dans le même appartement. Partout des fils à linge, partout des enfants traînant dans la rue, partout des poubelles renversées par des voitures, fouillées par les rats, les chiens errants, et les ratons laveurs.
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Vidéo de Thomas Mullen
À l'occasion de la 19ème édition du festival "Quai du Polar" à Lyon, Thomas Mullen vous présente son ouvrage "La dernière ville sur Terre" aux éditions Rivages.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2672053/thomas-mullen-la-derniere-ville-sur-terre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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