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Citations de Thomas Samuel Kuhn (21)


Bien qu'il y ait peu de chances pour que l'histoire retienne leurs noms, certains hommes ont sans aucun doute été amenés à déserter la science, étant incapables de supporter un état de crise. Comme les artistes, les savants créateurs doivent de temps à autre être capables de vivre dans un monde disloqué...
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Nous devons sans doute abandonner la notion que des changements de paradigme mènent la communauté scientifique de plus en plus près de la vérité. (...) Rien de ce qui a été dit ici n'implique une évolution vers quoi que ce soit.

(p.170)


Ce processus, qui n'est autre que la résolution de révolutions, est la sélection compétitive, par la communauté scientifique, de la meilleure façon de continuer sa pratique. Le résultat d'une succession de telles phases révolutionnaires, séparées par des périodes de science "normale", est l'instrument que nous appelons " connaissance scientifique". (...) Tout ce processus se déroule (...) sans qu'il y ait d'objectif prédéterminé ou de vérité scientifique fixe dont chaque étape du développement de la pensée scientifique serait une meilleur représentation.

(pp.172-173)

... la notion de correspondance entre l'ontologie d'une théorie et ce qui existe "réellement" dans la nature me parait illusoire, même en principe.

(p.206)
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Un programme de recherches effectif ne commence qu'après qu'une communauté scientifique pense avoir acquis des réponses dignes de confiance à des questions telles que : quelles entités peuplent notre champ de recherches ? Comment celles-ci interagissent-elles entre elles et avec nous ? Quelles questions peut-on se poser légitimement à leur sujet et quelles techniques employer pour chercher des réponses ? Les réponses à des questions comme celles-ci sont fermement établies dans la formation de futurs chercheurs . Comme cette formation est rigoureuse et rigide, elle exerce une influence profonde et durable sur les esprits. (...) Quand nous en viendrons à examiner ce que j'appelle la science "normale" nous décrirons celle-ci comme un effort déterminé et soutenu pour forcer la nature à rentrer dans les concepts fournis par la formation du scientifique. (...) La science normale, souvent, s'oppose à des nouveautés radicales parce qu'elles subvertissent ses convictions profondes.

(p.5)
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Parce que cela suppose la déstruction en profondeur d'un paradigme et le bouleversement des priorités et des techniques de ce qu'était la version "normale" d'une science, l'émergence de nouvelles théories est, en général, précédée par une période de grande désorientation professionnelle. Cette désorientation est produite par l'échec sériel des tentatives de résoudre un nombre d'énigmes par les techniques de la science "normale".

(pp.67-68)

La prolifération des versions d'une théorie est le signe avant-coureur habituel d'une crise.

(p.71)

Les trois exemples cités sont classiques. Dans chaque cas, une nouvelle théorie n'a émergé qu'après l'échec confirmé des travaux effectués dans le cadre de la science "normale". (...) Notons aussi que les problèmes qui ont causé l'éffondrement ( des vieilles théories) étaient bien connus de longue date. La science "normale" les considérait comme " résolus" ou "quasi résolus", et c'est bien pourquoi le sentiment d'échec, quand il vint, était si fort. Enfin (...) les solutions à ces crises avaient été anticipées auparavant, au moins partiellement (...) mais en absence de crise, ces spéculations avaient été ignorées.

(pp.74-75)

Les philosophes des sciences ont démontré, à maintes reprises, qu'il est toujours possible d'édifier plus d'une théorie sur une collection de données.

(p.76)
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Thomas Samuel Kuhn
Décider de rejeter un paradigme est toujours simultanément décider d'en accepter un autre, et le jugement qui aboutit à cette décision implique une comparaison des deux paradigmes par rapport à la nature et aussi de l'un par rapport à l'autre.
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... des paradigmes. Ceux-ci sont des réalisations scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, donnent des modèles de problèmes et de solutions à une communauté de scientifiques.

(Préface X)
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Une fois un premier paradigme trouvé pour une discipline donnée, il n'est plus possible de faire de la science hors paradigme. Rejeter un paradigme sans en adopter un autre c'est rejeter la science elle-même. Le faire, c'est discréditer non pas un paradigme mais l'homme : "le mauvais ouvrier blâme ses outils".

(p.79)

En multipliant les versions d'un paradigme, une crise assouplit les contraintes associées à l'exercice " normal" de la science, ce qui permet à un nouveau paradigme d'émerger.

(p.80)

Mais qu'est-ce qui fait que certaines anomalies, et seulement certaines, induisent ce genre de recherche approfondie qui mène à un nouveau paradigme ? Il n'y a probablement pas de réponse universellement valable.
(...) Parfois une anomalie questionne explicitement des composantes fondamentales du paradigme, comme le faisait le problème de l'aether pour les tenants de la théorie de Maxwell. Ou, comme dans le cas de la révolution Copernicienne, une anomalie peut mener à une crise parce qu'elle inhibe des applications jugées d'importance vitale, comme la confection de calendriers ou l'élaboration de prédictions astrologiques. (...) Souvent, plusieures facteurs jouent.

(p.82)

la transition d'un paradigme en crise vers un autre d'où une forme de science "normale" pourra à nouveau émerger est loin d'être un processus linéaire. Il s'agit d'une reconstruction de la discipline à partir de nouvelles fondations, une reconstruction qui change la plupart des méthodes, généralisations et applications du domaine de recherche.

(pp.84-85)

Les chercheurs qui réalisent le départ vers un nouveau paradigme sont souvent très jeunes ou alors nouveaux dans le domaine concerné.

(p.90).
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Comme le choix entre des institutions politiques rivales, le choix entre paradigmes rivaux est un choix entre des façons de vivre mutuellement incompatibles. C'est pour cela que le choix entre paradigmes ne peut pas être fait à l'aide des méthodes de la science "normale", car celles-ci dépendent d'un paradigme sous-jacent, et c'est précisemment ce qu'il faut choisir ou rejeter. (...) En sciences comme en politique : il n'y a pas de référence plus élevée que l'assentiment de la communauté.

(p.94)

Les livres de référence, étant des outils pédagogiques pour la perpétuation de la science "normale", doivent être récrits chaque fois que le langage, les problèmes ou les standards de ce qui constitue la science "normale" changent. Ils doivent donc être récrits après chaque révolution scientifique et, une fois récrits, déguisent non seulement le rôle mais l'existence même de la révolution qui les produisit.

(p.137)

Une fois récrits, les livres de référence font donc penser que la science connait un développement linéaire ou cumulatif.

(p.138)
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Les réponses que vous obtenez dépendent des questions que vous posez.
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L'histoire, si on la considérait comme autre chose que des anecdotes ou des dates, pourrait transformer de façon décisive l'image de la science dont nous sommes actuellement empreints.
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L'observation et l'expérience peuvent et doivent réduire impitoyablement l'éventail des croyances scientifiques admissibles, autrement il n'y aurait pas de science.
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Il n'y a rien dans la formation scientifique qui soit l'équivalent du musée artistique ou de la bibliothèque de classiques, et il en résulte une distorsion parfois drastique de la perception que les scientifiques ont du passé de leur discipline. Plus que les spécialistes des autres domaines de création, ils en arrivent à croire que le passé débouche en ligne droite sur l'état actuel privilégié avancé de leur discipline. Bref, que ce passé est un progrès. Tant qu'ils restent dans la même spécialité, ils n'ont pas le choix.
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Toute la masse des connaissances scientifiques est le produit de l'Europe durant les quatre derniers siècles.
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Dans cet essai, le terme {science normale} désigne la recherche solidement fondée sur un ou plusieurs accomplissements scientifiques passés, accomplissements que tel groupe scientifique considère comme suffisants pour fournir le point de départ d'autres travaux.
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Ce sont peut-être là des défauts. Les domaines explorés par la science normale sont évidemment minuscules : elle a le champ visuel sévèrement restreint. Mais ces restrictions nées de la confiance en un paradigme se révèlent essentielles pour le développement de la science.
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La vérification ressemble à la sélection naturelle : elle choisit la plus viable parmi les possibilités de fait existant dans une situation historique particulière.
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L'observation et l'expérience peuvent et doivent réduire impitoyablement l'éventail des croyances scientifiques admissibles, autrement il n'y aurait pas de science.
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[...] apprendre une théorie est un processus qui dépend de l'étude de ses applications et de la résolution de problèmes pratiques, aussi bien avec un papier et un crayon qu'avec des instruments de laboratoire. Si, par exemple, un individu étudiant la dynamique d'après les lois de Neewton découvre un jour le sens de termes comme force, masse, espace et temps, ce sera moins parce qu'il en aura trouvé dans son texte des définitions (incomplètes mais souvent utiles) que parce qu'il aura observé en y participant lui-même, l'application de ces concepts à la solution de problèmes.
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Nous sommes tous profondément habitués à voir la science comme la seule entreprise qui se rapproche toujours plus d'un certain but fixé d'avance par la nature.
Mais ce but est-il nécessaire ? Ne pouvons-nous pas rendre compte de l'existence de la science comme de son succès en termes d'évolution, à partir de l'état des connaissances du groupe à n'importe quel moment? Est-il vraiment utile d'imaginer qu'il y a une manière complète, objective et vraie de voir la nature, le critère approprié de la réussite scientifique étant la mesure dans laquelle elle nous rapproche de ce but ultime? Si nous pouvions apprendre à substituer l'évolution-à-partir-de-ce-que-nous-savons à l'évolution-vers-ce-que-nous-désirons-savoir, un certain nombre de problèmes agaçants disparaîtraient chemin faisant.
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La découverte commence avec la conscience d'une anomalie, c'est-à-dire l'impression que la nature, d'une manière ou d'une autre, contredit les résultats attendus dans le cadre du paradigme qui gouverne la science normale.
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